DUNAVIRE GREC AU NAVIRE ROMAIN. L'art gallo-romain nous offre quelques-unes des plus belles images de navires que l'Antiquité nous ait léguées : les reliefs du Musée de Narbonne et de l'arc d'Orange, les ex-voto en bronze d'Autun et de Dijon1, les monnaies des «empereurs gaulois» du IIIe siÚcle, et tant d'autres documents moins complets ou moins bien conservés, permettent

1 L’identitĂ© du macrocosme et du microcosme est semble-t-il ce qui a fascinĂ© Marguerite Yourcenar da ... 1ƒuvre mĂ©ditative autant que narrative, les MĂ©moires d’Hadrien ont assez d’ampleur pour embrasser tout un empire, assez de hauteur pour relier l’avenir au souvenir. Si la profondeur du texte tient Ă  la complexitĂ© du feuilletage gĂ©nĂ©rique et Ă  la densitĂ© de l’expĂ©rience du protagoniste, elle relĂšve Ă©galement d’un vertigineux jeu de miroirs qui confine Ă  la mise en abĂźme. L’histoire de l’homme dans l’empire est aussi l’histoire de l’un dans le tout. Tout nous Ă©chappe, et tous, et nous-mĂȘme », concĂšde Marguerite Yourcenar dans les Carnets de notes p. 331. Dans ce demi-aveu de faiblesse de l’écrivain rĂ©side sans doute la clef de sa force la certitude humaniste qu’il n’existe pas de solution de continuitĂ© de tout » Ă  nous-mĂȘme », que le microcosme d’un ĂȘtre peut reflĂ©ter le macrocosme des hommes, et le microcosme d’un livre, le macrocosme du monde1. Aussi les MĂ©moires d’Hadrien peuvent-ils se lire comme une Ɠuvre rĂ©flexive, voire autorĂ©flexive. Dans le livre, la bibliothĂšque 2 Sur les rapports de Marguerite Yourcenar et Jorge Luis Borges, voir Achmy Halley, Marguerite Yourc ... 2Grande admiratrice de Borges2, auquel elle rendit visite six jours avant qu’il ne meure, Marguerite Yourcenar avait comme lui la fascination du labyrinthe Le Labyrinthe du monde, tel est le titre qu’elle donne Ă  sa trilogie familiale, et le territoire que ne cesse d’explorer son Ɠuvre. Comme Borges toujours, elle sait qu’une bibliothĂšque est tout ensemble un monde et un labyrinthe ; nouvelle Ariane, elle invite le lecteur Ă  suivre le fil des lectures d’Hadrien, qui en disent aussi beaucoup sur son propre monde de livres. La bibliothĂšque d’Hadrien 3 L’une des meilleures maniĂšre de recrĂ©er la pensĂ©e d’un homme reconstituer sa bibliothĂšque » dans cette remarque des Carnets de notes p. 327, Marguerite Yourcenar livre l’un des secrets de fabrication » de son ouvrage, qui n’a cependant rien de la mĂ©thode servilement appliquĂ©e. La nĂ©cessitĂ© de cette reconstitution s’est, Ă  l’en croire, imposĂ©e Ă  elle comme en dĂ©pit d’elle Durant des annĂ©es, d’avance, et sans le savoir, j’avais ainsi travaillĂ© Ă  remeubler les rayons de Tibur » ibid. De ces recherches mi-archĂ©ologiques, mi-bibliophiliques, les MĂ©moires d’Hadrien portent la trace. Ils sont jalonnĂ©s d’allusion aux lectures du protagoniste, qui agissent comme autant d’élĂ©ments de caractĂ©risation d’Hadrien. Mais dans les goĂ»ts, les dĂ©goĂ»ts et les engouements littĂ©raires du personnage se lisent aussi, souvent en creux, certains choix littĂ©raires de l’auteur. 4Que les prĂ©fĂ©rences littĂ©raires d’un individu contribuent Ă  le dĂ©finir, la diĂ©gĂšse le suggĂšre comme les paratextes. Ainsi, lorsqu’Hadrien veut caractĂ©riser Lucius, il Ă©voque le poĂšte favori de l’adolescent, dont le nom seul suffit Ă  dessiner l’audace sĂ©duisante du jeune patricien Martial Ă©tait son Virgile il rĂ©citait ses poĂ©sies lascives avec une effronterie charmante » p. 122. Mais Lucius est surtout saisi Ă  travers le prisme du regard et des lectures d’Hadrien trĂšs vite, c’est Ă  ses propres goĂ»ts que celui-ci recourt pour complĂ©ter le portrait, et il affirme ainsi comme incidemment sa prĂ©fĂ©rence pour la poĂ©sie amoureuse, qu’elle appartienne aux temps passĂ© de la GrĂšce, avec Callimaque, ou qu’elle lui soit contemporaine, avec Straton L’image de Lucius adolescent se confine Ă  des recoins plus secrets du souvenir un visage, un corps, l’albĂątre d’un teint pĂąle et rose, l’exact Ă©quivalent d’une Ă©pigramme amoureuse de Callimaque, de quelques lignes nettes et nues du poĂšte Straton » ibid. 5TrĂšs tĂŽt dans sa lettre Ă  Marc AurĂšle, Hadrien a en effet affirmĂ© sa passion de la poĂ©sie. Épris de rhĂ©torique, il dit avoir Ă©tĂ© plus profondĂ©ment marquĂ© encore par ses lectures poĂ©tiques. L’amateur de la vie et de ses plaisirs est mĂȘme alors tentĂ© de donner la prĂ©sĂ©ance Ă  la littĂ©rature La lecture des poĂštes eut des effets plus bouleversants encore ; je ne suis pas sĂ»r que la dĂ©couverte de l’amour soit nĂ©cessairement plus dĂ©licieuse que celle de la poĂ©sie. Celle-ci me transforma l’initiation Ă  la mort ne m’introduira pas plus loin dans un autre monde que tel crĂ©puscule de Virgile. Plus tard, j’ai prĂ©fĂ©rĂ© la rudesse d’Ennius, si prĂšs des origines sacrĂ©es de la race, ou l’amertume savante de LucrĂšce, ou, Ă  la gĂ©nĂ©reuse aisance d’HomĂšre, l’humble parcimonie d’HĂ©siode. J’ai goĂ»tĂ© surtout les poĂštes les plus compliquĂ©s et les plus obscurs, qui obligent ma pensĂ©e Ă  la gymnastique la plus difficile, les plus rĂ©cents ou les plus anciens, ceux qui me frayent des voies toutes nouvelles ou m’aident Ă  retrouver les pistes perdues. Mais, Ă  cette Ă©poque, j’aimais surtout dans l’art des vers ce qui tombe le plus immĂ©diatement sous les sens, le mĂ©tal poli d’Horace, Ovide et sa mollesse de chair. p. 44 6Dans cette Ă©numĂ©ration, Marguerite Yourcenar rĂ©unit bien des traits caractĂ©ristiques de son personnage, changeant, variable, attirĂ© Ă  la fois par la puretĂ© de l’expression et la complexitĂ© de l’esprit humain, aimantĂ© par les extrĂȘmes, fascinĂ© par la GrĂšce et attachĂ© Ă  Rome. Mais ce qu’Hadrien Ă©prouve au fil de ses lectures reflĂšte Ă©galement ce que Marguerite Yourcenar offre Ă  ses lecteurs une Ɠuvre narrative, comme celles des poĂštes Ă©piques, mythique, comme celle d’HĂ©siode et mĂ©ditative, comme celle de LucrĂšce, mais aussi une ouverture vers un autre monde » d’amour et de mort, que l’on pĂ©nĂštre au prix, sinon d’une gymnastique difficile », du moins d’un effort de comprĂ©hension, et dans lequel on parcourt autant de voies nouvelles » que de pistes perdues ». Ces pistes perdues », l’empereur les explore de nouveau aprĂšs la mort d’AntinoĂŒs, et les Ă©voque dans une mĂ©ditation sur ses lectures qui constitue en quelque sort le double endeuillĂ© de celle de Varius, multiplex, multiformis ». Ses choix se sont alors resserrĂ©s, ses goĂ»ts se sont muĂ©s en obsessions, mais l’auteur entremĂȘle de nouveau les caractĂ©ristiques de son personnage et celles de sa propre Ă©criture Les poĂštes aussi m’occupĂšrent ; j’aimais Ă  conjurer hors d’un passĂ© lointain ces quelques voix pleines et pures. Je me fis un ami de ThĂ©ognis, l’aristocrate, l’exilĂ©, l’observateur sans illusion et sans indulgence des affaires humaines, toujours prĂȘt Ă  dĂ©noncer ces erreurs et ces fautes que nous appelons nos maux. Cet homme avait goĂ»tĂ© aux dĂ©lices poignantes de l’amour ; [...] l’immortalitĂ© qu’il promettait au jeune homme de MĂ©gare Ă©tait mieux qu’un vain mot, puisque ce souvenir m’atteignait Ă  une distance de plus de six siĂšcles. Mais, parmi les anciens poĂštes, Antimaque surtout m’attacha ; j’apprĂ©ciais ce style obscur et dense, ces phrases amples et pourtant condensĂ©es Ă  l’extrĂȘme, grandes coupes de bronze emplies d’un vin lourd. [...] Il avait passionnĂ©ment pleurĂ© sa femme LydĂ© ; il avait donnĂ© le nom de cette morte Ă  un long poĂšme oĂč trouvaient place toutes les lĂ©gendes de douleur et de deuil. Cette LydĂ©, que je n’aurais peut-ĂȘtre pas remarquĂ©e vivante, devenait pour moi une figure familiĂšre, plus chĂšre que bien des personnages fĂ©minins de ma propre vie. Ces poĂšmes, pourtant presque oubliĂ©s, me rendaient peu Ă  peu ma confiance en l’immortalitĂ©. p. 235-236 7Les styles respectifs de ThĂ©ognis et Antimaque ne sont pas sans rapport avec celui que Marguerite Yourcenar prĂȘte Ă  Hadrien, sans illusion et sans indulgence », dense », ample et pourtant condensĂ© Ă  l’extrĂȘme », et de mĂȘme que ThĂ©ognis et Antimaque assurent l’immortalitĂ© de Cyrnus et LydĂ©, Marguerite Yourcenar fait revivre Hadrien et AntinoĂŒs, les rend, le temps d’une lecture, plus familiers aux lecteurs que leurs contemporains. 3 Marguerite Yourcenar elle-mĂȘme dĂ©signe trĂšs clairement MĂ©moires d’Hadrien comme une Ɠuvre poĂ©tique ... 4 Sur ce sujet, voir RĂ©my Poignault, Hadrien et le monde des lettres », dans L’AntiquitĂ© dans l’Ɠu ... 5 Les messages affluĂšrent ; PancratĂšs m’envoya son poĂšme enfin terminĂ© ; ce n’était qu’un mĂ©diocre ... 8La poĂ©sie, en particulier amoureuse ou Ă©lĂ©giaque, occupe ainsi une large part de la bibliothĂšque d’Hadrien ; c’est encore Ă  ce genre qu’il se rĂ©fĂšre pour retracer l’atmosphĂšre qui enveloppe ses liaisons adultĂšres avec des patriciennes C’était le monde de Tibulle et de Properce une mĂ©lancolie, une ardeur un peu factice, mais entĂȘtante comme une mĂ©lodie sur le mode phrygien » p. 74. Le théùtre en revanche semble tenir peu de place dans son paysage littĂ©raire hormis le texte de Lycophron lu lors de la rencontre avec AntinoĂŒs p. 169, l’unique Ă©vocation d’une piĂšce de théùtre rĂ©side dans l’anecdote sinistre de la tĂȘte de Crassus lancĂ©e de main en main comme une balle au cours d’une reprĂ©sentation des Bacchantes d’Euripide, qu’un roi barbare frottĂ© d’hellĂ©nisme donnait au soir d’une victoire » p. 93 – la catharsis fait alors totalement dĂ©faut, puisque Crassus dĂ©capitĂ© redouble l’horreur de PenthĂ©e dĂ©membrĂ©. L’histoire, en revanche, figure en bonne place dans les lectures d’Hadrien. L’entreprise historique, mĂȘme menĂ©e sans gĂ©nie, lui semble toujours estimable, ainsi qu’en tĂ©moigne sa remarque Ă  propos de PhlĂ©gon Le style de PhlĂ©gon est fĂącheusement sec, mais ce serait dĂ©jĂ  quelque chose que de rassembler et d’établir les faits » p. 235. Au mĂȘme titre que la poĂ©sie, l’histoire est dotĂ©e d’une puissance Ă©motionnelle telle que les vies lues transcendent l’expĂ©rience vĂ©cue ; la rencontre avec Plutarque, bien que relatĂ©e sur le mode pudique de l’allusion, constitue ainsi Ă  n’en pas douter l’un des sommets de la vie littĂ©raire d’Hadrien, et peut-ĂȘtre de toute son existence À ChĂ©ronĂ©e, oĂč j’étais allĂ© m’attendrir sur les antiques couples d’amis du Bataillon SacrĂ©, je fus deux jours l’hĂŽte de Plutarque. J’avais eu mon Bataillon SacrĂ© bien Ă  moi, mais, comme il m’arrive souvent, ma vie m’émouvait moins que l’histoire » p. 87. PoĂ©sie, histoire, les genres favoris de l’empereur sont donc ceux-lĂ  mĂȘme qui constituent la matiĂšre des MĂ©moires d’Hadrien3. Si Marguerite Yourcenar cite les auteurs qu’a vĂ©ritablement lus son personnage, et qu’elle-mĂȘme a longuement frĂ©quentĂ©s au cours de sa gigantesque entreprise de reconstruction documentĂ©e4, elle n’en met pas moins l’accent sur certaines prĂ©fĂ©rences, ou certains aspects qui font signe vers sa propre Ă©criture. Hadrien, laisse-t-elle entendre, n’a guĂšre trouvĂ© de poĂšte ou d’historien Ă  sa mesure pour chanter ses Ă©motions ou retracer son rĂšgne les textes composĂ©s Ă  l’occasion de la mort d’AntinoĂŒs sont mĂ©diocres5, le style de PhlĂ©gon laisse Ă  dĂ©sirer. Aussi devient-elle ce patient biographe du futur dont, non sans ironie, elle fait dĂ©crire Ă  Hadrien la tĂąche difficile Les SuĂ©tones de l’avenir auront fort peu d’anecdotes Ă  rĂ©colter sur moi », prĂ©sage-t-il en se fĂ©licitant de la discrĂ©tion de ses proches p. 140 ; une fois n’est pas coutume, les talents oraculaires d’Hadrien se trouvent dĂ©mentis. 9Tout concorde dans la bibliothĂšque rĂ©inventĂ©e par Marguerite Yourcenar les Ă©vĂ©nements de la vie d’Hadrien et ceux que retracent ses lectures, les goĂ»ts du personnage et les procĂ©dĂ©s de sa crĂ©atrice. Et c’est prĂ©cisĂ©ment dans des phĂ©nomĂšnes d’étroites correspondances, gages de vĂ©ritĂ©, que rĂ©side le critĂšre Ă  l’aune duquel l’empereur juge de la qualitĂ© d’une Ɠuvre littĂ©raire. De PolĂ©mon notamment, il aime l’authenticitĂ©, perceptible dans l’inventio comme dans l’actio. La rhĂ©torique chez lui n’est pas un masque mais un rĂ©vĂ©lateur Le rhĂ©teur PolĂ©mon, le grand homme de LaodicĂ©e, qui rivalisait avec HĂ©rode d’éloquence, et surtout de richesses, m’enchanta par son style asiatique, ample et miroitant comme les flots d’un Pactole cet habile assembleur de mots vivait comme il parlait, avec faste » p. 176. De mĂȘme, son jeu est on ne peut plus sĂ©rieux Il y avait de l’acteur en PolĂ©mon, mais les jeux de physionomie d’un grand comĂ©dien traduisent parfois une Ă©motion Ă  laquelle participent tout une foule, tout un siĂšcle » p. 192. À l’inverse, dans la colĂšre que JuvĂ©nal fait naĂźtre chez l’empereur, le dĂ©goĂ»t de l’hypocrisie le dispute au sentiment de l’offense JuvĂ©nal osa insulter dans une de ses Satires le mime PĂąris, qui me plaisait. J’étais las de ce poĂšte enflĂ© et grondeur ; j’apprĂ©ciais peu son mĂ©pris pour l’Orient et la GrĂšce, son goĂ»t affectĂ© pour la prĂ©tendue simplicitĂ© de nos pĂšres, et ce mĂ©lange de descriptions dĂ©taillĂ©es du vice et de dĂ©clamations vertueuses qui titille les sens du lecteur tout en rassurant son hypocrisie. p. 249 10Trop conscient sans doute de ses propres faiblesses il ne cache pas que son attachement pour PĂąris contribue Ă  le dĂ©goĂ»ter de JuvĂ©nal, Hadrien ne recourt lui-mĂȘme que trĂšs rarement au registre de la satire, si ce n’est, prĂ©cisĂ©ment, pour railler JuvĂ©nal, ou pour dresser la galerie de portraits lĂ©gĂšrement caricaturale des hommes de lettres dont il s’est entourĂ© p. 139-140 – mais la raillerie se nuance alors de tendresse. Un personnage en particulier cristallise son mĂ©pris de la littĂ©rature inauthentique il s’agit de la bien nommĂ©e Julia Balbilla. Le nom de cette authentique poĂ©tesse proche de Sabine Ă©voque irrĂ©sistiblement un babil ou un balbutiement au mieux insignifiant, au pire irritant. La premiĂšre mention que fait d’elle Hadrien est dĂ©jĂ  teintĂ©e de condescendance [Sabine] ne s’entourait que de femmes de lettres inoffensives. La confidente du moment, une certaine Julia Balbilla, faisait assez bien les vers grecs » p. 206. Mais bientĂŽt, l’inoffensive faiseuse se mĂ©tamorphose en personnage repoussoir, dont la prolixitĂ© est signe d’inauthenticitĂ©. Devant le colosse de Memnon, l’inĂ©puisable Julia Balbilla enfant[e] sur-le-champ une sĂ©rie de poĂšmes » p. 222 qui contrastent avec l’inscription minimaliste laissĂ©e par Hadrien. Celui-ci grave en grec une forme abrĂ©gĂ©e et familiĂšre de son nom » p. 223 et, lĂ  oĂč les vers de Julia Balbilla semblaient n’ĂȘtre que vacuitĂ©, cette inscription Ă  proprement parler lapidaire suffit Ă  faire naĂźtre la conscience de l’instant et le bouleversant souvenir des vingt ans qu’AntinoĂŒs n’atteindra jamais. Au seuil de la mort, Hadrien se remĂ©more sans le nommer cet Ă©pisode dĂ©chirant Audivi voces divinas... La sotte Julia Balbilla croyait entendre Ă  l’aurore la voix mystĂ©rieuse de Memnon j’ai Ă©coutĂ© les bruissements de la nuit » p. 309. L’obscur chant du monde peut ĂȘtre Ă  de certains instants une poĂ©sie plus limpide que le verbe des hommes, parce qu’il dit sans dĂ©tours ni faux-semblants l’exactitude de ce qui est. 11Un accord, tel semble ĂȘtre ce que recherche Hadrien dans le dĂ©dale de ses lectures – accord avec l’émotion, avec le monde, avec soi-mĂȘme, avec d’autres hommes l’auteur, mais aussi ceux qui ont vĂ©cu et que les mots font renaĂźtre. Un accord, c’est Ă©galement ce que compose Marguerite Yourcenar en parcourant la bibliothĂšque de l’empereur perdu, tant chacune des allusions intertextuelles qu’elle mĂ©nage est lourde de rĂ©sonnances. Ainsi la rencontre avec AntinoĂŒs, roman ou poĂšme Ă©lĂ©giaque vĂ©cu par Hadrien, est-elle placĂ©e sous le signe de la littĂ©rature On lut ce soir-lĂ  une piĂšce assez abstruse de Lycophron que j’aime pour ses folles juxtapositions de sons, d’allusions et d’images, son complexe systĂšme de reflets et d’échos » p. 169. Ce n’est certes pas le fait du hasard si cette notation prend place Ă  l’orĂ©e du SƓculum aureum », Ă  l’instant oĂč le rĂ©cit dĂ©ploie au plus haut degrĂ© sa poĂ©sie de sons, d’allusions et d’images » alors qu’elle va faire apparaĂźtre AntinoĂŒs au bord d’une source consacrĂ©e Ă  Pan » ibid., c’est-Ă -dire Ă  Tout, Marguerite Yourcenar fait rĂ©sonner l’une des notes Ă  la fois secrĂštes et claires du complexe systĂšme de reflets et d’échos » que sont les MĂ©moires d’Hadrien. La bibliothĂšque de Marguerite Yourcenar 12Il est un autre moment du SƓculum aureum » oĂč Hadrien et AntinoĂŒs Ă©coutent de concert un texte bruissant d’échos. Alors qu’il relate ses expĂ©riences magiques et ses interrogations sur la nature de l’ñme, l’empereur se souvient Vers la mĂȘme Ă©poque, PhlĂ©gon, qui collectionnait les histoires de revenants, nous raconta un soir celle de La FiancĂ©e de Corinthe dont il se porta garant. Cette aventure oĂč l’amour ramenait une Ăąme sur la terre, et lui rendait temporairement un corps, Ă©mut chacun de nous, mais Ă  des profondeurs diffĂ©rentes. Plusieurs tentĂšrent d’amorcer une expĂ©rience analogue [...]. Aucune de ces tentatives ne rĂ©ussit. Mais d’étranges portes s’étaient ouvertes. p. 199 6 FantĂŽmes et statues sont explicitement mis en relation lors de la rencontre de la Sibylle bretonne ... 13L’épisode est troublant en ce qu’il prĂ©figure les efforts Ă  venir d’Hadrien pour ramener Ă  la vie le fantĂŽme d’AntinoĂŒs par l’entremise de la statuaire6 ; il l’est Ă©galement en ce qu’il Ă©veille chez l’auteur et ses lecteurs des souvenirs nĂ©cessairement Ă©trangers au narrateur. Marguerite Yourcenar fait Ă©tat de sa surprise dans les Carnets de notes, oĂč elle avoue Il faut s’enfoncer dans les recoins d’un sujet pour dĂ©couvrir les choses les plus simples, et de l’intĂ©rĂȘt littĂ©raire le plus gĂ©nĂ©ral. C’est seulement en Ă©tudiant PhlĂ©gon, secrĂ©taire d’Hadrien, que j’ai appris qu’on doit Ă  ce personnage oubliĂ© la premiĂšre et l’une des plus belles entre les grandes histoires de revenants, cette sombre et voluptueuse FiancĂ©e de Corinthe dont se sont inspirĂ©s Goethe et l’Anatole France des Noces corinthiennes p. 338-339. 14La superposition dans l’esprit du lecteur des textes de PhlĂ©gon, d’Anatole France et surtout de Goethe, dont le nom est spontanĂ©ment associĂ© au titre de La FiancĂ©e de Corinthe, ouvre Ă  son tour d’étranges portes », et fait partager au lecteur du XXe siĂšcle l’émoi Ă©prouvĂ© par Hadrien et ses proches de mĂȘme que l’apparition de la morte amoureuse, l’intertextualitĂ© brouille les frontiĂšres temporelles, et offre un moyen de rĂ©trĂ©cir Ă  son grĂ© la distance des siĂšcles » p. 331. 7 Dans Les Yeux ouverts, Marguerite Yourcenar dit plus explicitement encore son admiration pour Prou ... 8 Pierre Corneille, Sertorius, acte III, scĂšne 1, dans Théùtre complet II, Pierre LiĂšvre et Roger Ca ... 15Dans la bibliothĂšque des MĂ©moires d’Hadrien, les volumens du narrateur cohabitent en effet avec les volumes de l’auteur, çà et lĂ  discrĂštement glissĂ©s sur les rayonnages du temps. Au-delĂ  de ses recherches historiques, les lectures de Marguerite Yourcenar nourrissent nĂ©cessairement son Ă©criture, comme en tĂ©moignent les Carnets de notes, qui Ă©voquent abondamment les auteurs dans le sillage desquels elle se situe, et notamment Proust ; la reconstitution d’un passĂ© perdu » qu’elle lui attribue p. 330 n’est sans doute pas tout Ă  fait Ă©trangĂšre Ă  cette recherche d’un temps perdu que sont les MĂ©moires d’Hadrien7. De tels souvenirs de lecture ont leur place dans les paratextes et les commentaires ; on s’attendrait en revanche moins Ă  les trouver entremĂȘlĂ©s au tissu mĂȘme de la lettre d’Hadrien, dont l’auteur cherchait en quelque sorte Ă  s’absenter, affirmant sa volontĂ© de s’interdire les ombres portĂ©es ; ne pas permettre que la buĂ©e d’une haleine s’étale sur le tain du miroir » p. 332. Des rĂ©miniscences littĂ©raires affleurent pourtant parfois en surimpression sur l’image d’Hadrien, sans jamais la ternir ni la troubler toutefois, tant elles sont discrĂštes. Un seul effet de citation clairement identifiable fait employer Ă  l’empereur des mots d’un autre Ăąge Rome n’est plus dans Rome elle doit pĂ©rir ou s’égaler dĂ©sormais Ă  la moitiĂ© du monde », affirme Hadrien en prĂ©ambule Ă  l’exposĂ© de ses principes politiques p. 124. Le roman rĂ©sonne alors des accents classiques de la cĂ©lĂšbre rĂ©plique de Sertorius Rome n’est plus dans Rome, elle est toute oĂč je suis8 ». L’allusion est ludique Marguerite Yourcenar fait rĂ©pĂ©ter Ă  un empereur du IIe siĂšcle les paroles d’un Romain de la RĂ©publique Ă©crites quinze siĂšcles aprĂšs lui. La mise Ă  distance est nette lĂ  oĂč Sertorius affirme porter Rome en lui, Hadrien la veut universelle. Vertiges de l’espace et du temps, le jeu de la citation dit l’éternitĂ© de Rome dans la mĂ©moire humaine. 16C’est Ă©galement cette permanence de l’Antique que suggĂšre le choix fait par Marguerite Yourcenar de traduire une citation de Virgile par ce qui est, peu ou prou, une phrase de Gide, ainsi que le remarque RĂ©my Poignault 9 RĂ©my Poignault, L’AntiquitĂ© dans l’Ɠuvre de Marguerite Yourcenar, op. cit., t. II, p. 433. Quand, aprĂšs avoir Ă©voquĂ© les portraits par lesquels il a essayĂ© d’immortaliser AntinoĂŒs, Hadrien explique sa conception esthĂ©tique du pouvoir – rĂ©aliser un idĂ©al de beautĂ©, et par consĂ©quent d’harmonie et de justice alliĂ©es Ă  la force –, il cite encore, mais sans se rĂ©fĂ©rer Ă  son auteur, un extrait de Virgile, empruntĂ© cette fois aux Bucoliques Trahit sua quemque uoluptas chacun est entraĂźnĂ© par son plaisir », qu’il rend par un Ă  chacun sa pente » qui fait Ă©cho Ă  la phrase des Faux-Monnayeurs 11 est bon de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant » ; dans l’églogue virgilienne, Corydon, dĂ©plorant qu’Alexis ne partageĂąt pas son amour, prononçait ces mots avec quelque amertume, tandis qu’Hadrien exprime en toute sĂ©rĂ©nitĂ© son idĂ©al de beautĂ© glissant des Ɠuvres d’art – et de l’amour – Ă  la politique9. 17Le glissement subtil d’un intertexte Ă  l’autre traduit le succĂšs des vƓux d’immortalitĂ© d’Hadrien au fil du temps et des livres, les mots se mĂȘlent, se mĂ©tamorphosent au grĂ© de la pente » de ceux qui les prononcent, mais, mutatis mutandis, se survivent. S’élabore ainsi un imaginaire mythique des amours antiques, sĂ©dimentĂ© autour de la figure d’AntinoĂŒs, et qui se manifeste lorsque Marguerite Yourcenar se souvient de ceux qui, avant elle, ont fait revivre la silhouette du favori 10 Ibid., p. 480. L’image d’AntinoĂŒs venant en canot Ă  ce qui allait ĂȘtre sa derniĂšre soirĂ©e et recevant de Lucius une guirlande doit peut-ĂȘtre quelque chose au tableau de Dorian Gray imaginĂ© par Basil Hallward dans le roman d’Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray, couronnĂ© de grandes fleurs de lotus, Ă  la proue de la barque d’Adrien le regard perdu au loin par-delĂ  les eux verdĂątres du Nil », comme la suite mĂȘme du texte d’Oscar Wilde fait penser Ă  la scĂšne d’AntinoĂŒs se tenant au bord d’une vasque Vous vous ĂȘtes penchĂ© ensuite sur un lac tranquille Ă  l’orĂ©e d’un bois grec et vous avez contemplĂ© dans les eaux calmes et argentĂ©es le reflet merveilleux de votre beautĂ©10. » 18Oscar Wilde avait fait de Dorian Gray un nouvel AntinoĂŒs, idĂ©al de beautĂ© dorienne » ; imperceptiblement, Marguerite Yourcenar fait en retour d’AntinoĂŒs un nouveau Dorian, celui qui jamais ne vieillit. 11 Voir Jean-Marcel Paquette, L’autre genre la forme de l’essai dans MĂ©moires d’Hadrien », Bullet ... 12 Voir Henri Vergniolle de Chantal, MĂ©moires d’Hadrien, L’ƒuvre au noir, Un homme obscur un imag ... 19MĂȘme lorsqu’ils s’affranchissent de toute rĂ©fĂ©rence Ă  l’AntiquitĂ©, les souvenirs des lectures de Marguerite Yourcenar ajoutent une densitĂ© temporelle au rĂ©cit d’Hadrien, et rappellent que la substance, la structure humaine ne changent guĂšre » p. 333. Rien d’étonnant par exemple Ă  trouver en Hadrien, dont la lettre est aussi un essai11 » consacrĂ© Ă  la connaissance de l’homme et de soi, un peu de Montaigne. L’admiration de Marguerite Yourcenar pour ce dernier est bien connue il compte parmi les auteurs qu’elle dit relire rĂ©guliĂšrement YO, p. 234, la bibliothĂšque de Petite Plaisance recelait plusieurs Ă©ditions des Essais, et lorsqu’elle s’attarde sur le goĂ»t du nomadisme qui caractĂ©rise l’empereur, elle paraĂźt se remĂ©morer l’éloge des voyages que fait l’essayiste12. Comme lui, Hadrien articule en effet libertĂ© de mouvement, libertĂ© du corps, et libertĂ© de l’esprit [...] la grande ressource Ă©tait avant tout l’état parfait du corps une marche forcĂ©e de vingt lieu n’était rien, une nuit sans sommeil n’était considĂ©rĂ©e que comme une invitation Ă  penser. Peu d’hommes aiment longtemps le voyage, ce bris perpĂ©tuel de toutes les habitudes, cette secousse sans cesse donnĂ©e Ă  tous les prĂ©jugĂ©s. Mais je travaillais Ă  n’avoir nul prĂ©jugĂ© et peu d’habitudes. l’apprĂ©ciais la profondeur dĂ©licieuse des lits, mais aussi le contact et l’odeur de la terre nue, les inĂ©galitĂ©s de chaque segment de la circonfĂ©rence du monde. l’étais fait Ă  la variĂ©tĂ© des nourritures, gruau britannique ou pastĂšque africaine. Il m’arriva un jour de goĂ»ter au gibier Ă  demi pourri qui fait les dĂ©lices de certaines peuplades germaniques j’en vomis, mais l’expĂ©rience fut tentĂ©e. p. 137 20DĂ©tails triviaux et presque incongrus, les expĂ©riences culinaires en pays Ă©tranger sont en vĂ©ritĂ© l’indice d’un esprit de tolĂ©rance sans doute directement empruntĂ© Ă  Montaigne Outre ces raisons, le voyager me semble un exercice profitable. L’ame y a une continuelle exercitation, Ă  remarquer des choses incogneuĂ«s et nouvelles ; et je ne sçache point meilleure escolle, comme j’ay dict souvent, Ă  former la vie que de luy proposer incessamment la diversitĂ© de tant d’autres vies, fantaisies et usances, et lui faire gouster une si perpetuelle variĂ©tĂ© de formes de nostre nature. Le corps n’y est ny oisif ny travaillĂ©, et cette modĂ©rĂ©e agitation le met en haleine. Je me tien Ă  cheval sans sans demonter, tout choliqueux que je suis, et sans m’y ennuyer, huict et dix heures [...]. 13 Michel de Montaigne, Les Essais, livre III, chap. ix De la vanitĂ© », Pierre Villey Ă©d., Pari ... J’ay la complexion du corps libre, et le goust commun, autant qu’homme du monde. La diversitĂ© des façons d’une nation Ă  autre, ne me touche que par le plaisir de la variĂ©tĂ©. Chaque usage a sa raison. Soyent des assiettes d’estain, de bois, de terre, bouilly ou rosty, beurre ou huyle de nois ou d’olive, chaut ou froit, tout m’est un, et si un que, vieillissant, j’accuse cette genereuse facultĂ©, et auroy besoin que la dĂ©licatesse et le chois arrestat l’indiscretion de mon appetit et par fois soulageat mon estomac. Quand j’ay estĂ© ailleurs qu’en France et que, pour me faire courtoisie, on m’a demandĂ© si je vouloy estre servy Ă  la Françoise, je m’en suis mocquĂ© et me suis toujours jettĂ© aux tables les plus espesses d’étrangers13. 21La libertĂ© commune aux deux voyageurs que sont Hadrien et Montaigne, Marguerite Yourcenar la vagabonde en use elle aussi, et entraĂźne Ă  sa suite le lecteur dans un pĂ©riple en littĂ©rature au cours duquel elle lui propose incessamment la diversitĂ© de tant d’autres vies, fantaisies, et usances ». 14 L’arbre est un exilĂ©, la roche est un proscrit » Victor Hugo, Ce que dit la bouche d’ombre »,... 22Plus Ă©tonnantes peut-ĂȘtre que les traces humanistes de Montaigne sont les rĂ©miniscences romantiques que l’on peut dĂ©celer dans les MĂ©moires d’Hadrien. Marguerite Yourcenar a frĂ©quentĂ© trĂšs tĂŽt la littĂ©rature romantique adolescente, la jeune Mlle de Crayencour en avait dĂ©jĂ  lu toutes les Ɠuvres majeures. Elle semble s’en ĂȘtre quelque peu Ă©loignĂ©e par la suite, et il est parfois difficile de dĂ©terminer si les Ă©chos romantiques qu’éveille le rĂ©cit d’Hadrien relĂšvent d’allusions intertextuelles dĂ©libĂ©rĂ©es ou de souvenirs plus fortuits de lectures de jeunesse. Il semble peu probable nĂ©anmoins que l’auteur n’ait pas songĂ© par exemple Ă  Hugo, en choisissant de dĂ©peindre comme des bouches d’ombre » les oracles de mauvais augure parmi lesquels figure la sorciĂšre de Canope p. 210. Voix panthĂ©iste des mystĂšres de la vie et de la mort, la Bouche d’Ombre hugolienne, qui dit jusqu’à l’ñme des pierres14, a bien sa place Ă  l’heure oĂč AntinoĂŒs marche vers son sacrifice et sa demi-rĂ©surrection minĂ©rale. La prĂ©sence d’échos Ă  des textes postĂ©rieurs Ă  l’existence d’Hadrien instille dans la lettre une dimension prophĂ©tique. Celle-ci se trouve accentuĂ©e lorsque les textes Ă©voquĂ©s possĂšdent eux-mĂȘmes un caractĂšre oraculaire ; de mĂȘme qu’elle conjure les ombres des Contemplations de Hugo, Marguerite Yourcenar ravive les flammes du Paris » de Vigny, lorsqu’Hadrien, aprĂšs la dĂ©dicace du temple de VĂ©nus et de Rome, mĂ©dite devant la ville en flamme La nuit qui suivit ces cĂ©lĂ©brations, du haut d’une terrasse, je regardai brĂ»ler Rome. Ces feux de joie valaient bien les incendies allumĂ©s par NĂ©ron ils Ă©taient presque aussi terribles. Rome le creuset, mais aussi la fournaise, et le mĂ©tal qui bout, le marteau, mais aussi l’enclume, la preuve visible du changement et des recommencements de l’histoire, l’un des lieux au monde oĂč l’homme aura le plus tumultueusement vĂ©cu. La conflagration de Troie, d’oĂč un fugitif s’était Ă©chappĂ©, emportant avec lui son vieux pĂšre, son jeune fils, et ses Lares, aboutissait ce soir-lĂ  Ă  ces grandes flammes de fĂȘte. Je songeais aussi, avec une sorte de terreur sacrĂ©e, aux embrasements de l’avenir. p. 186-187 23Si les incendies du passĂ© – celui de Troie, celui qu’allume NĂ©ron – sont clairement identifiĂ©s, les embrasements de l’avenir », eux, demeurent innommĂ©s. Parmi ceux-ci figure sans doute cette autre vision d’une ville-fournaise, Ă©galement contemplĂ©e de nuit et depuis une hauteur 15 Alfred de Vigny, Paris », PoĂšmes antiques et modernes, dans ƒuvres complĂštes I. PoĂ©sie et théùtr ... Le vertige parfois est prophĂ©tique. – Il faitQu’une Fournaise ardente Ă©blouit ta paupiĂšre ?C’est la Fournaise aussi que tu vois. – Sa lumiĂšreTeint de rouge les bords du ciel noir et profond ;C’est un feu sous un dĂŽme obscur, large et sans dans les nuits d’hiver et d’étĂ©, quand les heuresFont du bruit en sonnant sur le toit des demeuresParce que l’homme y dort, lĂ  veillent des Esprits,Grands ouvriers d’une Ɠuvre et sans nom et sans nuit leur lampe brĂ»le, et le jour elle fume,Le jour elle a fumĂ©, le soir elle s’allume,Et toujours et sans cesse alimente les feuxDe la Fournaise d’or que nous voyons tous deux15. 16 LĂ , tout fume, tout brĂ»le, tout brille, tout bouillonne, tout flambe, s’évapore, s’éteint, se ra ... 24 Preuve visible du changement et des recommencements de l’histoire », la flamme de l’activitĂ© humaine embrase les tableaux des capitales d’un siĂšcle Ă  l’autre, d’un texte Ă  l’autre. Le vertige prophĂ©tique » causĂ© par le procĂ©dĂ© est d’autant plus grand que la vision de Vigny a pu inspirer celle par laquelle Balzac ouvre cette Ă©tonnante Fille aux yeux d’or16 » que les Carnets de notes citent avec fascination parmi les romans historiques p. 330. Mais le regard jetĂ© sur l’avenir ne s’arrĂȘte pas lĂ  la contemplation d’Hadrien, qui entrevoit un Ă©norme Ă©cueil aperçu au loin dans l’ombre » p. 187, se rĂ©sout en pressentiment Ă  la fois sombre et rĂ©signĂ©, comme le poĂšme de Vigny dans lequel un autre Ă©cueil menace Paris 17 Paris », op. cit., p. 111. Et je chancelle encor, n’osant plus sur la terreContempler votre ville et son double je crains bien pour elle et pour vous, car voilĂ Quelque chose de noir, de lourd, de vaste, lĂ ,Au plus haut point du ciel, oĂč ne sauraient atteindreLes feux dont l’horizon ne cesse de se teindre ;Et je crois entrevoir ce rocher tĂ©nĂ©breuxQu’annoncĂšrent jadis les prophĂštes hĂ©breux17. 18 Deux enfants du classicisme Chateaubriand et Yourcenar », Bulletin de la SIEY, no 25, dĂ©cembre ... 19 François-RenĂ© de Chateaubriand, MĂ©moires d’outre-tombe, livre XIV, chap. I, Jean-Claude Berchet Ă© ... 25Le regard prophĂ©tique d’Hadrien sur Rome reflĂšte ainsi le brasier de Paris », poĂšme qui dĂ©jĂ  recelait le souvenir d’autres prophĂštes ce que l’empereur contemple ainsi d’en haut, c’est sans doute Ă©galement la profondeur des pouvoirs de la littĂ©rature mis en abĂźme. C’est Ă©galement cette profondeur que Marguerite Yourcenar rencontre chez un autre penseur romantique du temps, qu’elle n’évoque jamais directement, mais dont l’ombre plane sur les MĂ©moires d’Hadrien Chateaubriand. Écrits dans une Italie bien connue de Chateaubriand voyageur et secrĂ©taire de lĂ©gation, mais aussi composĂ©s au bord de la mort, et aprĂšs cette traversĂ©e du Styx que reprĂ©sente le suicide d’AntinoĂŒs, les souvenirs de l’empereur sont Ă  proprement parler des MĂ©moires d’outre-tombe. Lorsqu’il conçoit les divisions d’AntinoĂ©, Hadrien se souvient Tout y entrait, Hestia et Bacchus, les dieux du foyer et ceux de l’orgie, les divinitĂ©s cĂ©lestes et celles d’outre-tombe » p. 237. De mĂȘme, tout entre dans l’Ɠuvre de Marguerite Yourcenar, jusqu’à la mĂ©moire d’autres MĂ©moires Laura Brignoli18 a signalĂ© la parentĂ© qui unit le dernier souffle d’Hadrien Un instant encore, regardons ensemble les rives familiĂšres, les objets que sans doute nous ne reverrons plus... », p. 316, et la conclusion du cĂ©lĂšbre Ă©pisode de la grive de Montboissier Mettons Ă  profit le peu d’instants qui me restent ; hĂątons-nous de peindre ma jeunesse, tandis que j’y touche encore le navigateur, abandonnant pour jamais un rivage enchantĂ©, Ă©crit son journal Ă  la vue de la terre qui s’éloigne et qui va bientĂŽt disparaĂźtre19. » La rĂ©miniscence littĂ©raire est ici trĂšs estompĂ©e ; elle se perd dans l’émotion poignante qui saisit le lecteur Ă  l’instant des adieux d’Hadrien ; il n’en demeure pas moins que l’effet d’écho fait de celui qui se prĂ©pare Ă  entrer dans la mort les yeux ouverts » le frĂšre d’un navigateur en partance et qui touche encore » Ă  sa jeunesse. Prestige et vertige de l’écriture et du souvenir, le dĂ©dale de la bibliothĂšque ouvre Ă  un voyage qui pourrait ne finir jamais. Hadrien, lector in fabula 26La prĂ©sence discrĂšte des lectures de Marguerite Yourcenar confĂšre Ă  Hadrien une place lĂ©gĂšrement dĂ©centrĂ©e dans la bibliothĂšque, dont il n’est pas l’unique propriĂ©taire. L’auteur s’estompe certes, mais ne s’efface pas tout Ă  fait, ce qui prĂ©serve son Ɠuvre du danger d’ĂȘtre rangĂ©e dans le rayonnage des mĂ©moires apocryphes » et des supercheries littĂ©raires. Jamais elle ne cherche Ă  faire passer Hadrien pour l’auteur d’un texte oĂč il est somme toute moins Ă©crivain que lecteur. 20 Jeanine S. Alec a montrĂ© qu’il s’agit lĂ  d’une constante chez les personnages yourcenariens Da ... 27Hadrien Ă©crit, certes, et ses productions occupent une place de choix dans la bibliothĂšque de Marguerite Yourcenar elles figurent parmi les premiĂšres sources mentionnĂ©es dans la Note finale, oĂč elles sont soigneusement inventoriĂ©es p. 353. Le plus cĂ©lĂšbre de ces textes, le poĂšme Animula, vagula, blandula », Ă©pitaphe de l’empereur, joue d’ailleurs un rĂŽle structurant dans l’Ɠuvre il en constitue l’épigraphe, donne son titre Ă  la premiĂšre section, et reparaĂźt Ă  la toute fin du rĂ©cit, lorsque l’ñme d’Hadrien, devenue un peu moins flottante » pour le lecteur qui a appris Ă  mieux la connaĂźtre, s’apprĂȘte Ă  un nouvel et incertain envol Petite Ăąme, Ăąme tendre et flottante, compagne de mon corps, qui fut ton hĂŽte, tu vas descendre dans ces lieux pĂąles, durs et nus, oĂč tu devras renoncer aux jeux d’autrefois » p. 316. Pour belle et fidĂšle que soit la traduction, ces mots, en prose et en français, ne sont dĂ©jĂ  plus tout Ă  fait ceux du versificateur latin en mĂȘme temps que les derniers mots de Marguerite Yourcenar sont d’Hadrien, les ultima verba d’Hadrien sont de Marguerite Yourcenar. De maniĂšre significative, celle-ci leur ajoute une clausule bien Ă  elle TĂąchons d’entrer dans la mort les yeux ouverts... » ibid., et une inscription qui porte la marque de l’empereur, mais ne lui donne plus voix Au divin Hadrien Auguste / Fils de Trajan / ConquĂ©rant des Parthes [...] » p. 317. Du je de l’épistolier au tu du mourant qui oublie Marc AurĂšle pour s’adresser Ă  son Ăąme ; du tu au nous d’une personnalitĂ© diverse enfin unifiĂ©e au seuil de la mort, mais aussi ouverte Ă  l’universel, et du nous Ă  la marmorĂ©enne troisiĂšme personne de la titulature, Hadrien peu Ă  peu quitte les rivages de sa lettre, et dans ce glissement Marguerite Yourcenar suggĂšre qu’il n’a Ă©tĂ© auteur que passagĂšrement20. Le narrateur lui-mĂȘme ne cesse en effet de se dire Ă©crivain mĂ©diocre ou vellĂ©itaire. Adolescent, sa passion de la poĂ©sie lui inspire des ambitions littĂ©raires auxquelles il doit renoncer avec amertume d’abord, puis avec la sĂ©rĂ©nitĂ© de celui qui a Ă©prouvĂ© que sa vie Ă©tait ailleurs Scaurus me dĂ©sespĂ©ra en m’assurant que je ne serais jamais qu’un poĂšte des plus mĂ©diocres le don et l’application manquaient. J’ai cru longtemps qu’il s’était trompĂ© j’ai quelque part, sous clef, un ou deux volumes de vers d’amour, le plus souvent imitĂ©s de Catulle. Mais il m’importe dĂ©sormais assez peu que mes productions personnelles soient dĂ©testables ou non. p. 44 28Bien plus tard, il est ressaisi du dĂ©sir d’écrire, mais un nouveau renoncement s’impose Ă  lui, dans la mesure oĂč il se doit avant tout Ă  sa charge impĂ©riale J’ébauchai [...] un ouvrage assez ambitieux, mi-partie prose, mi-partie vers, oĂč j’entendais faire entrer Ă  la fois le sĂ©rieux et l’ironie, les faits curieux observĂ©s au cours de ma vie, des mĂ©ditations, quelques songes ; le plus mince des fils eĂ»t reliĂ© tout cela ; c’eĂ»t Ă©tĂ© une sorte de Satyricon plus Ăąpre, J’y aurais exposĂ© une philosophie qui Ă©tait devenue la mienne, l’idĂ©e hĂ©raclitĂ©enne du changement et du retour. Mais j’ai mis de cĂŽtĂ© ce projet trop vaste. p. 236-237 29Éternel changement, Ă©ternel retour, Hadrien, qui ne cesse d’écrire, est un homme qui n’a pas le temps de devenir Ă©crivain peut-ĂȘtre est-ce en cela que le temps retrouvĂ© yourcenarien se distingue le plus nettement du temps retrouvĂ© proustien, et qui pourtant Ă©prouve le besoin de revenir sur ses Ɠuvres. 30Le narrateur est ainsi avant tout lecteur, et lecteur de lui-mĂȘme telle est la place qu’il s’assigne lorsqu’en Ă©crivant Ă  Marc AurĂšle il part Ă  la dĂ©couverte de ce qu’il est J’ignore Ă  quelles conclusions ce rĂ©cit m’entraĂźnera. Je compte sur cet examen des faits pour me dĂ©finir, me juger peut-ĂȘtre, ou tout au moins pour me mieux connaĂźtre avant de mourir » p. 30. Avant mĂȘme cette dĂ©cisive lecture de soi, il a Ă©tĂ© l’impartial lecteur de ses propres Ɠuvres Je revisais mes propres Ɠuvres les vers d’amour, les piĂšces de circonstance, l’ode Ă  la mĂ©moire de Plotine. Un jour, quelqu’un aurait peut-ĂȘtre envie de lire tout cela. Un groupe de vers obscĂšnes me fit hĂ©siter ; je finis somme toute par l’inclure. Nos plus honnĂȘtes gens en Ă©crivent de tels. Ils s’en font un jeu ; j’eusse prĂ©fĂ©rĂ© que les miens fussent autre chose, l’image exacte d’une vĂ©ritĂ© nue. Mais lĂ  comme ailleurs les lieux communs nous encagent je commençais Ă  comprendre que l’audace de l’esprit ne suffit pas Ă  elle seule pour s’en dĂ©barrasser, et que le poĂšte ne triomphe des routines et n’impose aux mots sa pensĂ©e que grĂące Ă  des efforts aussi longs et aussi assidus que mes travaux d’empereur. p. 236 31S’il parvient Ă  un regard objectif et dĂ©tachĂ© sur des Ă©crits pourtant extrĂȘmement personnels, c’est parce qu’il adopte le regard distant de ses Ă©ventuels lecteurs Ă  venir ; de ce point d’optique, le poĂšte » apparaĂźt clairement comme l’autre, celui Ă  qui il ressemble peut-ĂȘtre, celui qu’il aurait aimĂ© ĂȘtre sans doute, mais celui qu’il n’est pas. 21 Mes ennemis, l’affreux Servianus en tĂȘte, [...] prĂ©tendaient que l’ambition et la curiositĂ© avai ... 32Hadrien pressent donc les futurs lecteurs de son Ɠuvre, parmi lesquels Marguerite Yourcenar elle-mĂȘme. Il les prĂ©figure Ă©galement, ou plus exactement prĂ©figure le lecteur de MĂ©moires d’Hadrien, dont il est le double potentiel, bien mieux que Marc AurĂšle, destinataire premier Ă  la fois trop individualisĂ© pour ĂȘtre un support d’identification, et trop absent pour incarner l’activitĂ© de lecture. Il est des pages de MĂ©moires d’Hadrien oĂč le livre se mĂ©tamorphose en un miroir dans lequel le lecteur peut se voir en train de lire celles oĂč le narrateur lui-mĂȘme lit des lettres. La lettre Ă©crite m’a enseignĂ© Ă  Ă©couter la voix humaine, tout comme les grandes attitudes des statues m’ont appris Ă  apprĂ©cier les gestes », confie trĂšs tĂŽt l’empereur p. 30. De mĂȘme que la statuaire classique, parcourue d’ñmes mais dĂ©livrĂ©e du hiĂ©ratisme, sublime dans le marbre le mouvement humain, la lettre Ă©crite » pĂ©rennise, clarifie, Ă©pure la parole prononcĂ©e le parallĂšle suggĂšre qu’Hadrien a su trouver dans l’épistolaire ce que prĂ©cisĂ©ment Marguerite Yourcenar souhaitait offrir Ă  ses lecteurs le portrait d’une voix » p. 330. Il est mĂȘme permis d’imaginer Hadrien trouvant cette inflexion pure de la voix humaine dans des lettres qui ne lui sont pas destinĂ©es, tout comme que le lecteur des MĂ©moires d’Hadrien la rencontre dans la lettre Ă  Marc AurĂšle. On sait en effet l’empereur avide de dĂ©couvrir l’ĂȘtre humain dans tous les documents qui peuvent le lui rĂ©vĂ©ler, confidence de ses maĂźtresses21, rapports de police, et peut-ĂȘtre lettres interceptĂ©es. Il se dĂ©fend des accusations de curiositĂ© malsaine en allĂ©guant son dĂ©sir de connaĂźtre l’autre sans fard On m’a reprochĂ© d’aimer Ă  lire les rapports de la police de Rome ; j’y dĂ©couvre sans cesse des sujets de surprise ; amis ou suspects, inconnus ou familiers, ces gens m’étonnent » p. 31. Un tel rapport au document n’est pas sans lien avec les recherches minutieuses menĂ©es par Marguerite Yourcenar pour amasser les pierres authentiques » p. 342 Ă  l’aide desquelles elle bĂątit son rĂ©cit ; il tĂ©moigne surtout d’un goĂ»t de la lecture en prise directe avec l’homme vrai, qui laisse Ă  penser qu’Hadrien eĂ»t aimĂ© lire les MĂ©moires d’Hadrien. 22 Voir Henriette Levillain, MĂ©moires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar, op. cit., p. 87 et suiv. 23 RĂ©my Poignault, L’AntiquitĂ© dans l’Ɠuvre de Marguerite Yourcenar, op. cit., t. II, p. 433 pour un ... 33La lettre dĂ©voile la voix et la vie des autres ; elle peut aussi, parfois, enseigner la vie. Si Marguerite Yourcenar assigne explicitement aux MĂ©moires d’Hadrien la premiĂšre de ces deux fonctions, elle ne renonce pas Ă  la seconde, suggĂ©rĂ©e par la dimension discrĂštement didactique de l’épĂźtre Ă  Marc AurĂšle, et surtout par le rĂŽle-clef que remplit la missive d’Arrien, vĂ©ritable miroir tendu tout Ă  la fois Ă  Hadrien et au lecteur22. Dans ce texte dont elle propose une adaptation assez libre23 », Marguerite Yourcenar trouve la substantifique moelle de son protagoniste Dans l’absence de tout autre document, la lettre d’Arrien Ă  l’empereur Hadrien au sujet du pĂ©riple de la mer Noire suffirait Ă  recrĂ©er dans ses grandes lignes cette figure impĂ©riale », affirme-t-elle dans les Carnets de notes p. 339. Sans doute reflĂšte-t-elle aussi, dans les effets produits sur Hadrien par cette lecture, les ambitions de son propre roman comme les MĂ©moires d’Hadrien, la lettre d’Arrien articule l’évocation d’une Ɠuvre politique Ă  la passion de l’art, les grandes scansions d’une existence Ă  la fascination du mythe et, par cet entrelacement subtil, aide Ă  penser la vie. En dĂ©pit de ses efforts, Hadrien ne s’est pas toujours montrĂ© bon lecteur de l’homme et du mythe ; sur les terres glorieuses de l’Iliade il s’égare et se montre inapte Ă  interprĂ©ter les signes que lui adresse AntinoĂŒs Je trouvai quelques moments pour me recueillir sur la tombe d’Hector ; AntinoĂŒs alla rĂȘver sur celle de Patrocle. Je ne sus pas reconnaĂźtre dans le jeune faon qui m’accompagnait l’émule du camarade d’Achille je tournai en dĂ©rision ces fidĂ©litĂ©s passionnĂ©es qui fleurissent surtout dans les livres ; le bel ĂȘtre insultĂ© rougit jusqu’au sang. p. 194 24 RĂ©my Poignault, Deux amis d’Hadrien Arrien et Plotine », art. citĂ©, p. 184. RĂ©my Poignault cit ... 34L’épisode est lourd de prĂ©sages tragiques sous un ciel vert de catastrophe », une inondation chang[e] en Ăźlots les tumulus des tombeaux antiques » ibid. et les hommes, littĂ©ralement isolĂ©s, Ă©chouent Ă  communiquer. L’air vivifiant de l’üle d’Achille dĂ©crite par Arrien vient dissiper ces nuages la lettre rĂ©tablit la comprĂ©hension et l’harmonie parce qu’elle est l’Ɠuvre d’un ami, moins passionnĂ© que Patrocle et AntinoĂŒs, mais non moins dĂ©vouĂ©, ainsi que l’a montrĂ© RĂ©my Poignault [Hadrien] trouve [...] en Arrien un ultime soutien l’auteur du PĂ©riple du Pont-Euxin remplit ainsi l’un des devoirs de l’amitiĂ© selon LĂ©lius “eniti et efficere, ut amici iacentem animum excitet” ; mais il fait mieux il lui procure une rĂ©conciliation avec lui-mĂȘme et un accĂšs Ă  l’éternitĂ©24. » La relation amicale pourrait ainsi fournir le modĂšle d’une relation littĂ©raire dans laquelle le lecteur, grĂące Ă  la connaissance de l’autre, accĂšde Ă  la connaissance de soi. Hadrien goĂ»te en effet pleinement la sagesse d’Arrien, qui constitue certainement l’un des socles les plus solides de sa propre Patientia » Arrien comme toujours a bien travaillĂ©. Mais, cette fois, il fait plus il m’offre un don nĂ©cessaire pour mourir en paix ; il me renvoie une image de ma vie telle que j’aurais voulu qu’elle fĂ»t. Arrien sait que ce qui compte est ce qui ne figurera pas dans les biographies officielles, ce qu’on n’inscrit pas sur les tombes ; il sait aussi que le passage du temps ne fait qu’ajouter au malheur un vertige de plus. Vue par lui, l’aventure de mon existence prend un sens, s’organise comme dans un poĂšme. p. 297 35Hadrien lit ainsi entre les lignes sa propre biographie, qu’il recompose mais qui a Ă©tĂ© Ă©crite par un autre en somme il lit les MĂ©moires d’Hadrien. C’est alors que le prĂ©sent fait irruption dans le texte, que le temps de sa lecture coĂŻncide tout Ă  la fois avec le temps de l’écriture de la lettre et celui de la lecture du roman. Par la grĂące de l’écriture d’Arrien mĂȘlĂ©e Ă  celle de Marguerite Yourcenar, Hadrien, Achille et celui qui, Ă  dix-huit siĂšcles de distance lit leur double histoire, pour un instant ne font plus qu’un. Je et les autres 25 Colette Gaudin, Marguerite Yourcenar Ă  la surface du temps, op. cit., p. 95. 36Pour Colette Gaudin, Yourcenar a voulu battre les historiens au jeu de l’objectivitĂ© » Ce qui est original pour un Ă©crivain de fiction, c’est qu’elle le fait en dĂ©crivant sa participation subjective au rĂ©cit25. » PrĂ©sence de l’écrivain dans le roman, mais aussi, Ă©videmment, Carnets de notes et Note finale constituent des Ă©lĂ©ments de l’écriture de soi intĂ©grĂ©s aux MĂ©moires d’Hadrien. Dans quelle mesure est-il pertinent d’évoquer une dimension autobiographique rĂ©elle Ă  l’Ɠuvre derriĂšre l’autobiographie fictive d’Hadrien et en quoi le, les je » du texte, se construisent-ils Ă  l’aune de l’altĂ©ritĂ© ? MĂ©moires de Marguerite ? 37Dans les Carnets de notes, Marguerite Yourcenar interdit explicitement tout raccourci interprĂ©tatif sur le choix de la premiĂšre personne et pointe du doigt la [g]rossiĂšretĂ© de ceux qui vous disent “Hadrien, c’est vous” » p. 341. Ainsi la possibilitĂ© d’une lecture autobiographique du roman semble-t-elle d’emblĂ©e rĂ©cusĂ©e par les propos de l’auteur dont on sait l’importance dans l’exĂ©gĂšse critique de ses propres textes. S’il paraĂźt indispensable de s’interroger sur le choix de l’écriture Ă  la premiĂšre personne, la dĂ©marche autobiographique est certes Ă  envisager dans une perspective trĂšs diffĂ©rente des lectures visant Ă  repĂ©rer des points communs entre l’auteur et son personnage, tout d’abord en raison de la vision mĂȘme de l’auteur. 38En effet, Marguerite Yourcenar tĂ©moigne d’un certain mĂ©pris pour ce qu’on pourrait appeler l’exposition de sa personnalitĂ© ; elle s’en explique longuement dans les entretiens avec Matthieu Galey en Ă©voquant tout d’abord son dĂ©dain pour la posture Ă©gocentrique et vaine qui consiste Ă  parler de soi dans les moindres dĂ©tails Cette obsession française du culte de la personnalitĂ© » la sienne chez la personne qui Ă©crit ou qui parle me stupĂ©fie toujours. Oserais-je dire que je la trouve affreusement petite-bourgeoise ? je, moi, me, mon, ma, mes... Ou tout est dans tout, ou rien ne vaut la peine qu’on en parle. Pour mon compte, dans une rĂ©union dite mondaine », je m’écarte aussi discrĂštement que je peux de la dame qui m’apprend qu’elle aime beaucoup les marrons glacĂ©s, ses » confiseries favorites, ou du monsieur, gĂ©nĂ©ralement sĂ©nile, qui se montre disposĂ© Ă  me raconter ses » aventures d’amour. YO, p. 205 26 Alain TrouvĂ©, Leçon littĂ©raire sur MĂ©moires d’Hadrien, op. cit., p. 113. 39Ce manque d’intĂ©rĂȘt pour les accidents de sa propre personnalitĂ© conduit d’ailleurs Marguerite Yourcenar Ă  l’absence dans ses textes autobiographiques dans Archives du Nord, c’est la filiation qui l’intĂ©resse, non le rĂ©cit de sa propre enfance, et la romanciĂšre avoue son dĂ©sintĂ©rĂȘt pour ce je du passĂ© que les autobiographes tentent pourtant de retrouver Franchement, je ne comprends pas cette insistance sur le “je”, quand ce “je” s’applique Ă  une enfant nĂ©e en juin 1903 et devenue peu Ă  peu l’ĂȘtre humain que je suis ou essaie d’ĂȘtre » YO, p. 212. Il est vrai que [d]ans la plus grande partie du Labyrinthe du monde, ses MĂ©moires [...], la narratrice n’est le plus souvent prĂ©sente qu’en tant que tĂ©moin ou biographe » Ce qu’elle raconte, ce sont ses proches, sa famille, ses ascendants26. » Ainsi, mĂȘme les textes dits autobiographiques de Marguerite Yourcenar sont-ils finalement dĂ©gagĂ©s de l’omniprĂ©sence d’une personnalitĂ©, d’une singularitĂ© identitaire que l’autobiographe chercherait Ă  saisir. 40D’ailleurs la romanciĂšre exprime nettement l’inanitĂ© d’une reconstitution autobiographique dans la mesure oĂč le je est aussi Ă©tranger Ă  lui-mĂȘme que ne l’est autrui Tout nous Ă©chappe, et tous, et nous-mĂȘmes. La vie de mon pĂšre m’est plus inconnue que celle d’Hadrien. Ma propre existence, si j’avais Ă  l’écrire, serait reconstituĂ©e par moi du dehors, pĂ©niblement, comme celle d’un autre ; j’aurais Ă  m’adresser Ă  des lettres, aux souvenirs d’autrui, pour fixer ces flottantes mĂ©moires. Ce ne sont jamais que murs Ă©croulĂ©s, pans d’ombre. S’arranger pour que les lacunes de nos textes, en ce qui concerne la vie d’Hadrien, coĂŻncident avec ce qu’eussent Ă©tĂ© ses propres oublis. p. 331 41Qu’il s’agisse de soi-mĂȘme, d’un parent ou d’un personnage, qu’il s’agisse d’une autobiographie, d’une biographie ou d’un roman, la dĂ©marche est la mĂȘme qui consiste Ă  saisir l’existence par une reconstitution. 42DĂ©sintĂ©rĂȘt profond pour les accidents de sa propre personnalitĂ© et impossibilitĂ© de saisir son moi » si dĂ©marche autobiographique il y a, elle n’est pas Ă  chercher dans les contingences d’un rĂ©cit de vie. Aussi [l]e public qui chercher des confidences personnelles dans le livre d’un Ă©crivain est un public qui ne sait pas lire » YO, p. 205 tenter de repĂ©rer l’ombre portĂ©e de l’auteur dans tel dĂ©tail de vie, dans telle inclination, dans telle opinion d’Hadrien, constitue une aporie aux yeux de Marguerite Yourcenar. Est-ce Ă  dire que la romanciĂšre s’efface entiĂšrement dans son personnage ? N’y a-t-il pas de traces de sa prĂ©sence dans le roman ? Fait-elle vĂ©ritablement silence ? 27 Alain TrouvĂ©, Leçon littĂ©raire sur MĂ©moires d’Hadrien » de Marguerite Yourcenar, op. cit., p. 11 ... 43S’il est un espace autobiographique dans MĂ©moires d’Hadrien, il s’agit clairement des Carnets de notes. Le paratexte dĂ©livre en effet de nombreux Ă©lĂ©ments de la vie de l’auteur circonstances datĂ©es, formation et dĂ©roulement du projet d’écriture, sentiments personnels. Dans les Carnets se donne Ă  lire quelque chose de l’ordre de la formation de la personnalitĂ© Ă©voquĂ©e par Philippe Lejeune dans sa dĂ©finition de l’autobiographie. Alain TrouvĂ© l’affirme clairement malgrĂ© leur disposition en fragments, les Carnets incluent un vĂ©ritable rĂ©cit de vie et rĂ©pondent exactement Ă  la dĂ©finition de l’autobiographie proposĂ©e par Philippe Lejeune. » En effet, outre une organisation chronologique et des regroupements thĂ©matiques qui prouvent que ces notes ne sont pas restituĂ©es telles qu’elles ont Ă©tĂ© Ă©crites », les Carnets se caractĂ©risent par [l]a prĂ©sence continue d’un je narrateur-personnage qui rĂ©fĂšre Ă  l’auteur rĂ©el Marguerite Yourcenar » ainsi que par l’emploi des temps du passĂ© au lieu du prĂ©sent attendu qui narrativisent nettement l’ensemble27 ». Si les Carnets relĂšvent donc pour partie du rĂ©cit autobiographique, qu’en est-il du roman lui-mĂȘme ? 44Si elle rejette catĂ©goriquement une lecture autobiographique, strictement individuelle, dont il faudrait retrouver trace dans le roman, Marguerite Yourcenar confie malgrĂ© tout s’ĂȘtre servi de sa propre expĂ©rience pour Ă©crire MĂ©moires d’Hadrien et avoir par exemple [u]tilis[Ă©] pour mieux comprendre un commencement de maladie de cƓur » p. 333 28 MichĂšle Goslar, Yourcenar biographie, op. cit., p. 160-161. DĂšs la fin de l’étĂ© 1944, Marguerite Yourcenar ressent les premiers symptĂŽmes d’une faiblesse cardiaque. Trois semaines plus tard, Ă  New York, un malaise la surprend dans la rue. Elle se rĂ©fugie chez ses amis Kayaloff et est contrainte au repos. À quarante et un ans, elle sait qu’elle est malade du cƓur et se persuade qu’elle peut mourir Ă  tout moment d’une attaque. Elle se servira de cette expĂ©rience personnelle dans un prochain livre qu’elle n’imagine pas encore Ă©crire28. 29 RĂ©my Poignault, L’AntiquitĂ© dans l’Ɠuvre de Marguerite Yourcenar, op. cit., t. II, p. 757. 45Ses inclinations personnelles transparaissent aussi parfois derriĂšre Hadrien, de son propre aveu Quand je fais parler Hadrien de son amour des pays barbares, c’est par moments mon propre goĂ»t pour eux qui fait Ă©cho au sien » YO, p. 304. Comme le note RĂ©my Poignault, [c]e goĂ»t pour les pays barbares [...] qui appartient aussi Ă  Marguerite Yourcenar, est une crĂ©ation qui lui est propre et qui contraste avec l’extension du limes ou le “panhellĂ©nisme antibarbare” qui caractĂ©rise la politique de l’empereur29 ». La comparaison entre le prince tel que le prĂ©sente la romanciĂšre et tel que le prĂ©sentent les documents historiques tĂ©moigne ainsi des inflĂ©chissements donnĂ©s par la crĂ©ation romanesque. Mais cette prĂ©sence auctoriale ne signale en rien une volontĂ© de paraĂźtre derriĂšre le personnage ou de livrer des clĂ©s de lecture autobiographiques si Marguerite Yourcenar est prĂ©sente derriĂšre Hadrien, c’est que sa dĂ©marche d’écriture s’inscrit dans une traversĂ©e de soi qui vise Ă  dĂ©passer les singularitĂ©s pour renouer avec l’humanitĂ© inscrite en nous-mĂȘmes. 46 Tout ĂȘtre qui a vĂ©cu l’aventure humaine est moi » p. 342 c’est lĂ  que rĂ©side la singularitĂ© de l’écriture yourcenarienne, dans cette intĂ©gration d’une individualitĂ© Ă  la sienne propre pour mieux toucher l’universalitĂ© de l’expĂ©rience humaine. Cette dĂ©marche qui entend saisir l’humanitĂ© en soi n’est d’ailleurs pas propre Ă  la fiction et informe Ă©galement l’écriture de soi Toute l’humanitĂ© et toute la vie passent en nous, et si elles ont pris ce chemin d’une famille et d’un milieu en particulier qui fut celui de notre enfance, ce n’est qu’un hasard parmi tous nos hasards » YO, p. 204. La prĂ©sence de Marguerite Yourcenar dans MĂ©moires d’Hadrien ne se situe donc pas dans des dĂ©tails autobiographiques, mais dans une traversĂ©e de soi pour toucher l’humain. 47C’est prĂ©cisĂ©ment dans cette tentative d’apprĂ©hender ce qui nous fait hommes par-delĂ  les siĂšcles et les cultures que naĂźt la dĂ©marche autobiographique de Marguerite Yourcenar. En regardant en elle-mĂȘme les traces de l’humanitĂ©, elle entend prendre seulement ce qu’il y a de plus durable, de plus essentiel en nous, dans les Ă©motions des sens ou dans les opĂ©rations de l’esprit, comme point de contact avec ces hommes qui comme nous croquĂšrent des olives, burent du vin, s’engluĂšrent les doigts de miel, luttĂšrent contre le vent aigre et la pluie aveuglante et cherchĂšrent en Ă©tĂ© l’ombre d’un platane, et jouirent, et pensĂšrent, et vieillirent, et moururent » p. 332. Point de dĂ©tails anecdotiques dans cette perception de soi, mais une volontĂ© d’ĂȘtre l’instrument traversĂ© par le sentiment de l’humanitĂ©. 48À cet Ă©gard, la romanciĂšre se perçoit comme un intermĂ©diaire destinĂ© Ă  susciter ou Ă  redonner vie Ă  des personnages inventĂ©s ou morts. Marguerite Yourcenar explique ainsi son manque d’intĂ©rĂȘt pour elle-mĂȘme c’est pourquoi je n’ai au fond qu’un intĂ©rĂȘt limitĂ© pour moi-mĂȘme. J’ai l’impression d’ĂȘtre un instrument Ă  travers lequel des courants, des vibrations sont passĂ©s. Et cela vaut pour tous mes livres, et je dirais mĂȘme pour toute ma vie » YO, p. 309. Dans cette perspective oĂč l’auteur est un intermĂ©diaire dont le rĂŽle consiste Ă  insuffler la vie, se dessine un processus de crĂ©ation proche d’une vĂ©ritable gestation. 49En effet, Marguerite Yourcenar emploie systĂ©matiquement le lexique de la vie, du mouvement, voire de la chair, pour Ă©voquer le processus de crĂ©ation Ă  l’Ɠuvre ainsi Ă©crit-elle avoir tĂąch[Ă©] de rendre leur mobilitĂ©, leur souplesse vivante, Ă  ces visages de pierre » dans MĂ©moires d’Hadrien p. 332, et avoir cherchĂ© Ă  rendre l’empereur vivant On a le curriculum vitae d’Hadrien, c’est-Ă -dire qu’on sait, annĂ©e aprĂšs annĂ©e, les diffĂ©rents emplois, les diffĂ©rents dignitĂ©s dont il a Ă©tĂ© revĂȘtu. Mais on ne sait pas grand-chose de plus. On sait le nom de quelques-uns de ses amis ; on connaĂźt un peu son groupe Ă  Rome, sa vie personnelle. Alors j’ai tĂąchĂ© de reconstituer tout cela, Ă  partir des documents, mais en m’efforçant de les revivifier ; tant qu’on ne fait pas entrer toute sa propre intensitĂ© dans un document, il est mort, quel qu’il soit. YO, p. 146 50Dans cette perspective, l’auteur doit savoir se taire et n’ĂȘtre qu’un rĂ©ceptacle Ă  la voix du personnage comme une matrice nourrirait un ĂȘtre Ă  venir sans pour autant lui imposer sa propre forme, [o]n doit tĂącher d’entendre, de faire silence en soi pour entendre ce qu’Hadrien pourrait dire, ou ce que ZĂ©non pourrait dire dans telle ou telle circonstance » Ne jamais y mettre du sien, ou alors inconsciemment, en nourrissant les ĂȘtres de sa substance, comme on les nourrirait de sa chair, ce qui n’est pas du tout la mĂȘme chose que de les nourrir de sa propre petite personnalitĂ©, de ces tics qui nous font nous » YO, p. 69. Ici se donne clairement Ă  lire la mĂ©taphore de la gestation. RĂ©cusant absolument l’identitĂ© entre elle-mĂȘme et ses personnages, Marguerite Yourcenar se place comme l’ĂȘtre pourvoyeur d’une substance vivante nĂ©cessaire Ă  la crĂ©ation 30 Son pĂšre, figure centrale d'Archives du Nord et de Quoi ? l’ÉternitĂ©, les deux derniers volets du ... Je ne suis pas plus Michel30 que je suis ZĂ©non ou Hadrien. J’ai essayĂ© de le reconstituer – comme tout romancier – Ă  partir de ma substance, mais c’est une substance indiffĂ©renciĂ©e. On nourrit de sa substance le personnage qu’on crĂ©e c’est un peu un phĂ©nomĂšne de gestation. Il faut bien, pour lui donner ou lui rendre la vie, le fortifier d’un apport humain, mais il ne s’ensuit pas qu’il soit nous ou que nous soyons lui. Les entitĂ©s restent diffĂ©rentes. YO, p. 211 51Ainsi la prĂ©sence de Marguerite Yourcenar ne vaut-elle, Ă  ses yeux, que dans la stricte mesure oĂč elle existe en tant que membre de l’humanitĂ© tout particularisme, toute communautĂ© de personnalitĂ© semble alors dĂ©risoire tant la vision de soi atteint l’universalitĂ©. 52De ce processus crĂ©atif naĂźt un paradoxe finalement, Hadrien se trouve peut-ĂȘtre davantage en Marguerite qu’elle-mĂȘme ne se trouve en lui. C’est en tout cas ce qu’elle semble signifier lorsqu’elle met l’accent sur l’importance du personnage dans sa vie, et sur le fait qu’il a existĂ© et existe encore Ă  ses cĂŽtĂ©s. Tout autant qu’un inflĂ©chissement de l’auteur sur le personnage, c’est le personnage qui semble in fine laisser sa trace sur l’auteur Il semble que tout ce que j’ai tentĂ© d’exprimer au sujet d’Hadrien rejaillisse en quelque sorte sur moi. Sa luciditĂ© fortifie le peu de luciditĂ© que je possĂšde ; je me souviens, en cas de crise, qu’il en a traversĂ© et les a surmontĂ©es ; sa disciplina augusta, sa virtus augusta me soutiennent, et plus encore me convient sa derniĂšre devise de malade Patientia. YO, p. 227 31 Henriette Levillain, MĂ©moires d’Hadrien » de Marguerite Yourcenar, op. cit., p. 179. 53Henriette Levillain Ă©crit d’ailleurs que, [sur] un autre plan plus personnel, mais Ă  plus long terme, Hadrien appartient Ă  la gĂ©nĂ©alogie mi-reconstituĂ©e, mi-rĂȘvĂ©e des ancĂȘtres de Marguerite de Crayencour » Au fur et Ă  mesure que l’auteur des Archives du Nord dĂ©cline les noms de ses ancĂȘtres flamands, elle note, ou provoque, toutes sortes de coĂŻncidences entre la vie, la culture et la personnalitĂ© de l’empereur romain et celles de ses ascendants31. » 54La vie rĂ©elle se mĂȘle alors aux constructions de l’imaginaire pour former un espace intĂ©rieur dont la complexitĂ© dĂ©passe la frontiĂšre entre fiction et rĂ©alitĂ© il en va ainsi des [l]ieux oĂč l’on a choisi de vivre, rĂ©sidences invisibles qu’on s’est construites Ă  l’écart du temps ». J’ai habitĂ© Tibur, Ă©crit-elle, j’y mourrai peut-ĂȘtre, comme Hadrien dans l’Île d’Achille. » p. 347. Marguerite Yourcenar signale alors l’aporie d’une distinction entre sa propre vie et celle de ses personnages, allant jusqu’à rĂ©cuser la distinction entre fiction et non-fiction, tant est profonde et rĂ©ciproque son immersion crĂ©ative Vous avouerais-je que je n’ai jamais eu le sentiment d’écrire de la fiction » ? J’ai toujours attendu que ce que j’écrivais fĂ»t assez incorporĂ© Ă  moi pour n’ĂȘtre pas diffĂ©rent de ce que seraient mes propres souvenirs [...] ; la maladie d’Hadrien me paraĂźt aussi authentique que mes maladies. YO, p. 307 L’art dĂ©licat du portrait 55Dans les Carnets de notes, Marguerite Yourcenar Ă©crit qu’elle aurait souhaitĂ© dĂ©velopper le portrait » d’un certain nombre d’ĂȘtres », tels Plotine, Sabine, Arrien, SuĂ©tone, mais que le choix de l’écriture personnelle imposait un regard nĂ©cessairement partiel et partial, lacunaire et erronĂ©. En effet, Hadrien ne pouvait les voir que de biais. AntinoĂŒs lui-mĂȘme ne peut ĂȘtre aperçu que par rĂ©fraction, Ă  travers les souvenirs de l’empereur, c’est-Ă -dire avec une minutie passionnĂ©e, et quelques erreurs » p. 335. Pour autant, dans le roman se dessinent les visages d’ĂȘtres dont le lecteur ressent l’importance AntinoĂŒs, Ă©videmment, mais aussi Plotine, prĂ©sences entourant l’existence d’Hadrien dans la pierre et dans la vie. Les pierres... 56Amoureux de l’art et de la pensĂ©e hellĂ©nique, Hadrien voit dans la sculpture une image de la vie mais aussi de l’amour si la lettre Ă©crite [lui] a enseignĂ© Ă  Ă©couter la voix humaine », ce sont les grandes attitudes immobiles des statues [qui lui] ont appris Ă  apprĂ©cier les gestes » p. 30. La statue semble indissociable de l’amour, tout se passant comme si la beautĂ© et la grĂące sensuelle Ă©taient transfigurĂ©es et saisies dans leur acmĂ© par l’art sculptural. Ces liaisons, agrĂ©ables quand ces femmes Ă©taient habiles, devenaient Ă©mouvantes quand elles Ă©taient belles. J’étudiais les arts ; je me familiarisais avec des statues ; j’apprenais Ă  mieux connaĂźtre la VĂ©nus de Cnide ou la LĂ©da tremblant sous le poids du cygne » p. 74 Hadrien relie explicitement son expĂ©rience amoureuse au sentiment esthĂ©tique, les femmes aimĂ©es rejoignant VĂ©nus et LĂ©da dans une communautĂ© vivante. 57D’emblĂ©e s’exprime ainsi le paradoxe tenu dans le roman entre l’immobilitĂ© et le mouvement, entre la rigiditĂ© et la vie, entre la mort et l’amour, la statue fixant une forme d’essence vitale dans un processus presque dĂ©miurgique. Les rĂ©flexions d’Hadrien sur la construction, longuement dĂ©veloppĂ©es dans Tellus stabilita », soulignent bien la part vivante contenue dans la pierre Notre art est parfait », Ă©crit Hadrien, c’est-Ă -dire accompli, mais sa perfection est susceptible de modulations aussi variĂ©es que celles d’une voix pure » p. 145. Si la pierre peut contenir le souffle et la vie, dans quelle mesure Hadrien se rĂȘve-t-il en Pygmalion ? 58La question du portrait porte en effet en elle-mĂȘme celle de la crĂ©ation et du rapport entre le crĂ©ateur et son Ɠuvre. À ce titre, portraits, statues, sculptures et monuments abondent dans le roman et signalent la volontĂ© impĂ©riale de figer l’amour disparu, qu’il s’agisse d’AntinoĂŒs ou de Plotine. Les statues et monuments Ă©rigĂ©s par Hadrien naissent en effet du dĂ©sir de renouer avec les disparus ainsi des chapelles d’AntinoĂŒs, et ses temples, chambres magiques, monuments d’un mystĂ©rieux passage entre la vie et la mort, oratoires d’une douleur et d’un bonheur Ă©touffants, [...] lieu de la priĂšre et de la rĂ©apparition » oĂč Hadrien se livre Ă  [s]on deuil » p. 142. De la mĂȘme maniĂšre, Ă  NĂźmes, Hadrien Ă©tabli[t] le plan d’une basilique dĂ©diĂ©e Ă  Plotine et destinĂ©e Ă  devenir un jour son temple » p. 154. 59L’omniprĂ©sence des portraits d’AntinoĂŒs dans le roman n’est pas une invention de l’auteur mais tĂ©moigne bel et bien d’une rĂ©alitĂ© historique ils abondent, et vont de l’incomparable au mĂ©diocre. Tous, en dĂ©pit des variations dues Ă  l’art du sculpteur ou Ă  l’ñge du modĂšle, Ă  la diffĂ©rence entre les portraits faits d’aprĂšs le vivant et les portraits exĂ©cutĂ©s en l’honneur du mort, bouleversent par l’incroyable rĂ©alisme de cette figure toujours immĂ©diatement reconnaissable et pourtant si diversement interprĂ©tĂ©e, par cet exemple, unique dans l’AntiquitĂ©, de survivance et de multiplication dans la pierre d’un visage qui ne fut ni celui d’un homme d’État ni celui d’un philosophe, mais simplement qui fut aimĂ©. p. 336 60Hadrien a multipliĂ© les images d’AntinoĂŒs et s’il n’existe pas de monnaie romaine Ă  son effigie, c’est en raison de l’opposition du SĂ©nat et non d’une volontĂ© impĂ©riale ; l’abondance des portraits d’AntinoĂŒs dans le roman s’inscrit donc dans la rĂ©fĂ©rentialitĂ© historique. 61Pour autant, Markus Meßling voit dans l’importance donnĂ©e Ă  la sculpture dans le roman une dimension symbolique trĂšs forte dĂ©passant largement le cadre de la reconstitution historique La statue grecque n’est pas seulement un moyen pour l’écrivain de faire revivre la pensĂ©e hellĂ©nique d’un prince romain. Étant la concrĂ©tion pierreuse du corps humain et subissant les forces modificatrices du temps, la sculpture dĂ©passe son statut uniquement historique dans l’ouvrage de Marguerite Yourcenar et devient ainsi une image modĂšle Ă  partir de laquelle l’écrivain dĂ©peint sa vision poĂ©tico-philosophique du temps et de l’existence humaine. 32 Markus Meßling, La fonction de la sculpture dans MĂ©moires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar par ... Comme la sculpture est mutilĂ©e par les Ă©lĂ©ments naturels, Ă  mesure que le temps passe, l’homme en tant qu’individu, lui-mĂȘme sculpture, se voit soumis Ă  un temps destructeur qui dĂ©vore » son Ɠuvre. Mais de mĂȘme que l’intention du sculpteur rĂ©siste au temps car elle ressort encore incontestablement de la ruine d’une statue classique, les structures, voire la substance mĂȘme de l’existence humaine ressortent de cette chaĂźne » de pertes perpĂ©tuelles. Le passĂ© paraĂźt ainsi comme un grand Ă©cran » qui reflĂšte l’immuable nature de l’homme. C’est dans ce sens que l’historicitĂ© tourne dans l’universalitĂ© dans l’Ɠuvre de Marguerite Yourcenar32. 62Ainsi la pierre porte-t-elle la trace de la temporalitĂ© et engage-t-elle dans le roman une mĂ©ditation sur la vanitĂ© de l’existence et du pouvoir soumis, comme toute construction humaine, Ă  la ruine. L’érection de monuments et la crĂ©ation sculpturale sont alors Ă  envisager dans le cadre d’une rĂ©flexion sur la destruction et la mort la crĂ©ation porterait en elle-mĂȘme la trace de sa destruction future, comme une naissance porte sa propre mort. Dans cette entreprise qui consiste Ă  conserver une forme de vie se lit ainsi le dĂ©sir dĂ©miurgique de rĂ©sister au temps. 63Hadrien explicite d’ailleurs le lien de la construction Ă  la temporalitĂ© et Ă  la vie [c]onstruire, Ă©crit-il, c’est collaborer avec la terre c’est mettre une marque humaine sur un paysage qui en sera modifiĂ© Ă  jamais » ; reconstruire, c’est collaborer avec le temps sous son aspect de passĂ©, en saisir ou en modifier l’esprit, lui servir de relais vers un plus long avenir ; c’est retrouver sous les pierres les secrets des sources. » Ici la voix de Marguerite Yourcenar, rĂȘvant dans les Carnets du contact avec les siĂšcles passĂ©s via la pierre ou l’objet, semble se faire entendre derriĂšre celle d’Hadrien, lorsqu’il Ă©crit Notre vie est brĂšve nous parlons sans cesse des siĂšcles qui prĂ©cĂšdent ou qui suivent le nĂŽtre comme s’ils nous Ă©taient totalement Ă©trangers ; j’y touchais pourtant dans mes jeux avec la pierre. Ces murs que j’étaie sont encore chauds du contact de corps disparus ; des mains qui n’existent pas encore caresseront ces fĂ»ts de colonnes. Plus j’ai mĂ©ditĂ© sur ma mort, et surtout sur celle d’un autre, plus j’ai essayĂ© d’ajouter Ă  nos vies ces rallonges presque indestructibles. p. 141 64La construction dans la brique Ă©ternelle » de Rome et le marbre natal » de GrĂšce ou d’Asie relĂšvent ainsi d’une recherche de l’humanitĂ© et la sculpture devient monde Je suis comme nos sculpteurs l’humain me satisfait ; j’y trouve tout, jusqu’à l’éternel. La forĂȘt tant aimĂ©e se ramasse pour moi tout entiĂšre dans l’image du centaure ; la tempĂȘte ne respire jamais mieux que dans l’écharpe ballonnĂ©e d’une dĂ©esse marine. Les objets naturels, les emblĂšmes sacrĂ©s, ne valent qu’alourdis d’associations humaines la pomme de pin phallique et funĂšbre, la vasque aux colombes qui suggĂšre la sieste au bord des fontaines, le griffon qui emporte le bien-aimĂ© au ciel. p. 146 65En accord avec sa vision de l’art, Hadrien confesse que [l’]art du portrait [l’]intĂ©ressait peu » dans la mesure oĂč les portraits romains n’ont qu’une valeur de chronique copies marquĂ©es de rides exactes ou de verrues uniques, dĂ©calques de modĂšles qu’on coudoie distraitement dans la vie et qu’on oublie sitĂŽt morts » p. 146 ce qu’Hadrien rejette, c’est l’individualitĂ©, la singularitĂ© peinte dans le portrait puisqu’il n’y voit lĂ  que dĂ©tail, contingence, anecdote. Les Grecs au contraire ont aimĂ© la perfection humaine au point de se soucier assez peu du visage variĂ© des hommes » et dans cette perspective, le portrait vĂ©ritable accĂšde Ă  l’universalitĂ©. C’est pourquoi – et la voix de Marguerite Yourcenar se fait sans doute entendre ici encore – Hadrien affirme ne jet[er] qu’un coup d’Ɠil Ă  [sa] propre image, cette figure basanĂ©e, dĂ©naturĂ©e par la blancheur du marbre, ces yeux grands ouverts, cette bouche mince et pourtant charnue, contrĂŽlĂ©e jusqu’à trembler » p. 146. 66AntinoĂŒs va pourtant bouleverser cette conception de l’art comme accĂšs Ă  l’humanitĂ©, le portrait devenant symbole de l’obsession d’Hadrien Ă  faire revivre le disparu le visage d’un autre m’a prĂ©occupĂ© davantage. SitĂŽt qu’il compta dans ma vie, l’art cessa d’ĂȘtre un luxe, devint une ressource, une forme de secours. J’ai imposĂ© au monde cette image il existe aujourd’hui plus de portraits de cet enfant que de n’importe quel homme illustre, de n’importe quelle reine. J’eus d’abord Ă  cƓur de faire enregistrer par la statuaire la beautĂ© successive d’une forme qui change ; l’art devint ensuite une sorte d’opĂ©ration magique capable d’évoquer un visage perdu. Les effigies colossales semblaient un moyen d’exprimer ces vraies proportions que l’amour donne aux ĂȘtres ; ces images, je les voulais Ă©normes comme une figure vue de tout prĂšs, hautes et solennelles comme les visions et les apparitions du cauchemar, pesantes comme l’est restĂ© ce souvenir ibid. 67La mort d’AntinoĂŒs signe alors une conception nouvelle de l’art chargĂ© de porter le deuil et de rendre la vie, et Hadrien distingue lui-mĂȘme entre les statues et portraits du jeune vivant » destinĂ©s Ă  saisir le mouvement de la vie changeante, le passage du corps adolescent Ă  l’ñge adulte dans toutes ses variations, et les portraits d’aprĂšs la mort, et oĂč la mort a passĂ©, ces grands visages aux lĂšvres savantes, chargĂ©s de secrets qui ne sont plus les [s]iens, parce que ce ne sont plus ceux de la vie » p. 147. La statue touche alors au sacrĂ© et teinte la volontĂ© crĂ©atrice d’une dimension presque magique. 33 Dans les Carnets de notes, Marguerite Yourcenar souligne d’ailleurs l’élĂ©ment presque faustien d ... 68En effet, si Hadrien s’entoure de statues Ă  la mort du bien-aimĂ©, son rapport Ă  la sculpture change et atteint prĂ©cisĂ©ment une forme de dĂ©sir presque faustien33 34 Philippe Berthier, Regarder les images jusqu’à les faire bouger », dans Les Diagonales du temps. ... C’est bien d’opĂ©ration cabalistique qu’il convient de parler dans cette initiative pathĂ©tique – parce qu’on la sait vaine – d’extravaser sur un mannequin inerte un monde d’affects qui le ressusciterait. Dans sa folie sublime, cette dĂ©marche est celle-lĂ  mĂȘme de l’écrivain. Lorsqu’elle entreprend en effet de resituer AntinoĂŒs Ă  l’intĂ©rieur de la restitution d’Hadrien, Yourcenar se livre Ă  des manipulations sorciĂšres qui sont exactement mimĂ©tiques de celles de l’empereur34... 69Dans cette perspective, qu’il s’agisse d’Hadrien ou de Marguerite Yourcenar, l’art du portrait s’inscrit dans une dĂ©marche presque dĂ©miurgique Ă  l’image de Pygmalion, l’empereur et la romanciĂšre cherchent Ă  donner ou redonner la vie Ă  l’ĂȘtre rigidifiĂ© par la mort, le symbolisme de la pierre Ă©tant Ă  cet Ă©gard tout Ă  fait explicite. À ce titre, la description de l’embaumement d’AntinoĂŒs rĂ©vĂšle combien la volontĂ© de figer la vie aboutit Ă  un atroce chef d’Ɠuvre » p. 217, indice de la dimension paradoxale d’un art devenu mortifĂšre. Mais lĂ  oĂč la pierre fige ces ĂȘtres dans des espaces mortuaires, Marguerite Yourcenar insuffle une voix Ă  Hadrien, lui donnant Ă  jamais la mesure de la vie. ...et les voix 70Les MĂ©moires d’Hadrien sont avant tout le [p]ortrait d’une voix » Si j’ai choisi d’écrire ces MĂ©moires d’Hadrien Ă  la premiĂšre personne, c’est pour me passer le plus possible de tout intermĂ©diaire, fĂ»t-ce de moi-mĂȘme », Ă©crit Marguerite Yourcenar. Hadrien pouvait parler de sa vie plus fermement et plus subtilement que moi. » p. 330. Le roman ne propose pas le portrait physique de l’empereur Ă  l’exception de la maladie ouvrant la lettre Ă  Marc AurĂšle et des mĂ©ditations sur l’importance des sens dans l’expĂ©rience du monde, le corps d’Hadrien ne fait pas l’objet d’une peinture dans le roman. Par ailleurs, si la voix d’Hadrien dresse le portrait d’ĂȘtres qui l’entourent, ces derniers n’ont pas la parole et leurs voix ne se font pas vĂ©ritablement entendre. Marguerite Yourcenar explique cette absence dialogique par l’impossibilitĂ© historiographique de transcrire le ton de la conversation Hadrien, pour jeter ce long coup d’Ɠil sur sa vie, devait se servir de cet instrument de luciditĂ© qu’était pour le monde grĂ©co-romain, dont il est le reprĂ©sentant parfait, la parole organisĂ©e, presque impersonnelle. Je me suis rendu compte que le monologue Ă©tait la seule forme possible, et je n’ai pas introduit dans le texte de conversations, parce que nous ignorons comment ces gens-lĂ  se parlaient. J’ai publiĂ©, beaucoup plus tard, un long essai dans la Nouvelle Revue française, qui paraĂźtra un de ces jours en volume, dans lequel j’ai exprimĂ© l’immense difficultĂ© de faire parler entre eux les gens de l’AntiquitĂ©. Nous avons des comĂ©dies latines, certes, imitĂ©es elles-mĂȘmes de ce qu’on appelle la nouvelle comĂ©die » grecque, et datant d’au moins deux siĂšcles et demi avant Hadrien elles oscillent entre le langage de la rue, les quolibets et les injures, comme chez Plaute, et un langage artificiellement raffinĂ© de gens bien Ă©levĂ©s, tels qu’ils s’expriment sur la scĂšne, comme chez TĂ©rence, et cela dans des situations romanesques toujours plus ou moins invariables. Rien dans tout cela qui nous donne le ton exact de ce qu’ont pu ĂȘtre les propos d’Hadrien avec Trajan, avec AntinoĂŒs ou avec Plotine. YO, p. 141 71Absence de voix autres, donc, mais prĂ©sence de portraits peints par la voix d’Hadrien ainsi lit-on de Plotine un portrait ample et prĂ©cis au travers duquel la personnalitĂ© de l’impĂ©ratrice se dessine davantage que ses traits physiques. [F]igure en vĂȘtements blancs, aussi simples que peuvent l’ĂȘtre ceux d’une femme », portant les lourdes tresses qu’exigeait la mode » p. 95-96, Plotine est surtout le visage de la dignitĂ©, du respect et de l’amitiĂ©. L’une des images les plus emblĂ©matiques du personnage se situe lors de la scĂšne du bĂ»cher de Trajan Calme, distante, un peu creusĂ©e par la fiĂšvre, elle demeurait comme toujours clairement impĂ©nĂ©trable » p. 105 et c’est son beau silence » p. 121 et son effacement qui fondent paradoxalement son omniprĂ©sence dans la vie d’Hadrien comme dans le roman. ApprĂ©ciĂ©e pour ses silences, [...] ses paroles mesurĂ©es qui n’étaient jamais que des rĂ©ponses, et les plus nettes possible », ils partagent tous deux la passion d’orner, puis de dĂ©pouiller [leur] Ăąme, d’éprouver [leur] esprit Ă  toutes les pierres de touche » p. 95. Hadrien Ă©crit Elle inclinait Ă  la philosophie Ă©picurienne, ce lit Ă©troit, mais propre, sur lequel j’ai parfois Ă©tendu ma pensĂ©e. Le mystĂšre des dieux, qui me hantait, ne l’inquiĂ©tait pas ; elle n’avait pas non plus mon goĂ»t passionnĂ© des corps. Elle Ă©tait chaste par dĂ©goĂ»t du facile, gĂ©nĂ©reuse par dĂ©cision plutĂŽt que par nature, sagement mĂ©fiante, mais prĂȘte Ă  tout accepter d’un ami, mĂȘme ses inĂ©vitables erreurs p. 96. 72Celle qui a toujours Ă©tĂ© pour Hadrien un esprit, une pensĂ©e Ă  laquelle s’était mariĂ©e la [s]ienne » p. 182 trouve son pendant charnel avec AntinoĂŒs, dont le portrait physique est en revanche extrĂȘmement dĂ©veloppĂ©. 73Ce sont tout d’abord les portraits vĂ©ritables du jeune homme qui sont Ă©voquĂ©s, retraçant l’adoration d’Hadrien Il y a les statues et les peintures du jeune vivant, celles qui reflĂštent ce paysage immense et changeant qui va de la quinziĂšme Ă  la vingtiĂšme annĂ©e le profil sĂ©rieux de l’enfant sage ; cette statue oĂč un sculpteur de Corinthe a osĂ© garder le laisser-aller du jeune garçon qui bombe le ventre en effaçant les Ă©paules, la main sur la hanche, comme s’il surveillait au coin d’une rue une partie de dĂ©s. Il y a ce marbre oĂč Papias d’Aphrodisie a tracĂ© un corps plus que nu, dĂ©sarmĂ©, d’une fraĂźcheur fragile de narcisse. Et AristĂ©as a sculptĂ© sous mes ordres, dans une pierre un peu rugueuse, cette petite tĂȘte impĂ©rieuse et fiĂšre. p. 147 74Le portrait d’AntinoĂŒs se poursuit au travers des souvenirs d’Hadrien et il est rĂ©vĂ©lateur qu’à l’instar de Plotine, AntinoĂŒs, pourtant omniprĂ©sent, reste silencieux tant dans le roman que dans la diĂ©gĂšse [s]a prĂ©sence », Ă©crit Hadrien, Ă©tait extraordinairement silencieuse il m’a suivi comme un animal ou comme un gĂ©nie familier » p. 170. Hadrien dĂ©taille prĂ©cisĂ©ment cette beautĂ© si visible » p. 171 dans tout ce qu’elle a de changeant les figures que nous cherchons dĂ©sespĂ©rĂ©ment nous Ă©chappent ce n’est jamais qu’un moment... Je retrouve une tĂȘte inclinĂ©e sous une chevelure nocturne, des yeux que l’allongement des paupiĂšres faisait paraĂźtre obliques, un jeune visage large et comme couchĂ©. Ce tendre corps s’est modifiĂ© sans cesse, Ă  la façon d’une plante, et quelques-unes de ces altĂ©rations sont imputables au temps. L’enfant a changĂ© ; il a grandi. [...] La moue boudeuse des lĂšvres s’est chargĂ©e d’une amertume ardente, d’une satiĂ©tĂ© triste. En vĂ©ritĂ©, ce visage changeait comme si nuit et jour je l’avais sculptĂ©. p. 171 75Dans cette image d’Hadrien sculpteur se lit la tentation dĂ©miurgique soulignĂ©e plus haut en mĂȘme temps que s’exprime implicitement la part de culpabilitĂ© qui, plus tard, le rongera, comme s’il Ă©tait responsable du destin de sa crĂ©ature. 76Ainsi le monologue d’Hadrien est-il bien le portrait d’une voix » qui dresse Ă  son tour le portrait d’ĂȘtres ayant empli son existence sans pour autant que ces derniers puissent accĂ©der Ă  la parole dans le roman Plotine comme AntinoĂŒs demeurent des figures silencieuses. Pourtant, il pourrait sembler plus Ă©vident Ă  une femme Ă©crivain de donner la parole Ă  une voix fĂ©minine comme celle de Plotine. À ce titre, on a souvent interrogĂ© Marguerite Yourcenar sur la moindre importance des femmes dans ses textes et sur l’idĂ©e, qu’elle rejette scandalisĂ©e, qu’elle se serait cachĂ©e derriĂšre des voix d’hommes Dans MĂ©moires d’Hadrien, il s’agissait de faire passer une derniĂšre vision du monde antique vue par un de ses derniers grands reprĂ©sentants, et que cet ĂȘtre eĂ»t l’expĂ©rience du pouvoir suprĂȘme, celle de la guerre, celle d’immenses voyages, celle du grand commis occupĂ© de rĂ©formes Ă©conomiques et civiles aucune figure historique de femme n’était dans ces conditions-lĂ , mais Hadrien, dans une pĂ©nombre discrĂšte, a sa parĂšdre fĂ©minine. Je ne parle pas de quelques jeunes maĂźtresses, qui ont Ă©tĂ© pour lui une distraction, je parle de Plotine, la conseillĂšre et l’amie, avec qui le liait une amitiĂ© amoureuse », dit textuellement l’un des chroniqueurs antiques. YO, p. 271 77Dans les Carnets de notes, Marguerite Yourcenar explique dĂ©jĂ  cette [i]mpossibilitĂ© [...] de prendre pour figure centrale un personnage fĂ©minin, de donner, par exemple, pour axe Ă  [s]on rĂ©cit, au lieu d’Hadrien, Plotine ». La raison en est culturelle La vie des femmes est trop limitĂ©e, ou trop secrĂšte. Qu’une femme se raconte, et le premier reproche qu’on lui fera est de n’ĂȘtre plus femme. Il est dĂ©jĂ  assez difficile de mettre quelque vĂ©ritĂ© Ă  l’intĂ©rieur d’une bouche d’homme » p. 329. 78Enfin, en dĂ©pit de l’insistance de Marguerite Yourcenar sur la nĂ©cessitĂ© de faire silence en elle pour faire advenir la parole d’Hadrien, c’est par sa propre voix qu’elle insuffle la vie Ă  son personnage. Paola Ricciulli remarque ainsi que l’insistance sur le silence de l’auteur est trop marquĂ©e pour n’ĂȘtre pas suspecte. DerriĂšre la neutralitĂ© apparente, de discrĂštes traces de subjectivitĂ© transparaissent les goĂ»ts, les rĂ©flexions, le style communs au narrateur et Ă  l’auteur, visibles par exemple dans l’abondance des maximes, ou encore la langue elle-mĂȘme, trahissent cette communautĂ© de voix 35 Paola Ricciulli, Voix de l’auteur et voix du narrateur dans MĂ©moires d’Hadrien », dans Hadrien o ... Le vĂ©hicule de la communication est donc la langue de l’auteur et non celle du narrateur. Il ne s’agit pas lĂ  d’une intervention » nĂ©gligeable de la part de Yourcenar si l’on considĂšre l’ensemble des fonctions et des valeurs » exprimĂ©es, mĂȘme indirectement, par la langue. Un choix dictĂ© certainement par l’immense difficultĂ© de faire parler entre eux les gens de l’AntiquitĂ© », mais qui transforme, objectivement, ce chant intime » en un chant Ă  deux voix »35. 79Ainsi ce portrait d’une voix », traversĂ© par des visages, figures omniprĂ©sentes mais silencieuses, comme autant d’ombres portĂ©es sur l’existence d’Hadrien, se veut-il plongĂ©e dans l’intĂ©rioritĂ© protĂ©iforme d’un ĂȘtre auquel l’auteur prĂȘte sa voix. À travers la reconstitution de ces souvenirs, Marguerite Yourcenar cherche Ă  saisir Hadrien toute la complexitĂ© de ce qui le fait individu, personnage, homme 36 La citation est extraite de Mishima ou la vision du vide. 37 Yves-Alain Favre, Conscience du sacrĂ© et sacrĂ© de la conscience dans l’Ɠuvre de Marguerite Yourc ... tout d’abord l’individu, changeant, Ă©pars et contradictoire, qui tantĂŽt se cache et tantĂŽt se rend visible, vĂ©ritable ProtĂ©e qui demeure difficile Ă  saisir ; ensuite le personnage, forgĂ© par l’individu et destinĂ© Ă  servir de masque ou d’écran afin de se protĂ©ger ou de sciemment provoquer autrui ; on peut aisĂ©ment le dĂ©finir, mais il n’apporte guĂšre de rĂ©vĂ©lation dĂ©cisive. En fin, plus profondĂ©ment, l’homme rĂ©el et ce ce secret impĂ©nĂ©trable qui est celui de toute vie36 ». Cette essence de l’ĂȘtre reste Ă©nigmatique pour autrui ; le terme d’ impĂ©nĂ©trable » montre bien qu’il s’agit d’un secret, donc d’une rĂ©alitĂ© sacrĂ©e, qui Ă©chappe Ă  toute prise de l’intelligence37. 80C’est prĂ©cisĂ©ment dans cette triple perception de l’ĂȘtre que se dessine l’universalitĂ© Ă  laquelle aspire Marguerite Yourcenar est-ce Ă  dire qu’en dĂ©pit d’une inscription historique forte, MĂ©moires d’Hadrien porte la trace de l’éternitĂ© ? Le grand pan n’est pas mort 38 Voir Philippe Borgeaud, La mort du grand Pan. ProblĂšmes d’interprĂ©tation », Revue de l’histoire ... 81Au IIe siĂšcle aprĂšs JĂ©sus-Christ, Plutarque annonce, dans un passage Ă©nigmatique de son traitĂ© Sur la disparition des oracles, la mort du grand Pan38 », figure du paganisme et du Tout. En recrĂ©ant la vie d’un empereur contemporain de Plutarque, et qui fut son admirateur et son hĂŽte p. 87, Marguerite Yourcenar dĂ©montre exactement le contraire. Hadrien s’attache Ă  prĂ©server les traditions polythĂ©istes de la GrĂšce et de Rome, mais surtout il incarne la possibilitĂ© pour l’individu de se savoir partie d’un tout qui lui demeure accessible. Figure prismatique, reflet changeant du lecteur et de l’auteur, personnage insaisissable et voix encore audible, il atteste la porositĂ© des frontiĂšres de l’ĂȘtre. À travers le bĂątisseur du PanthĂ©on, et par la dĂ©marche mĂȘme qui prĂ©side Ă  son Ă©criture, Marguerite Yourcenar tĂ©moigne que Tout » est encore prĂ©sent Ă  qui sait le reconnaĂźtre. Hadrien, homme de tous les temps 82En rĂ©inventant les MĂ©moires d’un personnage historique, Marguerite Yourcenar peint une pĂ©riode bien prĂ©cise, et Ă  nulle autre pareille, ce IIe siĂšcle [...] des derniers hommes libres », dont elle admet dans les Carnets de notes que nous sommes peut-ĂȘtre dĂ©jĂ  fort loin » p. 342. Mais la modalisation apportĂ©e par ce peut-ĂȘtre » en dit long sur l’aura d’éternitĂ© qui Ă©mane d’Hadrien. Marguerite Yourcenar choisit de redonner parole et vie Ă  un personnage Ă  la fois attachĂ© aux traditions dans ce qu’elles ont de plus fĂ©cond et de moins sclĂ©rosant – la pensĂ©e libre des Grecs –, et tournĂ© vers le progrĂšs au sens le plus simple et le plus noble du terme – la marche raisonnĂ©e de Rome et du monde Le moment semblait venu », estime-t-il, de réévaluer toutes les prescriptions anciennes dans l’intĂ©rĂȘt de l’humanitĂ© » p. 128. Dans cet ĂȘtre qui n’ignore ni les origines ni l’avenir de son monde, elle retrouve ainsi ce qu’il y a d’immuable en l’homme. Parce qu’il est soumis au temps et inscrit dans le temps, Hadrien peut devenir l’image de l’homme inchangĂ©, et l’auteur fait de ce paradoxe l’une des rĂšgles de son Ă©criture [...] prendre seulement ce qu’il y a de plus durable, de plus essentiel en nous, dans les Ă©motions des sens ou dans les opĂ©rations de l’esprit, comme point de contact avec ces hommes qui comme nous croquĂšrent des olives, burent du vin, s’engluĂšrent les doigts de miel, luttĂšrent contre le vent aigre et la pluie aveuglante, et cherchĂšrent en Ă©tĂ© l’ombre d’un platane, et jouirent, et pensĂšrent, et vieillirent, et moururent. p. 332 83Hadrien lui-mĂȘme possĂšde la conscience de cette permanence des Ă©motions et sensations humaines en ce qu’elles ont de plus pur et de plus simple, peut-ĂȘtre de plus instinctif. Par ses ancĂȘtres, et notamment son grand-pĂšre Marullinus, il se sent liĂ© Ă  des temps primitifs, mais non totalement disparus La duretĂ© presque impĂ©nĂ©trable de Marullinus remontait plus loin, Ă  des Ă©poques plus antiques. C’était l’homme de la tribu, l’incarnation d’un monde sacrĂ© et presque effrayant dont j’ai parfois retrouvĂ© les vestiges chez nos nĂ©cromanciens Ă©trusques », se souvient-il lorsqu’il commence Ă  relater son existence p. 40. Il pressent aussi la parentĂ© qui l’unit Ă  ceux qui viendront aprĂšs lui. Alors qu’il achĂšve son rĂ©cit, il songe au successeur encore lointain qui transformera le visage de Rome, mais ne s’en Ă©meut guĂšre Il hĂ©ritera de nos palais et de nos archives ; il diffĂ©rera de nous moins qu’on pourrait le croire » p. 314. Apaisante, cette conscience de la continuitĂ© n’est pourtant pas la marque d’un optimisme ou d’une confiance inconsidĂ©rĂ©s. On dĂ©cĂšle aussi chez l’empereur une forme de rĂ©signation, nĂ©e de la certitude que les plus tristes aspects de la condition humaine sont eux aussi inchangeables. Sa clairvoyance se fait souvent sombre, aussi ne s’illusionne-t-il pas sur les effets de ses tentatives de rĂ©former le sort des esclaves Je doute que toute la philosophie du monde parvienne Ă  supprimer l’esclavage on en changera tout au plus le nom. Je suis capable d’imaginer des formes de servitude pires que les nĂŽtres, parce que plus insidieuses soit qu’on rĂ©ussisse Ă  transformer les hommes en machines stupides et satisfaites, qui se croient libres alors qu’elles sont asservies, soit qu’on dĂ©veloppe chez eux, Ă  l’exclusion des loisirs et des plaisirs humains, un goĂ»t du travail aussi forcenĂ© que la passion de la guerre chez les races barbares. p. 129 84En un siĂšcle encore trĂšs prĂšs de la libre vĂ©ritĂ© du pied nu », l’empereur entrevoit dĂ©jĂ  les dĂ©formations Ă  venir, qui pourtant ne suffisent pas Ă  altĂ©rer la substance, la structure humaine » p. 333. 85La perception conjointe de l’immuable et du changeant permet Ă  Marguerite Yourcenar de faire de son personnage un homme de tous les temps, sans pour cela verser dans une indiffĂ©renciation des siĂšcles qui serait simplificatrice et mensongĂšre. Hadrien reflĂšte en vĂ©ritĂ© un certain mouvement de l’histoire, une disposition de l’esprit humain qui refait surface de distance en distance et assure la continuitĂ© en mĂȘme temps qu’elle la rĂ©vĂšle. Dans Les Yeux ouverts, Marguerite Yourcenar dit reconnaĂźtre en cet empereur somme toute si peu romain un homme d’un autre temps, bien plus prĂšs de nous que le typique empereur romain de SuĂ©tone, ou des films et des romans Ă  grand spectacle ; en un sens, c’est un homme de la Renaissance » YO, p. 152. MĂ©cĂšne avisĂ©, humaniste avant l’heure, Ă©pris de toutes les humanitĂ©s », voyageur libre et passionnĂ© de grandes dĂ©couvertes, Hadrien tient Ă  la fois de Laurent le Magnifique, d’Érasme et de Montaigne, et peut-ĂȘtre parfois, dans son pragmatisme politique, de Machiavel. Ces rencontres d’esprits, nĂ©anmoins, n’arrachent pas Hadrien Ă  son siĂšcle lui-mĂȘme signale que ses idĂ©aux sont fort partagĂ©s et relĂšvent d’un esprit des temps » Humanitas, Felicitas, Libertas ces beaux mots qui figurent sur les monnaies de mon rĂšgne, je ne les ai pas inventĂ©s. N’importe quel philosophe grec, presque tout Romain cultivĂ© se propose du monde la mĂȘme image que moi » p. 126. Mais c’est prĂ©cisĂ©ment parce qu’elle est en prise avec son Ă©poque tout en la dĂ©bordant que l’Ɠuvre d’Hadrien est grande et Ă©veille des rĂ©sonances renaissantes en faisant renaĂźtre la GrĂšce, en bĂątissant temples et bibliothĂšques, il assure l’un des relais qui permettront aux hommes du XVIe siĂšcle de faire Ă  leur tour renaĂźtre Rome. Conscient de travailler avec les hommes du passĂ©, il tend aussi la main Ă  ceux des siĂšcles futurs J’avais collaborĂ© avec les Ăąges, avec la vie grecque elle-mĂȘme ; l’autoritĂ© que j’exerçais Ă©tait moins un pouvoir qu’une mystĂ©rieuse puissance, supĂ©rieure Ă  l’homme, mais qui n’agit efficacement qu’à travers l’intermĂ©diaire d’une personne humaine ; le mariage de Rome et d’AthĂšnes s’était accompli ; le passĂ© reprenait un visage d’avenir p. 192. 86De renaissance en renaissance, l’action de quelques hommes d’exception sur la marche du temps permet d’espĂ©rer, en plein XXe siĂšcle, le retour d’un saeculum aureum » qui prendrait le visage de cette paix Ă  la fois fragile et exceptionnellement durable gagnĂ©e par Hadrien. Le personnage yourcenarien Ă©labore en effet une thĂ©orie de l’harmonie des peuples d’autant plus porteuse d’espoir qu’elle Ă©mane d’un pragmatique et non d’un utopiste [...] chaque heure d’accalmie Ă©tait une victoire, prĂ©caire comme elles le sont toutes ; chaque dispute arbitrĂ©e un prĂ©cĂ©dent, un gage pour l’avenir. Il m’importait assez peu que l’accord fut extĂ©rieur, imposĂ© du dehors, probablement temporaire je savais que le bien comme le mal est affaire de routine, que le temporaire se prolonge, que l’extĂ©rieur s’infiltre au-dedans, et que le masque, Ă  la longue, devient visage. Puisque la haine, la sottise, le dĂ©lire ont des effets durables, je ne voyais pas pourquoi la luciditĂ©, la justice, la bienveillance n’auraient pas les leurs. p. 111 87Ce prĂ©cĂ©dent » d’apaisement que reprĂ©sente le rĂšgne d’Hadrien acquiert un Ă©clat tout particulier en 1951, celui des rĂȘves que l’on croit sur le point de se rĂ©aliser. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la renaissance de la pax romana est plus que jamais dĂ©sirable et, reconsidĂ©rant son roman une trentaine d’annĂ©es aprĂšs sa parution, Marguerite Yourcenar admet l’avoir crue possible Les Nations unies, Ă  ce moment-lĂ , cela comptait. Enfin, on pouvait imaginer un manipulateur de gĂ©nie capable de rĂ©tablir la paix pendant cinquante ans, une pax americana ou europeana, peu importe. On ne l’a pas eu. Il ne s’est prĂ©sentĂ© que de brillants seconds. Mais, Ă  l’époque, j’avais la naĂŻvetĂ© de croire que c’était encore possible. On pouvait se dire qu’un homme plus intelligent, plus capable de naviguer dans une passe difficile, avait des chances de rĂ©ussite... Je me rends compte maintenant que c’était une illusion. C’est ce qui fait que je suis passĂ©e d’Hadrien Ă  L’ƒuvre au noir. Mais au temps oĂč j’écrivais MĂ©moires d’Hadrien, il Ă©tait possible d’espĂ©rer, pour une pĂ©riode trĂšs courte encore, dans cette euphorie qui suit la fin des guerres... YO, p. 149 88ƒuvre en apparence si dĂ©tachĂ©e de son siĂšcle, MĂ©moires d’Hadrien s’avĂšre ainsi ĂȘtre le fruit d’une explosion de violence – Avoir vĂ©cu dans un monde qui se dĂ©fait m’enseignait l’importance du Prince », reconnaĂźt l’auteur p. 328 – et d’une Ă©troite pĂ©riode d’espĂ©rance. En ce sens, le roman est bien un reflet de son temps. Il ne s’agit pas pour Marguerite Yourcenar de tendre Ă  ses contemporains un miroir idĂ©al de leur Ă©poque – son personnage lui-mĂȘme rĂ©cuse tout idĂ©alisme La paix Ă©tait mon but, mais point du tout mon idole ; le mot mĂȘme d’idĂ©al me dĂ©plairait comme trop Ă©loignĂ© du rĂ©el » p. 111. Sans doute songe-t-elle moins encore Ă  offrir aux hommes d’État de son temps un modĂšle de bon gouvernement elle ne s’attendait guĂšre Ă  ce que son livre soit lu, moins encore Ă  ce qu’il soit compris Seuls, quelques amateurs de destinĂ©e humaine comprendront », Ă©crit-elle dans les Carnets de notes p. 340. Elle n’en tĂ©moigne pas moins d’une foi peut-ĂȘtre passagĂšre mais qui traduit la survivance d’une ambition humaine jamais tout Ă  fait Ă©teinte dans le personnage d’Hadrien perdurent et renaissent les espoirs de l’empereur qui rĂ©gnait sur les derniers hommes libres ». Homo sum... 39 TĂ©rence, L’HĂ©autontimoroumĂ©nos, dans ComĂ©dies II, J. Marouzeau et J. GĂ©rard trad., Paris, Les Be ... 89Homme de tous les temps, Hadrien le multiple est aussi potentiellement tous les hommes. L’empereur pourrait faire sienne la phrase cĂ©lĂšbre de l’ancien esclave TĂ©rence Homo sum ; nihil a me alienum puto39 » il est homme, et rien de ce qui est humain ne semble lui ĂȘtre Ă©tranger. Humanistes, les MĂ©moires d’Hadrien le sont par leurs affinitĂ©s avec le courant de pensĂ©e renaissant, mais aussi plus immĂ©diatement par l’attention soutenue et souvent humble que le narrateur accorde Ă  l’humain. Sans cesse en mouvement, mais symboliquement au centre de l’empire et de tout, Hadrien interroge sa place et sa mesure d’homme, ouvrant ainsi l’humanisme sur un universalisme. L’aventure humaine » 90 En un sens, toute vie racontĂ©e est exemplaire », Ă©crit Marguerite Yourcenar dans les Carnets de notes p. 342, avant de souligner les dangers que fait courir au biographe un propos exclusivement dĂ©monstratif le propos y perd de ses nĂ©cessaires nuances, la vie racontĂ©e » de sa complexitĂ©. De quoi Hadrien, grand homme, certes, mais homme faillible, est-il l’exemple ? Les Carnets de notes suggĂšrent peu aprĂšs une rĂ©ponse Ă  la fois simple et paradoxale il est celui qui a, par excellence et pleinement, vĂ©cu l’aventure humaine » ibid., exemplaire moins par l’exceptionnel statut qui le distingue des autres hommes que par sa facultĂ© Ă  ĂȘtre Ă  la fois lui-mĂȘme et eux tous. Alors qu’il s’apprĂȘte Ă  retracer son existence, il rĂ©sume par la nĂ©gative cette ambivalence fĂ©conde TantĂŽt ma vie m’apparaĂźt banale, au point de ne pas valoir d’ĂȘtre, non seulement Ă©crite, mais mĂȘme un peu longuement contemplĂ©e, nullement plus importante, mĂȘme Ă  mes propres yeux, que celle du premier venu. TantĂŽt elle me semble unique, et par lĂ  mĂȘme sans valeur, inutile, parce qu’impossible Ă  rĂ©duire Ă  l’expĂ©rience du commun des hommes p. 34. 91Par cette dualitĂ©, les MĂ©moires d’Hadrien mettent au jour ce que l’on pourrait nommer l’extraordinaire banalitĂ© – ou l’ordinaire exception – de chaque expĂ©rience. L’existence d’un empereur tout comme celle d’un homme obscur », tel le NathanaĂ«l du dernier roman de Marguerite Yourcenar, porte en elle une irrĂ©ductible unicitĂ© en mĂȘme temps que la marque du destin commun. Et que le protagoniste soit dotĂ© d’une position et d’une luciditĂ© d’exception ne fait que rendre plus perceptible cette tension. 40 Comme l’eau qui coule est le titre donnĂ© par Marguerite Yourcenar au recueil qui regroupe Anna, so ... 92Son aventure », Hadrien la mĂšne en effet au sens Ă©tymologique du terme il traverse tout ce qui doit advenir » dans une vie d’homme, plaisir et souffrance, bonheur et dĂ©tresse, amour, passion, deuil et maladie. L’imminence de son dĂ©cĂšs le rend mĂȘme apte Ă  tĂ©moigner de cette grande aventure commune qu’est la mort, aventure dans laquelle chaque ĂȘtre est en permanence engagĂ©, mais qui demeure gĂ©nĂ©ralement inconnaissable et donc indicible Dire que mes jours sont comptĂ©s ne signifie rien ; il en fut toujours ainsi ; il en est ainsi pour nous tous », admet l’empereur mourant p. 12. Mais aussitĂŽt il identifie ce qui dĂ©jĂ  le sĂ©pare des vivants, tout en lui permettant de comprendre mieux qu’eux-mĂȘmes leur condition Mais l’incertitude du lieu, du temps, et du mode, qui nous empĂȘche de bien distinguer ce but vers lequel nous avançons sans cesse, diminue pour moi Ă  mesure que progresse ma maladie mortelle » ibid. S’il lui est ainsi donnĂ© de connaĂźtre le but » de toute aventure humaine », Hadrien a aussi l’humilitĂ© d’en accepter l’absence, non pas de sens, mais de direction perceptible. Bien qu’il ait savamment construit sa carriĂšre impĂ©riale, il se sait aussi confusĂ©ment formĂ© par les remous d’un sort dont il n’a pas la maĂźtrise Je perçois bien dans cette diversitĂ©, dans ce dĂ©sordre, la prĂ©sence d’une personne, mais sa forme semble presque toujours tracĂ©e par la pression des circonstances ; ses traits se brouillent comme une image reflĂ©tĂ©e sur l’eau » p. 33. Narcisse dĂ©tournĂ© de sa propre contemplation par les rapides d’une vie qui passe comme l’eau qui coule40 », Hadrien est Ă  mĂȘme d’apercevoir, au-delĂ  du miroir des apparences, son insaisissable visage d’homme. Ses aveux d’impuissances sont en ce sens les meilleurs rĂ©vĂ©lateurs de sa clairvoyance il sait sa vue bornĂ©e et brouillĂ©e, mais le fait mĂȘme d’en avoir conscience, et de comprendre le pourquoi de cette dĂ©faillance, est dĂ©jĂ  un correctif, ainsi que le suggĂšrent les derniĂšres analyses, rĂ©signĂ©es et lucides, d’ Animula vagula blandula » [...] l’esprit humain rĂ©pugne Ă  s’accepter des mains du hasard, Ă  n’ĂȘtre que le produit passager de chances auxquelles aucun dieu ne prĂ©side, surtout pas lui-mĂȘme. Une partie de chaque vie, et mĂȘme de chaque vie fort peu digne de regard, se passe Ă  rechercher les raisons d’ĂȘtre, les points de dĂ©part, les sources. p. 35 93L’Hadrien yourcenarien ne diffĂšre en somme des autres hommes que par le fait de se savoir tout Ă  fait homme, sans fausse modestie ni fatuitĂ©. Aussi affirme-t-il sereinement sa supĂ©rioritĂ© Il n’y a qu’un seul point sur lequel je me sens supĂ©rieur aux autres hommes je suis tout ensemble plus libre et plus soumis qu’ils n’osent l’ĂȘtre. Presque tous mĂ©connaissent Ă©galement leur juste libertĂ© et leur vraie servitude » p. 52. 94ReconnaĂźtre en l’autre son semblable ne signifie pas nĂ©cessairement le connaĂźtre ou le comprendre, ni mĂȘme se connaĂźtre ou se comprendre Tout nous Ă©chappe, et tous, et nous-mĂȘmes », Ă©crit Marguerite Yourcenar p. 331, et elle confĂšre cette certitude Ă  son personnage. Mais c’est s’offrir la possibilitĂ© d’entrer, mĂȘme passagĂšrement, dans la vie d’un autre, et de dĂ©couvrir ainsi une autre facette de l’humain. Hadrien paraĂźt en effet douĂ© de la facultĂ© de cerner au plus prĂšs mĂȘme ceux qui diffĂšrent radicalement de lui, et peut-ĂȘtre surtout ceux qui diffĂšrent de lui. Trop proche, AntinoĂŒs lui demeure illisible il semble Ă  l’empereur que, par son dĂ©vouement mĂȘme, le favori abdique en quelque sorte une part de son altĂ©ritĂ© Je m’émerveillais de cette dure douceur ; de ce dĂ©vouement sombre qui engageait tout l’ĂȘtre. Et pourtant, cette soumission n’était pas aveugle ; ces paupiĂšres si souvent baissĂ©es dans l’acquiescement ou dans le songe se relevaient ; les yeux les plus attentifs du monde me regardaient en face ; je me sentais jugĂ©. Mais je l’étais comme un dieu l’est par son fidĂšle mes duretĂ©s, mes accĂšs de mĂ©fiance car j’en eus plus tard Ă©taient patiemment, gravement acceptĂ©s. Je n’ai Ă©tĂ© maĂźtre absolu qu’une fois, et que d’un seul ĂȘtre. p. 171 95MĂȘme au-delĂ  de la mort, AntinoĂŒs demeure ce bel Ă©tranger que reste malgrĂ© tout chaque ĂȘtre qu’on aime » p. 189. Bien plus accessibles en revanche sont les ĂȘtres que tout, a priori, Ă©loigne d’Hadrien. Il parvient ainsi Ă  observer dans toute sa vĂ©ritĂ© la maĂźtresse infidĂšle Ă  laquelle il offre de quoi acheter l’amour d’un autre, le danseur Bathylle Elle s’assit par terre, petite figure nette de joueuse d’osselets, vida le sac sur le pavement, et se mit Ă  diviser en tas le luisant monceau. Je savais que pour elle, comme pour nous tous, prodigues, ces piĂšces d’or n’étaient pas des espĂšces trĂ©buchantes marquĂ©es d’une tĂȘte de CĂ©sar, mais une matiĂšre magique, une monnaie personnelle, frappĂ©e Ă  l’effigie d’une chimĂšre, au coin du danseur Bathylle. Je n’existais plus. Elle Ă©tait seule. Presque laide, plissant le front avec une dĂ©licieuse indiffĂ©rence Ă  sa propre beautĂ©, elle faisait et refaisait sur ses doigts, avec une moue d’écolier, les additions difficiles. Elle ne m’a jamais tant charmĂ©. p. 78 96De mĂȘme que l’homme riche sait comprendre la femme qui a d’immenses besoins d’argent » ibid., le maĂźtre de Rome devine les motivations et les rĂ©actions de l’obscur esclave des mines de Tarragone qui cherche Ă  le tuer Point illogiquement, il se vengeait sur l’empereur de ses quarante-trois ans de servitude. Je le dĂ©sarmai facilement ; sa fureur tomba ; il se transforma en ce qu’il Ă©tait vraiment, un ĂȘtre pas moins sensĂ© que les autres, et plus fidĂšle que beaucoup » p. 128. Dans une moindre mesure, il parvient mĂȘme Ă  se rapprocher de l’ennemi par excellence, Bar Kochba. La rĂ©volte juive dont ce dernier est le meneur lui est incomprĂ©hensible, mais l’ascension de l’ aventurier » de JĂ©rusalem n’est peut-ĂȘtre pas sans rapport avec la sienne Je ne puis juger ce Simon que par ouĂŻ-dire ; je ne l’ai vu qu’une fois face Ă  face, le jour oĂč un centurion m’apporta sa tĂȘte coupĂ©e. Mais je suis disposĂ© Ă  lui reconnaĂźtre cette part de gĂ©nie qu’il faut toujours pour s’élever si vite et si haut dans les affaires humaines ; on ne s’impose pas ainsi sans possĂ©der au moins quelque habiletĂ© grossiĂšre. p. 254 97Partiellement opaque Ă  lui-mĂȘme, Hadrien n’en est que plus capable de percer l’opacitĂ© des autres, ne serait-ce que parce qu’il la respecte. Sans s’exagĂ©rer les ressemblances ni les diffĂ©rences, il s’éprouve ainsi homme parmi les hommes, et admet je suis comme eux, du moins par moments, ou j’aurais pu l’ĂȘtre » p. 51. En lui, Marguerite Yourcenar construit un personnage exemplairement homme. Hommes et bĂȘtes 41 Sur ce sujet, voir Loredana Primozich, Kou-Kou-HaĂŻ ou le rĂȘve de de l’universel », dans Maria Jo ... 42 Cette couverture et cette dĂ©froque pendue Ă  un clou sentaient le suint, le lait et le sang. Ces ... 43 MĂȘme les Ăąges, les sexes, et jusqu’aux espĂšces, lui paraissaient plus proches qu’on ne le croit ... 44 RĂ©my Poignault, Hadrien, le limes et l’exil », dans Marguerite Yourcenar, Cume an spearwa... » ... 98Les efforts de comprĂ©hension d’Hadrien ne se circonscrivent toutefois pas Ă  l’homme ; ils tendent Ă  s’ouvrir Ă  tout ce qui l’entoure. Si l’humain se dĂ©finit pour une part dans son rapport au divin, il ne trouve son exacte place qu’en s’inscrivant dans le monde naturel. Cette prĂ©occupation, constante chez Marguerite Yourcenar, s’est exprimĂ©e dans ses prises de position Ă©cologistes et ses engagements en faveur de la cause animale, mais Ă©galement dans son Ɠuvre littĂ©raire, depuis Suite d’estampes pour Kou-Kou-HaĂŻ », texte poĂ©tique composĂ© en 1927 en hommage Ă  l’un de ses chiens dont elle fait une figure de l’universel41, jusqu’à sa confĂ©rence du 8 avril 1981 intitulĂ©e, d’aprĂšs l’EcclĂ©siaste, Qui sait si l’ñme des bĂȘtes s’en va en bas ? » et publiĂ©e dans Le Temps, ce grand sculpteur. La thĂ©matique demeure relativement discrĂšte dans MĂ©moires d’Hadrien l’auteur se garde de projeter sur son personnage ses engagements personnels. Hadrien ne va pas jusqu’aux mĂ©ditations de ZĂ©non, qui retrouve dans chaque objet l’ĂȘtre dont il provient42, ou de NathanaĂ«l qui fraternise avec tout ce qui existe43. Il lui arrive nĂ©anmoins de communier avec les Ă©lĂ©ments lorsque, malade, le plaisir de la nage lui est dĂ©fendu, il parvient Ă  le revivre en pensĂ©e et Ă  dĂ©passer le souvenir des sensations humaines pour se fondre dans une eau dont il Ă©prouve ainsi la libre mobilitĂ© Il y eut des moments oĂč cette comprĂ©hension s’efforça de dĂ©passer l’humain, alla du nageur Ă  la vague » p. 15. Il exauce alors mieux que jamais son propre vƓu d’immersion dans le Tout, Ă©voquĂ© par RĂ©my Poignault Le personnage de Marguerite Yourcenar, dans un souci d’indĂ©pendance, souhaiterait abolir toutes les limites ainsi l’humain, atteignant l’universel, coĂŻncidant avec le Tout, il n’y aura plus aucune possibilitĂ© ouverte Ă  un quelconque exil44 » – instant sans doute miraculeux pour un homme immobilisĂ© qui se meurt d’hydropisie. 99C’est cependant surtout dans son rapport au rĂšgne animal qu’Hadrien s’avĂšre capable de franchir les limites de l’humain. FĂ©ru d’art cynĂ©gĂ©tique, il exerce dans la chasse une violence instinctive qui traduit son amour d’une faune qu’il respecte et divinise. Ainsi affirme-t-il avoir toujours entretenu avec la Diane des forĂȘts les rapports changeants et passionnĂ©s d’un homme avec l’objet aimĂ© » p. 13. Tuer une proie n’est pas, dans l’esprit du chasseur, le moyen d’affirmer la suprĂ©matie des hommes sur les bĂȘtes, mais au contraire une maniĂšre de s’égaler Ă  elles, en rĂ©intĂ©grant le cycle naturel des vies et des morts. Hadrien renoue avec d’ancestrales reprĂ©sentations du chasseur lorsqu’il dĂ©taille l’émotion qui le saisit au passage d’un cerf MĂȘme ici, Ă  Tibur, l’ébrouement soudain d’un cerf sous les feuilles suffit [...] Ă  faire tressaillir en moi un instinct plus ancien que tous les autres, et par la grĂące duquel je me sens guĂ©pard aussi bien qu’empereur » p. 14. Mieux encore que la bĂȘte sauvage, l’animal domestiquĂ© enseigne Ă  l’homme ce qu’il est profondĂ©ment un fauve n’est qu’un adversaire, mais un cheval Ă©tait un ami », se souvient Hadrien ibid. Le cheval BorysthĂšnes, auquel l’Hadrien historique fit Ă©lever un tombeau et dont le nom est donnĂ© Ă  un village p. 304, paraĂźt occuper dans la vie de l’empereur une place aussi importante que CĂ©ler, ami des derniĂšres annĂ©es et aide de camp chargĂ© des montures de l’empereur vieillissant. La parfaite docilitĂ© du cheval repose en effet sur une comprĂ©hension Ă©troite et rĂ©ciproque entre l’homme et l’animal il savait exactement, et mieux que moi peut-ĂȘtre, le point oĂč ma volontĂ© divorçait d’avec ma force » p. 15. GrĂące Ă  lui, Hadrien semble bien avoir Ă©tĂ© par instant cette crĂ©ature hybride dans laquelle il projette son moi idĂ©al Si l’on m’avait laissĂ© le choix de ma condition, j’eusse optĂ© pour celle de Centaure », affirme-t-il p. 14 – et l’allusion mythologique est ici bien plus qu’une hyperbole destinĂ©e Ă  traduire la passion de l’art Ă©questre. 45 Cette image de Lucius a-t-elle Ă©tĂ© suggĂ©rĂ©e Ă  Marguerite Yourcenar par la performance rĂ©volutionna ... 46 Voir la signification que Victor Hugo confĂšre Ă  cette figure mythologique dans Le Satyre » prem ... 100À l’image de cet autoportrait en Centaure, les comparaisons et mĂ©taphores choisies par le narrateur traduisent sa perception des ĂȘtres, et d’un monde oĂč les frontiĂšres sont tĂ©nues entre l’humain et l’animal. Pour traduire la lĂ©gĂšretĂ© et l’effronterie capricantes du jeune Lucius, Hadrien Ă©voque un demi-dieu aux pieds et cornes de bouc ce jeune faune dansant45 occupa six mois de ma vie » p. 122. La silhouette de Pan, en qui se rejoignent animalitĂ© et humanitĂ©46, et auquel les faunes sont apparentĂ©s, se profile alors. C’est Ă©galement sous le signe de celui dont le nom signifie Tout » qu’est placĂ©e la rencontre avec AntinoĂŒs l’éraste remarque pour la premiĂšre fois l’éromĂšne lors d’une rĂ©union qui se dĂ©roule au bord d’une source consacrĂ©e Ă  Pan » p. 169. En compagnie de son favori, Hadrien s’adonne aux plaisirs de la musique, et joue - est-ce un hasard ? – de la flĂ»te, instrument associĂ© Ă  la figure mythologique de Pan p. 175. On ne s’étonne guĂšre que, placĂ© sous de tels auspices, le jeune Bythinien ne cesse d’ĂȘtre lui-mĂȘme dĂ©peint comme une crĂ©ature mi-humaine mi-animale. Hadrien voit en lui tantĂŽt un beau lĂ©vrier avide de caresses et d’ordres » p. 170, tantĂŽt un chevreau mis en prĂ©sence d’un reptile » p. 195, tantĂŽt un jeune faon » p. 194. Si ce rĂ©seau mĂ©taphorique suggĂšre le caractĂšre fragile et sauvage d’AntinoĂŒs, et met en relief l’autoritĂ© qu’exerce sur lui Hadrien, il est loin d’ĂȘtre le signe de l’incommunicabilitĂ© tragique qui peu Ă  peu sĂ©pare les deux hommes. Ces images d’animalitĂ© sont peut-ĂȘtre au contraire le peu que l’empereur a su saisir de son favori, fidĂšle et dĂ©vouĂ© jusqu’à s’assimiler lui-mĂȘme, par son suicide, Ă  l’un des animaux familiers d’Hadrien. Les prĂ©ceptes de la sorciĂšre de Canope, qu’AntinoĂŒs respecte Ă  la lettre, spĂ©cifient en effet que le sacrifice est d’autant plus efficace que la crĂ©ature immolĂ©e est proche du bĂ©nĂ©ficiaire Autant que possible », rappelle Hadrien, la victime devait m’avoir appartenu ; il ne pouvait s’agir d’un chien, bĂȘte que la superstition Ă©gyptienne croit immonde ; un oiseau eĂ»t convenu » p. 211. AntinoĂŒs fait tout d’abord l’offrande de son faucon, dont la petite tĂȘte ensommeillĂ©e et sauvage » p. 212 n’est pas sans rappeler le portrait qu’Hadrien trace du jeune homme. Il choisit ensuite de devenir lui-mĂȘme l’oiseau sacrifiĂ©, et se mĂ©tamorphose ainsi en un nouvel Osiris, dieu noyĂ© et pĂšre d’Horus, divinitĂ© solaire Ă  tĂȘte de faucon. Dans le regard d’Hadrien, dans le geste d’AntinoĂŒs, dans l’écriture de Marguerite Yourcenar, l’animal, l’homme et le dieu parfois se confondent, unissant l’individuel et l’universel. Vers un savoir universel 101Homme de la Renaissance avant l’heure, maĂźtre d’un monde mais aussi explorateur d’un monde plus vaste encore au regard duquel il questionne ses propres limites, Hadrien ressemble Ă  l’Adam Ă©voquĂ© par Pic de la Mirandole dans un extrait de l’Oratio de hominis dignitate placĂ© par Marguerite Yourcenar en Ă©pigraphe de L’ƒuvre au noir 47 L’ƒuvre au noir, op. cit., p. 10. Je ne t’ai donnĂ© ni visage, ni place qui te soit propre, ni aucun don qui te soit particulier, ĂŽ Adam, afin que ton visage, ta place, et tes dons, tu les veuilles, les conquiĂšres et les possĂšdes par toi-mĂȘme. Nature enferme d’autres espĂšces en des lois par moi Ă©tablies. Mais toi, que ne limite aucune borne, par ton propre arbitre, entre les mains duquel je t’ai placĂ©, tu te dĂ©finis toi-mĂȘme. Je t’ai placĂ© au milieu de ce monde, afin que tu pusses mieux contempler ce que contient le monde. Je ne t’ai fait ni cĂ©leste ni terrestre, mortel ou immortel, afin que toi-mĂȘme, librement, Ă  la façon d’un bon peintre ou d’un sculpteur habile, tu achĂšves ta propre forme47. 48 De toutes choses connaissables », devise de Pic de la Mirandole. 102Amant passionnĂ© des statues, Hadrien se sculpte lui-mĂȘme par la Disciplina augusta » et la Patientia », mais Ă©galement par la contemplation et la connaissance, qui lui permettent d’amalgamer Ă  sa propre substance l’infinie diversitĂ© du monde. Humain aussi par ses faiblesses, l’Hadrien yourcenarien ne prĂ©tend pas pouvoir tĂ©moigner de omni re scibili48 » ; Ă  travers lui, Marguerite Yourcenar soulĂšve nĂ©anmoins la question de la possibilitĂ© mĂȘme d’un savoir qui tendrait vers l’universel. Libido sciendi... 103Les MĂ©moires d’Hadrien peuvent se lire comme la biographie d’un homme Ă©rudit recomposĂ©e par une femme qui ne l’est pas moins ; ils constituent donc, pour le lecteur, le mode d’accĂšs au savoir d’un ĂȘtre et de son temps, en mĂȘme temps qu’une source d’informations sur cet ĂȘtre et ce temps. Rien de documentaire pourtant dans l’Ɠuvre de Marguerite Yourcenar le savoir y vaut moins pour lui-mĂȘme que pour les rĂ©flexions qu’il suscite. 49 Voir Beatrice Ness, Mystification et crĂ©ativitĂ© dans l’Ɠuvre romanesque de Marguerite Yourcenar, ... 104L’existence mĂȘme de MĂ©moires d’Hadrien est le fruit d’un savoir livresque dont la Note finale permet de saisir l’ampleur et la profondeur rien de ce qui touche, de prĂšs ou de loin, Ă  Hadrien n’a semble-t-il Ă©chappĂ© Ă  Marguerite Yourcenar, qui Ă©numĂšre minutieusement ses sources, et justifie jusqu’aux moindres dĂ©tails de son Ɠuvre, expliquant par exemple que le nom d’ArĂ©tĂ©, bien qu’ arbitrairement [...] donnĂ© Ă  l’intendante de le Villa », provient d’un poĂšme authentique d’Hadrien » p. 351. C’est de l’authenticitĂ© de sa reconstitution » que l’auteur tĂ©moigne en dĂ©voilant l’immense travail d’érudition qui sous-tend le rĂ©cit, persuadĂ©e que sa valeur humaine est [...] singuliĂšrement augmentĂ©e par la fidĂ©litĂ© aux faits » p. 350. Le savoir, et l’accĂšs Ă  la vĂ©ridicitĂ© qui en Ă©mane, seraient donc des valeurs » humaines et littĂ©raires donnant au rĂ©cit son poids, Ă  l’écriture son prix, et Ă  l’auteur sa raison d’ĂȘtre elle a le sentiment d’appartenir Ă  une espĂšce de Gens Ælia, de faire partie de la foule des secrĂ©taires du grand homme, de participer Ă  cette relĂšve de la garde impĂ©riale que montent les humanistes et les poĂštes se relayant autour d’un grand souvenir » p. 344. Cependant Marguerite Yourcenar s’attache Ă  gommer autant que possible de son Ɠuvre les traces de ce savoir la Note est un texte tardif, qui ne lui a pas toujours paru indispensable aux MĂ©moires d’Hadrien et dont elle remet en cause l’utilitĂ©, alors mĂȘme qu’elle la publie Une reconstitution du genre de celle qu’on vient de lire [...] touche par certains cĂŽtĂ©s au roman et par d’autres Ă  la poĂ©sie ; elle pourrait donc se passer de piĂšces justificatives » p. 351. InterrogĂ©e sur ses mĂ©thodes de travail par Matthieu Galey, elle nie avoir effectuĂ© des recherches systĂ©matiques en bibliothĂšque, et met en avant un long et profond processus d’imprĂ©gnation, qui n’a pas nĂ©cessairement Ă©tĂ© menĂ© en vue de la rĂ©daction des MĂ©moires d’Hadrien YO, p. 139-140 la passion de connaĂźtre est bien lĂ , mais non le dĂ©sir de savoir dans un but purement utilitaire. Dans le rĂ©cit lui-mĂȘme enfin, tout ce qui pourrait rappeler au lecteur le sous-bassement Ă©rudit de l’Ɠuvre disparaĂźt l’étude gĂ©nĂ©tique du roman49 rĂ©vĂšle que Marguerite Yourcenar, en mĂȘme temps qu’elle corrigeait ce que son lexique pouvait avoir de trop actuel, a supprimĂ© des fragments de texte consacrĂ©s Ă  la description des mƓurs romaines. 105Cette volontĂ© de fondre dans le creuset du livre la somme de connaissances qui entre dans sa composition relĂšve d’abord d’un souci de vraisemblance. Ce qui n’est accessible Ă  l’écrivain ou au lecteur du XXe siĂšcle que grĂące Ă  des fouilles presque archĂ©ologiques dans d’épaisses strates de tĂ©moignages et de documents est familier Ă  Hadrien et Ă  son correspondant rien ne justifierait donc que l’épistolier s’attarde longuement sur les realia du monde romain, moins encore qu’il s’attache Ă  les expliquer. Mais la dĂ©fiance que l’on perçoit chez Marguerite Yourcenar Ă  l’égard du substrat savant qu’elle considĂšre pourtant comme indispensable Ă  son Ă©criture a Ă©galement des raisons plus profondes, dont la lettre d’Hadrien se fait l’écho. Apprendre tout ne suffit pas Ă  tout savoir, telle semble ĂȘtre la conviction partagĂ©e par l’auteur et son personnage. Avant d’entreprendre le rĂ©cit de son existence, Hadrien examine en effet les moyens de connaissance qui s’offrent Ă  lui pour parler au plus juste, et les dĂ©clare tous imparfaits Comme tout le monde, je n’ai Ă  mon service que trois moyens d’évaluer l’existence humaine l’étude de soi, la plus difficile et la plus dangereuse, mais aussi la plus fĂ©conde des mĂ©thodes ; l’observation des hommes, qui s’arrangent le plus souvent pour nous cacher leurs secrets ou pour nous faire croire qu’ils en ont ; les livres, avec les erreurs particuliĂšres de perspectives qui naissent entre leurs lignes. p. 30 106S’il dĂ©clare prĂ©fĂ©rer la connaissance par les livres Ă  l’observation directe des hommes », mĂ©thode moins complĂšte encore » p. 31, il juge lacunaire par nature le savoir livresque, qui ne fait sens qu’au regard de l’expĂ©rience la vie [lui] a Ă©clairci les livres » p. 30, et ses rĂ©serves rejoignent et explicitent tout Ă  la fois l’attitude prudente de Marguerite Yourcenar Ă  l’égard de ses sources. Selon Hadrien, l’écrit, transmutation du rĂ©el, n’en retient qu’un reflet fragmentaire ou Ă©purĂ©, c’est-Ă -dire nĂ©cessairement faussĂ©, gauchi Je m’accommoderais fort mal d’un monde sans livres, mais la rĂ©alitĂ© n’est pas lĂ , parce qu’elle n’y tient pas tout entiĂšre », rĂ©sume-t-il p. 31. 50 Les philosophes font subir Ă  la rĂ©alitĂ©, pour pouvoir l’étudier pure, Ă  peu prĂšs les mĂȘmes trans ... 107Livre bĂąti avec et sur des livres, les MĂ©moires d’Hadrien disent la passion de lire, le caractĂšre indispensable de la lecture, les pouvoirs du livre, et notamment de la fiction Ă  propos des contes, Hadrien admet bien que ces derniers soient rĂ©putĂ©s frivoles, je leur dois peut-ĂȘtre plus d’informations que je n’en ai recueilli dans les situations assez variĂ©es de ma propre vie » p. 30. Marguerite Yourcenar, et Hadrien plus encore, qui vit Ă  une Ă©poque oĂč une culture exhaustive est encore possible, semblent avoir lu tous les livres » J’ai lu Ă  peu prĂšs tout ce que nos historiens, nos poĂštes, et mĂȘme nos conteurs ont Ă©crit », affirme l’empereur ibid. Ils y puisent un savoir immense, mais aussi la conscience aiguĂ« de ce qui leur Ă©chappe les livres, lieu de naissance de l’Hadrien pensant qui a pu y port[er] pour la premiĂšre fois un coup d’Ɠil intelligent sur soi-mĂȘme » p. 43, ne suffisent cependant pas Ă  lui expliquer sa propre vie. De mĂȘme, pour Marguerite Yourcenar recomposant l’homme qu’il a Ă©tĂ©, Hadrien n’est pas, ou n’est plus, ou n’est pas tout entier dans les livres qui le dĂ©peignent, ni mĂȘme dans les textes qu’il a Ă©crit. Est-il davantage dans MĂ©moires d’Hadrien ? Le roman peut-il autre chose qu’approcher la vĂ©ritĂ© d’un ĂȘtre tout en suggĂ©rant honnĂȘtement, sinon sa propre vanitĂ©, du moins ses limites ? Les impressions Ă©prouvĂ©es par le lecteur et par l’auteur elle-mĂȘme au cours de son travail laissent Ă  penser que oui. Hadrien parle Hadrien pouvait parler de sa vie plus fermement et plus subtilement que moi », disent les Carnets de notes, p. 330, il ment, parfois À de certains moments, d’ailleurs peu nombreux, il m’est mĂȘme arrivĂ© de sentir que l’empereur mentait. Il fallait alors le laisser mentir, comme nous tous », p. 341 et, parce qu’il ment, s’affranchit ce cette rĂ©alitĂ© pure mais atomisĂ©e des philosophes que lui-mĂȘme rĂ©cuse50 le temps d’une lecture, Hadrien existe, parce qu’à l’amour du savoir et de la sagesse se mĂȘlent, dans l’écriture de Marguerite Yourcenar, d’autres amours. ... et magie sympathique » 108La connaissance, et en particulier la connaissance de l’autre ses contemporains pour Hadrien, et Hadrien lui-mĂȘme pour Marguerite Yourcenar, ne relĂšve en effet pas exclusivement de la saisie intellectuelle. Elle peut aussi ĂȘtre le fruit d’une rencontre plus intuitive, presque d’ordre mystique. À seize ans, Hadrien apprend du mĂ©decin LĂ©otichyde, esprit positif et adepte d’une mĂ©thode empirique Ă  prĂ©fĂ©rer les choses aux mots » p. 47. C’est pourtant bien grĂące aux mots, et plus prĂ©cisĂ©ment grĂące Ă  la rhĂ©torique, qu’il a dĂ©couvert peu auparavant la facultĂ© de devenir autre par un effort de l’esprit Quant aux exercices de rhĂ©torique oĂč nous Ă©tions successivement XerxĂšs et ThĂ©mistocle, Octave et Marc-Antoine, ils m’enivrĂšrent ; je me sentis ProtĂ©e. Il m’apprirent Ă  entrer tour Ă  tour dans la pensĂ©e de chaque homme, Ă  comprendre que chacun dĂ©cide, vit et meurt selon ses propres lois. p. 44 51 Edith Marcq, L’empathie ou une maniĂšre d’écriture yourcenarienne », dans Marguerite Yourcenar, Ă© ... 109L’ivresse Ă  la fois naĂŻve et profonde de l’étudiant grec » n’est pas sans lien avec les rituels d’écriture mis en place par Marguerite Yourcenar elle-mĂȘme, que les mots mĂšnent aux choses et aux ĂȘtres. La connaissance Ă©rudite et aussi exhaustive que possible de son sujet lui offre en effet la possibilitĂ© d’une intimitĂ© vĂ©ritable avec les ĂȘtres qu’elle Ă©voque comme on Ă©voque un esprit. Les Carnets de notes dĂ©crivent une mĂ©thode dans laquelle savoir et sensation sont indissociables, et qui conduit Ă  un contact, Ă  une communication, voire Ă  une communion avec ce qui Ă©chappe Ă  l’intellect Un pied dans l’érudition, l’autre dans la magie, ou plus exactement, et sans mĂ©taphore, dans cette magie sympathique qui consiste Ă  se transporter en pensĂ©e Ă  l’intĂ©rieur de quelqu’un » p. 330. Pour que les MĂ©moires d’Hadrien dĂ©passent l’aporie des livres oĂč la rĂ©alitĂ© n’entre pas tout entiĂšre », il ne suffit pas de tout savoir de l’empereur l’auteur Ă©prouve Ă©galement le besoin de sentir avec lui, de sentir en lui ce qu’il a Ă©tĂ©. La sympathie est alors Ă  entendre dans son sens le plus courant comme dans son sens Ă©tymologique la magie » sans doute, ne saurait opĂ©rer sans certaines affinitĂ©s Ă©lectives qui unissent la crĂ©atrice et son personnage, mais elle consiste Ă  participer Ă  ses joies, Ă  ses peines, Ă  ses passions, Ă  Ă©prouver les propres lois » de l’autre, Ă  un tel degrĂ© que l’on a pu qualifier d’empathique l’écriture yourcenarienne51. 110Et peut-ĂȘtre est-ce par ce goĂ»t et cette facultĂ© de se fondre en l’autre que Marguerite Yourcenar rejoint le plus Ă©troitement le personnage qu’elle rĂ©invente. Il s’agit lĂ  en effet de l’une des prĂ©occupations constantes d’Hadrien tel qu’elle le reprĂ©sente, tel qu’elle dit l’avoir entendu. Tout au long de son existence, il semble chercher Ă  retrouver l’éblouissement causĂ© par les exercices de rhĂ©torique qui avaient ressuscitĂ© en lui d’illustres disparus. Mais le prodige, alors, s’étend aux vivants comme aux morts, aux intimes comme aux inconnus, et potentiellement Ă  tout ĂȘtre. Lorsqu’il s’agit d’AntinoĂŒs, ces tentatives achoppent les marbres les plus criants de ressemblance ne peuvent redonner vie au dĂ©funt, les efforts les plus douloureux pour retrouver ses ultimes sensations ne peuvent permettre Ă  l’endeuillĂ© de vivre sa mort Je reconstituais le flĂ©chissement de la passerelle sous les pas pressĂ©s, la berge aride, le dallage plat ; le couteau qui scie une boucle au bord de la tempe ; le corps inclinĂ© ; la jambe qui se replie pour permettre Ă  la main de dĂ©nouer la sandale ; une maniĂšre unique d’écarter les lĂšvres en fermant les yeux. Il avait fallu au bon nageur une rĂ©solution dĂ©sespĂ©rĂ©e pour Ă©touffer dans cette boue noire. l’essayai d’aller en pensĂ©e jusqu’à cette rĂ©volution par oĂč nous passerons tous, le coeur qui renonce, le cerveau qui s’enraye, les poumons qui cessent d’aspirer la vie. Je subirai un bouleversement analogue. Mais chaque agonie est diffĂ©rente ; mes efforts pour imaginer la sienne n’aboutissaient qu’à une fabrication sans valeur il Ă©tait mort seul. p. 223-224 111Le caractĂšre ineffable et incomprĂ©hensible de chaque mort n’est cependant peut-ĂȘtre pas le vĂ©ritable obstacle Ă  cette tentative de souffrir le trĂ©pas d’un autre. Marguerite Yourcenar dit s’y ĂȘtre essayĂ©e, et semble-t-il avec plus de succĂšs, puisque l’expĂ©rience de la mort revĂ©cue d’Hadrien a donnĂ© naissance aux derniĂšres pages du livre Le 26 dĂ©cembre 1950, par un soir glacĂ©, au bord de l’Atlantique, dans le silence presque polaire de l’Île des Monts DĂ©serts, aux États-Unis, j’ai essayĂ© de revivre la chaleur, la suffocation d’un jour de juillet 138 Ă  BaĂŻes, le poids du drap sur les jambes lourdes et lasses, le bruit presque imperceptible de cette mer sans marĂ©es arrivant çà et lĂ  Ă  un homme occupĂ© des rumeurs de sa propre agonie. J’ai essayĂ© d’aller jusqu’à la derniĂšre gorgĂ©e d’eau, le dernier malaise, la derniĂšre image. L’empereur n’a plus qu’à mourir. p. 342-343 112Si Hadrien ne peut faire l’expĂ©rience des derniers instants d’AntinoĂŒs, c’est plus vraisemblablement parce que la solitude extrĂȘme, par essence, ne se partage pas rejoindre le jeune homme, sympathiser avec lui dans son suicide impliquerait qu’il cesse d’ĂȘtre lui-mĂȘme, et Hadrien se montre attentif Ă  ne pas dĂ©naturer le dernier acte de son amant, dĂ»t-il pour cela renoncer Ă  le comprendre En prenant sur moi toute la faute, je rĂ©duis cette jeune figure aux proportions d’une statuette de cire que j’aurais pĂ©trie, puis Ă©crasĂ©e entre mes mains. Je n’ai pas le droit de dĂ©prĂ©cier le singulier chef-d’Ɠuvre de son dĂ©part ; je dois laisser Ă  cet enfant le mĂ©rite de sa propre mort » p. 189. 113Hors de cet extrĂȘme, tout paraĂźt avoir Ă©tĂ© accessible aux facultĂ©s sympathiques d’Hadrien. Sans doute mĂȘme a-t-il vu parfois la figure opaque d’AntinoĂŒs s’éclairer pour lui grĂące Ă  la communion sensuelle dans laquelle il trouve le plus sĂ»r moyen de connaĂźtre vĂ©ritablement l’autre J’ai rĂȘvĂ© parfois d’élaborer un systĂšme de connaissance humaine basĂ© sur l’érotique, une thĂ©orie du contact, oĂč le mystĂšre et la dignitĂ© d’autrui consisteraient prĂ©cisĂ©ment Ă  offrir au Moi ce point d’appui d’un autre Monde. La voluptĂ© serait dans cette philosophie une forme plus complĂšte, mais aussi plus spĂ©cialisĂ©e, de cette approche de l’Autre, une technique de plus mise au service de la connaissance de ce qui n’est pas nous. Dans les rencontres les moins sensuelles, c’est encore dans le contact que l’émotion s’achĂšve ou prend naissance [...]. Avec la plupart des ĂȘtres, les plus superficiels de ces contacts suffisent Ă  notre envie, ou mĂȘme l’excĂšdent dĂ©jĂ . Qu’ils insistent, se multiplient autour d’une crĂ©ature unique jusqu’à la cerner tout entiĂšre ; que chaque parcelle d’un corps se charge pour nous d’autant de significations bouleversantes que les traits d’un visage ; qu’un seul ĂȘtre, au lieu de nous inspirer tout au plus de l’irritation, ou du plaisir, ou de l’ennui, nous hante comme une musique et nous tourmente comme un problĂšme ; qu’il passe de la pĂ©riphĂ©rie de notre univers Ă  son centre, nous devienne plus indispensable que nous-mĂȘmes, et l’étonnant prodige a lieu, oĂč je vois bien davantage un envahissement de la chair par l’esprit qu’un simple jeu de la chair. p. 22-23 114Sous les espĂšces du prodige et du jeu sĂ©rieux oĂč tout l’ĂȘtre s’engage, c’est bien d’un rituel magique que le narrateur construit ici la thĂ©orie, et il ne diffĂšre somme toute guĂšre des pratiques apotropaĂŻques de la sorciĂšre de Canope. De mĂȘme que le sacrifice d’une crĂ©ature protĂšge son propriĂ©taire selon une logique de contiguĂŻtĂ©, le contact avec un corps permet d’atteindre l’esprit qu’il recĂšle. Une fois de plus, les mĂ©ditations du personnages viennent redoubler les expĂ©riences qui ont prĂ©sidĂ© Ă  sa crĂ©ation, car Marguerite Yourcenar a elle aussi vĂ©cu des rencontres spirituelles suscitĂ©es par un contact physique. L’émotion avec laquelle elle dĂ©crit, dans les Carnets de notes, un profil d’AntinoĂŒs ciselĂ© dans une sardoine laisse deviner les vertus qu’elle accorde Ă  cet objet ; la pierre lui permet de rejoindre, non pas l’éphĂšbe dont elle garde l’image, ni mĂȘme l’artiste qui l’a finement sculptĂ©e, mais l’homme qui l’a tenue entre ses mains Le second de ces chefs-d’Ɠuvre est l’illustre sardoine qui porte le nom de Gemme Marlborough, parce qu’elle appartient Ă  cette collection aujourd’hui dispersĂ©e ; cette belle intaille semblait Ă©garĂ©e ou rentrĂ©e sous terre depuis plus de trente ans. Une vente publique l’a remise en lumiĂšre en janvier 1952 ; le goĂ»t Ă©clairĂ© du grand collectionneur Giorgio Sangiorgi l’a ramenĂ©e Ă  Rome. J’ai dĂ» Ă  la bienveillance de ce dernier de voir et de toucher cette piĂšce unique. [...] De tous les objets encore prĂ©sents aujourd’hui Ă  la surface de la terre, c’est le seul dont on puisse prĂ©sumer avec quelque certitude qu’il a souvent Ă©tĂ© tenu entre les mains d’Hadrien. p. 338 115Le puissant rituel du contact n’est toutefois pas toujours nĂ©cessaire pour qu’opĂšre la magie de la rencontre sympathique. Une alchimie immĂ©diate, au-delĂ  des gestes et des mots, permet ainsi la comprĂ©hension parfaite et rĂ©ciproque d’Hadrien et de Plotine L’intimitĂ© des corps, qui n’exista jamais entre nous, a Ă©tĂ© compensĂ©e par ce contact de deux esprits Ă©troitement mĂȘlĂ©s l’un Ă  l’autre. Notre entente se passa d’aveux, d’explications, ou de rĂ©ticences les faits eux-mĂȘmes suffisaient », se souvient l’empereur p. 96. Aussi le miracle d’une communion poursuivie au-delĂ  de la mort peut-il advenir la mort changeait peu de chose Ă  cette intimitĂ© qui depuis des annĂ©es se passait de prĂ©sence ; l’impĂ©ratrice restait ce qu’elle avait Ă©tĂ© pour moi un esprit, une pensĂ©e Ă  laquelle s’était mariĂ©e la mienne » p. 182. Et l’on se plaĂźt Ă  imaginer que Marguerite Yourcenar, nouvelle Plotine, n’avait pas mĂȘme besoin d’une gemme passĂ©e entre les mains de son personnage pour marier sa pensĂ©e Ă  la sienne. À travers lui, elle accĂšde Ă©galement Ă  la connaissance de chaque ĂȘtre, puisqu’Hadrien affirme y ĂȘtre parvenu par la mĂ©moire des gestes et des sensations auxquels la maladie l’a contraint de renoncer Ainsi, de chaque art pratiquĂ© en son temps, je tire une connaissance qui me dĂ©dommage en partie des plaisirs perdus. J’ai cru, et dans mes bons moments je crois encore, qu’il serait possible de la sorte de partager l’existence de tous, et cette sympathie serait l’une des espĂšces les moins rĂ©vocables de l’immortalitĂ©. p. 15 116 L’une des espĂšces [...] de l’immortalitĂ© », et non la seule, Ă©crit Hadrien. Le livre en est une autre. En immortalisant par l’écriture un ĂȘtre auquel elle donne la conscience d’avoir Ă©tĂ© reliĂ© Ă  tout et tous, Marguerite Yourcenar prolonge la grande chaĂźne des sympathies et offre Ă  ses lecteurs de s’y rattacher. Vecteur d’un autre contact magique, un petit volume de papier imprimĂ©, parce qu’il peut ĂȘtre multipliĂ© presque Ă  l’infini, s’avĂšre un talisman plus puissant encore que l’unique et sublime sardoine oĂč se lit le profil d’un adolescent grec. Voirle modĂšle. Percy Jackson et les Dieux Grecs est un livre hors sĂ©rie relatant les principaux mythes concernant les dieux de l' Olympe. Il est racontĂ© du point de vue de Percy Jackson. Le livre est paru le 19 aoĂ»t 2014 aux États-Unis, et la version française est disponible depuis le 1er octobre 2014. Couverture de la version illustrĂ©e. Bonjour, Cet article n'est pas de moi, je l'ai trouvĂ© sur Ultim40k sur ce lien, mais il devrait aider les personnes qui souhaitent Ă©crire un historique pour leur chapitre maison. Je vous en propose ici la version de dĂ©but mai 2012 de Nash Ă  qui tout le crĂ©dit de la traduction de l'article originel revient, version qui sera/a Ă©tĂ© Ă©ditĂ©e par lui. DĂšs que j'aurai 5 minutes je corrigerai les liens morts. Si j'ai bien suivi l'appendice 3 est entiĂšrement de lui. Je rĂ©pĂšte l'article n'est pas de moi I didn't write it j'ai juste ajoutĂ© une remarque apparemment non pertinente sur la Raven Guard. Il est une suite plus dĂ©veloppĂ©e de l'article que j'avais prĂ©cĂ©demment Ă©crit sur la crĂ©ation de chapitre perso. J'ai volontairement laissĂ© les liens dans le texte permettant de retourner sur le forum dont il est issu, vous avez ainsi la possibilitĂ© de rĂ©agir aux articles. Ce qui suit est, pour une grande partie, une traduction d'un article collectif en anglais créé sur le site Bolter & Chainsword, mis Ă  jour, corrigĂ© et Ă©tendu par mes soins. Toute personne qui dĂ©sire crĂ©er son Chapitre Space Marine "maison" y trouvera une sĂ©rie de conseils et d'informations sur le fluff officiel des Space Marines qu'il est nĂ©cessaire de prendre en compte... Ce sujet est reservĂ© aux articles d'aide Ă  la crĂ©ation de Chapitre et a donc Ă©tĂ© vĂ©rouillĂ©, pour tout commentaire ou toute question voir ce sujet... Introduction Comme toute personne qui a dĂ©jĂ  dĂ©cidĂ© de crĂ©er son propre Chapitre le sait, la partie la plus dure est de trouver quelque chose d'original, plein de caractĂšre et qui n'a pas dĂ©jĂ  Ă©tĂ© fait un million de fois auparavant. Cette liste a Ă©tĂ© créée pour aider ceux qui dĂ©sirent crĂ©er leur chapitre et leur permettre d'Ă©viter les piĂšges et les clichĂ©s qui sont apparus au fil des ans et ainsi crĂ©er des chapitres intĂ©ressants qui s'intĂšgrent dans les 25 ans de fluff officiel. Car aprĂšs tout, c'est ce qui fait ce qu'est 40k aujourd'hui. Cette liste ne constitue pas des rĂšgles immuables mais plutĂŽt un guide. En fait, il y a des occasions oĂč briser l'une des "lois du fluff" de 40k peut s'avĂ©rer valoir le coup et permettre de crĂ©er quelque chose d'unique... Mais cela nĂ©cessite de connaitre son sujet parfaitement. Je tiens Ă  remercier tous les membres de B&C qui ont participĂ© Ă  l'Ă©laboration de cette liste. [Et tout particuliĂšrement ses rĂ©dacteurs Rogue Trader, Aurelius Rex, Kurgan_the_Lurker, Commissar Molotov et Several Concerned Cricketers -NdT] Les choses Ă  faire... Je le rĂ©pĂšte, cette liste ne constitue pas de vĂ©ritables rĂšgles mais plutĂŽt des indications. Ceci dit, les 2 rĂšgles d'or qui suivent sont ce qu'il y a de plus proche de rĂšgles pures et dures... ++ RĂšgle d'or n°1 Soyez aussi original que possible. On dit souvent qu'il n'y a pas d'idĂ©es originales, quelqu'un, quelque part aura toujours pensĂ© Ă  la mĂȘme chose que vous. Mais cela ne signifie pas que votre chapitre maison ne peut pas ĂȘtre original. S'inspirer d'un chapitre existant, d'un livre, d'un film, d'une pĂ©riode de l'histoire, d'une culture ou quoi que ce soit d'autre est une bonne idĂ©e. Cependant, ne copiez pas l'idĂ©e de dĂ©part en entier; ajoutez quelque chose, retirez quelque chose, jouez avec un moment, vous serez probablement surpris du rĂ©sultat final... ++ RĂšgle d'or n°2 Soyez prĂȘt Ă  accepter la critique de vos idĂ©es, et Ă  corriger votre Index Astartes en consĂ©quence. Si vous postez votre IA, c'est que vous voulez l'amĂ©liorer. Le but principal est de partager vos idĂ©es avec d'autres personnes dans la mĂȘme situation et d'obtenir autant de points de vue que possible pour vous aider dans votre processus crĂ©atif. Vous n'ĂȘtes pas obligĂ© de prendre en compte l'intĂ©gralitĂ© des conseils et suggestions qui vous seront donnĂ©es, vous n'ĂȘtes pas obligĂ© de les aimer, mais il est inutile de poster un IA si vous n'ĂȘtes pas prĂȘt Ă  considĂ©rer sĂ©rieusement les idĂ©es et suggestions qui seront prĂ©sentĂ©es par ceux qui auront lu votre IA. La majoritĂ© des gens qui rĂ©pondent et prĂ©sentent leur avis le font dans le but de vous aider, souvenez-vous de cela. L'autre face de cette piĂšce est que l'on attendra de la part de ceux qui rĂ©pondent d'apporter des critiques constructives et argumentĂ©es, et non pas coller une Ă©tiquette "ridicule" ou "sans valeur" sur vos idĂ©es. Votre chapitre maison c'est votre bĂ©bĂ©, nous comprenons tous cela car nous avons tous Ă©tĂ© dans cette situation un jour ou l'autre. Mais il est important de savoir lĂącher une idĂ©e quand son potentiel s'est effritĂ© au-delĂ  de toute rĂ©cupĂ©ration. N'ayez pas peur de laisser tomber une idĂ©e ou de la retravailler pour qu'elle "colle". Au pire, vous pourrez toujours utiliser une idĂ©e abandonnĂ©e pour crĂ©er un autre chapitre maison, plus tard. Un bon IA se dĂ©veloppera presque de lui-mĂȘme, prenant vie, n'ayez pas peur de le laisser grandir... ++ Ayez un thĂšme bien dĂ©fini pour votre chapitre et suivez le jusqu'au bout. La partie la plus dure et la plus vitale dans la crĂ©ation d'un chapitre maison est de lui donner un thĂšme, de lui donner une identitĂ© ou un objectif unique et ensuite de "broder" ce thĂšme au cƓur de chacun des aspects de leur caractĂšre. Une fois ce thĂšme dĂ©fini vous pourrez vous pencher sur les autres aspects de votre chapitre, comment son nom, son monde d'origine, son histoire, sa doctrine de combat, son organisation, ses relations avec l'extĂ©rieur et son cri de guerre peuvent y ĂȘtre reliĂ©. En faisant cela, le chapitre commence Ă  devenir plus rĂ©aliste, et en fait bien plus facile Ă  dĂ©crire, au lieu de n'ĂȘtre qu'un ensemble disparate d'idĂ©es jetĂ©es ensemble. Si vous avez une idĂ©e que vous aimez mais qui ne cadre pas avec le thĂšme de votre chapitre, mettez-la de cotĂ© pour plus tard. Son temps viendra sĂ»rement pour un autre projet... ++ Lisez autant de fluff que possible. Cela parait Ă©vident mais le plus vous lirez de fluff, le plus vous pourrez vous faire une idĂ©e de ce qui est ou pas possible Ă  l'intĂ©rieur du cadre narratif dĂ©fini par GW pour l'univers de 40k. Ainsi vous serez plus Ă  mĂȘme d'Ă©crire un background pour votre chapitre qui soit, non seulement plausible, mais aussi "fluffique". Et il n'y a rien de plus gratifiant que de savoir que l'on vient de crĂ©er un IA qui se fond complĂštement dans l'univers 40k. ++ Faites des recherches sur ce que vous avez dĂ©cidĂ© pour votre chapitre. Renseignez-vous sur le Secteur dans lequel vous voulez baser votre chapitre. Vous trouverez ainsi les Ă©vĂ©nements qui ont marquĂ© ce secteur, quels systĂšmes et planĂštes le composent, quels types d'ennemis votre chapitre aura le plus de chances de rencontrer... Renseignez-vous sur le patrimoine gĂ©nĂ©tique que votre chapitre utilise, y a-t'il quelque chose d'inhabituel Ă  son propos, une mutation mineure d'un des organes Raven Guard, ou des organes qui manquent Imperial Fists? [Voir l'Appendice 3 Chapitres Successeurs et Patrimoine GĂ©nĂ©tique pour de plus amples informations Ă  ce propos. -NdT] ++ Commencez par faire un rĂ©sumĂ© de vos idĂ©es. CrĂ©er un bon IA est un processus holistique, au fur et Ă  mesure qu'une partie se dĂ©veloppe, elle peut inspirer des idĂ©es qui affecteront directement d'autres parties. Il est donc souvent plus utile de dĂ©velopper l'IA dans son ensemble plutĂŽt que de passer du temps Ă  dĂ©velopper, par exemple, la section sur le monde d'origine avant de passer aux doctrines de combat pour finalement vous rendre compte que vous avez eu une idĂ©e durant la rĂ©daction des tactiques qui nĂ©cessite un changement au niveau du monde... Commencer avec les bases ne peut pas vous faire de mal Quel est leur patrimoine gĂ©nĂ©tique? Quelle est leur fondation? Quel est le symbole du chapitre? Ses couleurs? A quoi ressemble leur monde d'origine et quel type de culture abrite-t-il? Est-ce un monde-ruche? Un monde Sauvage? etc OĂč dans l'Imperium sont-ils basĂ©s? Cela aide particuliĂšrement Ă  dĂ©finir leurs ennemis les plus courants. Quelle est leur doctrine de combat? PrĂ©fĂšrent-ils le corps Ă  corps ou Ă©craser l'ennemi sous des tirs massifs? Comment sont-ils organisĂ©s? Suivent-ils le Codex Astartes Ă  la lettre ou sont-ils un peu diffĂ©rents? Quelles sont leurs croyances? ++ Restez simple, rien ne bat des idĂ©es simples. Une idĂ©e simple et bien Ă©crite est infiniment prĂ©fĂ©rable Ă  une intrigue complexe mais moins bien conçue. De plus, il est en fait bien plus simple d'Ă©crire Ă  propos d'une idĂ©e simple, ce qui est un bonus intĂ©ressant. Vous vous rendrez aussi compte qu'une fois que vous aurez posĂ© les bases clairement, les idĂ©es commenceront Ă  se dĂ©velopper d'elles-mĂȘmes en quelque chose de plus complexe. ++ Laissez le fluff dicter les traits et non pas le contraire. Commencez par Ă©crire votre IA, puis dĂ©cidez des traits qui collent Ă  votre fluff. Il est prĂ©fĂ©rable de faire de cette façon que de tenter de faire coller votre background Ă  vos traits prĂ©fĂ©rĂ©s. Vous vous retrouveriez le plus souvent avec une version bancale de votre vision originale du chapitre parce que vous aurez dĂ» "bidouiller" le fluff pour que ça colle. La derniĂšre chose que vous vouliez est d'investir du temps et de la sueur dans l'Ă©criture d'un IA complet, juste pour vous rendre compte que vous n'ĂȘtes pas content du rĂ©sultat final parce qu'il ne correspond pas Ă  ce que vous vouliez pour commencer. ++ Utilisez un patrimoine gĂ©nĂ©tique stable. Le fluff officiel nous apprend que les 2/3 des chapitres furent créés en utilisant le patrimoine gĂ©nĂ©tique des Ultramarines. Il y a donc de fortes chances que ce soit le cas de votre chapitre, cela ne vous oblige pas Ă  en faire des sosies des UM pour autant. [Cf. Mortifactors par exemple -NdT] Le patrimoine gĂ©nĂ©tique suivant par ordre d'utilisation est celui des Imperial Fists. Puis viennent ceux des White Scars, Salamanders et Iron Hands, tous utilisĂ©s assez rĂ©guliĂšrement. Par contre ceux des Blood Angels et Raven Guard sont plus rarement utilisĂ©s Ă  cause de leurs anomalies gĂ©nĂ©tiques. Celui des Dark Angels, bien que pur est rarement utilisĂ© pour des raisons "politiques". Et enfin, celui des Space Wolves n'a plus Ă©tĂ© utilisĂ© depuis les problĂšmes rencontrĂ©s par les Wolf Brothers peu aprĂšs la Seconde Fondation. ++ Rappelez-vous que l'ambigĂŒitĂ©, au bon endroit, peut ĂȘtre une bonne chose. AmbigĂŒitĂ©, conjecture, thĂ©ories de conspiration... UtilisĂ© correctement tout cela peut amener un air de mystĂšre Ă  votre chapitre. Vous insĂ©rerez ainsi une intrigue juteuse qui chatouillera le lecteur. Par exemple, les gens se posent toujours des questions Ă  propos des deux lĂ©gions disparues, il y a des conjectures Ă  propos de l'implication de l'Inquisition et de l'Officio Assassinorum dans la chute des Celestial Lions durant la 3Ăšme guerre pour Armageddon et la destruction de la forteresse-monastĂšre des Crimson Fists... Et qu'en est-il des mains mĂ©talliques de Ferrus Manus, les doit-il Ă  un combat contre un C'tan? Tout comme un magicien, ne rĂ©vĂ©lez pas tous vos secrets... ++ Bien sĂ»r ce sont des hĂ©ros, mais assurez vous qu'ils restent crĂ©dibles. Votre chapitre est votre point de focale narrative, les "hĂ©ros" si vous prĂ©fĂ©rez, et il est clair que leurs actions et batailles doit ĂȘtre prĂ©sentĂ© sous un angle positif, mais assurez-vous de rester crĂ©dible. Si vous affirmez qu'ils ont annihilĂ© une lĂ©gion renĂ©gate largement supĂ©rieure en nombre sans subir la moindre perte, puis qu'ils donnĂšrent une fessĂ©e Ă  Abaddon avant de lui voler son EpĂ©e-DĂ©mon, alors vous avez dĂ©passĂ© les bornes et n'espĂ©rez pas d'autre rĂ©ponse que "Ouais, c'est ça... " ++ Utilisez un des chapitres GW si vous le dĂ©sirez. GW crĂ©e un nombre important de chapitres et souvent n'y accorde ensuite plus aucune attention, fournissant ainsi l'opportunitĂ© au crĂ©ateur de chapitre maison novice d'en prendre les rennes. Ces chapitres peuvent ĂȘtre divisĂ©s en 2 catĂ©gories les chapitre "Ă©tablis", pour lesquels un nom, un schĂ©ma de couleurs et un peu de fluff existent les White Consuls par exemple et ceux qui ne sont qu'un nom et un schĂ©ma de peinture comme beaucoup de ceux de l'Insignum Astartes ou de cette liste par exemple. Une chose importante Ă  retenir en choisissant l'un de ces chapitres est que GW peut un jour dĂ©cider de dĂ©velopper plus ce chapitre, balançant ainsi votre beau boulot par la fenĂȘtre. Mais, si vous ĂȘtes prĂȘt Ă  prendre ce risque, alors dĂ©velopper un de ces chapitre peut-ĂȘtre une expĂ©rience gratifiante. ...et celles Ă  ne pas faire +++ Patrimoine gĂ©nĂ©tique +++ ++ N'affirmez pas que votre chapitre a Ă©tĂ© créé en utilisant un patrimoine gĂ©nĂ©tique d'une LĂ©gion RenĂ©gate. Il n'y a aucune raison de faire cela, l'Imperium possĂšde des stocks bien fournis d'Implants loyalistes, et bien qu'ils possĂšdent aussi des stocks d'implants de traitres, ils sont gardĂ©s dans des chambres Ă  stase fermĂ©es. Bien sĂ»r, il n'y a aucune raison qui vous interdise l'option que votre chapitre ne connaisse pas ses origines Ă  cause de la perte ou de la destruction de leurs archives par exemple et de suggĂ©rer sans jamais le dire clairement qu'il ait pu ĂȘtre créé Ă  partir d'un patrimoine gĂ©nĂ©tique de traitre... [Cf. le lien supposĂ© Blood Ravens/Thousand Sons -NdT] ++ N'utilisez pas le patrimoine gĂ©nĂ©tique des Space Wolves pour votre chapitre. D'une certaine façon, cela rejoint le problĂšme des Implants de Traitres. Un seul autre chapitre fut créé en utilisant les gĂšnes des Space Wolves, les Wolf Brothers, et ils n'existent plus. AprĂšs cela l'utilisation du patrimoine gĂ©nĂ©tique des Space Wolves fut interdite. La seule façon "fluff" qui vous permettrait de contourner ce problĂšme est de crĂ©er un chapitre de la Fondation Maudite 21Ăšme ou de la Fondation Obscure 13Ăšme, mais il est trĂšs improbable qu'un tel chapitre connaisse l'origine de ses implants. Il est souvent bien plus simple d'utiliser les rĂšgles des Space Wolves et de renommer l'Ă©quipement et trouver une nouvelle idĂ©e pour justifier l'utilisation de ces rĂšgles. [Depuis la sortie du Codex Dark Angels V5 le paragraphe suivant n'est plus vraiment valide. Cependant certains de ses conseils peuvent toujours ĂȘtre intĂ©ressants pour ceux qui souhaitent coller au "vieux fluff"... -NdT] ++ N'affirmez pas que votre chapitre successeur des Dark Angels chasse les DĂ©chus. Le fluff officiel Ă©tabli clairement que seul les chapitres d'ImpardonnĂ©s les Dark Angels et leurs 3 chapitres successeurs de la 2nde Fondation sont au courant de l'existence des DĂ©chus. Aucun des chapitres de la 3Ăšme fondation, ni des fondations suivantes, ne sont au courant. Votre chapitre n'est pas une exception. Si vous utilisez les rĂšgles des Dark Angels, il existe plein d'explications alternatives possibles pour la rĂšgle "La Traque des DĂ©chus". Soyez crĂ©atif! ++ Ne touchez pas aux patrimoines gĂ©nĂ©tiques. La modification et le mĂ©lange des Implants est une mauvaise idĂ©e, dans les rares occasions oĂč la manipulation d'Implants a Ă©tĂ© tentĂ©e cela a abouti Ă  de mauvaises choses pour le chapitre en question voir les Lamenters ou les Relictors par exemple. Le patrimoine gĂ©nĂ©tique est le saint des saints, il est la part du Primarque implantĂ©e dans un Marine pour le rendre surhumain. Diluer ou manipuler les saints restes d'un Primarque est probablement la plus grande hĂ©rĂ©sie possible. La seule occasion ou vous pouvez vous en sortir avec un patrimoine gĂ©nĂ©tique hybride et de crĂ©er un chapitre de la Fondation Maudite 21Ăšme ou Obscure 13Ăšme, et mĂȘme dans ce cas, je ne le recommanderais pas. ++ N'affirmez pas que votre chapitre a rĂ©solu la MalĂ©diction de Sanguinius. Le patrimoine gĂ©nĂ©tique de Sanguinius affecte ceux qui le reçoivent de façon encore plus forte que tout autre. En plus de gagner une grande longĂ©vitĂ©, ils hĂ©ritent de la MalĂ©diction de la Rage Noire et de la Soif rouge qui a dĂ©jouĂ© toutes les tentatives de leurs Apothecaria pendant dix mille ans. Et bien que les manipulations peu judicieuses de la Fondation Maudite aie modĂ©rĂ© ses effets, cela a engendrĂ© de sĂ©rieux effets secondaires. [Cf. Lamenters -NdT] Les successeurs des Blood Angels devraient toujours utiliser les rĂšgles du Codex Blood Angels et non pas les traits de chapitre... +++ Origine du Chapitre +++ ++ N'affirmez pas que votre chapitre est l'une des LĂ©gions disparues. Une partie du charme de l'univers du 41Ăšme millĂ©naire vient du fait que l'on ne sait pas tout. Nous ne savons pas ce qu'il est advenu des deux LĂ©gions manquantes, nous ne savons mĂȘme pas pourquoi elles-ont Ă©tĂ© effacĂ©es des archives ImpĂ©riales. C’est une bonne chose, et GW sait trĂšs bien que s'ils nous rĂ©vĂ©laient chaque petit dĂ©tail, nous perdrions tout intĂ©rĂȘt assez vite. ++ N'affirmez pas que votre chapitre est constituĂ© des membres restĂ©s loyaux d'un LĂ©gion ayant trahi durant l'HĂ©rĂ©sie. Il semble Ă©vident que tout groupe aux couleurs d'une LĂ©gion renĂ©gate qui pointerait le bout de son nez dans l'espace ImpĂ©rial serait reçu au son des canons et ne survivrait pas assez longtemps pour pouvoir convaincre qui que se soit de sa loyautĂ©... [Peut-ĂȘtre voir ce qu’en disent les livres de l’HĂ©rĂ©sie d’Horus, notamment ceux concernant Garro, notamment Sword of truth » qui sortira en dĂ©cembre 2012] ++ N'affirmez pas que votre chapitre date de la Seconde Fondation. La Seconde Fondation est plus ou moins bouclĂ©e, la seule brĂšche reste les chapitres successeurs des Ultramarines, l'Apocryphe de Skaros affirme que 23 chapitres furent créés mais GW n'en a nommĂ© que 15. [Mais il y a de fortes chances que GW se dĂ©cide Ă  citer les 8 autres un jour, vous plaçant alors dans la mĂȘme situation peu confortable qu'avec d'autres gĂ©nomes... -NdT] ++Ne formez pas de nouveaux chapitres Ă  partir des compagnies perdues/oubliĂ©es d'un autre chapitre. Une compagnie ou un dĂ©tachement d'un chapitre qui disparait ou est "oubliĂ©" par le chapitre "pĂšre" ne crĂ©e pas son propre chapitre mĂȘme s'ils dĂ©cident de repeindre leur armure et de changer leur nom. Une compagnie de Dark Angels sĂ©parĂ©e du chapitre peu importe le temps reste des Dark Angels, et se verrait tout simplement rĂ©intĂ©grĂ©e au chapitre quand elle entrerait en contact avec le Roc... [Cf. la nouvelle Deathwing dans le livre du mĂȘme nom. -NdT] ++ N'affirmez pas que votre chapitre fut créé par un autre. Que la section de commandement du chapitre "Y" soit, Ă  l'origine, formĂ© par des membres du chapitre "X" est raisonnable, mais un chapitre augmentant ses effectifs jusqu'Ă  ce qu'il y ait 1000 Marines surnumĂ©raires pour ensuite les laisser former leur propre chapitre ne tient pas debout... ++ N'affirmez pas que votre chapitre fut créé par insĂ©rez votre Primarque favori ici en secret avant l'HĂ©rĂ©sie. Il n'y avait pas de raison pour que cela arrive. Avant l'HĂ©rĂ©sie les Marines Ă©taient organisĂ©s en LĂ©gions. Pourquoi un Primarque aurait il choisi de diluer son pouvoir plutĂŽt que de simplement ajouter plus d'hommes Ă  sa LĂ©gion? Pour ĂȘtre encore plus clair avec l'existence de 20 LĂ©gions, il n'y avait tout simplement aucun besoin de chapitre "secrets", ils avaient toute la "main d'Ɠuvre" nĂ©cessaire. ++ N'affirmez pas que votre chapitre fut fondĂ© par un 21Ăšme Primarque secret. Il y avait 20 Primarques. Ni plus, ni moins. N'essayez pas de briser 25 ans de fluff en crĂ©ant votre propre Primarque secret, c'est ridicule et sans intĂ©rĂȘt. Quand vous crĂ©ez un chapitre maison, vous pouvez dĂ©finir le caractĂšre de votre chapitre comme vous le voulez, le patrimoine gĂ©nĂ©tique ne joue qu'un rĂŽle mineur. CrĂ©er un nouveau Primarque et un nouveau patrimoine gĂ©nĂ©tique ne fait rien d'autre que retirer toute crĂ©dibilitĂ© Ă  votre chapitre. Et, pour les mĂȘmes raisons, n'affirmez pas que votre chapitre Ă  Ă©tĂ© créé en utilisant le patrimoine gĂ©nĂ©tique de l'Empereur. Seuls les Custodes peuvent le prĂ©tendre [cfr Le premier HĂ©rĂ©tique] ++ Ne tentez pas d'usurper le rĂŽle d'une autre organisation ImpĂ©riale. Habituellement, c'est l'Officio Assassinorum, pour une raison qui m'Ă©chappe. Le rĂŽle des Space Marines n'est pas l'assassinat des dirigeants ennemis, ni de discrĂštement chasser les hĂ©rĂ©tiques, ni de policer une planĂšte ni tout autre rĂŽle dĂ©jĂ  rempli par l'un des organes de la machine ImpĂ©riale respectivement Officio Assassinorum, Ordo Hereticus et Adeptus Arbites au cas oĂč vous vous poseriez la question!. Les Space Marines sont les Anges de la Mort de l'Empereur, une force de frappe chirurgicale composĂ©e de machines Ă  tuer gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©es. Bien qu'ils puissent ĂȘtre appelĂ©s en renfort quand la situation dĂ©passe les capacitĂ©s d'autres organisations ImpĂ©riales, ils rĂšglent le problĂšme et s'en vont. Ils ne dĂ©cident pas soudainement, aprĂšs avoir pacifiĂ© une planĂšte rebelle par exemple qu’ils vont remplir les fonctions d'Arbitrators sur cette planĂšte. Il y a un million de planĂštes dans l'Imperium et un million de Marines pour les protĂ©ger. Les Marines sont bien trop prĂ©cieux pour ĂȘtre gĂąchĂ©s sur des taches qui peuvent ĂȘtre effectuĂ©es par des hommes "moindres". ++ N'affirmez pas que votre chapitre a Ă©tĂ© fondĂ© par qui que ce soit d'autre que les Hauts Seigneurs de Terra. Seuls les Haut Seigneurs de Terra, s'exprimant au nom de l'Empereur, ont le pouvoir d'ordonner la fondation de nouveaux chapitres. Point final. Le fluff officiel est assez clair sur le fait qu'il est extrĂȘmement improbable qu'un Inquisiteur ou un membre de l'Adeptus Mechanicus, etc puisse manƓuvrer les institutions ImpĂ©riales pour permettre la formation d'un chapitre sans que les Haut Seigneurs n'interviennent. [L'exception qui confirme la rĂšgle les Steel Confessors. -NdT] Il est possible cependant de circonvenir au problĂšme en dĂ©cidant que le groupe Inquisition, Adeptus Mechanicus, etc... pĂ©titionne les Haut seigneurs pour la crĂ©ation d'un chapitre avec des missions spĂ©ciales lors de la fondation suivante, gardant ainsi le chapitre dans le cadre "lĂ©gal" tout en autorisant des influences externes sur celui-ci. +++ ClichĂ©s et autres facilitĂ©s narratives +++ ++ Ne perdez pas votre chapitre dans le Warp. Pour une raison simple, c'est vieux, barbant, et surexploitĂ©. Cela n'ajoute rien Ă  l'histoire ou au caractĂšre d'un chapitre. Il existe des tas d'autres maniĂšres de faire disparaitre votre chapitre pour quelques centaines d'annĂ©es si c'est ce que vous voulez. ++ N'affirmez pas que vos Marines sont des femmes. Le fluff est clair sur ce point le dĂ©veloppement des organes spĂ©cifiques des Marines est liĂ© aux hormones mĂąles. Cela ne fonctionne pas avec les femmes. [Pour plus de dĂ©tails sur la raison intrinsĂšque de cette rĂšgle voir le 6Ăšme post de ce sujet. -NdT] ++ Evitez les changements de nom de chapitre. Encore un truc surexploitĂ©. Pourtant, un changement de nom est un Ă©vĂ©nement majeur Ă  lui tout seul pour un chapitre de Space Marines. Il existe des exemples de chapitres qui l'ont fait les Luna Wolves ont changĂ© de nom deux fois par exemple, mais ils portent la marque du Chaos IndĂ©cis! mais de nombreux chapitres peuvent retracer leur histoire sur dix mille ans et peu l'ont fait car ils tiennent la continuitĂ© et l'histoire en haute estime, alors considĂ©rez sĂ©rieusement si un changement de nom est nĂ©cessaire ou s'il ajoute Ă  l'histoire de votre chapitre... MĂȘme une campagne oĂč ils perdent 80% de leurs effectifs ne serait probablement pas suffisante pour le justifier. Leur passage au service des Puissances de la Ruine est le genre de chose qu'ils cĂ©lĂ©breraient sĂ»rement par un changement de nom pour coller Ă  leur nouveaux objectifs, et encore, pas toujours! ++ Evitez le "truc" de l'Inquisiteur renĂ©gat. RĂ©sistez Ă  l'envie de couvrir les dĂ©fauts de votre fluff avec l'intervention soudaine et hors de contexte d'un Inquisiteur renĂ©gat/radical. Un Inquisiteur qui apparait de nulle part, remue sa baguette magique et fait disparaitre ainsi tout les problĂšmes, comme par exemple pourquoi votre chapitre est constituĂ© de femmes / est le successeur loyaliste d'une LĂ©gion renĂ©gate / guĂ©rit subitement de la mutation qui l'afflige, ne fera jamais une bonne histoire. Cela ne peut pas ĂȘtre vu autrement que comme soit une façon sans imagination d'expliquer une caractĂ©ristique potentiellement intĂ©ressante de votre chapitre, soit une tentative dĂ©sespĂ©rĂ©e de rationaliser ce qui Ă©tait une mauvaise idĂ©e dĂšs le dĂ©but. De toutes façons, c'est surfait et ça ne fonctionne pas alors autant l'Ă©viter. ++ Ne confondez pas "dĂ©viation du Codex" avec originalitĂ© et caractĂšre. Ce qui distingue un chapitre c'est comment et pourquoi il fait les choses diffĂ©remment des autres chapitres, mais ne tombez toutefois pas dans le piĂšge de croire que charger votre chapitre avec des dĂ©viations de l'organisation Codex et des "gimmicks" pris sur des chapitres GW, comme un patrimoine gĂ©nĂ©tique hybride, est la mĂȘme chose qu'ĂȘtre original et donner du caractĂšre. Ce n'est pas parce qu’il existe des prĂ©cĂ©dents pour un certain Ă©vĂ©nement que cela avancera l'histoire de votre chapitre. De telles "dĂ©viances" nĂ©cessitent bien plus d'explications pour les intĂ©grer dans le background de votre chapitre qu'un "Mais les Relictors / Space Wolves / Chevaliers Gris peuvent le faire!" Pourquoi cet Ă©vĂ©nement incroyablement rare suffisamment pour que le chapitre GW en question fasse partie des "chapitres de lĂ©gende" arriverait-il Ă  votre chapitre? Et encore plus important, comment un tel Ă©vĂ©nement affecterait-il l'existence mĂȘme de votre chapitre? Bien qu'une ou deux "dĂ©viances" puissent ĂȘtre incorporĂ©es au thĂšme de votre chapitre, voire en devenir le thĂšme lui-mĂȘme, si vous devez intĂ©grer trop de ces Ă©vĂ©nements le chapitre ne pourra qu'en perdre son identitĂ© et voir sa crĂ©dibilitĂ© affaiblie. Ce qui peut ĂȘtre accompli tout en restant dans les contraintes d'un patrimoine gĂ©nĂ©tique normal et d'une organisation Codex est Ă©norme. En fait, cela s'avĂšre bien souvent plus gratifiant, car cela rĂ©clame plus d'imagination et de flair de faire la mĂȘme chose en restant dans ces limites que de se laisser aller aux trop faciles "trucs" de patrimoine gĂ©nĂ©tique hybride, Ă©normes diffĂ©rences d'organisation et autres Inquisiteurs RenĂ©gats... Ne choisissez pas le plus court chemin. Vous apprĂ©cierez d'autant plus le rĂ©sultat si vous allez aux limites de vous-mĂȘme et de votre imagination. ++ N'affirmez pas que vos Marines sont "gentils". Ils ne le sont pas! Les Marines sont des machines Ă  tuer gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©es. D'accord, certains chapitres comme les Salamanders ont un aspect "humanitaire" mais ils ne sont pas gentils et doux pour autant. Ils chantent toujours des CatĂ©chismes de la Haine en allant au combat, et ils dĂ©truiront quiconque ou quoi que ce soit qui s'oppose Ă  la volontĂ© de l'Empereur. Il y a une Ă©norme diffĂ©rence entre aider des rĂ©fugiĂ©s quand il n'y a pas de combats par exemple et choisir d'ignorer la marĂ©e de peaux vertes chargeant pour ramasser le nounours boueux d'une petite fille en pleurs. L'Imperium est un endroit rude oĂč les gens gentils ne survivent pas longtemps. Dans la mĂȘme veine, un chapitre de 1000 Marines ne se transforme pas en ambassadeurs pour nĂ©gocier la reddition de rebelles, ils ne forment pas d'alliances avec des Xenos. Ils les tuent, problĂšme rĂ©solu. ++ N'affirmez pas que votre chapitre a jouĂ© un rĂŽle central dans l'une des campagnes majeures. Les campagnes majeures de GW sont bouclĂ©es. Par exemple, la bataille pour Macragge opposa uniquement les Ultramarines aux Tyranides. Aucun autre chapitre n'Ă©tait prĂ©sent. Cela signifie que le votre n'y Ă©tait pas, peu importe que vous le dĂ©siriez plus que tout. Les campagnes les plus rĂ©centes Armageddon, l'ƒil de la Terreur, Medusa V, etc sont idĂ©ales pour les crĂ©ateurs de chapitres maison car elles permettent Ă  des chapitres mineurs d'avoir jouĂ© un rĂŽle de soutien en arrivant comme renforts, en nettoyant aprĂšs l'un des affrontement connus, ou en jouant un rĂŽle sur la planĂšte dans une zone qui n'a pas Ă©tĂ© trop couverte par le fluff officiel. Bien sĂ»r, affirmer que votre chapitre a jouĂ© un rĂŽle essentiel dans la bataille dĂ©cisive et donc la plus documentĂ©e n'est pas une bonne idĂ©e... MalgrĂ© tout, ce sont vos figues, payĂ©es avec votre fric... Donc faites ce que vous voulez! Mais ne venez pas vous plaindre si on se moque de vos Marines issus d'un croisement entre les Blood Angels et les Iron Hands ayant rĂ©ussi Ă  surmonter la MalĂ©diction de Sanguinius grĂące Ă  l'intervention d'un Inquisiteur Radical qui leur a fourni des armes-dĂ©mon... Ledessin dans l’Egypte ancienne (2) La trĂšs belle exposition organisĂ©e dans l’espace Richelieu par Guillemette Andreu-LanoĂ«, conservateur gĂ©nĂ©ral Voici des fiches rallye-lecture pour des Ă©lĂšves de niveau CM. Pour chaque fiche, je vous mets un rĂ©sumĂ© du livre un niveau de lecture parce que certains romans sont trĂšs simples et d’autres trĂšs ardus mon propre avis sur le livre Ă  l’aide de petits cƓurs comme ça => la fiche questionnaire la fiche correction le lien direct vers amazon Tout en bas de l’article je vous propose le chargement de la totalitĂ© des fiches en 2 fichiers et 12 fiches. De mĂȘme pour les corrections. Chaque nuit, dans un village d’Écosse, des hurlements terrifiants empĂȘchent les gens de dormir. Le jeune Scott est persuadĂ© que ces cris proviennent de l’üle des GĂ©ants, une Ăźle dĂ©serte et mystĂ©rieuse. Pour en avoir le cƓur net, il ne voit qu’une solution y aller ! L’üle des gĂ©ants L’üle des gĂ©ants – Correction Harry a toujours rĂȘvĂ© d’avoir un chien. Plus qu’une envie, c’est un besoin depuis que ses parents ont divorcĂ© et qu’il a emmĂ©nagĂ© avec sa mĂšre dans une ville oĂč il ne connaĂźt personne. Le chien de ses rĂȘves est trĂšs grand, tout noir et trĂšs intelligent. Il n’a donc rien Ă  voir avec la petite boule blanche ridicule que sa mĂšre a trouvĂ©e Ă  la SPA. Harry dĂ©crĂšte aussitĂŽt qu’il n’a rien Ă  faire d’un chien de fille. PĂ©tula La petite chienne aux idĂ©es gĂ©antes PĂ©tula La petite chienne aux idĂ©es gĂ©antes – Correction Sophie ne rĂȘve pas, cette nuit-lĂ , quand elle aperçoit de la fenĂȘtre de l’orphelinat une silhouette immense vĂȘtue d’une longue cape et munie d’une curieuse trompette. Une main Ă©norme s’approche et saisit la petite fille terrifiĂ©e pour l’emmener au pays des gĂ©ants. Mais heureusement, Sophie est tombĂ©e entre les mains d’un gĂ©ant peu ordinaire le Bon Gros GĂ©ant, qui se nourrit de lĂ©gumes et souffle des rĂȘves dans les chambres des enfants
 Le Bon Gros GĂ©ant Le Bon Gros GĂ©ant – Correction Cette nuit, la Vomille est revenue. Maman m’a regardĂ© de son regard Je-t’aime. Elle a posĂ© la couverture sur moi pour me refaire un radeau neuf, avec des draps qui sentent bon le large. Puis Melchior Lescale s’est assis sur mon lit. C’est mon voisin. Avant, il Ă©tait pirate ! A la vie, Ă  la
 A la vie, Ă  la
 – Correction Il est vraiment bizarre Esteban, le nouveau de la classe dont toute l’école se moque. Non seulement il a des vĂȘtements dĂ©modĂ©s, des cheveux en bataille et un air de se foutre de tout, mais en plus il ne parle presque pas. Aurait-il un secret si lourd Ă  porter qu’il ne peut le partager avec personne ? Le mystĂšre Esteban Le mystĂšre Esteban – Correction Nicolas est un petit gamin de maternelle qui rĂ©ussit, alors que la vie Ă  la maison n’est pas drĂŽle du tout, Ă  prendre la vie comme elle vient et Ă  la rĂ©inventer, avec ses copains imaginaires, Petit Toiseau et Fourmisseau. Sur un sujet dĂ©licat, un roman trĂšs drĂŽle, qu’on peut dĂ©guster Ă  tous les Ăąges
 Les tartines au ketcheupe Les tartines au ketcheupe – Correction Pour tous les habitants de l’üle de Bryher, au large de l’Angleterre, Zacharie PĂ©trel, surnommĂ© l’Homme-Oiseau, est un vieux fou un peu sorcier. Pour tous, sauf pour Gracie et Daniel qui, devenus ses amis, dĂ©couvrent un homme solitaire, entourĂ© d’animaux. Mais les deux enfants restent intriguĂ©s par le lien mystĂ©rieux qui unit l’Homme-Oiseau Ă  l’üle de Samson, sur laquelle plane l’ombre d’une ancienne malĂ©diction 
 Le jour des baleines Le jour des baleines – Correction Mes parents n’ont jamais vraiment aimĂ© la vie Ă  la ferme. Alors que moi j’adore jouer dans la grange, sur le vieux tracteur, et surtout Ă©couter Grand-pĂšre parler de son enfance, de son pĂšre, le fameux Caporal, et de Joey, son cheval. Peut-ĂȘtre mĂȘme me racontera-t-il un jour l’histoire de ce vieux tracteur auquel il tient tant. Mais parfois, il devient triste, silencieux et fuit mon regard. Je sens que quelque chose le tourmente
 Quel est le secret de Grand-pĂšre ? Et comment puis-je l’aider ? » Le secret de grand-pĂšre Le secret de grand-pĂšre – Correction Joey le cheval de ferme, devenu cheval de guerre, en 1914, nous raconte son histoire, avec simplicitĂ©. TĂ©moin de la Grande Guerre, il va vivre l’horreur des combats auprĂšs des Britanniques, des Allemands, ou du cĂŽtĂ© des Français. Pour lui, les soldats, les paysans, les officiers, les vĂ©tĂ©rinaires ne sont pas des ennemis, mais des hommes, chez qui il rencontre la bontĂ© comme la mĂ©chancetĂ©. Joey partage leurs souffrances et leurs peurs, et sait leur redonner de l’espoir. Cheval de guerre Cheval de guerre – Correction Courageux, Le Chien ! Pas joli, joli, mais un sacrĂ© cabot ! Comme il se bagarre pour vivre ! Ce qu’il cherche ? Une maĂźtresse. Une vraie, qui l’aime pour de bon. Pomme lui plaĂźt beaucoup, au Chien. Un grand rire, des cheveux comme un soleil
 HĂ©las, elle est tellement capricieuse ! Une vraie caboche, cette Pomme. Comment Le Chien va-t-il l’apprivoiser ? Cabot-Caboche Cabot-Caboche – Correction AffamĂ© et trottinant, Berger parcourt la ville Ă  la recherche d’un enfant. Sa mĂšre lui a souvent rĂ©pĂ©tĂ© les premiers mots que prononce un enfant quand il rencontre un chien inconnu et sĂ©duisant Je peux le garder ? » Berger est sĂ»r de son succĂšs. Les mĂ©moires d’un chien Les mĂ©moires d’un chien – Correction La maman de Bastien est partie, le laissant seul avec son pĂšre. Pour son anniversaire, elle lui a offert un chien, Toufdepoil, qui est devenu son meilleur ami. L’arrivĂ©e d’une Belle-doche » Ă  la maison va tout remettre en question. En effet, elle dĂ©terre la hache de guerre c’est Toufdepoil ou elle ! Bastien sent que son pĂšre va cĂ©der au chantage
 Toufdepoil Toufdepoil – Correction Nous vivions Ă  Paris dans un trois-piĂšces tout moche quand une lettre mystĂ©rieuse est arrivĂ©e, avec un kangourou sur le timbre rose et vert. Maman venait d’hĂ©riter d’un cousin australien inconnu la fortune et une splendide maison Ă  Barbizon
 Le dĂ©mĂ©nagement Ă©clair, le bonheur, la forĂȘt, les peintres, les nouveaux amis, Ă  nous la belle vie ! Mais hasard ou coĂŻncidence ? VoilĂ  que j’apprends que, rien que dans mon Ă©cole, deux autres enfants viennent de vivre la mĂȘme aventure. Le paradis d’en bas – Tome 1 Le paradis d’en bas – Tome 1 – Correction LĂ©opold et ses cousins sont en mal de grand-pĂšre
 Le vieux Walter est mort trop vite et trop tĂŽt aprĂšs avoir rĂ©vĂ©lĂ© son existence Ă  sa nombreuse descendance. Depuis, personne dans sa grande famille n’a eu le courage de s’occuper de ses biens. Sa maison est restĂ©e telle quelle, comme s’il allait revenir, comme s’il existait encore
 Alors, quand LĂ©opold apprend que le fantĂŽme de Walter rĂŽderait dans son ancienne demeure, il est Ă  peine surpris. Le paradis d’en bas – Tome 2 Le paradis d’en bas – Tome 2 – Correction Tim a disparu. AprĂšs son cours d’équitation, il n’est pas rentrĂ© chez lui. Le clan Soshimof est en Ă©moi. LĂ©opold, Holly et Manon, les cousins et meilleurs amis de Tim, se posent des questions. Que s’est-il passĂ© ? Tim supportait de moins en moins les remarques incessantes de sa mĂšre, surnommĂ©e la mĂ©prisenfants par LĂ©opold. Si ma mĂšre continue, j’me casse », a mĂȘme dit Tim Ă  LĂ©opold quelques jours avant sa disparition. Tim a-t-il fait une fugue ? OĂč a-t-il bien pu aller ? Le paradis d’en bas – Tome 3 Le paradis d’en bas – Tome 3 – Correction Je suis un chat. Mes maĂźtres m’ont oubliĂ© sans le vouloir dans la forĂȘt oĂč ils s’étaient arrĂȘtĂ©s pour pique-niquer. Je pense qu’ils s’inquiĂštent de mon absence. Surtout le jeune Rodrigue, avec qui j’aime tant dormir la nuit, blotti Ă  ses pieds. Dans la nature, je peux chasser, jouer, courir Ă  perdre haleine. Mais la nature est aussi pleine de dangers. Je dĂ©couvre la souffrance et la faim. Je voudrais tant rentrer chez moi
 Chat perdu Chat perdu – Correction Quoi de plus banal qu’un chat noir, comme celui que SĂ©basto trouve postĂ©, un matin, devant la maison de Da, son grand-pĂšre adoptif ? Pourtant, l’animal le met mal Ă  l’aise. Peut-ĂȘtre Ă  cause de l’étrange Ă©clat mĂ©tallique luisant dans son regard ? Lorsqu’un deuxiĂšme chat apparaĂźt, puis un troisiĂšme, l’inquiĂ©tude s’installe et se mue bientĂŽt en peur
 Les chats Les chats – Correction Dante termine tant bien que mal l’annĂ©e scolaire Ă  Venise, chez sa grand-mĂšre. Un vieux professeur Ă  la retraite doit l’aider Ă  passer son examen. Dante craint le pire. Mais dĂšs sa premiĂšre rencontre avec le professeur, il est Ă©bloui. Casimo Dolent est doux, drĂŽle, patient et facĂ©tieux. Il prĂ©pare le chocolat chaud comme personne, il est amoureux d’une jeune fille Ă©trusque vieille de 2000 ans, il Ă©lĂšve une ribambelle de chats, et dans son laboratoire secret, il est en passe de dĂ©couvrir la recette de la transmission de pensĂ©e
 Un chat dans l’oeil Un chat dans l’oeil – Correction Dans la vallĂ©e, il y avait trois fermiers, Ă©leveurs de volailles dodues. Le premier Ă©tait gros et gourmand ; le deuxiĂšme Ă©tait petit et bilieux ; le troisiĂšme Ă©tait maigre et se nourrissait de cidre. Tous les trois Ă©taient laids et mĂ©chants. Dans le bois qui surplombait la vallĂ©e vivaient MaĂźtre Renard, Dame Renard et leurs quatre renardeaux, affamĂ©s et malins
 Fantastique MaĂźtre Renard Fantastique MaĂźtre Renard – Correction A l’ñge de cinq ans, Matilda sait lire et a dĂ©vorĂ© tous les classiques de la littĂ©rature. Pourtant, son existence est loin d’ĂȘtre facile, entre une mĂšre indiffĂ©rente, abrutie par la tĂ©lĂ©vision et un pĂšre d’une franche malhonnĂȘtetĂ©. Sans oublier Mlle Legourdin, la directrice de l’école, personnage redoutable qui voue Ă  tous les enfants une haine implacable. Matilda Matilda – Correction La plupart des grand-mĂšres sont d’adorables vieilles dames, gentilles et serviables. HĂ©las, ce n’est pas le cas de la grand-mĂšre de Georges ! Grincheuse, Ă©goĂŻste, elle ressemble Ă  une sorciĂšre et elle a des goĂ»ts bizarres elle aime se rĂ©galer de limaces, de chenilles 
 Un jour, alors qu’elle vient une fois de plus de le terroriser, Georges dĂ©cide de lui prĂ©parer une potion magique. Une potion aux effets surprenants
 et durables ! La potion magique de Georges Bouillon La potion magique de Georges Bouillon – Correction Au royaume de Vavassava, toute princesse en Ăąge de se marier se fait enlever par un dragon. C’est la tradition. Un prince des environs vient alors la dĂ©livrer et demander sa main. Mais Scarole peut toujours attendre, elle est bien trop peste ! VexĂ©e, elle s’enfuit du chĂąteau escortĂ©e de sa petite troupe. Ce dragon de malheur lui doit une explication
 Princesse dragon et autres salades Princesse dragon et autres salades – Correction Panique au chĂąteau le prince Colombe a Ă©tĂ© enlevĂ© la veille de son mariage. Radegonde, sa promise, peut heureusement compter sur l’aide de ses deux cousines pour retrouver son fiancĂ©. Les voilĂ  lancĂ©es sur ses traces. Et elles papotent et se disputent et patati et patata
 Trois princesses pour un prince, c’est un peu trop, vous ne croyez pas ? Trois princesses et patati et patata Trois princesses et patati et patata – Correction SommĂ© par son pĂšre d’aller quĂ©rir une princesse, le prince Fulbert de CrĂȘpovent part en compagnie de Messire de Bavert, spĂ©cialiste de la gargoulette, pour une expĂ©dition dans les glaces. Ils en profitent pour faire un crochet par le Royaume des mille princesses. Au cours de cette Ă©quipĂ©e, le jeune Fulbert apprendra Ă  lire dans la nature et dans les cƓurs, et Ă  maĂźtriser l’art pĂ©rilleux du bisou. Mission princesse et gargoulette Mission princesse et gargoulette – Correction Si vous voulez tĂ©lĂ©charger toutes les fiches de façon plus rapide, c’est ici TĂ©lĂ©charger 12 fiches et leurs corrections TĂ©lĂ©charger 12 autres fiches et leurs corrections Sur le mĂȘme thĂšme Navigation de l’article ƒild'Horus et calame de Thot : mesure et - Archipel - UQAM

Jean-NoĂ«l L'Harmeroult est un photographe, peintre et sculpteur qui, depuis les annĂ©es 1970, est Ă  la recherche de la vraie beautĂ©, de l'Ă©quilibre, de la force et de la structure !Son travail se distingue par une lumiĂšre nouvelle et visionnaire, avec parfois des couleurs, des mises en scĂšne et des cadrages inhabituels, oĂč les ĂȘtres, les paysages et les compositions oniriques partagent une vision audacieuse et L'Harmeroult, nĂ© Ă  Paris en 1954, dĂ©bute sa carriĂšre de photographe de mode et de beautĂ© pour le magazine Elle Ă  l'Ăąge de dix-neuf ans, sous la direction artistique de Peter Knapp. Il entame une carriĂšre internationale en Europe et aux États-Unis aprĂšs avoir Ă©tĂ© reconnu pour la qualitĂ© subtile de ses images. Pendant plus de trente ans, il collabore avec les magazines Marie-Claire, Vogue, Glamour, Femme, Donna, Harper's Bazaar, Madame Figaro, et les crĂ©ateurs les plus prestigieux, dont Christian Dior, Yves Saint-Laurent, Ralph Lauren, Clarins, Wolford, Montana, Thierry Mugler... Aiguisant sa recherche esthĂ©tique, il ajoute Ă  son approche photographique, une ouverture aux arts plastiques peinture et sculpture en a participĂ© Ă  de nombreuses foires internationales, dont Art Basel Miami, et son travail a fait l'objet de nombreuses expositions "La ClĂ© d'y Voir", 'Mauboussin', Place VendĂŽme Ă  Paris en 2013, "Recherches Nouvelles", Ă  la Rare Gallery de New York, USA en 2009.... Plusieurs de ses Ɠuvres ont Ă©tĂ© acquises par le dĂ©partement des Arts dĂ©coratifs du MusĂ©e du Louvre en 2005 des photographies de mode rĂ©alisĂ©es pour le magazine " Marie-Claire " dans les annĂ©es 1970 et 1980.

Chapitres1 à 3 + Fiche professeur / élÚve Page 8 + Fiche professeur / élÚve Illustrations des p.7, 105 et 111 + vocabulaire relevé dans le roman + Fiche professeur / élÚve Pages 17, 47-50, 83 et 92 + Fiche professeur / élÚve Le roman entier (ou chapitres 1 à 5) + Fiche professeur / élÚve Pages 20, 21, et 54-57 + Fiche professeur
Les Space Marines constituent l'Ă©lite des armĂ©es de l'Imperium. Ils sont Ă©galement dĂ©signĂ©s sous le nom d'"Anges de la Mort", d'"Adeptus Astartes" ou de "Sauveurs de l'HumanitĂ©". 7 Sommaire 1 Origines des Space Marines "PrĂ©-Astartes" Premiers Astartes et Primarques 2 Histoire & Fondations PremiĂšre Fondation L'HĂ©rĂ©sie d'Horus Le Codex Astartes Space Marine Primaris 3 Organisation militaire LĂ©gions Chapitres RĂ©partition dans la Galaxie Effectifs de l'Astartes 4 CrĂ©ation d'un Space Marine Recrutement et Initiation Reproduction "Mort" d'un Chapitre "Naissance" d'un Chapitre 5 Arsenal des Space Marines Armement Flotte de combat 6 Vie quotidienne Rituels quotidiens Fiefs de l'Astartes 7 Religion & Croyances L'Empereur-Dieu et les Primarques Cultes de l'Astartes 8 Sources 9 Voir aussi Origines des Space Marines Proto-Marine du "TraitĂ© d'Horlax" M25 "PrĂ©-Astartes" M25? - M28 C'est avant mĂȘme l'avĂšnement de l'Imperium et alors que l'Ère des Luttes faisait encore rage, que les premiers guerriers gĂ©nĂ©tiquement amĂ©liorĂ©s furent créés par l'Empereur autour du M28 sur Terra. Ils semblent avoir Ă©tĂ© l'aboutissement d'un travail de recherche trĂšs ancien, comme en tĂ©moignent les techniques d'ingĂ©nierie gĂ©nĂ©tique mentionnĂ©es dans le TraitĂ© d'Horiax dĂšs le M25. M29 L'Empereur ne fut pas seul dans cette Ɠuvre il rassembla autour de lui des scientifiques passĂ©s maĂźtres en leur art, et fit construire un important laboratoire de recherches gĂ©nĂ©tiques au fond des donjons de sa forteresse sur Terra, oĂč furent menĂ©s les premiĂšres recherches et expĂ©rimentations qui conduiront Ă  la crĂ©ation des premiers Space Marines. Cette nouvelle technologie fut d'abord "testĂ©e" sur des membres de la propre garde personnelle de l'Empereur, qui subirent les sĂ©ries de modifications chirurgicales et psychologiques. Les rĂ©sultats furent probants, dotant ces hommes d'une force et d'une volontĂ© hors du commun, et leur loyautĂ© Ă  l'Empereur Ă©tait infaillible ce sont ces guerriers gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©s qui firent la conquĂȘte de Terra durant les Guerres d'Unification. Premiers Astartes et Primarques M29 Les recherches sur ces nouveaux guerriers s'Ă©taient poursuivies tout au long des Guerres d'Unification. Mais elles n'aboutiront qu'avec la crĂ©ation des Primarques au dĂ©but du M29. Le projet de reconquĂȘte de la galaxie poussa en effet l'Empereur Ă  poursuivre sans cesse ses recherches, jusqu'Ă  finalement crĂ©er vingts gĂ©nĂ©raux dotĂ©s de capacitĂ©s amĂ©liorĂ©es au delĂ  de toute imagination humaine. leur rĂŽle Ă©tait de guider chacune des vingts nouvelles lĂ©gions au delĂ  des Ă©toiles, chacun l'incarnation loyale et infaillible de la volontĂ© du nouveau MaĂźtre de Terra. DĂ©but du M30 Les premiers Space Marines sont créés Ă  partir du matĂ©riel gĂ©nĂ©tique des primarques Ă  l'aube de la Grande Croisade. Mais c'est Ă  la mĂȘme Ă©poque que survient le rapt des capsules incubatrices des primarques par les Puissances de la Ruine, qui interrompit le processus de recherche et surtout la crĂ©ation de Space Marines. Les premiers Astartes quitteront nĂ©anmoins Terra Ă  l'assaut des Ă©toiles et lanceront la Grande Croisade. 9,13 M30 Selon le "thĂ©orĂšme de Grabya" M30, seul le matĂ©riel gĂ©nĂ©tique des primarques permettrait de stabiliser et relancer le dĂ©veloppement gĂ©nĂ©tique de nouvelles gĂ©nĂ©rations de Space Marines. A mesure que la Grande Croisade permet de retrouver chacun des 20 Primarques perdus, les lĂ©gions Astartes sont renforcĂ©es par de nouvelles gĂ©nĂ©rations de Space Marines ou "achevant" gĂ©nĂ©tiquement les premiers astartes en utilisant des souches souche pure. Ces souches permettent de relancer la crĂ©ation de Space Marines et de lever de nouvelles lĂ©gions au nombre de 20 c'est la PremiĂšre Fondation. 2,3 Histoire & Fondations PremiĂšre Fondation Ce sont les Space Marines de la PremiĂšre Fondation qui ont construit l'Imperium durant tout le M30 / M31; et ce sont eux que l'Empereur plaça Ă  la tĂȘte de ses lĂ©gions, mais Ă©galement de ses armĂ©es d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale. Cette pĂ©riode est restĂ©e dans l'histoire sous le nom de "Grande Croisade"; une Ă©poque de guerres visant Ă  la rĂ©unification de toutes les parties Ă©garĂ©es de l'humanitĂ© et des mondes conquis durant sa premiĂšre expansion Ă  travers les Ă©toiles. 4b Article dĂ©taillĂ© PremiĂšre Fondation Article dĂ©taillĂ© Grande Croisade L'HĂ©rĂ©sie d'Horus A l'Ă©poque oĂč les Space Marines rĂ©gnaient sur les armĂ©es de impĂ©riales et alors que la Grande Croisade touchait Ă  sa fin, l'Empereur se retira du front en confia le commandement Ă  son fils favori, Horus Lupercal, avec le titre de MaĂźtre de Guerre de ses armĂ©es et de toutes les lĂ©gions astartes. Mais les Puissances de la Ruine parvinrent Ă  le corrompre et Ă  le retourner contre son propre pĂšre. Horus entraĂźna prĂšs de la moitiĂ© des lĂ©gions de Space Marines avec lui, dans la plus grande guerre civile qu'ait connu l'humanitĂ©. Cette guerre ne s'acheva qu'avec le siĂšge de Terra oĂč Horus fut vaincu en combat singulier par l'Empereur en personne. Article dĂ©taillĂ© HĂ©rĂ©sie d'Horus Le Codex Astartes Horus mort, et ses troupes en dĂ©route vers l'ƒil de la Terreur, la victoire resta cependant amĂšre pour les loyalistes mortellement blessĂ©, l'Empereur dut ĂȘtre placĂ© dans le mĂ©canisme du TrĂŽne d'Or dans une Ă©trange catalepsie Ă©ternelle. Il laissait derriĂšre lui son royaume encore Ă  feu et Ă  sang, et son peuple et ses lĂ©gions plus divisĂ©es que jamais. Cet Ă©tat de fait obligea Ă  une rĂ©organisation complĂšte des structures militaires de l'Imperium, et en premier de l'Adeptus Astartes. Son principal refondateur fut sans aucun doute le primarque de la lĂ©gion des Ultramarines, Roboute Guilliman. Il est l'auteur d'un traitĂ© appelĂ© "Codex Astartes" qui redĂ©finit complĂštement les structures, les effectifs tactiques, le recrutement, la formation et l'autoritĂ© des Space Marines. La mesure la plus importante fut le dĂ©mantĂšlement des anciennes lĂ©gions en formations plus petites appelĂ©es chapitres et limitĂ©es Ă  un millier de combattants. Mais surtout il les plaça sous le contrĂŽle et l'autoritĂ© directe des Hauts Seigneurs de Terra, sorte de directoire composĂ© des reprĂ©sentants des principales puissances de l'Imperium, aux rangs desquels ne figurĂšrent plus les Astartes. Le respect de ces nouvelles rĂšgles par l'Adeptus Astartes fut cependant relatif, et certains des nouveaux chapitres adoptĂšrent dans leur organisation et leurs traditions des variantes. On parla ainsi de "Chapitres Codex" et de "Chapitres non-Codex". Article dĂ©taillĂ© Codex Astartes Space Marine Primaris Au crĂ©puscule du 41Ăšme MillĂ©naire, grĂące aux efforts de Belisarius Cawl sous les ordres deRoboute Guilliman, l'Imperium vit apparaĂźtre de nouveaux Spaces Marines les Primaris. Plus grand, plus fort et mieux Ă©quipĂ©s, ces nouveaux Spaces Marines ont Ă©tĂ© emportĂ©s dans les vaisseaux de Guilliman Ă  travers la galaxie lors de la Croisade Indomitus, soit pour combler des chapitres existants soit pour crĂ©er de nouveaux chapitre entiers de Primaris. 9 Article dĂ©taillĂ© Space Marines Primaris Organisation militaire LĂ©gions Les Space Marines sont parfois encore appelĂ©es "Legiones Astartes". Ces lĂ©gions reprĂ©sentent en fait la formation militaire d'origine des Space Marines et de l'Adeptus Astartes. Les lĂ©gendaires 20 premiĂšres lĂ©gions furent Ă  l'image d'une Ă©poque et d'un Ăąge d'or pour l'Imperium. Elles pouvaient rassembler 100,000 Space Marines en moyenne, et jusqu'Ă  250,000 pour celle des Ultramarines, qui fut la plus importante. Ce sont elles qui firent la conquĂȘte de la galaxie Ă  la tĂȘte des armĂ©es de l'Empereur. Article dĂ©taillĂ© Legiones Astartes Chapitres Depuis la Seconde Fondation promulguĂ©e officiellement 7 ans aprĂšs la mort d'Horus vers la fin du le 'chapitre' est devenu la formation militaire standard des Space Marines loyalistes Ă  travers tout l'Imperium et est suivie depuis 10,000 ans. Le Codex Astartes a fixĂ© un standard des effectifs et de l'organisation d'un chapitre de Space Marines Un Chapitre compte un millier de combattants, Il est dirigĂ© par un MaĂźtre de Chapitre, Il est composĂ© de 10 compagnies dirigĂ©es chacune par un Capitaine, Chaque compagnie est composĂ©e de 10 escouades de 10 Space Marines dirigĂ©es chacune par un sergent, Chaque compagnie possĂšde un Chapelain, un Apothicaire et un Porte-BanniĂšre qui lui est propre, Chaque compagnie entretient un parc de vĂ©hicules et avec son armement, Chaque chapitre est autonome arsenal, fonderie, flotte, etc.. Article dĂ©taillĂ© Chapitre Principaux bastions Space Marines dans la Galaxie RĂ©partition dans la Galaxie Le dĂ©ploiement des Space Marines a beaucoup Ă©voluĂ© avec l'histoire, au rythme des guerres innombrables livrĂ©es par l'Imperium pour sa survie; et bien sĂ»r de la perte, de la destruction ou de la crĂ©ation de chapitres. L'Ă©tape la plus importante fut sans nul doute la Seconde Fondation et la fin de la Grande Croisade les antiques premiĂšres lĂ©gions restĂ©es loyales Ă  l'Empereur furent dĂ©membrĂ©es en forces autonomes plus rĂ©duites, afin de les redĂ©ployer notamment sur les domaines autrefois tenus par leurs frĂšres renĂ©gats, et reconquis aprĂšs l'HĂ©rĂ©sie d'Horus. Leur dĂ©ploiement suit les impĂ©ratifs militaires de l'Imperium Soit envoyĂ©s dans des zones de guerres actuelles ou Ă  proximitĂ© des plus dangereuses par ex. les royaumes des seigneurs de guerre Orks, ou contre des invasions comme celles des Tyranides Soit pour la 1/2 des chapitres dans des missions d'exploration et de conquĂȘte Croisades tels que les Black Templars. Effectifs de l'Astartes À partir des 20 Primarques originels, un nombre incalculable de chapitres Astartes ont Ă©tĂ© créés depuis les sombres Ă©vĂšnements de l'HĂ©rĂ©sie d'Horus. Leur liste jusqu'Ă  leurs noms est cependant impossible Ă  Ă©tablir l'histoire de l'Imperium est trop longue et tortueuse, faite de guerres, d'anarchies et de rĂ©bellions ayant parfois opposĂ© les Astartes entre eux. Certains ont disparu de l'histoire avec la destruction de leur flotte ou de leur monde, tandis que d'autres ont Ă©tĂ© effacĂ©s volontairement. Du fait mĂȘme de l'Ă©normitĂ© de l'Imperium, leur nombre actuel reste lui aussi approximatif Ă  peu prĂšs un millier en activitĂ© au M41, dont plus de la moitiĂ© descendent du Primarque des Ultramarines, soit directement par leur appartenance Ă  la Seconde Fondation, soir indirectement par le biais de fondations ultĂ©rieures. CrĂ©ation d'un Space Marine Recrutement et Initiation Un Space Marine est le fruit d'une manipulation gĂ©nĂ©tique et d'un traitement chirurgical, chimique, ainsi que d'un conditionnement psychique et hypnotique hĂ©ritĂ© de la science perdue du Moyen-Âge Technologique. Cependant, chaque chapitre possĂšde un matĂ©riel gĂ©nĂ©tique unique qui distingue son identitĂ© et son hĂ©ritage. Chaque recrue reçoit 19 implants gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©s. Ils sont programmĂ©s pour modifier et amĂ©liorer le mĂ©tabolisme humain naturel. Chaque implant est issu en droite ligne du code gĂ©nĂ©tique d'un des 20 primarques d'origine dont le matĂ©riel gĂ©nĂ©tique a Ă©tĂ© stockĂ© sur Terra aprĂšs l'HĂ©rĂ©sie d'Horus. Ainsi, chaque Space Marine possĂšde en principe les mĂȘmes organes avec les mĂȘmes fonctions, mais dont le code gĂ©nĂ©tique a une parentĂ© propre, et apporte des particularismes Ă  chaque chapitre. 4a Article dĂ©taillĂ© Initiation Space Marines Reproduction Chaque Space Marine porte en lui l'avenir de son chapitre, reprĂ©sentĂ© par deux organes appelĂ©s "ProgĂ©noĂŻdes". Ils produisent des "graines" qui reprĂ©sentent chacune l'un des organes implantĂ©s dans le corps du Marine, et qui arriveront Ă  maturation en mĂȘme temps que les organes implantĂ©s. Cette maturation peut cependant prendre un certain temps celui que prendra le corps de la recrue pour assimiler les bouleversements de son organisme, allant des premiĂšres implantations chirurgicales au commencement de son initiation jusqu'aux premiĂšres annĂ©es de service actif en temps que Scout. DĂšs lors, ces "graines" pourront ĂȘtre retirĂ©es du vivant des Marines, ou trĂšs peu de temps aprĂšs leur mort sur le champ de bataille par un Apothicaire Ă  l'aide d'un appareil spĂ©cial appelĂ© Reductor. Seules ces graines permettent de cultiver Ă  nouveau 19 implants qui permettront de crĂ©er Ă  nouveau un Space Marine. 3,4a Il n'est donc pas obligatoire d'attendre la mort d'un Space Marine pour lui retirer ses deux progĂ©noĂŻdes. Mais ces derniers ont une autre particularitĂ© ils accumulent la mĂ©moire gĂ©nĂ©tique du porteur, son expĂ©rience et ses facultĂ©s se gravant dans son code gĂ©nĂ©tique tout au long de sa vie. Si bien que plus tard ces graines seront retirĂ©es, plus grande en sera l'expĂ©rience transmise aux gĂ©nĂ©rations futures du chapitre. C'est en quelque sorte l'Ăąme de chaque gĂ©nĂ©ration de guerriers de l'Astartes qui se sont accumulĂ©s dans ces implants, ce qui explique pourquoi ils sont si prĂ©cieux et irremplaçables pour un chapitre de Space Marines. 3,4a "Mort" d'un Chapitre Chaque chapitre a la responsabilitĂ© unique de l'entretient et de la sauvegarde de son stock gĂ©nĂ©tique. Ce stock est fragile, et non reproductible il ne peut plus ĂȘtre recréé en laboratoire. La science qui les a mis au point s'est perdue, rendant chacun des 19 implants ou "zygotes" unique et irremplaçables. Il n'est donc pas nĂ©cessaire de tuer tous les guerriers d'un chapitre pour s'assurer de sa mort, car d'autres dommages scellent irrĂ©mĂ©diablement sa fin L'exposition des implants Ă  des radiations de niveaux trop importants les rend inutilisables en dĂ©truisant leur encodage gĂ©nĂ©tique. L'extinction des seuls implants [18] progĂ©noĂŻds ou [19] carapace Noire suffit Ă  eux seuls pour dĂ©truire toute possibilitĂ© de crĂ©ation de nouveaux Space Marines. La mutation d'un implant est la plupart du temps irrĂ©versible, et un chapitre devra en assumer les consĂ©quences. MĂȘme s'ils ne l'ont pas choisi et restent fidĂšles Ă  l'Empereur mutations physiques animales, psychiques, etc. les amenant parfois jusqu'Ă  l'excommunication par les autoritĂ©s impĂ©riales Ă  l'exemple des Knights of Blood, de la LĂ©gion des DamnĂ©s, des Dragon Warriors [Quelle Source ?] Sujet-test pour la crĂ©ation d'un nouveau Chapitre de Space Marines. "Naissance" d'un Chapitre Du fait des besoins permanents en troupes et des pertes effroyables essuyĂ©es par les Space Marines durant 10,000 ans d'histoire, l'Imperium a cependant trouvĂ© un moyen, non de sauver les chapitres mourants mais d'en crĂ©er de nouveaux. Depuis la Seconde Fondation et l'application des Ă©dits du Codex Astartes, chaque chapitre est obligĂ© d'envoyer 5% de son matĂ©riel gĂ©nĂ©tique Ă  l'Adeptus Mechanicus sur Mars. Ceci a deux avantages le premier est de pouvoir contrĂŽler rĂ©guliĂšrement l'Ă©tat de chaque chapitre loyaliste et dĂ©celer d'Ă©ventuelles traces de corruption. Le second est de permettre au Mechanicum d'obtenir un stock de gĂšnes Astartes leur permettant de crĂ©er de nouveaux chapitres. Ce processus de crĂ©ation est long, car l'ensemble des zygotes et implants Space Marines ne sont pas automatiquement compatibles, et rares sont les chapitres possĂ©dant 19 implants totalement fonctionnels. Ceci oblige les ingĂ©nieurs du Mechanicum Ă  chercher une combinaison compatible et stable entre des zygotes propres de toute mutations et issus de chapitres diffĂ©rents, puis Ă  les tester sur des sujets "test-slaves" en anglais. Ces sujets passeront leur existence entiĂšre dans des capsules hermĂ©tiquement closes; statiques et pourtant conscients, assimilant les implants testĂ©s dans une immobilitĂ© totale. Lorsque l'expĂ©rience rĂ©ussit, il faudra encore retirer les deux progĂ©noĂŻdes arrivĂ©s Ă  maturitĂ©, dont les graines contenues serviront au dĂ©veloppement de deux nouveaux sujets, qui Ă  leur tour donneront quatre progĂ©noĂŻdes, et ainsi de suite. Il faut en gĂ©nĂ©ral 55 ans de reproduction constante pour produire 1000 stocks saints de 19 implants chacun capable de lever un chapitre entier. Avant sa crĂ©ation officielle, le stock d'un nouveau chapitre doit surtout recevoir l'autorisation du Fabricator GĂ©nĂ©ral et des Hauts Seigneurs de Terra parlant eux mĂȘme au nom de l'Empereur, qui seul peut dĂ©cider de la crĂ©ation d'un nouveau chapitre. Arsenal des Space Marines Armement Les Bolters constituent l'armement standard et le symbole de la force de destruction des Space Marines. Aboutissement technique promu par le Codex Astartes, il propulse des munitions explosives rĂ©actives coup par coup ou en rafales. Certains sont de vĂ©ritables artefacts centenaires, voir millĂ©naires. Un exemplaire est offert Ă  chaque initiĂ© Space Marine lors de son initiation. 4a Article dĂ©taillĂ© Bolter Les Space Marines disposent de maniĂšre gĂ©nĂ©rale du meilleur armement standard Ă  la disposition de l'Imperium. 4a Article dĂ©taillĂ© Arsenal Space Marine Flotte de combat Ils possĂšdent Ă©galement une flotte avec des types de vaisseaux qui leurs sont propres. 4b Article dĂ©taillĂ© Flotte Space Marine Vie quotidienne Rituels quotidiens Ces rituels ont Ă©tĂ© compilĂ©s dans le Codex Astartes dont la version originelle a Ă©tĂ© perdue. Une retranscription datant du M38 atteste encore d'un entrainement et d'un rythme monacal et militaire permanent, ne laissant pratiquement aucune place pour le repos. A cause de son histoire trĂšs ancienne et tourmentĂ©e depuis 10,000 ans, les chapitres de l'Adeptus Astartes ont adoptĂ© des variantes selon leur mode de vie et leurs traditions, en fonction de ceux de la planĂšte ou du vaisseau oĂč est situĂ© leur forteresse. Article dĂ©taillĂ© Rituels quotidiens Space Marines Fiefs de l'Astartes Tous les chapitres de Space Marines ont une base d'opĂ©ration Ă  partir de laquelle ils se dĂ©ploient, se ravitaillent. Elle assure leur autonomie mais contient Ă©galement ses reliques les plus prĂ©cieuses, son stock gĂ©nĂ©tique et ses structures de recrutement. Cette base peut ĂȘtre une planĂšte fixe, une flotte itinĂ©rante, ou une combinaison des deux. Bien qu'Ă©tant soumis en thĂ©orie Ă  l'autoritĂ© de l'Adeptus Terra, les chapitres restent des armĂ©es autonomes ayant hĂ©ritĂ©s depuis leur crĂ©ation de domaines Ă  l'intĂ©rieur de l'Imperium. Ces domaines sont exempts de la DĂźme ImpĂ©riale, et les chapitres y rĂšgnent souvent sans partage. Chaque chapitre est dirigĂ© par un MaĂźtre, qui regroupe les fonctions de guide spirituel et militaire. Dans les cas oĂč un chapitre possĂšde des fiefs planĂ©taires, il obtiendra un pouvoir Ă©quivalent Ă  celui d'un Seigneur-Gouverneur dont l'autoritĂ© s'exerce sur des mondes entiers, voir des systĂšmes. Article dĂ©taillĂ© Forteresse-MonastĂšre Religion & Croyances L'Empereur-Dieu et les Primarques Chaque chapitre a dĂ©veloppĂ© ses croyances et ses rituels, incluant des pĂ©riodes de festivitĂ©s et de cĂ©lĂ©bration particuliĂšres. Deux figures demeurent communes Ă  ces cĂ©lĂ©brations L'Empereur et le Primogeniteur. Bien que chaque chapitre ait dĂ©veloppĂ© sa propre interprĂ©tation du credo officiel de l'Ecclesiarchie au fil des siĂšcles, tous sont restĂ©s fidĂšles Ă  l'Empereur dont ils cĂ©lĂšbrent l'Ascension sur le TrĂŽne d'Or aprĂšs sa victoire Ă  la Bataille de Terra. Ils fĂȘtent Ă©galement la naissance et la disparition de leur Primarque. Un jour de cĂ©lĂ©bration est consacrĂ© par le MaĂźtre de Chapitre Ă  des festivitĂ©s variant selon les traditions propres Ă  chaque chapitre. Article dĂ©taillĂ© Culte ImpĂ©rial Cultes de l'Astartes MalgrĂ© leur culte unanime Ă  l'Empereur, chaque chapitre possĂšde des croyances qui lui sont propres, issues de leur longue histoire et du caractĂšre de leur primarque d'origine, mais Ă©galement du monde oĂč fut fondĂ© leur lĂ©gion d'origine. Les chapelains sont les gardiens de ce culte et incarnent Ă  eux-seuls la Foi et le particularisme religieux de chaque chapitre. 4c Article dĂ©taillĂ© Chapelain Sources 1 The Horus Heresy Collected Visions; pp. 17, 29, 114, 117, 134 2 Codex Space Marines 3Ăšme Ă©dition; pp. 47, 48 3 Warhammer 40,000 Compendium The Origins of the Legiones Astartes, par Rick Priestley; pp. 6-10 4 Index Astartes I 4a Rites of Initiation - The creation of a Space Marine par Rick Priestley et Gav Thorpe; pp. 2-9 4b Codex Astartes - The Holy Tome of the Space Marines p. 13 4c For the Emperor - Space Marine Chaplains ; pp. 56-59 5 Codex Imperialis 3Ăšme Ă©dition ; p. 17 6 Arsenal; p. 21 7 Warhammer 40,000 cinquiĂšme Ă©dition p. 132 8 Index Astartes II The Cursed Founding - An Investigation into a mysterious Space Marine Founding, par Graham McNeill; p. 8 9 Codex Space Marines 8Ăšme Ă©dition, 1er Codex; Voir aussi Liste des Chapitres Space Marine Badges & Honneurs Space Marine Codex Astartes Arsenal Space Marine VĂ©hicules Space Marines Flotte Space Marine Citations des ou sur les Space Marines loyalistes Litanie des Armes Liste des EspĂšces Intelligentes 021M31 Seconde Fondation - les chapitres PrimogĂ©nitor sont créés Ă  la fin de l'HĂ©rĂ©sie d'Horus. 001.M32 3Ăšme Fondation - A lieu le 1er jour du millĂ©naire. 991.M35 21Ăšme Fondation - La "Fondation Maudite", la plus importante depuis la 2nde. 738.M41 26Ăšme Fondation - La plus rĂ©cente. Dates "Relatives": L’Oeil d’Horus – l’amulette de protection Ă©gyptienne C’est un des symboles Ă©gyptiens de protection les plus puissants. Il porte le nom d’Ɠil d’Horus ou “oeil oudjat”. Que dit l’étymologie ? Le nom “irt oudjat” vient du mot “Ɠil” “irt” et “protection”, cela veut dire donc “l’oeil prĂ©servĂ©â€. D’autres traductions prĂ©cisent que “oudjat” voudrait dire Ă©galement “complet”. Les Ă©gyptologues voient sa forme comme un hybride entre l’oeil du faucon et l’oeil humain. Horus reprĂ©sentĂ© sur une colonne du temple KĂŽm Ombo en Egypte Horus, le dieu Faucon, perd son oeil
 Selon le lĂ©gende, Horus, le “Dieu Faucon” est le fils d’Isis et d’Osiris. C’est une des divinitĂ©s majeures de l’Egypte, une des plus anciennes aussi. Il est reprĂ©sentĂ© le plus souvent comme un homme Ă  tĂȘte de faucon, coiffĂ© d’une couronne. Le Dieu Faucon est aussi le dieu de l’Azur. On dit qu’il voit Ă  travers le soleil et la lune. Il porte Ă©galement le nom de “Vengeur de son pĂšre”. En effet, voici la lĂ©gende Osiris est assassinĂ© par son frĂšre Seth, jaloux. Horus s’engage alors dans une lutte avec Seth pour venger la mort de son pĂšre. De cette confrontation, Horus sort victorieux et reprend le trĂŽne de l’Égypte. Il devient le premier des pharaons. D’ailleurs, tous les rois d’Égypte sont considĂ©rĂ©s comme les incarnations du dieu Horus, leur protecteur. Mais lors du combat, Horus perd l’oeil gauche. Seth lui arrache l’oeil, le dĂ©coupe en 6 morceaux et le jette dans le Nil. Heureusement, le dieu Thoth intervient, il repĂȘche les morceaux dans les eaux du fleuve. HĂ©las, le 6Ăšme morceau est introuvable, mais Thoth arrive Ă  le remplacer. Il reconstitue l’oeil et le rend Ă  Horus. Cette 6Ăšme fraction est considĂ©rĂ©e comme l’élĂ©ment magique ajoutĂ© par le dieu Thoth. Ainsi, non seulement Thoth redonne vie Ă  cet oeil, mais il rend son propriĂ©taire invincible. Oeil d’Horus et sa signification protection et clairvoyance GrĂące Ă  l’intervention de Thoth, l’Ɠil d’Horus devient donc un outil magique. Il est le symbole de la victoire du Bien sur le Mal et l’intĂ©gritĂ© restaurĂ©e miraculeusement. Il a non seulement le rĂŽle de la vision, mais la fonction magique de la perception de l’invisible. Il est omniprĂ©sent dans l’Égypte Ancienne. Il figure sur les sarcophages, on le dessine sur les pectoraux. Les amulettes en forme d’Ɠil oudjat protĂšgent contre la malchance et contre le mauvais oeil. Les Égyptiens le peignent Ă©galement sur la proue des bateaux, pour mieux “voir” et ĂȘtre guidĂ©s sur leur route. Il est aussi symbole de la Connaissance et de la Clairvoyance. En effet, il ne faut pas oublier que Thoth est le Dieu de la parole crĂ©atrice, de l’écriture et de la Magie. D’ailleurs, celui qui pouvait dĂ©chiffrer les formules magiques du cĂ©lĂšbre “Livre de Thoth” pouvait accĂ©der Ă  la connaissance divine. Symbole d’entiĂšretĂ© et de vitalitĂ©, l’Ɠil d’Horus est vĂ©nĂ©rĂ© Ă©galement comme une protection contre les maladies. Comment utiliser l’ƒil d’Horus La victoire de l’ordre sur le chaos – telle est la signification majeure de l’oeil d’Horus. Les Egyptiens l’utilisaient donc principalement comme amulette pour Ă©loigner la malchance. C’est ainsi qu’il nous a Ă©tĂ© transmis Ă  travers les siĂšcles. C’est ainsi qu’on s’en sert Ă©galement aujourd’hui. C’est un outil de protection de l’espace de vie, qui sert pour chasser le mauvais Ɠil et attirer la chance. On considĂšre Ă©galement l’Ɠil d’Horus comme une amulette qui favorise la VitalitĂ©, l’intĂ©gritĂ© physique. Horus retrouve son oeil perdu et son intĂ©gritĂ© physique. A mi-chemin entre l’humain et le faucon, car symbole de l’Ɠil du Dieu Faucon, il est associĂ© Ă  la Vision SupĂ©rieure. Symbole donc de la capacitĂ© de Voir au-delĂ  du visible, Ă  la Clairvoyance
 Pour l’utiliser chez vous, installez-le simplement sur un mur. La piĂšce principale de votre maison est l’endroit le plus conseillĂ©. Mais vous pouvez tester aussi d’autres emplacements. L’Ɠil Oudjat que nous vous proposons ici est rĂ©alisĂ© en cĂ©ramique, Ă  la main, comme tous nos objets. C’est une amulette de grande taille, en forme de triangle Ă©quilatĂ©ral, de 18 cm de cĂŽtĂ©. Vous pouvez l’accrocher sur un mur, ou le poser contre un meuble si vous prĂ©fĂ©rez. Il ne s’agit donc pas d’un pendentif Ă  porter autour du cou. CaractĂ©ristiques ƒil d’Horus – amulette Ă©gyptienne Ă  accrocher au mur, en cĂ©ramique Dimensions triangle Ă©quilatĂ©ral de 18 cm de cĂŽtĂ© Poids environ 280 g > Lire les tĂ©moignages de nos clients Lecentre est la source des vertus agissant comme un ferment. C’est le lieu d’une conjonction, une rĂ©union des contraires en unitĂ© parfaite, un accouplement inouĂŻ gratifiĂ© d’une fĂ©conditĂ© innombrable. Le Naos dĂ©signe le Lieu et la chose qu’on manipule, le but ultime d’une rĂ©alisation Ă  la fois matĂ©rielle et spirituelle.
Une rumeur inquiĂ©tante se rĂ©pand le long du Nil, au sud de Kemet la reine Hatchepsout projette de dĂ©manteler ses armĂ©es sur la frontiĂšre et de... Lire la suite 7,50 € Neuf DĂ©finitivement indisponible Une rumeur inquiĂ©tante se rĂ©pand le long du Nil, au sud de Kemet la reine Hatchepsout projette de dĂ©manteler ses armĂ©es sur la frontiĂšre et de transformer en entrepĂŽts les forteresses du Ventre de Pierres. L'arrivĂ©e d'un groupe d'inspection Ă  la citadelle de Bouhen confirme les craintes de Bak, le chef de la police. L'assassinat d'un prince de la rĂ©gion, poignardĂ© dans la demeure mĂȘme des hĂŽtes de marque, attise encore l'animositĂ© de la population. Afin d'enquĂȘter sur ce crime inexplicable, Bak se joint Ă  la riche caravane des Ă©missaires. Mais le voyage en amont s'annonce pĂ©rilleux, car tant d'opulence pourrait bien attirer un pillard du dĂ©sert dont le nom suffit Ă  provoquer l'effroi... Date de parution 09/09/2003 Editeur Collection ISBN 2-264-03711-3 EAN 9782264037114 Format Poche Nb. de pages 301 pages Poids Kg Dimensions 11,0 cm × 17,7 cm × 2,0 cm
Pourceux qui ne savent pas, l'HĂ©rĂ©sie d'Horus est "Le" Ă©vĂ©nement pivot dans l'univers Warhammer Sci-Fi. SituĂ© 10 000 ans avant le Warhammer 40 000 que nous connaissons et aimons tous (d'oĂč le surnom de 30k). L'hĂ©rĂ©sie d'Horus voit la campagne suivant la mort d'Heures Lupercal et lors de sa bataille qui paralysa l'Empereur de l'HumanitĂ©. Le destin de MenĂź est tout tracĂ© il doit succĂ©der Ă  son pĂšre, le roi Antaref. Mais pour l'heure, il sait Ă  peine tirer Ă  l'arc et ne s'intĂ©resse... Lire la suite 5,70 € Neuf Poche En stock 5,70 € Ebook TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 5,49 € TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 5,49 € En stock en ligne LivrĂ© chez vous Ă  partir du 30 aoĂ»t Le destin de MenĂź est tout tracĂ© il doit succĂ©der Ă  son pĂšre, le roi Antaref. Mais pour l'heure, il sait Ă  peine tirer Ă  l'arc et ne s'intĂ©resse qu'Ă  ses animaux de compagnie. Antaref lui ordonne alors d'accomplir trois exploits pour prouver qu'il peut ĂȘtre roi. Date de parution 22/05/2019 Editeur ISBN 978-2-08-148639-3 EAN 9782081486393 Format Poche PrĂ©sentation BrochĂ© Nb. de pages 155 pages Poids Kg Dimensions 12,4 cm × 17,7 cm × 1,0 cm Le destin de MenĂź est tout tracĂ© il doit succĂ©der Ă  son pĂšre, le roi Antaref. Mais pour l'heure, il sait Ă  peine tirer Ă  l'arc et ne s'intĂ©resse qu'Ă  ses animaux de compagnie. Antaref lui ordonne alors d'accomplir trois exploits pour prouver qu'il peut ĂȘtre roi. "Je vais te parler non comme un pĂšre Ă  son enfant, mais comme un souverain Ă  son successeur. Forge-toi Ă  l'eau du Nil, au sable du dĂ©sert, au roc des montagnes ! " RĂ©sumĂ©[]. Les dieux d'Égypte sont divisĂ©s et les forces du Chaos se dĂ©chaĂźnent. L'apocalypse n'est plus qu'une question de jours. La pyramide de Thot est en train de cĂ©der sous les assauts d'Apophis.BientĂŽt, RĂȘ, le dieu du soleil, sera sans protection et le monde plongera dans les tĂ©nĂšbres pour l'Ă©ternitĂ©. Carter et Sadie Kane ont une derniĂšre chance pour empĂȘcher le dĂ©sastre. 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID YybT1Q6fzmYqPuCaGioJvOD31_GcHI74NcpPFtbnAbkKDT0rmr-UKA==
Planche53 : l'enlÚvement de Mortimer décalque celui de Tournesol dans Les Sept Boules de cristal: on retrouve sa pipe (cf. le parapluie de Tournesol) ; la case 10 reprend les éléments de la case 3 de la planche 42 d'Hergé : l'herbe piétinée, le geste de la main de Blake, etc. ; et Mortimer, comme Tournesol, est transporté dans une conduite intérieur beige (comparer la
Six façons de rĂ©veiller et d’ouvrir le troisiĂšme Ɠil Par la dĂ©calcification et l’activation, reprenez votre chemin vers le bonheur extatique et l’union avec la source Évitez le fluor Portez une attention particuliĂšre Ă  l’eau dans votre vie l’eau du robinet est une source de fluorure qui contribue Ă  la calcification de la glande pinĂ©ale. Le dentifrice fluorĂ© est une autre source importante de fluorure dans les rĂ©gimes modernes, de mĂȘme que les produits minĂ©raux et les boissons artificielles Ă  base d’eau impure. Envisagez d’ajouter des filtres Ă  eau Ă  votre robinet d’évier et Ă  votre douche. ComplĂ©tez votre rĂ©gime La liste des supplĂ©ments qui soutiennent et dĂ©toxifient le troisiĂšme Ɠil est longue et comprend le cacao brut, les baies de goji, l’ail, les citrons, la pastĂšque, les bananes, le miel, l’huile de noix de coco, les graines de chanvre, la coriandre, les algues, le miel, la chlorella, la spiruline et les algues bleu-vertes, le vinaigre de cidre de pomme brut, la zĂ©olite, le ginseng, le borax, la vitamine D3, l’argile bentonite et la chlorophylle sont autant d’ingrĂ©dients qui facilitent la purification de la glande pinĂ©ale. Utiliser des huiles essentielles De nombreuses huiles essentielles stimulent la glande pinĂ©ale et facilitent les Ă©tats de conscience spirituelle, notamment la lavande, le bois de santal, l’encens, le persil et le pin. Les huiles essentielles peuvent ĂȘtre inhalĂ©es directement, ajoutĂ©es Ă  l’huile corporelle, brĂ»lĂ©es dans un diffuseur et ajoutĂ©es Ă  l’eau du bain. Sungazing observation du Soleil Le soleil est une grande source d’énergie. Contemplez doucement le soleil pendant les premiĂšres minutes du lever du soleil et les derniĂšres minutes du coucher du soleil pour stimuler votre glande pinĂ©ale. MĂ©diter et chanter La mĂ©ditation active la glande pinĂ©ale par intention envisagez de visualiser la dĂ©calcification de la glande pinĂ©ale, car sa nature sacrĂ©e est illuminĂ©e et directement reliĂ©e Ă  la source. Le chant provoque la rĂ©sonance du tĂ©traĂšdre dans le nez, ce qui provoque une stimulation de la glande pinĂ©ale. ConsidĂ©rant chanter OM », Ă©galement connu comme le son de l’univers, 108 fois par jour. Travaillez avec des cristaux Les cristaux sont des alliĂ©s influents dans la quĂȘte du troisiĂšme oeil. Utilisez des cristaux et des pierres prĂ©cieuses dans la palette de couleurs violet, indigo et violet. Cette palette de couleurs sert Ă  rĂ©veiller, Ă©quilibrer, aligner et nourrir le troisiĂšme Ɠil. Essayez l’amĂ©thyste, le saphir violet, la tourmaline violette, la rhodonite et la sodalite. Placez le cristal ou la pierre prĂ©cieuse entre et lĂ©gĂšrement au-dessus du sourcil pendant la mĂ©ditation. Laissez briller votre intuition Une fois que vous aurez commencĂ© Ă  travailler avec votre troisiĂšme Ɠil, vous recevrez des messages d’orientation et des visions. Efforcez-vous d’avoir le courage de donner suite Ă  ce que votre intuition offre et la force de votre troisiĂšme Ɠil ne fera que grandir. Source PartagĂ© par Partage libre en incluant la source et le lien. Notre discernement doit prĂ©valoir Ă  tout moment; les opinions exprimĂ©es dans cet article sont les opinions de leurs auteurs et ne reflĂštent Ă©ventuellement pas totalement celles d’Eveilhomme. Si l’article vous a plu, n’hĂ©sitez pas Ă  vous abonner Ă  nos RĂ©seaux Sociaux / NewsLetter et Ă  partager l’article. Et si vous vous en sentez inspirĂ©, soutenir le site par un don en cliquant sur l’image ci-dessous, votre soutien est vital pour la survie du site. Merci infiniment et trĂšs belle journĂ©e lumineuse Ă  vous. CLIQUEZ ICI POUR FAIRE UN DON MENSUEL DE 5 EUROS Annulable Ă  tout moment GRATITUDE A TOUS FAIRE UN DON PONCTUEL Nous avons grand besoin de votre soutien! Si le cƓur vous en dit, renseignez le montant de votre don qui permettra de financer les frais liĂ©s au site, de le maintenir actif et en Vie. Renseignez le montant que vous dĂ©sirez par tranche de 5€. Milles merci Ă  tous. Plein de belles choses Ă  tous ! Amour et LumiĂšre €5,00
9oct. 2020 - DĂ©couvrez le tableau "CARNET DE LECTURE" de Charlotte marion sur Pinterest. Voir plus d'idĂ©es sur le thĂšme carnet de lecture, lecture, l'Ă©tranger albert camus. ï»ż403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID 4hDJSai6NklFiKnTauaLJxep7GHRwB5-dd3Mb1hm3bC_w2UZWCPzYg== oYdW.
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