StreamLa mort n'est rien - Charles Péguy - Dominique Piat by Jean-Pierre Hané , "Mon petit théùtre sonore" on desktop and mobile. Play over 265 million tracks for free on SoundCloud.
A l'occasion du centenaire de la mort de PĂ©guy, le pĂšre Laurent-Marie Pocquet du Haut-JussĂ© nous introduit Ă  sa thĂšse dans laquelle il souligne la modernitĂ© thĂ©ologique du grand Ă©crivain français et la place centrale de l'incarnation dans son Ɠuvre. Laurent-Marie Pocquet du Haut-JussĂ© Charles PĂ©guy est mort le 5 septembre 1914, Ă  la veille de la bataille de la Marne. Un siĂšcle plus tard, son Ɠuvre littĂ©raire, philosophique et thĂ©ologique intrigue, provoque, nourrit tous ceux qui prennent la peine de le lire Ă  pleine page. ThĂ©ologien de l’incarnation rĂ©demptrice, mĂ©morialiste de la ChrĂ©tientĂ©, modĂšle du chrĂ©tien engagĂ©, homme de priĂšre et d’action, son parcours intellectuel et spirituel manifeste une Ă©tonnante fidĂ©litĂ© Ă  la grĂące et Ă  la vĂ©ritĂ© du christianisme. Si Charles PĂ©guy a beaucoup mĂ©ditĂ© sur le mystĂšre du salut, il a toujours eu en mĂȘme temps une intelligence trĂšs vive de la crĂ©ation et de l’Ɠuvre de restauration que JĂ©sus rĂ©alise. Le salut, ce n’est rien d’autre que l’expression mĂȘme de la compassion de Dieu Ă  l’égard de sa crĂ©ature, marquĂ©e par la loi du pĂ©chĂ© et de la mort. Charles PĂ©guy garde de ses annĂ©es de combat dans le socialisme une volontĂ© trĂšs ferme de lutter contre la misĂšre humaine, parce que celle-ci dĂ©grade l’homme. D’origine sociale trĂšs humble il est orphelin de pĂšre et sa mĂšre et sa grand-mĂšre rempaillaient des chaises pour survivre, dans les faubourgs d’OrlĂ©ans, il s’est toujours montrĂ© solidaire des plus pauvres et des malheureux. Dans sa premiĂšre Jeanne d’Arc, Ă©crit alors qu’il avait perdu la foi et semblait trĂšs Ă©loignĂ© de l’Eglise, il met sur les lĂšvres de son hĂ©roĂŻne cette priĂšre impressionnante s’il faut, pour sauver de la flamme Ă©ternelle les corps des morts damnĂ©s s’affolant de souffrance, Abandonner mon corps Ă  la flamme Ă©ternelle, Mon Dieu, donnez mon corps Ă  la flamme Ă©ternelle ; Et s’il faut, pour sauver de l’Absence Ă©ternelle Les Ăąmes des damnĂ©s s’affolant de l’Absence, Abandonner mon Ăąme Ă  l’Absence Ă©ternelle, Que mon Ăąme s’en aille en l’Absence Ă©ternelle ». Une fois revenu Ă  la foi, PĂ©guy trouvera dans le mystĂšre de la communion des saints cette grande rĂ©alitĂ© de la solidaritĂ© efficace de tous les chrĂ©tiens effectifs ou en devenir entre eux, par le moyen d’une charitĂ© active qui bĂ©nĂ©ficie Ă  tous. Au centre de sa contemplation, nous trouvons donc le mystĂšre du Dieu fait homme, de l’insertion du divin dans l’histoire humaine, un Ă©vĂ©nement qui renverse le cours des choses qui naturellement vont vers leur vieillissement et leur disparition et qui sauve la totalitĂ© de la crĂ©ation L’incarnation n’est qu’un cas culminant, plus qu’éminent, suprĂȘme, un cas limite, un suprĂȘme ramassement en un point de cette perpĂ©tuelle inscription, de cette toute mystĂ©rieuse insertion de l’éternel dans le temporel, du spirituel dans le charnel qui est le gond, qui est cardinale, qui est, qui fait l’articulation mĂȘme [
] de toute crĂ©ation du monde et de l’homme ». L’incarnation Ă©lĂšve la nature humaine bien au-dessus de sa condition premiĂšre. JĂ©sus s’insĂšre dans la totalitĂ© de l’histoire des hommes et des civilisations. C’est ce qu’il dĂ©crit dans les deux mille huit cents quatrains de son grand poĂšme Eve 1913. Mais cet Ă©vĂ©nement concerne aussi chaque homme dans son irrĂ©ductible originalitĂ© Ainsi l’enfant dormait au fond du premier somme. / Il allait commencer l’immense Ă©vĂ©nement. / Il allait commencer l’immense avĂšnement, / L’avĂšnement de Dieu dans le cƓur de tout homme /. » Pour permettre cette rencontre de tout homme avec son Sauveur, JĂ©sus a choisi la vie la plus humble, la plus ordinaire qui soit, une vie de famille banale. VoilĂ  la raison et la signification spirituelle des trente annĂ©es de vie cachĂ©e du Christ Il est pourtant notoire, il est considĂ©rable que c’est cette vie de famille, si dĂ©criĂ©e, si honnie, et l’attention de nos chrĂ©tiens devrait bien un peu se porter lĂ -dessus, il est considĂ©rable que ce soit cette vie de famille, si de toutes parts engagĂ©e dans le siĂšcle, que JĂ©sus ait choisie, qu’il ait Ă©lue entre toutes pour la vivre, qu’il ait effectivement, qu’il ait rĂ©ellement, qu’il ait historiquement vĂ©cue pendant les trente premiĂšres de son existence terrestre. » Par le mystĂšre de l’incarnation, nous sommes dĂ©finitivement unis Ă  JĂ©sus, unis Ă  Dieu JĂ©sus est du mĂȘme monde que le dernier des pĂ©cheurs ; et le dernier des pĂ©cheurs est du mĂȘme monde que JĂ©sus. C’est une communion. C’est mĂȘme proprement cela qui est une communion. Et Ă  parler vrai ou plutĂŽt Ă  parler rĂ©el il n’y a point d’autre communion que d’ĂȘtre du mĂȘme monde. » C’est la priĂšre et les sacrements qui nourrissent cette solidaritĂ© de chaque baptisĂ© avec son Dieu et Seigneur JĂ©sus-Christ. De cette priĂšre et de ces sacrements jaillit la grĂące, c’est-Ă -dire une nouveautĂ© dans le cƓur de l’homme qui fait de lui un ĂȘtre promis Ă  la rĂ©surrection et Ă  la vie Ă©ternelle. C’est aussi la grĂące qui donne Ă  l’homme de donner un tĂ©moignage Ă©tonnant Ă  la face du monde de la libertĂ© chrĂ©tienne comme affranchissement de la crainte de la mort et de la tristesse du pĂ©chĂ©. Quand on a compris cela, quand on a saisi l’irrĂ©ductible originalitĂ© de la vocation chrĂ©tienne dans un monde sĂ©cularisĂ©, quand on vit vraiment du mystĂšre de la grĂące, alors on est au cƓur de l’EvangĂ©lisation et de la mission de salut de l’Eglise. Mais cette mission ne va pas sans une authentique et quotidienne fidĂ©litĂ©. C’est le constat que Charles PĂ©guy faisait au soir de sa vie Ce n’est peut-ĂȘtre pas de l’orgueil. Que de constater autour de nous. Qu’assaillis de toutes parts, Ă©prouvĂ©s de toutes parts, nullement Ă©branlĂ©s nos constances modernes, nos fidĂ©litĂ©s modernes, nos crĂ©ances modernes, chronologiquement modernes, isolĂ©s dans ce monde moderne, battues dans tout un monde, inlassablement assaillies, infatigablement battues, inĂ©puisablement battues des flots et des tempĂȘtes, toujours debout, seules dans tout un monde, debout dans toute une mer inĂ©puisablement dĂ©montĂ©e, seules dans toute une mer, intactes, entiĂšres, jamais, nullement Ă©branlĂ©es, jamais, nullement, Ă©brĂ©chĂ©es, jamais, nullement entamĂ©es, finissent par faire, par constituer, par Ă©lever un beau monument Ă  la face de Dieu. A la gloire de Dieu ». D’oĂč aussi la luciditĂ© du chrĂ©tien face Ă  une civilisation qui s’est construite contre Dieu et qui rend ses participants de plus en plus indiffĂ©rents, voire hostiles aux grandes questions du salut et de la destinĂ©e du genre humain. L’Ancien RĂ©gime, qui a donnĂ© le spectacle de bien des abus, n’a jamais Ă©tĂ© le rĂšgne de l’argent. Mais le monde moderne, la nouvelle humanitĂ© a rĂ©alisĂ© ce prodige toutes les puissances spirituelles ont Ă©tĂ© refoulĂ©es, ainsi que toutes les autres puissances matĂ©rielles. Il ne reste que l’argent qui se dresse, dĂ©sormais, seul face Ă  Dieu Pour la premiĂšre fois dans l’histoire du monde l’argent est maĂźtre sans limitation ni mesure. Pour la premiĂšre fois dans l’histoire du monde l’argent est seul face Ă  l’esprit. Et mĂȘme il est seul en face des autres matiĂšres. Pour la premiĂšre fois dans l’histoire du monde l’argent est seul devant Dieu ». Les consĂ©quences pour l’humanitĂ© sont Ă©videntes on ne considĂšre plus, dans le travail humain, que sa valeur marchande. La civilisation nouvelle en vient Ă  n’estimer que ce qu’elle produit, et par lĂ , elle s’adore elle-mĂȘme. Le monde moderne ne croit en rien. Il faut maintenant prĂ©ciser, il ne croit qu’en lui Parlant au contraire l’un des plus fermes langages qu’il y ait au monde, et l’un des plus prĂ©cis, qui est prĂ©cisĂ©ment ce langage de la thĂ©ologie, nous montrerons, nous constaterons que [
] ce siĂšcle qui se dit athĂ©e ne l’est point. Il est autothĂ©e, ce qui est un bien joli mot, et bien de son temps. Il s’est littĂ©ralement fait son propre Dieu, et sur ce point il a une croyance ferme. Il y Ă©tait conduit d’ailleurs inĂ©vitablement. » Pour PĂ©guy, il est dĂ©sormais clair que l’argent est l’antĂ©christ, le maĂźtre partout prĂ©sent du monde moderne. Cette idolĂątrie est le signe ultime d’une nouvelle barbarie. La soliditĂ© de la doctrine de PĂ©guy, sa docilitĂ© Ă  l’égard de la grande Tradition ecclĂ©siale, dont il est l’écho fidĂšle et l’interprĂšte original, sa fidĂ©litĂ© au donnĂ© rĂ©vĂ©lĂ©, la cohĂ©rence de sa pensĂ©e thĂ©ologique font de lui un tĂ©moin insigne de la vĂ©ritĂ© Ă©vangĂ©lique qui s’adresse Ă  tous les hommes de bonne volontĂ©. HĂ©ritier de la grĂące, il prend sa place parmi ceux qui ont reçu mission d’ouvrir les richesses de l’Eglise aux pauvres et aux petits, Ă  ce peuple immense dont il est lui-mĂȘme issu. Au service de la foi des fidĂšles du Christ, il manifeste par toute son Ɠuvre la grandeur de la vocation de l’homme. PĂ©guy travaille pour la gĂ©nĂ©ration qui doit venir Elle est trop vivante pour ne pas se rĂ©intĂ©grer, au bout d’une gĂ©nĂ©ration, dans l’organique. C’est une race libre qui a la libertĂ© chevillĂ©e au cƓur ». C’est un peuple jeune qui a besoin de chefs jeunes, que le monde moderne est incapable de lui donner C’est aller au-devant de la dĂ©faite, c’est vouloir dĂ©libĂ©rĂ©ment la dĂ©faite et la capitulation que de mettre ou de laisser aux plus hauts postes de commandement, aux plus hautes situations de gouvernement des hommes qui ont dans la moelle mĂȘme le goĂ»t et l’instinct et l’habitude invĂ©tĂ©rĂ©e de la dĂ©faite et de la capitulation. » C’est au service de cette jeunesse d’espĂ©rance que PĂ©guy met toutes les ressources de son style, de son intelligence et de sa mystique. Il n’en demeure pas moins que sa connaissance du christianisme, ou, pour mieux dire, son intelligence du fait chrĂ©tien, dĂ©fie les explications enfermĂ©es dans l’horizon Ă©triquĂ© du rationalisme historique. Son Ɠuvre prise en son entier, pour qui la considĂšre avec honnĂȘtetĂ© et patience, est une illustration impressionnante de ses propres analyses sur le gĂ©nie et la grĂące. Fils de la modernitĂ©, PĂ©guy a offert au jeu de la grĂące toutes les ressources de sa personnalitĂ© intellectuelle et spirituelle. Cet engagement total est la derniĂšre rĂ©ponse, la rĂ©ponse dĂ©finitive, Ă  la fois implacable et magnanime, au parti intellectuel, au monde moderne. Laurent-Marie Pocquet du Haut-JussĂ© Pour acheter le livre de Laurent-Marie Pocquet du Haut-JussĂ© Charles PĂ©guy et la modernitĂ©
Lamort n’est rien Je suis simplement passĂ© dans la piĂšce Ă  cĂŽtĂ©. Je suis moi. Tu es toi. Ce que nous Ă©tions l’un pour l’autre, nous le sommes toujours. Donne-moi le nom que tu
Texte de Charles PEGUY La mort n’est suis seulement passĂ© de l’autre suis moi, vous ĂȘtes que nous Ă©tions les uns pour les autres, nous le sommes le nom que vous m’avez toujours donnĂ©, parlez-moi comme vous l’avez toujours pas un ton solennel ou Ă  rire de ce qui nous faisait rire souriez, pensez Ă  moi, priez pour mon nom soit prononcĂ© comme il l’a toujours Ă©tĂ©, sans emphase d’aucune sorte, sans une trace d’ vie signifie ce qu’elle a toujours signifiĂ©, elle est ce qu’elle a toujours fil n’est pas serais-je hors de votre pensĂ©e simplement parce que je suis hors de votre vue ? Je vous attends, je ne suis pas loin, juste de l’autre cĂŽtĂ© du chemin. Vous voyez, tout est bien. » Charles PĂ©guy Ily a 40 ans disparaissait Charles Lindbergh , aviateur, inventeur, Ă©crivain et « antisĂ©mite » Charles Lindbergh, dĂ©cĂ©dĂ© le 26 aoĂ»t 1974, fut un person . Forum France. Le Forum France est le premier forum politique du net francophone. C'est un lieu de dĂ©bats privilĂ©giant la diversitĂ© d'opinion et la libertĂ© d'expression, dans un climat cordial. Il reconstitue Ă©galement

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Lamort n'est rien, Je suis seulement passĂ©, dans la piĂšce Ă  cĂŽtĂ©. Je suis moi. Vous ĂȘtes vous. Ce que j'Ă©tais pour vous, je le suis toujours. Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donnĂ©, Parlez-moi comme vous l'avez toujours fait. N'employez pas un ton diffĂ©rent, Ne prenez pas un air solennel ou triste.
LA MORT N’EST RIEN La mort n’est rien Je suis simplement passĂ© dans la piĂšce Ă  cotĂ©. Je suis moi. Tu es toi. Ce que nous Ă©tions l’un pour l’autre, Nous le sommes toujours. Donne moi le nom que tu m’as toujours donnĂ©. Parle moi comme tu l’as toujours fait. N’emploie pas un ton diffĂ©rent. Ne prends pas un air solennel ou triste. Continue Ă  rire De ce qui nous faisait rire ensemble. Prie Souris. Pense Ă  moi Prie pour moi . Que mon nom soit prononcĂ© Ă  la maison Comme il l’a toujours Ă©tĂ© ; Sans emphase d’aucune sorte Et sans trace d’ombre La vie signifie Ce qu’elle a toujours signifiĂ©. Elle reste ce qu’elle a toujours Ă©tĂ©. Le fil n’est pas coupĂ©. Pourquoi serais-je hors de la pensĂ©e , Simplement parce que je suis hors de la vue ? Je t’attends. Je ne suis pas loin. Juste de l’autre cotĂ© du chemin. Tu vois, tout est bien. Charles PĂ©guy A bientĂŽt Papa ; A bientĂŽt Maman ; le temps n'est rien ; ce n'est qu'une question d'annĂ©es ; mais il me semblera bien long ce temps pour nous retrouver ... Votre fille qui vous aime.
Commeje l'ai indi qué, Charles Péguy était le Lieutenant de mon Grand-pÚre au 276me de Ligne.. Les hommes connaissaient l'officier mais ne savaient pas qui il était. Ce n'est qu'aprÚs son décÚs qu'ils ont su. Dans son cahier il n'y fait aucune allusion sinon qu'au soir de 5 septembre 1914, le capitaine et deux lieutenants de la compagnie ont été tués.
PubliĂ© le 05/09/2014 Ă  1655 Cent ans aprĂšs sa disparition, les mots de Charles PĂ©guy rĂ©sonnent encore avec une justesse dĂ©concertante. Rue des Archives/Rue des Archives/Tallandier L'Ă©crivain français est mort au combat le 5 septembre 1914. À l'occasion du centenaire de sa mort, voici un florilĂšge de rĂ©flexions trĂšs actuelles du fondateur des Cahiers de la sa prĂ©face de PĂ©guy tel qu'on l'ignore Gallimard, 1973, Jean Bastaire se demande quand Charles PĂ©guy va-t-il enfin sortir de ce placard hypocrite et dĂ©suet oĂč l'a confinĂ© la seconde moitiĂ© du siĂšcle?». Un temps balayĂ© des rĂ©fĂ©rences culturelles, Charles PĂ©guy revient, plus actuel que jamais. Cent ans aprĂšs sa disparition, ses mots rĂ©sonnent encore avec une justesse dĂ©concertante. Sur la politique, l'enseignement, l'argent, les grandes problĂ©matiques de notre temps, Charles PĂ©guy nous parle encore.● Le monde politiqueLe parti politique socialiste est entiĂšrement composĂ© de bourgeois intellectuels.» L'Argent, 1913AussitĂŽt aprĂšs nous commence le monde que nous avons nommĂ©, que nous ne cesserons pas de nommer le monde moderne. Le monde qui fait le malin. Le monde des intelligents, des avancĂ©s, de ceux qui savent, de ceux Ă  qui on n'en remontre pas, de ceux Ă  qui on n'en fait pas accroire. Le monde de ceux Ă  qui on n'a plus rien Ă  apprendre. Le monde de ceux qui font le malin. Le monde de ceux qui ne sont pas des dupes, des imbĂ©ciles. Comme nous. C'est-Ă -dire le monde de ceux qui ne croient Ă  rien, pas mĂȘme Ă  l'athĂ©isme, qui ne se dĂ©vouent, qui ne se sacrifient Ă  rien. Exactement le monde de ceux qui n'ont pas de mystique. Et qui s'en vantent.» Notre Jeunesse, 17 juillet 1910● La rĂ©volutionUne rĂ©volution n'est pas une opĂ©ration par laquelle on se contredit. C'est une opĂ©ration par laquelle rĂ©ellement on se renouvelle, on devient nouveau, frais, entiĂšrement, totalement, absolument nouveau. Et c'est en partie pour cela qu'il y a si peu de vĂ©ritable rĂ©volution dans le monde moderne. Jamais on n'avait tant parlĂ© de RĂ©volution. Jamais on n'a Ă©tĂ© aussi incapable de faire aucune vĂ©ritable rĂ©volution, rĂ©novation, innovation. Parce que jamais aucun monde n'a autant manquĂ© de fraĂźcheur.» Suite de Notre Patrie, novembre 1905.● L'enseignementIl n'y a jamais eu de crise de l'enseignement ; les crises de l'enseignement ne sont pas des crises de l'enseignement ; elles sont des crises de vie. Quand une sociĂ©tĂ© ne peut pas enseigner, c'est que cette sociĂ©tĂ© ne peut pas s'enseigner ; c'est qu'elle a honte, c'est qu'elle a peur de s'enseigner elle-mĂȘme ; pour toute humanitĂ©, enseigner, au fond, c'est s'enseigner ; une sociĂ©tĂ© qui ne s'enseigne pas est une sociĂ©tĂ© qui ne s'aime pas ; qui ne s'estime pas ; et tel est prĂ©cisĂ©ment le cas de la sociĂ©tĂ© moderne.» Pour la rentrĂ©e, 1904● L'argentPour la premiĂšre fois dans l'histoire du monde l'argent est maĂźtre sans limitation ni mesure. Pour la premiĂšre fois dans l'histoire du monde l'argent est seul en face de l'esprit. Pour la premiĂšre fois dans l'histoire du monde l'argent est seul devant Dieu.» Note conjointe, 1er aoĂ»t 1914● L'artUne vĂ©ritable Ɠuvre d'art ne naĂźt pas piĂšce de musĂ©e. Mais elle naĂźt dans un pays parmi des hommes et des mƓurs. L'idĂ©al n'est pas que les Ɠuvres soient couchĂ©es quelque part dans un cimetiĂšre universel, mais l'idĂ©al est que les fleurs et les Ɠuvres naissent, poussent, croissent, demeurent libres dans la terre natale, et qu'elles y accueillent le visiteur en voyage. Aujourd'hui, au contraire, c'est le visiteur inerte qui fait voyager les Ɠuvres.» RĂ©ponse brĂšve Ă  JaurĂšs, 4 juillet 1900● L'EgliseL'Eglise ne se rouvrira point le peuple Ă  moins que de faire, elle aussi, elle comme tout le monde, Ă  moins que de faire les frais d'une rĂ©volution Ă©conomique, d'une rĂ©volution sociale, d'une rĂ©volution industrielle, pour dire le mot d'une rĂ©volution temporelle pour le salut Ă©ternel.» Notre Jeunesse, 1910● La presseOn conduit aujourd'hui les lecteurs comme on n'a pas cessĂ© de conduire les Ă©lecteurs. La presse constitue un quatriĂšme pouvoir. Beaucoup de journalistes, qui blĂąment avec raison la faiblesse des mƓurs parlementaires, feraient bien de se retourner sur soi-mĂȘme et de considĂ©rer que les salles de rĂ©daction se tiennent comme les Parlements. Il y a au moins autant de dĂ©magogie parlementaire dans les journaux que dans les assemblĂ©es. Il se dĂ©pense autant d'autoritĂ© dans un comitĂ© de rĂ©daction que dans un conseil des ministres ; et autant de faiblesse dĂ©magogique. Les journalistes Ă©crivent comme les dĂ©putĂ©s parlent. Un rĂ©dacteur en chef est un prĂ©sident du conseil, aussi autoritaire, aussi faible.» De la Raison, 1901.
\n \n \n\n\n charles peguy la mort n est rien
PriĂšrede Charles PĂ©guy La mort n’est rien Je suis seulement passĂ© dans la piĂšce d’à cĂŽtĂ© Je suis moi, vous ĂȘtes vous. Ce que nous Ă©tions les uns pour les autres, nous le sommes toujours. Donnez le
Pourquoi avoir choisi ce poĂšme plutĂŽt qu’un autre ? C’est trĂšs simple, la premiĂšre fois que j’ai entendue ce poĂšme, c’était Ă  l’enterrement de ma grand-mĂšre. C’était mon pĂšre qui lisait ce poĂšme devant toute l’assemblĂ©e. Et depuis ce jour, ce poĂšme a laissĂ© en moi, une idĂ©e particuliĂšre de la mort. Je ne me fais pas une idĂ©e triste ou malheureuse de la mort, mĂȘme si cela reprĂ©sente pour moi l’inconnu. Je pense que cela dĂ©pend de l’éducation que l’on reçoit et des croyances auxquelles nous croyons. Personnellement, chez moi, nous sommes ChrĂ©tiens et donc l’idĂ©e de mort ne signifie pas la fin, mais quelque chose d’autre, qui continu, ainsi que l’idĂ©e que les morts restent a nos cotĂ©s pour veiller sur nous. Ce poĂšme illustre parfaitement cette idĂ©e, ce n’est pas complĂštement fini et ils sont toujours lĂ . Quelque chose continu, une prĂ©sence reste, c’est certain. Notre vie , elle, est terminĂ©e. Notre corps ne prendra plus les empruntes du temps, une fois que notre Ăąme aura quittĂ© son enveloppe terrestre pour partir vers l’invisible. La mort ne signifie pas la fin. La mort n’est qu’un passage entre les deux mondes. Quand notre vie fini dans celle-ci, c’est une nouvelle vie qui commence dans l’autre. Je ne suis pas inquiĂšte quant a la mort, et ce poĂšme y est pour beaucoup. Depuis le jour oĂč je l’ai entendu de la bouche de mon pĂšre, comme s’il parlait au nom de ma mĂ©mĂ©, j’ai compris que la mort Ă©tait inĂ©vitable mais qu’elle n’avait en elle rien de triste, si ce n’est la perte d’un ĂȘtre cher. Mais qu’elle ressemble plutĂŽt a une sorte d’ happy-end . GrĂące a ce poĂšme, les morts restent dans nos mĂ©moires, de maniĂšre heureuse, et restent a nos cotĂ©s. C’est une douce image de la mort que nous dĂ©voile Charles PĂ©guy. Une image qui me convient parfaitement.
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Textede Charles PEGUY « La mort n’est rien. Je suis seulement passĂ© de l’autre cĂŽtĂ©. Je suis moi, vous ĂȘtes vous. Ce que nous Ă©tions les uns pour les autres, nous le sommes toujours. Donnez-moi le nom que vous m’avez toujours donnĂ©, parlez-moi comme vous l’avez toujours fait. N’employez pas un ton solennel ou triste. Continuez Ă  rire de ce qui nous faisait
Paroles de la chanson Ne pleure pas si tu m'aimes par Robert Charlebois La mort n'est rien Tu vois, tout est bien Tu retrouveras mon cƓur Essuie tes larmes Et ne pleure pas si tu m'aimes Je suis seulement passĂ© de l'autre cĂŽtĂ© Pense Ă  moi Souris, prie pour moi Et continue Ă  rire De ce qui nous faisait rire ensemble Ne pleure pas si tu m'aimes Et donne-moi le nom que tu m'as toujours donnĂ© Je suis moi et tu es toi Ce qu'on a Ă©tĂ© l'un pour l'autre Nous le sommes toujours Toujours Toujours Toujours La mort n'est rien Tu vois, tout est bien Tu retrouveras mon cƓur Essuie tes larmes Et ne pleure pas si tu m'aimes Je suis seulement passĂ© de l'autre cĂŽtĂ© Pense Ă  moi Souris, prie pour moi Et continue Ă  rire De ce qui nous faisait rire ensemble Ne pleure pas si tu m'aimes Et donne-moi le nom que tu m'as toujours donnĂ© Je suis moi et tu es toi Ce qu'on a Ă©tĂ© l'un pour l'autre Nous le sommes toujours Toujours Toujours Toujours Toujours Toujours Toujours Toujours ...
HenryScott Holland (né le 27 janvier 1847 et mort le 17 mars 1918) est un théologien et écrivain britannique, Regius Professor of Divinity à l'Université d'Oxford.Il est également chanoine de
La mort n'est rien. Je suis simplement passĂ© dans la piĂšce Ă  cĂŽtĂ©. Je suis moi, tu es toi. Ce que nous Ă©tions l'un pour l'autre, nous le sommes toujours. Donne-moi le nom que tu m'as toujours donnĂ©. Parle-moi comme tu l'as toujours fait. N'emploie pas de ton diffĂ©rent, ne prends pas un air solennel ou triste. Continue Ă  rire de ce qui nous faisait rire ensemble. Prie, souris, pense Ă  moi, prie pour moi. Que mon nom soit toujours prononcĂ© Ă  la maison comme il l'a toujours Ă©tĂ©. Sans emphase d'aucune sorte, sans trace d'ombre. La vie signifie ce qu'elle a toujours signifiĂ©. Elle est ce qu'elle a toujours Ă©tĂ©. Le fil n'est pas coupĂ©. Pourquoi serais-je hors de ta pensĂ©e simplement parce que je suis hors de ta vue ? Je t'attends. Je ne suis pas loin, juste de l'autre cĂŽtĂ© du chemin. Tu vois, tout est bien. souvent attribuĂ© Ă  Charles PĂ©guy mais plus probablement de Henry Scott Holland 1847-1918 Canon of St. Paul’s Cathedral TuĂ©il y a cent ans, le 5 septembre 1914, d'une balle dans la tĂȘte, le poĂšte et penseur Charles PĂ©guy est mort plusieurs fois depuis un siĂšcle. On l'a dĂ©tournĂ©, oubliĂ©, mĂ©prisĂ©. De faux
Tout cela se passait sous la clartĂ© des cieux ; Les anges dans la nuit avaient formĂ© des chƓurs. Les anges dans la nuit chantaient comme des fleurs. Par dessus les bergers, par dessus les rois mages L’étoile dans la nuit brillait comme un clou d’or. L’étoile dans la nuit brillait Juste seul poussa la clameur Ă©ternelle. Les larrons ne criaient qu’une clameur humaine ; Car ils ne connaissaient qu’une dĂ©tresse humaine ; Ils n’avaient Ă©prouvĂ© qu’une dĂ©tresse humaine. Lui seul pouvait crier la clameur surhumaine ; Lui seul connut alors cette surhumaine dĂ©tresse. Sa gorge qui lui faisait mal. Qui lui cuisait. Qui lui brĂ»lait. Qui lui dĂ©chirait. Sa gorge sĂšche et qui avait soif. Son gosier sec. Son gosier qui avait soif. Sa main gauche qui lui brĂ»lait. Et sa main droite. Son pied gauche qui lui brĂ»lait. Et son pied droit. Parce que sa main gauche Ă©tait percĂ©e. Et sa main droite. Et son pied gauche Ă©tait percĂ©. Et son pied droit. Tous ses quatre membres. Ses quatre pauvres membres. Et son flanc qui lui brĂ»lait. Son flanc percĂ©. Son cƓur percĂ©. Et son cƓur qui lui brĂ»lait. Son cƓur consumĂ© d’amour. Son cƓur dĂ©vorĂ© d’ reniement de Pierre et la lance romaine ; Les crachats, les affronts, la couronne d’épines ; Le roseau flagellant, le sceptre de roseau ; Les clameurs de la foule et les bourreaux romains. Le soufflet. Car ce fut la premiĂšre fois qu’il fut souffletĂ©. Il n’avait pas criĂ© sous la lance romaine ; Il n’avait pas criĂ© sous le baiser parjure ; Il n’avait pas criĂ© sous l’ouragan d’injure ; Il n’avait pas criĂ© sous les bourreaux romains. Alors pourquoi cria-t-il ; devant quoi cria-t-il. Tristis, tristis usque ad mortem ; Triste jusqu’à la mort ; mais jusqu’à quelle mort ; Jusqu’à faire une mort ; ou jusqu’à cette date De la revoyait l’humble berceau de son enfance, La crĂšche, OĂč son corps fut couchĂ© pour la premiĂšre fois ; Il prĂ©voyait le grand tombeau de son corps mort, Le dernier berceau de tout homme, OĂč il faut que tout homme se couche. Pour dormir. CensĂ©ment. Apparemment. Pour enfin reposer. Pour pourrir. Son corps. Entre quatre planches. En attendant la rĂ©surrection des corps. Jusqu’à la rĂ©surrection des corps. Heureux quand les Ăąmes ne pourrissent point. Et il Ă©tait homme ; Il devait subir le sort commun ; S’y coucher comme tout le monde ; Il devait y passer comme tout le monde ; Il y passerait. Comme les autres. Comme tout le monde. Comme tant d’autres. AprĂšs tant d’autres. Son corps serait couchĂ© pour la derniĂšre fois. Mais il n’y resterait que deux jours, trois jours ; Ă  cause de sa rĂ©surrection. Car il ressusciterait le troisiĂšme jour. À cause de sa rĂ©surrection particuliĂšre et de son ascension. À lui. Qu’il fit avec son propre corps, avec le mĂȘme linge de son ensevelissement ; Blanc comme le mouchoir de cette nommĂ©e VĂ©ronique ; Le linge blanc comme un lange. Et que l’on entoure tout Ă  fait comme un lange. Mais plus grand, beaucoup plus grand. Parce que lui-mĂȘme il avait grandi. Il Ă©tait devenu un homme. C’était un enfant qui avait beaucoup grandi. Il serait enseveli par ces femmes. Pieusement par les mains de ces femmes. Comme un homme qui est mort dans un village. Tranquillement dans sa maison dans son village. AccompagnĂ© des derniers saisit d’un regard toute sa vie humaine, Que trente ans de famille et trois ans de public N’avaient point accomplie ; Que trente ans de travail et trois ans de priĂšres, Trente-trois ans de travail, trente-trois ans de priĂšres N’avaient point achevĂ©e ; Que trente ans de charpente et trois ans de parole, Trente-trois ans de charpente, trente-trois ans de parole, secrĂšte ; publique ; N’avaient point Ă©puisĂ©e ; Car il avait travaillĂ© dans la charpente, de son mĂ©tier. Il travaillait, il Ă©tait dans la charpente. Dans la charpenterie. Il Ă©tait ouvrier charpentier. Il avait mĂȘme Ă©tĂ© un bon ouvrier. Comme il avait Ă©tĂ© un bon tout. C’était un compagnon charpentier. Son pĂšre Ă©tait un tout petit patron. Il travaillait chez son pĂšre. Il faisait du travail Ă  voyait, il revoyait aussi l’établi et le rabot. L’établi. Le billot pour appuyer le morceau de bois que l’on fend. La scie et la varlope. Les beaux vrillons, les beaux copeaux de bois. La bonne odeur du bois frais. FraĂźchement coupĂ©. FraĂźchement taillĂ©. FraĂźchement sciĂ©. Et la belle couleur, et la belle odeur, Et la bonne couleur, et la bonne odeur. Du bois quand on enlĂšve l’écorce. Quand on le pelure. Comme un beau fruit. Comme un bon fruit. Que l’on mangerait. Mais ce sont les outils qui le mangent. Et l’écorce qui se sĂ©pare. Qui s’écarte. Qui se pĂšle. Qui s’enlĂšve dĂ©licatement sous la cognĂ©e. Qui sent si bon et qui a une si belle couleur Ă©tait fait pour ce mĂ©tier-lĂ . SĂ»rement. Le mĂ©tier des berceaux et des cercueils. Qui se ressemblent tant. Des tables et des lits. Et aussi des autres meubles. De tous les meubles. Car il ne faut oublier personne. Il ne faut dĂ©courager personne. Le mĂ©tier des buffets, des armoires, des commodes. Des maies. Pour mettre le pain. Des escabeaux. Et le monde n’est que l’escabeau de vos avait Ă©tĂ© un bon ouvrier. Un bon charpentier. Comme il avait Ă©tĂ© un bon fils. Un bon fils pour sa mĂšre Marie. Un enfant bien sage. Bien docile. Bien soumis. Bien obĂ©issant Ă  ses pĂšre et mĂšre. Un enfant. Comme tous les parents voudraient en avoir. Un bon fils pour son pĂšre Joseph. Pour son pĂšre nourricier Joseph. Le vieux charpentier. Le maĂźtre charpentier. Comme il avait Ă©tĂ© un bon fils aussi pour son pĂšre. Pour son pĂšre qui ĂȘtes aux il avait Ă©tĂ© un bon pauvre. Comme il avait Ă©tĂ© un bon citoyen. Il avait Ă©tĂ© un bon fils pour ses pĂšre et mĂšre. Jusqu’au jour oĂč il avait commencĂ© sa mission. Sa prĂ©dication. Un bon fils pour sa mĂšre Marie. Jusqu’au jour oĂč il avait commencĂ© sa trois jours elle pleurait. Depuis trois jours elle errait, elle suivait. Elle suivait le cortĂšge. Elle suivait les Ă©vĂ©nements. Elle suivait comme Ă  un enterrement. Mais c’était l’enterrement d’un vivant. D’un vivant encore. Elle suivait ce qui se passait. Elle suivait comme si elle avait Ă©tĂ© du cortĂšge. De la cĂ©rĂ©monie. Elle suivait comme une suivante. Comme une servante. Comme une pleureuse des Romains. Des enterrements romains. Comme si ça avait Ă©tĂ© son mĂ©tier. De pleurer. Elle suivait comme une pauvre femme. Comme une habituĂ©e du cortĂšge. Comme une suivante du cortĂšge. Comme une servante. DĂ©jĂ  comme une habituĂ©e. Elle suivait comme une pauvresse. Comme une mendiante. Eux qui n’avaient jamais rien demandĂ© Ă  personne. À prĂ©sent elle demandait la charitĂ©. Sans en avoir l’air elle demandait la charitĂ©. Puisque sans en avoir l’air, sans mĂȘme le savoir elle demandait la charitĂ© de la pitiĂ©. D’une piĂ©tĂ©. D’une certaine piĂ©tĂ©. ce qu’il avait fait de sa mĂšre. Depuis qu’il avait commencĂ© sa mission. Elle suivait, elle pleurait. Elle pleurait, elle pleurait. Les femmes ne savent que pleurer. On la voyait partout. Dans le cortĂšge mais un peu en dehors du cortĂšge. Sous les portiques, sous les arcades, dans les courants d’air. Dans les temples, dans les palais. Dans les rues. Dans les cours et dans les arriĂšre-cours. Et elle Ă©tait montĂ©e aussi sur le Calvaire. Elle aussi elle avait gravi le Calvaire. Qui est une montagne escarpĂ©e. Et elle ne sentait seulement pas qu’elle marchait. Elle ne sentait seulement pas ses pieds qui la portaient. Elle ne sentait pas ses jambes sous elle. Elle aussi elle avait gravi son calvaire. Elle aussi elle avait montĂ©, montĂ©. Dans la cohue, un peu en arriĂšre. MontĂ© au Golgotha. Sur le Golgotha. Sur le faĂźte. Jusqu’au faĂźte. OĂč il Ă©tait maintenant crucifiĂ©. ClouĂ© des quatre membres. Comme un oiseau de nuit sur la porte d’une grange. Lui le Roi de LumiĂšre. Au lieu appelĂ© Golgotha. C’est-Ă -dire la place du ce qu’il avait fait de sa mĂšre. Depuis trois jours elle suivait elle suivait. AccompagnĂ©e seulement de trois ou quatre femmes. De ces saintes femmes. EscortĂ©e, entourĂ©e seulement de ces quelques femmes. De ces quelques saintes femmes. Des saintes femmes. Enfin. Puisqu’éternellement on devait les nommer ainsi. Qui gagnaient ainsi. Qui assuraient ainsi leur part de paradis. Et pour sĂ»r elles auraient une bonne place. Aussi bonne que celle qu’elles avaient en ce moment. Puisqu’elles auraient la mĂȘme place. Car elles seraient aussi prĂšs de lui qu’en ce moment. Éternellement aussi prĂšs qu’en ce moment mĂȘme. Éternellement aussi prĂšs dans sa gloire. Que dans sa passion. Dans la gloire de sa ce qu’il avait fait de sa mĂšre. Elle pleurait comme jamais il ne sera donnĂ© ; Comme jamais il ne sera demandĂ© À une femme de pleurer sur terre. Éternellement jamais. À aucune femme. VoilĂ  ce qu’il avait fait de sa mĂšre. D’une mĂšre maternelle. Ce qu’il y a de curieux c’est que tout le monde la respectait. Les gens respectent beaucoup les parents des condamnĂ©s. Ils disaient mĂȘme la pauvre femme. Et en mĂȘme temps ils tapaient sur son fils. Parce que l’homme est comme ça. L’homme est ainsi fait. Le monde est comme ça. Les hommes sont comme ils sont et on ne pourra jamais les changer. Elle ne savait pas qu’au contraire il Ă©tait venu changer l’homme. Qu’il Ă©tait venu changer le monde. Elle suivait, elle pleurait. Et en mĂȘme temps ils tapaient sur son garçon. Elle suivait, elle pleurait. Tout le monde la respectait. Tout le monde la plaignait. On disait la pauvre femme. C’est que tous ces gens n’étaient peut-ĂȘtre pas mĂ©chants. Ils n’étaient pas mĂ©chants au fond. Ils accomplissaient les Écritures. Ce qui est curieux, c’est que tout le monde la respectait. Parce qu’elle Ă©tait la mĂšre du condamnĂ©. On pensait c’est la famille du condamnĂ©. On le disait mĂȘme Ă  voix basse. On se le disait, entre soi, Avec une secrĂšte admiration. Et on avait raison, c’était toute sa famille. Sa famille charnelle et sa famille Ă©lue. Sa famille sur la terre et sa famille dans le ciel. Elle suivait, elle pleurait. Depuis trois jours les gens disaient Elle a vieilli de dix ans. Je l’ai encore vue. Je l’avais encore vue la semaine derniĂšre. En trois jours elle a vieilli de dix suivait, elle pleurait, elle ne comprenait pas trĂšs bien. Mais elle comprenait trĂšs bien que le gouvernement Ă©tait contre son garçon. Ce qui est une mauvaise affaire. Que le gouvernement Ă©tait pour le mettre Ă  mort. Toujours une mauvaise affaire. Et qui ne pouvait pas bien finir. Tous les gouvernements s’étaient mis d’accord contre lui. Le gouvernement des Juifs et le gouvernement des Romains. Le gouvernement des juges et le gouvernement des prĂȘtres. Le gouvernement des soldats et le gouvernement des curĂ©s. Il n’en rĂ©chapperait sĂ»rement pas. Certainement pas. Tout le monde Ă©tait contre lui. Tout le monde Ă©tait pour sa mort. Pour le mettre Ă  mort. Voulait sa fois on avait un gouvernement pour soi. Et l’autre contre soi. Alors on pouvait en rĂ©chapper. Mais lui tous les gouvernements. Tous les gouvernements d’abord. Et le gouvernement et le peuple. C’est ce qu’il y avait de plus fort. C’était ça surtout qu’on avait contre soi. Le gouvernement et le peuple. Qui d’habitude ne sont jamais d’accord. Et alors on en profite. On peut en profiter. Il est bien rare que le gouvernement et le peuple soient d’accord. Et alors celui qui est contre le gouvernement. Est avec le peuple. Pour le peuple. Et celui qui est contre le peuple. Est avec le gouvernement. Pour le gouvernement. Celui qui est appuyĂ© par le gouvernement. N’est pas appuyĂ© par le peuple. Celui qui est soutenu par le peuple. N’est pas soutenu par le gouvernement. Alors en s’appuyant sur l’un ou sur l’autre. Sur l’un contre l’autre. On pouvait quelquefois en rĂ©chapper. On pourrait peut-ĂȘtre s’arranger. Mais ils n’avaient pas de chance. Elle voyait bien que tout le monde Ă©tait contre lui. Le gouvernement et le peuple. Ensemble. Et qu’ils l’auraient. Qu’ils auraient sa aussi elle Ă©tait montĂ©e. MontĂ©e avec tout le monde. Jusqu’au faĂźte. Sans mĂȘme s’en apercevoir. Ses jambes la portaient sans mĂȘme s’en apercevoir. Elle aussi elle avait fait son chemin de croix. Les quatorze stations. Au fait Ă©tait-ce bien quatorze stations. Y avait-il bien quatorze stations. Y en avait-il bien quatorze. Elle ne savait plus au juste. Elle ne se rappelait plus. Pourtant elle les avait faites. Elle en Ă©tait sĂ»re. Mais on peut se tromper. Dans ces moments-lĂ  la tĂȘte se trouble. Nous autres qui ne les avons pas faites nous le savons. Elle qui les avait faites elle ne savait le monde Ă©tait contre lui. Tout le monde voulait sa qu’il avait donc fait Ă  tout le monde. Je vais vous le dire Il avait sauvĂ© le pleurait, elle pleurait. Tout le monde Ă©tait contre lui. Elle suivait de loin. De prĂšs. D’assez loin. D’assez prĂšs. Cette cohue hurlante. Cette meute qui aboyait. Et mordait. Cette cohue hurlante qui hurlait et tapait. Sans conviction. Avec conviction. Car ils accomplissaient les Écritures. On peut dire qu’ils tapaient religieusement. Puisqu’ils accomplissaient les Écritures. Des prophĂštes. Tout le monde Ă©tait contre lui. Depuis Ponce Pilate. Ce Ponce Pilate. Pontius Pilatus. Sub Pontio Pilato passus. Et sepultus est. Un brave homme. Du moins on le disait un brave homme. Bon. Pas mĂ©chant. Un Romain. Qui comprenait les intĂ©rĂȘts du pays. Et qui avait beaucoup de mal Ă  gouverner ces Juifs. Qui sont une race indocile. Seulement, voilĂ , depuis trois jours une folie les avait pris contre son garçon. Une folie. Une espĂšce de rage. Oui ils Ă©taient enragĂ©s. AprĂšs lui. Qu’est-ce qu’ils avaient. Il n’avait pourtant pas fait tant de mal que ça. Tous. Lui en tĂȘte Ponce Pilate. L’homme qui se lavait les mains. Le procurateur. Le procurateur pour les Romains. Le procurateur de JudĂ©e. Tous. Et CaĂŻphe le grand-prĂȘtre. Les gĂ©nĂ©raux, les officiers, les soldats. Les sous-officiers, centeniers, centurions, dĂ©curions. Les prĂȘtres et les princes des prĂȘtres. Les Ă©crivains. C’est-Ă -dire les scribes. Les pharisiens, les publicains, les pĂ©agers. Les Pharisiens et les SadducĂ©ens. Les publicains qui sont comme qui dirait les percepteurs. Et qui ne sont pas pour ça des hommes plus mauvais que les lui avait dit aussi qu’il avait des disciples. Des apĂŽtres. Mais on n’en voyait point. Ça n’était peut-ĂȘtre pas vrai. Il n’en avait peut-ĂȘtre pas. Il n’en avait peut-ĂȘtre jamais eu. On se trompe, des fois, dans la vie. S’il en avait eu on les aurait vus. Parce que s’il en avait eu, ils se seraient montrĂ©s. Hein, c’étaient des hommes, ils se seraient elle avait su. Si elle avait su elle aurait pleurĂ© toujours. PleurĂ© toute sa vie. PleurĂ© d’avance. Elle se serait mĂ©fiĂ©e. Elle aurait pris les devants. Comme ça elle n’aurait pas Ă©tĂ© trompĂ©e. Elle n’aurait pas Ă©tĂ© trahie. Elle s’était trahie elle-mĂȘme en ne pleurant pas. Elle s’était volĂ©e elle-mĂȘme. Elle s’était trompĂ©e elle-mĂȘme. En ne pleurant pas. En acceptant ces jours de bonheur. Elle s’était trahie elle-mĂȘme. Elle Ă©tait entrĂ©e dans le jeu. Quand on pense qu’il y a des jours oĂč elle avait ri. Innocemment. L’innocente. Tout allait si bien dans ce temps-lĂ . Elle pleurait elle pleurait pour effacer ces jours. Elle pleurait, elle pleurait, elle effaçait ces jours. Ces jours qu’elle avait volĂ©s. Qu’on lui avait volĂ©s. Ces jours qu’elle avait dĂ©robĂ©s Ă  son pauvre fils qui en ce moment expirait sur la croix. Non seulement il avait contre lui le peuple. Mais les deux peuples. Tous les deux peuples. Le peuple des pauvres. Qui est sĂ©rieux. Et respectable. Et le peuple des misĂ©rables. Des misĂ©reux. Qui n’est pas sĂ©rieux. Ni pas respectable. Il avait contre lui ceux qui travaillaient et ceux qui ne faisaient rien. Ceux qui travaillaient et ceux qui ne travaillaient pas. Ensemble. Également. Le peuple des ouvriers. Qui est sĂ©rieux. Et respectable. Et le peuple des mendiants. Qui n’est pas sĂ©rieux. Mais qui est peut-ĂȘtre respectable tout de mĂȘme. Parce qu’on ne sait pas. La tĂȘte se trouble. La tĂȘte se dĂ©range. Les idĂ©es se dĂ©rangent quand on voit des choses comme n’avait tout de mĂȘme pas fait du mal Ă  tout ce monde. À tout ce monde-lĂ . Enfin on exagĂšre. On exagĂšre toujours. Le monde est mauvaise langue. On exagĂ©rait. Enfin il n’avait pas fait du mal Ă  tout le monde. Il Ă©tait trop jeune. Il n’avait pas eu le temps. D’abord il n’aurait pas eu le temps. Quand un homme est tombĂ©, tout le monde est dessus. Vous savez, chrĂ©tiens, ce qu’il avait fait. Il avait fait ceci. Qu’il avait sauvĂ© le pleurait, elle Ă©tait devenue affreuse. Les cils collĂ©s. Les deux paupiĂšres, celle du dessus et celle du dessous, GonflĂ©es, meurtries, sanguinolentes. Les joues ravagĂ©es. Les joues ravinĂ©es. Les joues ravaudĂ©es. Ses larmes lui avaient comme labourĂ© les joues. Les larmes de chaque cĂŽtĂ© lui avaient creusĂ© un sillon dans les joues. Les yeux lui cuisaient, lui brĂ»laient. Jamais on n’avait autant pleurĂ©. Et pourtant ce lui Ă©tait un soulagement de pleurer. La peau lui cuisait, lui brĂ»lait. Et lui pendant ce temps-lĂ  sur la croix les Cinq Plaies lui brĂ»laient. Et il avait la fiĂšvre. Et elle avait la fiĂšvre. Et elle Ă©tait ainsi associĂ©e Ă  sa elle l’abandonnait Ă  cette foule. Elle laissait aller. Elle laissait couler. Qu’est-ce qu’une femme peut faire dans une foule. Je vous le demande. Elle ne se reconnaissait plus. Elle Ă©tait bien changĂ©e. Elle allait entendre le cri. Le cri qui ne s’éteindra dans aucune nuit d’aucun temps. Ce n’était pas Ă©tonnant qu’elle ne se reconnaissait plus. En effet elle n’était plus la mĂȘme. Jusqu’à ce jour elle avait Ă©tĂ© la Reine de BeautĂ©. Et elle ne serait plus, elle ne redeviendrait plus la Reine de BeautĂ© que dans le ciel. Le jour de sa mort et de son assomption. AprĂšs le jour de sa mort et de son assomption. Éternellement. Mais aujourd’hui elle devenait la Reine de MisĂ©ricorde. Comme elle sera dans les siĂšcles des dommage. Une vie qui avait si bien commencĂ©. C’était dommage. Elle se rappelait bien. Comme il rayonnait sur la paille dans cette Ă©table de BethlĂ©em. Une Ă©toile Ă©tait montĂ©e. Les bergers l’adoraient. Les mages l’adoraient. Les anges l’adoraient. Qu’étaient donc devenus tous ces gens-lĂ . Qu’est-ce que tout ce monde-lĂ  Ă©tait devenu. Pourtant c’étaient les mĂȘmes gens. C’était le mĂȘme monde. Les gens Ă©taient toujours les gens. Le monde Ă©tait toujours le monde. On n’avait pas changĂ© le monde. Les rois Ă©taient toujours les rois. Et les bergers Ă©taient toujours les bergers. Les grands Ă©taient toujours les grands. Et les petits Ă©taient toujours les petits. Les riches Ă©taient toujours les riches. Et les pauvres Ă©taient toujours les pauvres. Le gouvernement Ă©tait toujours le gouvernement. Elle ne voyait pas qu’en effet il avait changĂ© le quelle Ă©tait sa rĂ©compense. VoilĂ  comme elle Ă©tait rĂ©compensĂ©e. D’avoir portĂ©. D’avoir enfantĂ©. D’avoir allaitĂ©. D’avoir portĂ©. Dans ses bras. Celui qui est mort pour les pĂ©chĂ©s du monde. D’avoir portĂ©. D’avoir enfantĂ©. D’avoir allaitĂ©. D’avoir portĂ©. Dans ses bras. Celui qui est mort pour le salut du monde. D’avoir portĂ©. D’avoir enfantĂ©. D’avoir allaitĂ©. D’avoir portĂ©. Dans ses bras. Celui par qui les pĂ©chĂ©s du monde seront remis. Et de lui avoir fait sa soupe et bordĂ© son lit jusqu’à trente ans. Car il se laissait volontiers environner de sa tendresse. Il savait que ça ne durerait pas sentait tout ce qui se passait dans son corps. Surtout la souffrance. Il avait surtout une crampe. Une crampe effroyable. À cause de cette position. De rester toujours dans la mĂȘme position. Elle la sentait. D’ĂȘtre forcĂ© d’ĂȘtre dans cette affreuse position. Une crampe de tout le corps. Et tout le poids de son corps portait sur ses quatre Plaies. Il avait des crampes. Elle savait combien il souffrait. Elle sentait bien combien il avait de mal. Elle avait mal Ă  sa tĂȘte et Ă  son flanc et Ă  ses Quatre Plaies. Et lui en lui-mĂȘme il se disait VoilĂ  ma mĂšre. Qu’est-ce que j’en ai fait. VoilĂ  ce que j’ai fait de ma mĂšre. Cette pauvre vieille femme. Devenue vieille. Qui nous suit depuis vingt-quatre heures. De prĂ©toire en prĂ©toire. Et de prĂ©toire en place comme tous les mourants il repassait sa vie entiĂšre. Toute la vie Ă  Nazareth. Il se revoyait tout le long de sa vie entiĂšre. Et il se demandait comment il avait pu se faire tant d’ennemis. C’était une gageure. Comment il avait rĂ©ussi Ă  se faire tant d’ennemis. C’était une gageure. C’était un dĂ©fi. Ceux de la ville, ceux des faubourgs, ceux des campagnes. Tous ceux qui Ă©taient lĂ , qui Ă©taient venus. Qui s’étaient rassemblĂ©s lĂ . Qui Ă©taient assemblĂ©s. Comme Ă  une fĂȘte. À une fĂȘte odieuse. ChrĂ©tiens, vous savez pourquoi C’est qu’il Ă©tait venu annoncer le rĂšgne de Dieu. Et en somme tout ce monde-lĂ  avait raison. Tout ce monde-lĂ  ne se trompait pas tant que ça. C’était la grande fĂȘte qui Ă©tait donnĂ©e pour le salut du monde. Seulement c’était lui qui en faisait les frais. Les marchands, il comprenait encore. C’était lui qui avait commencĂ©. Il s’était mis un jour en colĂšre aprĂšs eux. Dans une sainte colĂšre. Et il les avait chassĂ©s du temple. À grands coups de il n’aimait pas les commerçants. Ouvrier. Fils d’ouvriers. Fils nourricier. Fils nourri. De famille ouvriĂšre. D’instinct il n’aimait pas les commerçants. Il n’entendait rien au commerce. Au nĂ©goce. Il ne savait que travailler. Il Ă©tait portĂ© Ă  croire que tous les commerçants Ă©taient des voleurs. Les marchands, les marchands du Temple il comprenait encore. Mais les un mourant, comme tous les mourants il repassait sa vie entiĂšre. Au moment de la prĂ©senter. De la rapporter Ă  son pĂšre. Un jour les camarades l’avaient trouvĂ© trop grand. Simplement. Un jour les amis, les amis l’avaient trouvĂ© trop grand. Un jour les citoyens l’avaient trouvĂ© trop grand. Et il n’avait pas Ă©tĂ© prophĂšte en son pays. ChrĂ©tiens, vous savez pourquoi C’est qu’il Ă©tait venu annoncer le rĂšgne de Dieu. Tout le monde l’avait trouvĂ© trop grand. Ça se voyait trop qu’il Ă©tait le fils de Dieu. Quand on le frĂ©quentait. Les Juifs l’avaient trouvĂ© trop grand. Pour un Juif. Trop grand Juif. Ça se voyait trop qu’il Ă©tait le Messie prĂ©dit par les ProphĂštes. AnnoncĂ©, attendu depuis les siĂšcles des repassait, il repassait toutes les heures de sa vie. Toute la vie Ă  Nazareth. Il avait semĂ© tant d’amour. Il rĂ©coltait tant de haine. Son cƓur lui brĂ»lait. Son cƓur dĂ©vorĂ© d’amour. Et Ă  sa mĂšre il avait apportĂ© ceci. De voir ainsi traiter Le fruit de ses cƓur lui brĂ»lait. Son cƓur lui dĂ©vorait. Son cƓur brĂ»lĂ© d’amour. Son cƓur dĂ©vorĂ© d’amour. Son cƓur consumĂ© d’amour. Et jamais homme avait-il soulevĂ© tant de haine. Jamais homme avait-il soulevĂ© une telle haine. C’était une gageure. C’était comme un dĂ©fi. Comme il avait semĂ© il n’avait pas rĂ©coltĂ©. Son pĂšre savait pourquoi. Ses amis l’aimaient-ils autant que ses ennemis le haĂŻssaient. Son pĂšre le savait. Ses disciples, ses disciples l’aimaient-ils autant que ses ennemis le haĂŻssaient. Son pĂšre le savait. Ses apĂŽtres, ses apĂŽtres l’aimaient-ils autant que ses ennemis le haĂŻssaient. Son pĂšre le savait. Les onze l’aimaient-ils autant que le douziĂšme, que le treiziĂšme le haĂŻssait. Les onze l’aimaient-ils autant que le douziĂšme, que le treiziĂšme l’avait trahi. Son pĂšre le savait. Son pĂšre le donc que l’homme. Cet homme. Qu’il Ă©tait venu sauver. Dont il avait revĂȘtu la nature. Il ne le savait pas. Comme homme il ne le savait pas. Car nul homme ne connaĂźt l’homme. Car une vie d’homme. Une vie humaine, comme homme, ne suffit pas Ă  connaĂźtre l’homme. Tant il est grand. Et tant il est petit. Tant il est haut. Et tant il est bas. Qu’est-ce que c’était donc que l’homme. Cet homme. Dont il avait revĂȘtu la nature. Son pĂšre le il sentait monter Ă  lui sa mort humaine, Sans voir sa mĂšre en pleur et douloureuse en bas, Droite au pied de la croix, ni Jean ni Madeleine, JĂ©sus mourant pleura sur la mort de Judas. Mourant de sa mort, de notre mort humaine, seulement, il pleura sur cette mort Ă©ternelle. Car il avait connu que le damnĂ© suprĂȘme Jetait l’argent du sang qu’il s’était fait payer, Ces trente malheureux deniers on aurait mieux fait de ne pas les fabriquer. De ne jamais les fabriquer. Malheureux celui qui les frappa. À l’effigie de CĂ©sar. Malheureux celui qui les reçut. À l’effigie de CĂ©sar. Malheureux tous ceux qui eurent affaire Ă  eux. À l’effigie de CĂ©sar. Malheureux tous ceux qui eurent commerce avec eux. À l’effigie, Ă  l’effigie de CĂ©sar. Qui se les passĂšrent de main en main. Deniers dangereux. Plus faux. Infiniment plus dangereux. Infiniment plus faux que de la fausse voyait tout d’avance et tout en mĂȘme temps. Il voyait tout aprĂšs. Il voyait tout avant. Il voyait tout pendant, il voyait tout alors. Tout lui Ă©tait prĂ©sent de toute Ă©ternitĂ©. Et c’est alors qu’il sut la souffrance infinie, C’est alors qu’il connut, c’est alors qu’il apprit, C’est alors qu’il sentit l’infinie agonie, Et cria comme un fou l’épouvantable angoisse, Clameur dont chancela Marie encor debout, Et par pitiĂ© du PĂšre il eut sa mort du Mystere de la charitĂ© de Jeanne d'Arc
StreamLa mort n'est rien - Charles Péguy - Dominique Piat by Jean-Pierre Hané , "Mon petit théùtre sonore" on desktop and mobile. Play over 265 million tracks for free on SoundCloud.
BibliObs. Que vous inspire le PĂ©guy journaliste, pamphlĂ©taire Edwy Plenel. Les Cahiers de la quinzaine» forment l’Ɠuvre de PĂ©guy, son Ɠuvre-vie», dont il Ă©tait le seul maĂźtre, comme Maurice Nadeau sera le seul maĂźtre de ce qui s’est appelĂ© justement la Quinzaine littĂ©raire». En tant que gĂ©rant des Cahiers», PĂ©guy a publiĂ© toute sorte d’articles, d’enquĂȘtes. On oublie trop ce qu’il appelait le journalisme de renseignement», gouvernĂ© par la fameuse formule Dire la vĂ©ritĂ©, toute la vĂ©ritĂ©, rien que la vĂ©ritĂ©, dire bĂȘtement la vĂ©ritĂ© bĂȘte, ennuyeusement la vĂ©ritĂ© ennuyeuse, tristement la vĂ©ritĂ© triste». Des articles sur la question coloniale, sur le gĂ©nocide des ArmĂ©niens, les questions internationales, sur la condition des instituteurs, que sais-je. Et cela en plus de la littĂ©rature. Et puis, il y a ce qu’écrit PĂ©guy lui-mĂȘme, et qu’on retrouve dans les trois tomes de la PlĂ©iade. Alors lĂ , ce que j’admire, c’est l’invention formelle. Je suis de ceux qui prĂ©fĂšrent sa prose Ă  sa poĂ©sie – non pas que sa poĂ©sie soit mĂ©diocre, mais elle est plus classique. Sa prose, qui est ruminante, qui ressasse, qui revient par vagues et envolĂ©es, est authentiquement inventive et unique. Elle n’a rien de journalistique», de formatĂ©, elle ne rĂ©pond Ă  aucune exigence de pĂ©dagogie», de transmission», et se soucie assez peu du public. Mais c’est un objet formel assez fascinant, et qui va de pair avec sa maniĂšre de ne jamais renvoyer de droits d’auteur, de ne jamais faire de citations derriĂšre sa rumination, il y a tout ce qu’il a lu
 Ensuite il y a la colĂšre contre son Ă©poque, qui est trĂšs semblable Ă  la nĂŽtre. Une Ă©poque de transition, de rĂ©volution industrielle, de spĂ©culation financiĂšre, un Ă©branlement Ă©conomique, gĂ©opolitique, social. Et il est en colĂšre contre l’universelle marchandise. VoilĂ  sa cible l’abaissement dans la marchandise, dans l’argent. Et c’est le socle de sa colĂšre l’universelle marchandise, qui prend tout, qui prostitue tout, qui uniformise tout. La question de son basculement dans le patriotisme et le nationalisme est plus complexe. Il Ă©volue. Je ne suis pas du PĂ©guy de la fin, du PĂ©guy qui envoie JaurĂšs dans une charrette avec des roulements de tambour, mĂȘme si, dans cette Ă©volution, PĂ©guy ne cĂšde pas sur l’antisĂ©mitisme. Il a Ă©crit des pages sur les Allemands qui sont une vision essentialiste des civilisations, des cultures d’un cĂŽtĂ© la civilisation, et c’est la France, et d’un autre cĂŽtĂ© la barbarie, et c’est l’Allemagne. Mais sa colĂšre, le socle de cette colĂšre, n’a pas de postĂ©ritĂ© politique univoque elle donne aussi bien les nationalistes que les libertaires, et ceux qui rĂ©sistent contre la servitude. Si PĂ©guy arrivait Ă  Mediapart avec un article, Ă©crit dans son style, le prendriez-vous? Bien sĂ»r ! Vous n’avez qu’à lire ce que nous publions, qui est d’une trĂšs grande diversitĂ© d’écriture nous sommes dans une culture du free speech. Non seulement je les prendrais, mais on peut dire que les colĂšres pĂ©guystes d’aujourd’hui se trouvent plus dans Mediapart que dans les vitupĂ©rations de M. Finkielkraut. Propos recueillis par Jacques Drillon Entretien rĂ©alisĂ© - comme cet autre avec Yann Moix - dans le cadre de notre enquĂȘte sur l'Ă©tonnante postĂ©ritĂ© de Charles PĂ©guy, Ă  lire dans "le Nouvel Observateur" du 13 fĂ©vrier 2014. Lamour ne disparaĂźt pas de charles pĂ©guy la mort n'est rien : Pour l'homme occidental, le dualisme grec apparaĂźt comme Ă©vident pour parler de l'ĂȘtre humain : Son Ɠuvre, multiple, comprend des mystĂšres d'inspiration mĂ©diĂ©vale en vers libres note 1, comme le. Il y a un art de souffrir, mais qu'il ne faut confondre ni avec l'art de cultiver la souffrance, ni avec l'art de La mort n'est rienDe Charles PĂ©guy, d'aprĂšs un texte de Saint AugustinLa mort n’est rienJe suis simplement passĂ© dans la piĂšce Ă  suis moi. Tu es que nous Ă©tions l’un pour l’autre, nous le sommes le nom que tu m’as toujours comme tu l’as toujours pas de ton prends pas un air solennel ou Ă  rire de ce qui nous faisait vivre Souris. Pense Ă  moi. Prie pour mon nom soit toujours prononcĂ© Ă  la maison comme il l’a toujours emphase d’aucune sorte et sans trace d’ombre. La vie signifie ce qu’elle a toujours reste ce qu’elle a toujours Ă©tĂ©. Le fil n’est pas serais-je hors de ta pensĂ©e,Simplement parce que je suis hors de ta vue ?Je t’attends. Je ne suis pas de l’autre cĂŽtĂ© du vois, tout est bien. eaWr.
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