DUNAVIRE GREC AU NAVIRE ROMAIN. L'art gallo-romain nous offre quelques-unes des plus belles images de navires que l'Antiquité nous ait léguées : les reliefs du Musée de Narbonne et de l'arc d'Orange, les ex-voto en bronze d'Autun et de Dijon1, les monnaies des «empereurs gaulois» du IIIe siÚcle, et tant d'autres documents moins complets ou moins bien conservés, permettent
1 LâidentitĂ© du macrocosme et du microcosme est semble-t-il ce qui a fascinĂ© Marguerite Yourcenar da ... 1Ćuvre mĂ©ditative autant que narrative, les MĂ©moires dâHadrien ont assez dâampleur pour embrasser tout un empire, assez de hauteur pour relier lâavenir au souvenir. Si la profondeur du texte tient Ă la complexitĂ© du feuilletage gĂ©nĂ©rique et Ă la densitĂ© de lâexpĂ©rience du protagoniste, elle relĂšve Ă©galement dâun vertigineux jeu de miroirs qui confine Ă la mise en abĂźme. Lâhistoire de lâhomme dans lâempire est aussi lâhistoire de lâun dans le tout. Tout nous Ă©chappe, et tous, et nous-mĂȘme », concĂšde Marguerite Yourcenar dans les Carnets de notes p. 331. Dans ce demi-aveu de faiblesse de lâĂ©crivain rĂ©side sans doute la clef de sa force la certitude humaniste quâil nâexiste pas de solution de continuitĂ© de tout » Ă nous-mĂȘme », que le microcosme dâun ĂȘtre peut reflĂ©ter le macrocosme des hommes, et le microcosme dâun livre, le macrocosme du monde1. Aussi les MĂ©moires dâHadrien peuvent-ils se lire comme une Ćuvre rĂ©flexive, voire autorĂ©flexive. Dans le livre, la bibliothĂšque 2 Sur les rapports de Marguerite Yourcenar et Jorge Luis Borges, voir Achmy Halley, Marguerite Yourc ... 2Grande admiratrice de Borges2, auquel elle rendit visite six jours avant quâil ne meure, Marguerite Yourcenar avait comme lui la fascination du labyrinthe Le Labyrinthe du monde, tel est le titre quâelle donne Ă sa trilogie familiale, et le territoire que ne cesse dâexplorer son Ćuvre. Comme Borges toujours, elle sait quâune bibliothĂšque est tout ensemble un monde et un labyrinthe ; nouvelle Ariane, elle invite le lecteur Ă suivre le fil des lectures dâHadrien, qui en disent aussi beaucoup sur son propre monde de livres. La bibliothĂšque dâHadrien 3 Lâune des meilleures maniĂšre de recrĂ©er la pensĂ©e dâun homme reconstituer sa bibliothĂšque » dans cette remarque des Carnets de notes p. 327, Marguerite Yourcenar livre lâun des secrets de fabrication » de son ouvrage, qui nâa cependant rien de la mĂ©thode servilement appliquĂ©e. La nĂ©cessitĂ© de cette reconstitution sâest, Ă lâen croire, imposĂ©e Ă elle comme en dĂ©pit dâelle Durant des annĂ©es, dâavance, et sans le savoir, jâavais ainsi travaillĂ© Ă remeubler les rayons de Tibur » ibid. De ces recherches mi-archĂ©ologiques, mi-bibliophiliques, les MĂ©moires dâHadrien portent la trace. Ils sont jalonnĂ©s dâallusion aux lectures du protagoniste, qui agissent comme autant dâĂ©lĂ©ments de caractĂ©risation dâHadrien. Mais dans les goĂ»ts, les dĂ©goĂ»ts et les engouements littĂ©raires du personnage se lisent aussi, souvent en creux, certains choix littĂ©raires de lâauteur. 4Que les prĂ©fĂ©rences littĂ©raires dâun individu contribuent Ă le dĂ©finir, la diĂ©gĂšse le suggĂšre comme les paratextes. Ainsi, lorsquâHadrien veut caractĂ©riser Lucius, il Ă©voque le poĂšte favori de lâadolescent, dont le nom seul suffit Ă dessiner lâaudace sĂ©duisante du jeune patricien Martial Ă©tait son Virgile il rĂ©citait ses poĂ©sies lascives avec une effronterie charmante » p. 122. Mais Lucius est surtout saisi Ă travers le prisme du regard et des lectures dâHadrien trĂšs vite, câest Ă ses propres goĂ»ts que celui-ci recourt pour complĂ©ter le portrait, et il affirme ainsi comme incidemment sa prĂ©fĂ©rence pour la poĂ©sie amoureuse, quâelle appartienne aux temps passĂ© de la GrĂšce, avec Callimaque, ou quâelle lui soit contemporaine, avec Straton Lâimage de Lucius adolescent se confine Ă des recoins plus secrets du souvenir un visage, un corps, lâalbĂątre dâun teint pĂąle et rose, lâexact Ă©quivalent dâune Ă©pigramme amoureuse de Callimaque, de quelques lignes nettes et nues du poĂšte Straton » ibid. 5TrĂšs tĂŽt dans sa lettre Ă Marc AurĂšle, Hadrien a en effet affirmĂ© sa passion de la poĂ©sie. Ăpris de rhĂ©torique, il dit avoir Ă©tĂ© plus profondĂ©ment marquĂ© encore par ses lectures poĂ©tiques. Lâamateur de la vie et de ses plaisirs est mĂȘme alors tentĂ© de donner la prĂ©sĂ©ance Ă la littĂ©rature La lecture des poĂštes eut des effets plus bouleversants encore ; je ne suis pas sĂ»r que la dĂ©couverte de lâamour soit nĂ©cessairement plus dĂ©licieuse que celle de la poĂ©sie. Celle-ci me transforma lâinitiation Ă la mort ne mâintroduira pas plus loin dans un autre monde que tel crĂ©puscule de Virgile. Plus tard, jâai prĂ©fĂ©rĂ© la rudesse dâEnnius, si prĂšs des origines sacrĂ©es de la race, ou lâamertume savante de LucrĂšce, ou, Ă la gĂ©nĂ©reuse aisance dâHomĂšre, lâhumble parcimonie dâHĂ©siode. Jâai goĂ»tĂ© surtout les poĂštes les plus compliquĂ©s et les plus obscurs, qui obligent ma pensĂ©e Ă la gymnastique la plus difficile, les plus rĂ©cents ou les plus anciens, ceux qui me frayent des voies toutes nouvelles ou mâaident Ă retrouver les pistes perdues. Mais, Ă cette Ă©poque, jâaimais surtout dans lâart des vers ce qui tombe le plus immĂ©diatement sous les sens, le mĂ©tal poli dâHorace, Ovide et sa mollesse de chair. p. 44 6Dans cette Ă©numĂ©ration, Marguerite Yourcenar rĂ©unit bien des traits caractĂ©ristiques de son personnage, changeant, variable, attirĂ© Ă la fois par la puretĂ© de lâexpression et la complexitĂ© de lâesprit humain, aimantĂ© par les extrĂȘmes, fascinĂ© par la GrĂšce et attachĂ© Ă Rome. Mais ce quâHadrien Ă©prouve au fil de ses lectures reflĂšte Ă©galement ce que Marguerite Yourcenar offre Ă ses lecteurs une Ćuvre narrative, comme celles des poĂštes Ă©piques, mythique, comme celle dâHĂ©siode et mĂ©ditative, comme celle de LucrĂšce, mais aussi une ouverture vers un autre monde » dâamour et de mort, que lâon pĂ©nĂštre au prix, sinon dâune gymnastique difficile », du moins dâun effort de comprĂ©hension, et dans lequel on parcourt autant de voies nouvelles » que de pistes perdues ». Ces pistes perdues », lâempereur les explore de nouveau aprĂšs la mort dâAntinoĂŒs, et les Ă©voque dans une mĂ©ditation sur ses lectures qui constitue en quelque sort le double endeuillĂ© de celle de Varius, multiplex, multiformis ». Ses choix se sont alors resserrĂ©s, ses goĂ»ts se sont muĂ©s en obsessions, mais lâauteur entremĂȘle de nouveau les caractĂ©ristiques de son personnage et celles de sa propre Ă©criture Les poĂštes aussi mâoccupĂšrent ; jâaimais Ă conjurer hors dâun passĂ© lointain ces quelques voix pleines et pures. Je me fis un ami de ThĂ©ognis, lâaristocrate, lâexilĂ©, lâobservateur sans illusion et sans indulgence des affaires humaines, toujours prĂȘt Ă dĂ©noncer ces erreurs et ces fautes que nous appelons nos maux. Cet homme avait goĂ»tĂ© aux dĂ©lices poignantes de lâamour ; [...] lâimmortalitĂ© quâil promettait au jeune homme de MĂ©gare Ă©tait mieux quâun vain mot, puisque ce souvenir mâatteignait Ă une distance de plus de six siĂšcles. Mais, parmi les anciens poĂštes, Antimaque surtout mâattacha ; jâapprĂ©ciais ce style obscur et dense, ces phrases amples et pourtant condensĂ©es Ă lâextrĂȘme, grandes coupes de bronze emplies dâun vin lourd. [...] Il avait passionnĂ©ment pleurĂ© sa femme LydĂ© ; il avait donnĂ© le nom de cette morte Ă un long poĂšme oĂč trouvaient place toutes les lĂ©gendes de douleur et de deuil. Cette LydĂ©, que je nâaurais peut-ĂȘtre pas remarquĂ©e vivante, devenait pour moi une figure familiĂšre, plus chĂšre que bien des personnages fĂ©minins de ma propre vie. Ces poĂšmes, pourtant presque oubliĂ©s, me rendaient peu Ă peu ma confiance en lâimmortalitĂ©. p. 235-236 7Les styles respectifs de ThĂ©ognis et Antimaque ne sont pas sans rapport avec celui que Marguerite Yourcenar prĂȘte Ă Hadrien, sans illusion et sans indulgence », dense », ample et pourtant condensĂ© Ă lâextrĂȘme », et de mĂȘme que ThĂ©ognis et Antimaque assurent lâimmortalitĂ© de Cyrnus et LydĂ©, Marguerite Yourcenar fait revivre Hadrien et AntinoĂŒs, les rend, le temps dâune lecture, plus familiers aux lecteurs que leurs contemporains. 3 Marguerite Yourcenar elle-mĂȘme dĂ©signe trĂšs clairement MĂ©moires dâHadrien comme une Ćuvre poĂ©tique ... 4 Sur ce sujet, voir RĂ©my Poignault, Hadrien et le monde des lettres », dans LâAntiquitĂ© dans lâĆu ... 5 Les messages affluĂšrent ; PancratĂšs mâenvoya son poĂšme enfin terminĂ© ; ce nâĂ©tait quâun mĂ©diocre ... 8La poĂ©sie, en particulier amoureuse ou Ă©lĂ©giaque, occupe ainsi une large part de la bibliothĂšque dâHadrien ; câest encore Ă ce genre quâil se rĂ©fĂšre pour retracer lâatmosphĂšre qui enveloppe ses liaisons adultĂšres avec des patriciennes CâĂ©tait le monde de Tibulle et de Properce une mĂ©lancolie, une ardeur un peu factice, mais entĂȘtante comme une mĂ©lodie sur le mode phrygien » p. 74. Le théùtre en revanche semble tenir peu de place dans son paysage littĂ©raire hormis le texte de Lycophron lu lors de la rencontre avec AntinoĂŒs p. 169, lâunique Ă©vocation dâune piĂšce de théùtre rĂ©side dans lâanecdote sinistre de la tĂȘte de Crassus lancĂ©e de main en main comme une balle au cours dâune reprĂ©sentation des Bacchantes dâEuripide, quâun roi barbare frottĂ© dâhellĂ©nisme donnait au soir dâune victoire » p. 93 â la catharsis fait alors totalement dĂ©faut, puisque Crassus dĂ©capitĂ© redouble lâhorreur de PenthĂ©e dĂ©membrĂ©. Lâhistoire, en revanche, figure en bonne place dans les lectures dâHadrien. Lâentreprise historique, mĂȘme menĂ©e sans gĂ©nie, lui semble toujours estimable, ainsi quâen tĂ©moigne sa remarque Ă propos de PhlĂ©gon Le style de PhlĂ©gon est fĂącheusement sec, mais ce serait dĂ©jĂ quelque chose que de rassembler et dâĂ©tablir les faits » p. 235. Au mĂȘme titre que la poĂ©sie, lâhistoire est dotĂ©e dâune puissance Ă©motionnelle telle que les vies lues transcendent lâexpĂ©rience vĂ©cue ; la rencontre avec Plutarque, bien que relatĂ©e sur le mode pudique de lâallusion, constitue ainsi Ă nâen pas douter lâun des sommets de la vie littĂ©raire dâHadrien, et peut-ĂȘtre de toute son existence Ă ChĂ©ronĂ©e, oĂč jâĂ©tais allĂ© mâattendrir sur les antiques couples dâamis du Bataillon SacrĂ©, je fus deux jours lâhĂŽte de Plutarque. Jâavais eu mon Bataillon SacrĂ© bien Ă moi, mais, comme il mâarrive souvent, ma vie mâĂ©mouvait moins que lâhistoire » p. 87. PoĂ©sie, histoire, les genres favoris de lâempereur sont donc ceux-lĂ mĂȘme qui constituent la matiĂšre des MĂ©moires dâHadrien3. Si Marguerite Yourcenar cite les auteurs quâa vĂ©ritablement lus son personnage, et quâelle-mĂȘme a longuement frĂ©quentĂ©s au cours de sa gigantesque entreprise de reconstruction documentĂ©e4, elle nâen met pas moins lâaccent sur certaines prĂ©fĂ©rences, ou certains aspects qui font signe vers sa propre Ă©criture. Hadrien, laisse-t-elle entendre, nâa guĂšre trouvĂ© de poĂšte ou dâhistorien Ă sa mesure pour chanter ses Ă©motions ou retracer son rĂšgne les textes composĂ©s Ă lâoccasion de la mort dâAntinoĂŒs sont mĂ©diocres5, le style de PhlĂ©gon laisse Ă dĂ©sirer. Aussi devient-elle ce patient biographe du futur dont, non sans ironie, elle fait dĂ©crire Ă Hadrien la tĂąche difficile Les SuĂ©tones de lâavenir auront fort peu dâanecdotes Ă rĂ©colter sur moi », prĂ©sage-t-il en se fĂ©licitant de la discrĂ©tion de ses proches p. 140 ; une fois nâest pas coutume, les talents oraculaires dâHadrien se trouvent dĂ©mentis. 9Tout concorde dans la bibliothĂšque rĂ©inventĂ©e par Marguerite Yourcenar les Ă©vĂ©nements de la vie dâHadrien et ceux que retracent ses lectures, les goĂ»ts du personnage et les procĂ©dĂ©s de sa crĂ©atrice. Et câest prĂ©cisĂ©ment dans des phĂ©nomĂšnes dâĂ©troites correspondances, gages de vĂ©ritĂ©, que rĂ©side le critĂšre Ă lâaune duquel lâempereur juge de la qualitĂ© dâune Ćuvre littĂ©raire. De PolĂ©mon notamment, il aime lâauthenticitĂ©, perceptible dans lâinventio comme dans lâactio. La rhĂ©torique chez lui nâest pas un masque mais un rĂ©vĂ©lateur Le rhĂ©teur PolĂ©mon, le grand homme de LaodicĂ©e, qui rivalisait avec HĂ©rode dâĂ©loquence, et surtout de richesses, mâenchanta par son style asiatique, ample et miroitant comme les flots dâun Pactole cet habile assembleur de mots vivait comme il parlait, avec faste » p. 176. De mĂȘme, son jeu est on ne peut plus sĂ©rieux Il y avait de lâacteur en PolĂ©mon, mais les jeux de physionomie dâun grand comĂ©dien traduisent parfois une Ă©motion Ă laquelle participent tout une foule, tout un siĂšcle » p. 192. Ă lâinverse, dans la colĂšre que JuvĂ©nal fait naĂźtre chez lâempereur, le dĂ©goĂ»t de lâhypocrisie le dispute au sentiment de lâoffense JuvĂ©nal osa insulter dans une de ses Satires le mime PĂąris, qui me plaisait. JâĂ©tais las de ce poĂšte enflĂ© et grondeur ; jâapprĂ©ciais peu son mĂ©pris pour lâOrient et la GrĂšce, son goĂ»t affectĂ© pour la prĂ©tendue simplicitĂ© de nos pĂšres, et ce mĂ©lange de descriptions dĂ©taillĂ©es du vice et de dĂ©clamations vertueuses qui titille les sens du lecteur tout en rassurant son hypocrisie. p. 249 10Trop conscient sans doute de ses propres faiblesses il ne cache pas que son attachement pour PĂąris contribue Ă le dĂ©goĂ»ter de JuvĂ©nal, Hadrien ne recourt lui-mĂȘme que trĂšs rarement au registre de la satire, si ce nâest, prĂ©cisĂ©ment, pour railler JuvĂ©nal, ou pour dresser la galerie de portraits lĂ©gĂšrement caricaturale des hommes de lettres dont il sâest entourĂ© p. 139-140 â mais la raillerie se nuance alors de tendresse. Un personnage en particulier cristallise son mĂ©pris de la littĂ©rature inauthentique il sâagit de la bien nommĂ©e Julia Balbilla. Le nom de cette authentique poĂ©tesse proche de Sabine Ă©voque irrĂ©sistiblement un babil ou un balbutiement au mieux insignifiant, au pire irritant. La premiĂšre mention que fait dâelle Hadrien est dĂ©jĂ teintĂ©e de condescendance [Sabine] ne sâentourait que de femmes de lettres inoffensives. La confidente du moment, une certaine Julia Balbilla, faisait assez bien les vers grecs » p. 206. Mais bientĂŽt, lâinoffensive faiseuse se mĂ©tamorphose en personnage repoussoir, dont la prolixitĂ© est signe dâinauthenticitĂ©. Devant le colosse de Memnon, lâinĂ©puisable Julia Balbilla enfant[e] sur-le-champ une sĂ©rie de poĂšmes » p. 222 qui contrastent avec lâinscription minimaliste laissĂ©e par Hadrien. Celui-ci grave en grec une forme abrĂ©gĂ©e et familiĂšre de son nom » p. 223 et, lĂ oĂč les vers de Julia Balbilla semblaient nâĂȘtre que vacuitĂ©, cette inscription Ă proprement parler lapidaire suffit Ă faire naĂźtre la conscience de lâinstant et le bouleversant souvenir des vingt ans quâAntinoĂŒs nâatteindra jamais. Au seuil de la mort, Hadrien se remĂ©more sans le nommer cet Ă©pisode dĂ©chirant Audivi voces divinas... La sotte Julia Balbilla croyait entendre Ă lâaurore la voix mystĂ©rieuse de Memnon jâai Ă©coutĂ© les bruissements de la nuit » p. 309. Lâobscur chant du monde peut ĂȘtre Ă de certains instants une poĂ©sie plus limpide que le verbe des hommes, parce quâil dit sans dĂ©tours ni faux-semblants lâexactitude de ce qui est. 11Un accord, tel semble ĂȘtre ce que recherche Hadrien dans le dĂ©dale de ses lectures â accord avec lâĂ©motion, avec le monde, avec soi-mĂȘme, avec dâautres hommes lâauteur, mais aussi ceux qui ont vĂ©cu et que les mots font renaĂźtre. Un accord, câest Ă©galement ce que compose Marguerite Yourcenar en parcourant la bibliothĂšque de lâempereur perdu, tant chacune des allusions intertextuelles quâelle mĂ©nage est lourde de rĂ©sonnances. Ainsi la rencontre avec AntinoĂŒs, roman ou poĂšme Ă©lĂ©giaque vĂ©cu par Hadrien, est-elle placĂ©e sous le signe de la littĂ©rature On lut ce soir-lĂ une piĂšce assez abstruse de Lycophron que jâaime pour ses folles juxtapositions de sons, dâallusions et dâimages, son complexe systĂšme de reflets et dâĂ©chos » p. 169. Ce nâest certes pas le fait du hasard si cette notation prend place Ă lâorĂ©e du SĆculum aureum », Ă lâinstant oĂč le rĂ©cit dĂ©ploie au plus haut degrĂ© sa poĂ©sie de sons, dâallusions et dâimages » alors quâelle va faire apparaĂźtre AntinoĂŒs au bord dâune source consacrĂ©e Ă Pan » ibid., câest-Ă -dire Ă Tout, Marguerite Yourcenar fait rĂ©sonner lâune des notes Ă la fois secrĂštes et claires du complexe systĂšme de reflets et dâĂ©chos » que sont les MĂ©moires dâHadrien. La bibliothĂšque de Marguerite Yourcenar 12Il est un autre moment du SĆculum aureum » oĂč Hadrien et AntinoĂŒs Ă©coutent de concert un texte bruissant dâĂ©chos. Alors quâil relate ses expĂ©riences magiques et ses interrogations sur la nature de lâĂąme, lâempereur se souvient Vers la mĂȘme Ă©poque, PhlĂ©gon, qui collectionnait les histoires de revenants, nous raconta un soir celle de La FiancĂ©e de Corinthe dont il se porta garant. Cette aventure oĂč lâamour ramenait une Ăąme sur la terre, et lui rendait temporairement un corps, Ă©mut chacun de nous, mais Ă des profondeurs diffĂ©rentes. Plusieurs tentĂšrent dâamorcer une expĂ©rience analogue [...]. Aucune de ces tentatives ne rĂ©ussit. Mais dâĂ©tranges portes sâĂ©taient ouvertes. p. 199 6 FantĂŽmes et statues sont explicitement mis en relation lors de la rencontre de la Sibylle bretonne ... 13LâĂ©pisode est troublant en ce quâil prĂ©figure les efforts Ă venir dâHadrien pour ramener Ă la vie le fantĂŽme dâAntinoĂŒs par lâentremise de la statuaire6 ; il lâest Ă©galement en ce quâil Ă©veille chez lâauteur et ses lecteurs des souvenirs nĂ©cessairement Ă©trangers au narrateur. Marguerite Yourcenar fait Ă©tat de sa surprise dans les Carnets de notes, oĂč elle avoue Il faut sâenfoncer dans les recoins dâun sujet pour dĂ©couvrir les choses les plus simples, et de lâintĂ©rĂȘt littĂ©raire le plus gĂ©nĂ©ral. Câest seulement en Ă©tudiant PhlĂ©gon, secrĂ©taire dâHadrien, que jâai appris quâon doit Ă ce personnage oubliĂ© la premiĂšre et lâune des plus belles entre les grandes histoires de revenants, cette sombre et voluptueuse FiancĂ©e de Corinthe dont se sont inspirĂ©s Goethe et lâAnatole France des Noces corinthiennes p. 338-339. 14La superposition dans lâesprit du lecteur des textes de PhlĂ©gon, dâAnatole France et surtout de Goethe, dont le nom est spontanĂ©ment associĂ© au titre de La FiancĂ©e de Corinthe, ouvre Ă son tour dâĂ©tranges portes », et fait partager au lecteur du XXe siĂšcle lâĂ©moi Ă©prouvĂ© par Hadrien et ses proches de mĂȘme que lâapparition de la morte amoureuse, lâintertextualitĂ© brouille les frontiĂšres temporelles, et offre un moyen de rĂ©trĂ©cir Ă son grĂ© la distance des siĂšcles » p. 331. 7 Dans Les Yeux ouverts, Marguerite Yourcenar dit plus explicitement encore son admiration pour Prou ... 8 Pierre Corneille, Sertorius, acte III, scĂšne 1, dans Théùtre complet II, Pierre LiĂšvre et Roger Ca ... 15Dans la bibliothĂšque des MĂ©moires dâHadrien, les volumens du narrateur cohabitent en effet avec les volumes de lâauteur, çà et lĂ discrĂštement glissĂ©s sur les rayonnages du temps. Au-delĂ de ses recherches historiques, les lectures de Marguerite Yourcenar nourrissent nĂ©cessairement son Ă©criture, comme en tĂ©moignent les Carnets de notes, qui Ă©voquent abondamment les auteurs dans le sillage desquels elle se situe, et notamment Proust ; la reconstitution dâun passĂ© perdu » quâelle lui attribue p. 330 nâest sans doute pas tout Ă fait Ă©trangĂšre Ă cette recherche dâun temps perdu que sont les MĂ©moires dâHadrien7. De tels souvenirs de lecture ont leur place dans les paratextes et les commentaires ; on sâattendrait en revanche moins Ă les trouver entremĂȘlĂ©s au tissu mĂȘme de la lettre dâHadrien, dont lâauteur cherchait en quelque sorte Ă sâabsenter, affirmant sa volontĂ© de sâinterdire les ombres portĂ©es ; ne pas permettre que la buĂ©e dâune haleine sâĂ©tale sur le tain du miroir » p. 332. Des rĂ©miniscences littĂ©raires affleurent pourtant parfois en surimpression sur lâimage dâHadrien, sans jamais la ternir ni la troubler toutefois, tant elles sont discrĂštes. Un seul effet de citation clairement identifiable fait employer Ă lâempereur des mots dâun autre Ăąge Rome nâest plus dans Rome elle doit pĂ©rir ou sâĂ©galer dĂ©sormais Ă la moitiĂ© du monde », affirme Hadrien en prĂ©ambule Ă lâexposĂ© de ses principes politiques p. 124. Le roman rĂ©sonne alors des accents classiques de la cĂ©lĂšbre rĂ©plique de Sertorius Rome nâest plus dans Rome, elle est toute oĂč je suis8 ». Lâallusion est ludique Marguerite Yourcenar fait rĂ©pĂ©ter Ă un empereur du IIe siĂšcle les paroles dâun Romain de la RĂ©publique Ă©crites quinze siĂšcles aprĂšs lui. La mise Ă distance est nette lĂ oĂč Sertorius affirme porter Rome en lui, Hadrien la veut universelle. Vertiges de lâespace et du temps, le jeu de la citation dit lâĂ©ternitĂ© de Rome dans la mĂ©moire humaine. 16Câest Ă©galement cette permanence de lâAntique que suggĂšre le choix fait par Marguerite Yourcenar de traduire une citation de Virgile par ce qui est, peu ou prou, une phrase de Gide, ainsi que le remarque RĂ©my Poignault 9 RĂ©my Poignault, LâAntiquitĂ© dans lâĆuvre de Marguerite Yourcenar, op. cit., t. II, p. 433. Quand, aprĂšs avoir Ă©voquĂ© les portraits par lesquels il a essayĂ© dâimmortaliser AntinoĂŒs, Hadrien explique sa conception esthĂ©tique du pouvoir â rĂ©aliser un idĂ©al de beautĂ©, et par consĂ©quent dâharmonie et de justice alliĂ©es Ă la force â, il cite encore, mais sans se rĂ©fĂ©rer Ă son auteur, un extrait de Virgile, empruntĂ© cette fois aux Bucoliques Trahit sua quemque uoluptas chacun est entraĂźnĂ© par son plaisir », quâil rend par un Ă chacun sa pente » qui fait Ă©cho Ă la phrase des Faux-Monnayeurs 11 est bon de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant » ; dans lâĂ©glogue virgilienne, Corydon, dĂ©plorant quâAlexis ne partageĂąt pas son amour, prononçait ces mots avec quelque amertume, tandis quâHadrien exprime en toute sĂ©rĂ©nitĂ© son idĂ©al de beautĂ© glissant des Ćuvres dâart â et de lâamour â Ă la politique9. 17Le glissement subtil dâun intertexte Ă lâautre traduit le succĂšs des vĆux dâimmortalitĂ© dâHadrien au fil du temps et des livres, les mots se mĂȘlent, se mĂ©tamorphosent au grĂ© de la pente » de ceux qui les prononcent, mais, mutatis mutandis, se survivent. SâĂ©labore ainsi un imaginaire mythique des amours antiques, sĂ©dimentĂ© autour de la figure dâAntinoĂŒs, et qui se manifeste lorsque Marguerite Yourcenar se souvient de ceux qui, avant elle, ont fait revivre la silhouette du favori 10 Ibid., p. 480. Lâimage dâAntinoĂŒs venant en canot Ă ce qui allait ĂȘtre sa derniĂšre soirĂ©e et recevant de Lucius une guirlande doit peut-ĂȘtre quelque chose au tableau de Dorian Gray imaginĂ© par Basil Hallward dans le roman dâOscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray, couronnĂ© de grandes fleurs de lotus, Ă la proue de la barque dâAdrien le regard perdu au loin par-delĂ les eux verdĂątres du Nil », comme la suite mĂȘme du texte dâOscar Wilde fait penser Ă la scĂšne dâAntinoĂŒs se tenant au bord dâune vasque Vous vous ĂȘtes penchĂ© ensuite sur un lac tranquille Ă lâorĂ©e dâun bois grec et vous avez contemplĂ© dans les eaux calmes et argentĂ©es le reflet merveilleux de votre beautĂ©10. » 18Oscar Wilde avait fait de Dorian Gray un nouvel AntinoĂŒs, idĂ©al de beautĂ© dorienne » ; imperceptiblement, Marguerite Yourcenar fait en retour dâAntinoĂŒs un nouveau Dorian, celui qui jamais ne vieillit. 11 Voir Jean-Marcel Paquette, Lâautre genre la forme de lâessai dans MĂ©moires dâHadrien », Bullet ... 12 Voir Henri Vergniolle de Chantal, MĂ©moires dâHadrien, LâĆuvre au noir, Un homme obscur un imag ... 19MĂȘme lorsquâils sâaffranchissent de toute rĂ©fĂ©rence Ă lâAntiquitĂ©, les souvenirs des lectures de Marguerite Yourcenar ajoutent une densitĂ© temporelle au rĂ©cit dâHadrien, et rappellent que la substance, la structure humaine ne changent guĂšre » p. 333. Rien dâĂ©tonnant par exemple Ă trouver en Hadrien, dont la lettre est aussi un essai11 » consacrĂ© Ă la connaissance de lâhomme et de soi, un peu de Montaigne. Lâadmiration de Marguerite Yourcenar pour ce dernier est bien connue il compte parmi les auteurs quâelle dit relire rĂ©guliĂšrement YO, p. 234, la bibliothĂšque de Petite Plaisance recelait plusieurs Ă©ditions des Essais, et lorsquâelle sâattarde sur le goĂ»t du nomadisme qui caractĂ©rise lâempereur, elle paraĂźt se remĂ©morer lâĂ©loge des voyages que fait lâessayiste12. Comme lui, Hadrien articule en effet libertĂ© de mouvement, libertĂ© du corps, et libertĂ© de lâesprit [...] la grande ressource Ă©tait avant tout lâĂ©tat parfait du corps une marche forcĂ©e de vingt lieu nâĂ©tait rien, une nuit sans sommeil nâĂ©tait considĂ©rĂ©e que comme une invitation Ă penser. Peu dâhommes aiment longtemps le voyage, ce bris perpĂ©tuel de toutes les habitudes, cette secousse sans cesse donnĂ©e Ă tous les prĂ©jugĂ©s. Mais je travaillais Ă nâavoir nul prĂ©jugĂ© et peu dâhabitudes. lâapprĂ©ciais la profondeur dĂ©licieuse des lits, mais aussi le contact et lâodeur de la terre nue, les inĂ©galitĂ©s de chaque segment de la circonfĂ©rence du monde. lâĂ©tais fait Ă la variĂ©tĂ© des nourritures, gruau britannique ou pastĂšque africaine. Il mâarriva un jour de goĂ»ter au gibier Ă demi pourri qui fait les dĂ©lices de certaines peuplades germaniques jâen vomis, mais lâexpĂ©rience fut tentĂ©e. p. 137 20DĂ©tails triviaux et presque incongrus, les expĂ©riences culinaires en pays Ă©tranger sont en vĂ©ritĂ© lâindice dâun esprit de tolĂ©rance sans doute directement empruntĂ© Ă Montaigne Outre ces raisons, le voyager me semble un exercice profitable. Lâame y a une continuelle exercitation, Ă remarquer des choses incogneuĂ«s et nouvelles ; et je ne sçache point meilleure escolle, comme jâay dict souvent, Ă former la vie que de luy proposer incessamment la diversitĂ© de tant dâautres vies, fantaisies et usances, et lui faire gouster une si perpetuelle variĂ©tĂ© de formes de nostre nature. Le corps nây est ny oisif ny travaillĂ©, et cette modĂ©rĂ©e agitation le met en haleine. Je me tien Ă cheval sans sans demonter, tout choliqueux que je suis, et sans mây ennuyer, huict et dix heures [...]. 13 Michel de Montaigne, Les Essais, livre III, chap. ix De la vanitĂ© », Pierre Villey Ă©d., Pari ... Jâay la complexion du corps libre, et le goust commun, autant quâhomme du monde. La diversitĂ© des façons dâune nation Ă autre, ne me touche que par le plaisir de la variĂ©tĂ©. Chaque usage a sa raison. Soyent des assiettes dâestain, de bois, de terre, bouilly ou rosty, beurre ou huyle de nois ou dâolive, chaut ou froit, tout mâest un, et si un que, vieillissant, jâaccuse cette genereuse facultĂ©, et auroy besoin que la dĂ©licatesse et le chois arrestat lâindiscretion de mon appetit et par fois soulageat mon estomac. Quand jâay estĂ© ailleurs quâen France et que, pour me faire courtoisie, on mâa demandĂ© si je vouloy estre servy Ă la Françoise, je mâen suis mocquĂ© et me suis toujours jettĂ© aux tables les plus espesses dâĂ©trangers13. 21La libertĂ© commune aux deux voyageurs que sont Hadrien et Montaigne, Marguerite Yourcenar la vagabonde en use elle aussi, et entraĂźne Ă sa suite le lecteur dans un pĂ©riple en littĂ©rature au cours duquel elle lui propose incessamment la diversitĂ© de tant dâautres vies, fantaisies, et usances ». 14 Lâarbre est un exilĂ©, la roche est un proscrit » Victor Hugo, Ce que dit la bouche dâombre »,... 22Plus Ă©tonnantes peut-ĂȘtre que les traces humanistes de Montaigne sont les rĂ©miniscences romantiques que lâon peut dĂ©celer dans les MĂ©moires dâHadrien. Marguerite Yourcenar a frĂ©quentĂ© trĂšs tĂŽt la littĂ©rature romantique adolescente, la jeune Mlle de Crayencour en avait dĂ©jĂ lu toutes les Ćuvres majeures. Elle semble sâen ĂȘtre quelque peu Ă©loignĂ©e par la suite, et il est parfois difficile de dĂ©terminer si les Ă©chos romantiques quâĂ©veille le rĂ©cit dâHadrien relĂšvent dâallusions intertextuelles dĂ©libĂ©rĂ©es ou de souvenirs plus fortuits de lectures de jeunesse. Il semble peu probable nĂ©anmoins que lâauteur nâait pas songĂ© par exemple Ă Hugo, en choisissant de dĂ©peindre comme des bouches dâombre » les oracles de mauvais augure parmi lesquels figure la sorciĂšre de Canope p. 210. Voix panthĂ©iste des mystĂšres de la vie et de la mort, la Bouche dâOmbre hugolienne, qui dit jusquâĂ lâĂąme des pierres14, a bien sa place Ă lâheure oĂč AntinoĂŒs marche vers son sacrifice et sa demi-rĂ©surrection minĂ©rale. La prĂ©sence dâĂ©chos Ă des textes postĂ©rieurs Ă lâexistence dâHadrien instille dans la lettre une dimension prophĂ©tique. Celle-ci se trouve accentuĂ©e lorsque les textes Ă©voquĂ©s possĂšdent eux-mĂȘmes un caractĂšre oraculaire ; de mĂȘme quâelle conjure les ombres des Contemplations de Hugo, Marguerite Yourcenar ravive les flammes du Paris » de Vigny, lorsquâHadrien, aprĂšs la dĂ©dicace du temple de VĂ©nus et de Rome, mĂ©dite devant la ville en flamme La nuit qui suivit ces cĂ©lĂ©brations, du haut dâune terrasse, je regardai brĂ»ler Rome. Ces feux de joie valaient bien les incendies allumĂ©s par NĂ©ron ils Ă©taient presque aussi terribles. Rome le creuset, mais aussi la fournaise, et le mĂ©tal qui bout, le marteau, mais aussi lâenclume, la preuve visible du changement et des recommencements de lâhistoire, lâun des lieux au monde oĂč lâhomme aura le plus tumultueusement vĂ©cu. La conflagration de Troie, dâoĂč un fugitif sâĂ©tait Ă©chappĂ©, emportant avec lui son vieux pĂšre, son jeune fils, et ses Lares, aboutissait ce soir-lĂ Ă ces grandes flammes de fĂȘte. Je songeais aussi, avec une sorte de terreur sacrĂ©e, aux embrasements de lâavenir. p. 186-187 23Si les incendies du passĂ© â celui de Troie, celui quâallume NĂ©ron â sont clairement identifiĂ©s, les embrasements de lâavenir », eux, demeurent innommĂ©s. Parmi ceux-ci figure sans doute cette autre vision dâune ville-fournaise, Ă©galement contemplĂ©e de nuit et depuis une hauteur 15 Alfred de Vigny, Paris », PoĂšmes antiques et modernes, dans Ćuvres complĂštes I. PoĂ©sie et théùtr ... Le vertige parfois est prophĂ©tique. â Il faitQuâune Fournaise ardente Ă©blouit ta paupiĂšre ?Câest la Fournaise aussi que tu vois. â Sa lumiĂšreTeint de rouge les bords du ciel noir et profond ;Câest un feu sous un dĂŽme obscur, large et sans dans les nuits dâhiver et dâĂ©tĂ©, quand les heuresFont du bruit en sonnant sur le toit des demeuresParce que lâhomme y dort, lĂ veillent des Esprits,Grands ouvriers dâune Ćuvre et sans nom et sans nuit leur lampe brĂ»le, et le jour elle fume,Le jour elle a fumĂ©, le soir elle sâallume,Et toujours et sans cesse alimente les feuxDe la Fournaise dâor que nous voyons tous deux15. 16 LĂ , tout fume, tout brĂ»le, tout brille, tout bouillonne, tout flambe, sâĂ©vapore, sâĂ©teint, se ra ... 24 Preuve visible du changement et des recommencements de lâhistoire », la flamme de lâactivitĂ© humaine embrase les tableaux des capitales dâun siĂšcle Ă lâautre, dâun texte Ă lâautre. Le vertige prophĂ©tique » causĂ© par le procĂ©dĂ© est dâautant plus grand que la vision de Vigny a pu inspirer celle par laquelle Balzac ouvre cette Ă©tonnante Fille aux yeux dâor16 » que les Carnets de notes citent avec fascination parmi les romans historiques p. 330. Mais le regard jetĂ© sur lâavenir ne sâarrĂȘte pas lĂ la contemplation dâHadrien, qui entrevoit un Ă©norme Ă©cueil aperçu au loin dans lâombre » p. 187, se rĂ©sout en pressentiment Ă la fois sombre et rĂ©signĂ©, comme le poĂšme de Vigny dans lequel un autre Ă©cueil menace Paris 17 Paris », op. cit., p. 111. Et je chancelle encor, nâosant plus sur la terreContempler votre ville et son double je crains bien pour elle et pour vous, car voilĂ Quelque chose de noir, de lourd, de vaste, lĂ ,Au plus haut point du ciel, oĂč ne sauraient atteindreLes feux dont lâhorizon ne cesse de se teindre ;Et je crois entrevoir ce rocher tĂ©nĂ©breuxQuâannoncĂšrent jadis les prophĂštes hĂ©breux17. 18 Deux enfants du classicisme Chateaubriand et Yourcenar », Bulletin de la SIEY, no 25, dĂ©cembre ... 19 François-RenĂ© de Chateaubriand, MĂ©moires dâoutre-tombe, livre XIV, chap. I, Jean-Claude Berchet Ă© ... 25Le regard prophĂ©tique dâHadrien sur Rome reflĂšte ainsi le brasier de Paris », poĂšme qui dĂ©jĂ recelait le souvenir dâautres prophĂštes ce que lâempereur contemple ainsi dâen haut, câest sans doute Ă©galement la profondeur des pouvoirs de la littĂ©rature mis en abĂźme. Câest Ă©galement cette profondeur que Marguerite Yourcenar rencontre chez un autre penseur romantique du temps, quâelle nâĂ©voque jamais directement, mais dont lâombre plane sur les MĂ©moires dâHadrien Chateaubriand. Ăcrits dans une Italie bien connue de Chateaubriand voyageur et secrĂ©taire de lĂ©gation, mais aussi composĂ©s au bord de la mort, et aprĂšs cette traversĂ©e du Styx que reprĂ©sente le suicide dâAntinoĂŒs, les souvenirs de lâempereur sont Ă proprement parler des MĂ©moires dâoutre-tombe. Lorsquâil conçoit les divisions dâAntinoĂ©, Hadrien se souvient Tout y entrait, Hestia et Bacchus, les dieux du foyer et ceux de lâorgie, les divinitĂ©s cĂ©lestes et celles dâoutre-tombe » p. 237. De mĂȘme, tout entre dans lâĆuvre de Marguerite Yourcenar, jusquâĂ la mĂ©moire dâautres MĂ©moires Laura Brignoli18 a signalĂ© la parentĂ© qui unit le dernier souffle dâHadrien Un instant encore, regardons ensemble les rives familiĂšres, les objets que sans doute nous ne reverrons plus... », p. 316, et la conclusion du cĂ©lĂšbre Ă©pisode de la grive de Montboissier Mettons Ă profit le peu dâinstants qui me restent ; hĂątons-nous de peindre ma jeunesse, tandis que jây touche encore le navigateur, abandonnant pour jamais un rivage enchantĂ©, Ă©crit son journal Ă la vue de la terre qui sâĂ©loigne et qui va bientĂŽt disparaĂźtre19. » La rĂ©miniscence littĂ©raire est ici trĂšs estompĂ©e ; elle se perd dans lâĂ©motion poignante qui saisit le lecteur Ă lâinstant des adieux dâHadrien ; il nâen demeure pas moins que lâeffet dâĂ©cho fait de celui qui se prĂ©pare Ă entrer dans la mort les yeux ouverts » le frĂšre dâun navigateur en partance et qui touche encore » Ă sa jeunesse. Prestige et vertige de lâĂ©criture et du souvenir, le dĂ©dale de la bibliothĂšque ouvre Ă un voyage qui pourrait ne finir jamais. Hadrien, lector in fabula 26La prĂ©sence discrĂšte des lectures de Marguerite Yourcenar confĂšre Ă Hadrien une place lĂ©gĂšrement dĂ©centrĂ©e dans la bibliothĂšque, dont il nâest pas lâunique propriĂ©taire. Lâauteur sâestompe certes, mais ne sâefface pas tout Ă fait, ce qui prĂ©serve son Ćuvre du danger dâĂȘtre rangĂ©e dans le rayonnage des mĂ©moires apocryphes » et des supercheries littĂ©raires. Jamais elle ne cherche Ă faire passer Hadrien pour lâauteur dâun texte oĂč il est somme toute moins Ă©crivain que lecteur. 20 Jeanine S. Alec a montrĂ© quâil sâagit lĂ dâune constante chez les personnages yourcenariens Da ... 27Hadrien Ă©crit, certes, et ses productions occupent une place de choix dans la bibliothĂšque de Marguerite Yourcenar elles figurent parmi les premiĂšres sources mentionnĂ©es dans la Note finale, oĂč elles sont soigneusement inventoriĂ©es p. 353. Le plus cĂ©lĂšbre de ces textes, le poĂšme Animula, vagula, blandula », Ă©pitaphe de lâempereur, joue dâailleurs un rĂŽle structurant dans lâĆuvre il en constitue lâĂ©pigraphe, donne son titre Ă la premiĂšre section, et reparaĂźt Ă la toute fin du rĂ©cit, lorsque lâĂąme dâHadrien, devenue un peu moins flottante » pour le lecteur qui a appris Ă mieux la connaĂźtre, sâapprĂȘte Ă un nouvel et incertain envol Petite Ăąme, Ăąme tendre et flottante, compagne de mon corps, qui fut ton hĂŽte, tu vas descendre dans ces lieux pĂąles, durs et nus, oĂč tu devras renoncer aux jeux dâautrefois » p. 316. Pour belle et fidĂšle que soit la traduction, ces mots, en prose et en français, ne sont dĂ©jĂ plus tout Ă fait ceux du versificateur latin en mĂȘme temps que les derniers mots de Marguerite Yourcenar sont dâHadrien, les ultima verba dâHadrien sont de Marguerite Yourcenar. De maniĂšre significative, celle-ci leur ajoute une clausule bien Ă elle TĂąchons dâentrer dans la mort les yeux ouverts... » ibid., et une inscription qui porte la marque de lâempereur, mais ne lui donne plus voix Au divin Hadrien Auguste / Fils de Trajan / ConquĂ©rant des Parthes [...] » p. 317. Du je de lâĂ©pistolier au tu du mourant qui oublie Marc AurĂšle pour sâadresser Ă son Ăąme ; du tu au nous dâune personnalitĂ© diverse enfin unifiĂ©e au seuil de la mort, mais aussi ouverte Ă lâuniversel, et du nous Ă la marmorĂ©enne troisiĂšme personne de la titulature, Hadrien peu Ă peu quitte les rivages de sa lettre, et dans ce glissement Marguerite Yourcenar suggĂšre quâil nâa Ă©tĂ© auteur que passagĂšrement20. Le narrateur lui-mĂȘme ne cesse en effet de se dire Ă©crivain mĂ©diocre ou vellĂ©itaire. Adolescent, sa passion de la poĂ©sie lui inspire des ambitions littĂ©raires auxquelles il doit renoncer avec amertume dâabord, puis avec la sĂ©rĂ©nitĂ© de celui qui a Ă©prouvĂ© que sa vie Ă©tait ailleurs Scaurus me dĂ©sespĂ©ra en mâassurant que je ne serais jamais quâun poĂšte des plus mĂ©diocres le don et lâapplication manquaient. Jâai cru longtemps quâil sâĂ©tait trompĂ© jâai quelque part, sous clef, un ou deux volumes de vers dâamour, le plus souvent imitĂ©s de Catulle. Mais il mâimporte dĂ©sormais assez peu que mes productions personnelles soient dĂ©testables ou non. p. 44 28Bien plus tard, il est ressaisi du dĂ©sir dâĂ©crire, mais un nouveau renoncement sâimpose Ă lui, dans la mesure oĂč il se doit avant tout Ă sa charge impĂ©riale JâĂ©bauchai [...] un ouvrage assez ambitieux, mi-partie prose, mi-partie vers, oĂč jâentendais faire entrer Ă la fois le sĂ©rieux et lâironie, les faits curieux observĂ©s au cours de ma vie, des mĂ©ditations, quelques songes ; le plus mince des fils eĂ»t reliĂ© tout cela ; câeĂ»t Ă©tĂ© une sorte de Satyricon plus Ăąpre, Jây aurais exposĂ© une philosophie qui Ă©tait devenue la mienne, lâidĂ©e hĂ©raclitĂ©enne du changement et du retour. Mais jâai mis de cĂŽtĂ© ce projet trop vaste. p. 236-237 29Ăternel changement, Ă©ternel retour, Hadrien, qui ne cesse dâĂ©crire, est un homme qui nâa pas le temps de devenir Ă©crivain peut-ĂȘtre est-ce en cela que le temps retrouvĂ© yourcenarien se distingue le plus nettement du temps retrouvĂ© proustien, et qui pourtant Ă©prouve le besoin de revenir sur ses Ćuvres. 30Le narrateur est ainsi avant tout lecteur, et lecteur de lui-mĂȘme telle est la place quâil sâassigne lorsquâen Ă©crivant Ă Marc AurĂšle il part Ă la dĂ©couverte de ce quâil est Jâignore Ă quelles conclusions ce rĂ©cit mâentraĂźnera. Je compte sur cet examen des faits pour me dĂ©finir, me juger peut-ĂȘtre, ou tout au moins pour me mieux connaĂźtre avant de mourir » p. 30. Avant mĂȘme cette dĂ©cisive lecture de soi, il a Ă©tĂ© lâimpartial lecteur de ses propres Ćuvres Je revisais mes propres Ćuvres les vers dâamour, les piĂšces de circonstance, lâode Ă la mĂ©moire de Plotine. Un jour, quelquâun aurait peut-ĂȘtre envie de lire tout cela. Un groupe de vers obscĂšnes me fit hĂ©siter ; je finis somme toute par lâinclure. Nos plus honnĂȘtes gens en Ă©crivent de tels. Ils sâen font un jeu ; jâeusse prĂ©fĂ©rĂ© que les miens fussent autre chose, lâimage exacte dâune vĂ©ritĂ© nue. Mais lĂ comme ailleurs les lieux communs nous encagent je commençais Ă comprendre que lâaudace de lâesprit ne suffit pas Ă elle seule pour sâen dĂ©barrasser, et que le poĂšte ne triomphe des routines et nâimpose aux mots sa pensĂ©e que grĂące Ă des efforts aussi longs et aussi assidus que mes travaux dâempereur. p. 236 31Sâil parvient Ă un regard objectif et dĂ©tachĂ© sur des Ă©crits pourtant extrĂȘmement personnels, câest parce quâil adopte le regard distant de ses Ă©ventuels lecteurs Ă venir ; de ce point dâoptique, le poĂšte » apparaĂźt clairement comme lâautre, celui Ă qui il ressemble peut-ĂȘtre, celui quâil aurait aimĂ© ĂȘtre sans doute, mais celui quâil nâest pas. 21 Mes ennemis, lâaffreux Servianus en tĂȘte, [...] prĂ©tendaient que lâambition et la curiositĂ© avai ... 32Hadrien pressent donc les futurs lecteurs de son Ćuvre, parmi lesquels Marguerite Yourcenar elle-mĂȘme. Il les prĂ©figure Ă©galement, ou plus exactement prĂ©figure le lecteur de MĂ©moires dâHadrien, dont il est le double potentiel, bien mieux que Marc AurĂšle, destinataire premier Ă la fois trop individualisĂ© pour ĂȘtre un support dâidentification, et trop absent pour incarner lâactivitĂ© de lecture. Il est des pages de MĂ©moires dâHadrien oĂč le livre se mĂ©tamorphose en un miroir dans lequel le lecteur peut se voir en train de lire celles oĂč le narrateur lui-mĂȘme lit des lettres. La lettre Ă©crite mâa enseignĂ© Ă Ă©couter la voix humaine, tout comme les grandes attitudes des statues mâont appris Ă apprĂ©cier les gestes », confie trĂšs tĂŽt lâempereur p. 30. De mĂȘme que la statuaire classique, parcourue dâĂąmes mais dĂ©livrĂ©e du hiĂ©ratisme, sublime dans le marbre le mouvement humain, la lettre Ă©crite » pĂ©rennise, clarifie, Ă©pure la parole prononcĂ©e le parallĂšle suggĂšre quâHadrien a su trouver dans lâĂ©pistolaire ce que prĂ©cisĂ©ment Marguerite Yourcenar souhaitait offrir Ă ses lecteurs le portrait dâune voix » p. 330. Il est mĂȘme permis dâimaginer Hadrien trouvant cette inflexion pure de la voix humaine dans des lettres qui ne lui sont pas destinĂ©es, tout comme que le lecteur des MĂ©moires dâHadrien la rencontre dans la lettre Ă Marc AurĂšle. On sait en effet lâempereur avide de dĂ©couvrir lâĂȘtre humain dans tous les documents qui peuvent le lui rĂ©vĂ©ler, confidence de ses maĂźtresses21, rapports de police, et peut-ĂȘtre lettres interceptĂ©es. Il se dĂ©fend des accusations de curiositĂ© malsaine en allĂ©guant son dĂ©sir de connaĂźtre lâautre sans fard On mâa reprochĂ© dâaimer Ă lire les rapports de la police de Rome ; jây dĂ©couvre sans cesse des sujets de surprise ; amis ou suspects, inconnus ou familiers, ces gens mâĂ©tonnent » p. 31. Un tel rapport au document nâest pas sans lien avec les recherches minutieuses menĂ©es par Marguerite Yourcenar pour amasser les pierres authentiques » p. 342 Ă lâaide desquelles elle bĂątit son rĂ©cit ; il tĂ©moigne surtout dâun goĂ»t de la lecture en prise directe avec lâhomme vrai, qui laisse Ă penser quâHadrien eĂ»t aimĂ© lire les MĂ©moires dâHadrien. 22 Voir Henriette Levillain, MĂ©moires dâHadrien de Marguerite Yourcenar, op. cit., p. 87 et suiv. 23 RĂ©my Poignault, LâAntiquitĂ© dans lâĆuvre de Marguerite Yourcenar, op. cit., t. II, p. 433 pour un ... 33La lettre dĂ©voile la voix et la vie des autres ; elle peut aussi, parfois, enseigner la vie. Si Marguerite Yourcenar assigne explicitement aux MĂ©moires dâHadrien la premiĂšre de ces deux fonctions, elle ne renonce pas Ă la seconde, suggĂ©rĂ©e par la dimension discrĂštement didactique de lâĂ©pĂźtre Ă Marc AurĂšle, et surtout par le rĂŽle-clef que remplit la missive dâArrien, vĂ©ritable miroir tendu tout Ă la fois Ă Hadrien et au lecteur22. Dans ce texte dont elle propose une adaptation assez libre23 », Marguerite Yourcenar trouve la substantifique moelle de son protagoniste Dans lâabsence de tout autre document, la lettre dâArrien Ă lâempereur Hadrien au sujet du pĂ©riple de la mer Noire suffirait Ă recrĂ©er dans ses grandes lignes cette figure impĂ©riale », affirme-t-elle dans les Carnets de notes p. 339. Sans doute reflĂšte-t-elle aussi, dans les effets produits sur Hadrien par cette lecture, les ambitions de son propre roman comme les MĂ©moires dâHadrien, la lettre dâArrien articule lâĂ©vocation dâune Ćuvre politique Ă la passion de lâart, les grandes scansions dâune existence Ă la fascination du mythe et, par cet entrelacement subtil, aide Ă penser la vie. En dĂ©pit de ses efforts, Hadrien ne sâest pas toujours montrĂ© bon lecteur de lâhomme et du mythe ; sur les terres glorieuses de lâIliade il sâĂ©gare et se montre inapte Ă interprĂ©ter les signes que lui adresse AntinoĂŒs Je trouvai quelques moments pour me recueillir sur la tombe dâHector ; AntinoĂŒs alla rĂȘver sur celle de Patrocle. Je ne sus pas reconnaĂźtre dans le jeune faon qui mâaccompagnait lâĂ©mule du camarade dâAchille je tournai en dĂ©rision ces fidĂ©litĂ©s passionnĂ©es qui fleurissent surtout dans les livres ; le bel ĂȘtre insultĂ© rougit jusquâau sang. p. 194 24 RĂ©my Poignault, Deux amis dâHadrien Arrien et Plotine », art. citĂ©, p. 184. RĂ©my Poignault cit ... 34LâĂ©pisode est lourd de prĂ©sages tragiques sous un ciel vert de catastrophe », une inondation chang[e] en Ăźlots les tumulus des tombeaux antiques » ibid. et les hommes, littĂ©ralement isolĂ©s, Ă©chouent Ă communiquer. Lâair vivifiant de lâĂźle dâAchille dĂ©crite par Arrien vient dissiper ces nuages la lettre rĂ©tablit la comprĂ©hension et lâharmonie parce quâelle est lâĆuvre dâun ami, moins passionnĂ© que Patrocle et AntinoĂŒs, mais non moins dĂ©vouĂ©, ainsi que lâa montrĂ© RĂ©my Poignault [Hadrien] trouve [...] en Arrien un ultime soutien lâauteur du PĂ©riple du Pont-Euxin remplit ainsi lâun des devoirs de lâamitiĂ© selon LĂ©lius âeniti et efficere, ut amici iacentem animum excitetâ ; mais il fait mieux il lui procure une rĂ©conciliation avec lui-mĂȘme et un accĂšs Ă lâĂ©ternitĂ©24. » La relation amicale pourrait ainsi fournir le modĂšle dâune relation littĂ©raire dans laquelle le lecteur, grĂące Ă la connaissance de lâautre, accĂšde Ă la connaissance de soi. Hadrien goĂ»te en effet pleinement la sagesse dâArrien, qui constitue certainement lâun des socles les plus solides de sa propre Patientia » Arrien comme toujours a bien travaillĂ©. Mais, cette fois, il fait plus il mâoffre un don nĂ©cessaire pour mourir en paix ; il me renvoie une image de ma vie telle que jâaurais voulu quâelle fĂ»t. Arrien sait que ce qui compte est ce qui ne figurera pas dans les biographies officielles, ce quâon nâinscrit pas sur les tombes ; il sait aussi que le passage du temps ne fait quâajouter au malheur un vertige de plus. Vue par lui, lâaventure de mon existence prend un sens, sâorganise comme dans un poĂšme. p. 297 35Hadrien lit ainsi entre les lignes sa propre biographie, quâil recompose mais qui a Ă©tĂ© Ă©crite par un autre en somme il lit les MĂ©moires dâHadrien. Câest alors que le prĂ©sent fait irruption dans le texte, que le temps de sa lecture coĂŻncide tout Ă la fois avec le temps de lâĂ©criture de la lettre et celui de la lecture du roman. Par la grĂące de lâĂ©criture dâArrien mĂȘlĂ©e Ă celle de Marguerite Yourcenar, Hadrien, Achille et celui qui, Ă dix-huit siĂšcles de distance lit leur double histoire, pour un instant ne font plus quâun. Je et les autres 25 Colette Gaudin, Marguerite Yourcenar Ă la surface du temps, op. cit., p. 95. 36Pour Colette Gaudin, Yourcenar a voulu battre les historiens au jeu de lâobjectivitĂ© » Ce qui est original pour un Ă©crivain de fiction, câest quâelle le fait en dĂ©crivant sa participation subjective au rĂ©cit25. » PrĂ©sence de lâĂ©crivain dans le roman, mais aussi, Ă©videmment, Carnets de notes et Note finale constituent des Ă©lĂ©ments de lâĂ©criture de soi intĂ©grĂ©s aux MĂ©moires dâHadrien. Dans quelle mesure est-il pertinent dâĂ©voquer une dimension autobiographique rĂ©elle Ă lâĆuvre derriĂšre lâautobiographie fictive dâHadrien et en quoi le, les je » du texte, se construisent-ils Ă lâaune de lâaltĂ©ritĂ© ? MĂ©moires de Marguerite ? 37Dans les Carnets de notes, Marguerite Yourcenar interdit explicitement tout raccourci interprĂ©tatif sur le choix de la premiĂšre personne et pointe du doigt la [g]rossiĂšretĂ© de ceux qui vous disent âHadrien, câest vousâ » p. 341. Ainsi la possibilitĂ© dâune lecture autobiographique du roman semble-t-elle dâemblĂ©e rĂ©cusĂ©e par les propos de lâauteur dont on sait lâimportance dans lâexĂ©gĂšse critique de ses propres textes. Sâil paraĂźt indispensable de sâinterroger sur le choix de lâĂ©criture Ă la premiĂšre personne, la dĂ©marche autobiographique est certes Ă envisager dans une perspective trĂšs diffĂ©rente des lectures visant Ă repĂ©rer des points communs entre lâauteur et son personnage, tout dâabord en raison de la vision mĂȘme de lâauteur. 38En effet, Marguerite Yourcenar tĂ©moigne dâun certain mĂ©pris pour ce quâon pourrait appeler lâexposition de sa personnalitĂ© ; elle sâen explique longuement dans les entretiens avec Matthieu Galey en Ă©voquant tout dâabord son dĂ©dain pour la posture Ă©gocentrique et vaine qui consiste Ă parler de soi dans les moindres dĂ©tails Cette obsession française du culte de la personnalitĂ© » la sienne chez la personne qui Ă©crit ou qui parle me stupĂ©fie toujours. Oserais-je dire que je la trouve affreusement petite-bourgeoise ? je, moi, me, mon, ma, mes... Ou tout est dans tout, ou rien ne vaut la peine quâon en parle. Pour mon compte, dans une rĂ©union dite mondaine », je mâĂ©carte aussi discrĂštement que je peux de la dame qui mâapprend quâelle aime beaucoup les marrons glacĂ©s, ses » confiseries favorites, ou du monsieur, gĂ©nĂ©ralement sĂ©nile, qui se montre disposĂ© Ă me raconter ses » aventures dâamour. YO, p. 205 26 Alain TrouvĂ©, Leçon littĂ©raire sur MĂ©moires dâHadrien, op. cit., p. 113. 39Ce manque dâintĂ©rĂȘt pour les accidents de sa propre personnalitĂ© conduit dâailleurs Marguerite Yourcenar Ă lâabsence dans ses textes autobiographiques dans Archives du Nord, câest la filiation qui lâintĂ©resse, non le rĂ©cit de sa propre enfance, et la romanciĂšre avoue son dĂ©sintĂ©rĂȘt pour ce je du passĂ© que les autobiographes tentent pourtant de retrouver Franchement, je ne comprends pas cette insistance sur le âjeâ, quand ce âjeâ sâapplique Ă une enfant nĂ©e en juin 1903 et devenue peu Ă peu lâĂȘtre humain que je suis ou essaie dâĂȘtre » YO, p. 212. Il est vrai que [d]ans la plus grande partie du Labyrinthe du monde, ses MĂ©moires [...], la narratrice nâest le plus souvent prĂ©sente quâen tant que tĂ©moin ou biographe » Ce quâelle raconte, ce sont ses proches, sa famille, ses ascendants26. » Ainsi, mĂȘme les textes dits autobiographiques de Marguerite Yourcenar sont-ils finalement dĂ©gagĂ©s de lâomniprĂ©sence dâune personnalitĂ©, dâune singularitĂ© identitaire que lâautobiographe chercherait Ă saisir. 40Dâailleurs la romanciĂšre exprime nettement lâinanitĂ© dâune reconstitution autobiographique dans la mesure oĂč le je est aussi Ă©tranger Ă lui-mĂȘme que ne lâest autrui Tout nous Ă©chappe, et tous, et nous-mĂȘmes. La vie de mon pĂšre mâest plus inconnue que celle dâHadrien. Ma propre existence, si jâavais Ă lâĂ©crire, serait reconstituĂ©e par moi du dehors, pĂ©niblement, comme celle dâun autre ; jâaurais Ă mâadresser Ă des lettres, aux souvenirs dâautrui, pour fixer ces flottantes mĂ©moires. Ce ne sont jamais que murs Ă©croulĂ©s, pans dâombre. Sâarranger pour que les lacunes de nos textes, en ce qui concerne la vie dâHadrien, coĂŻncident avec ce quâeussent Ă©tĂ© ses propres oublis. p. 331 41Quâil sâagisse de soi-mĂȘme, dâun parent ou dâun personnage, quâil sâagisse dâune autobiographie, dâune biographie ou dâun roman, la dĂ©marche est la mĂȘme qui consiste Ă saisir lâexistence par une reconstitution. 42DĂ©sintĂ©rĂȘt profond pour les accidents de sa propre personnalitĂ© et impossibilitĂ© de saisir son moi » si dĂ©marche autobiographique il y a, elle nâest pas Ă chercher dans les contingences dâun rĂ©cit de vie. Aussi [l]e public qui chercher des confidences personnelles dans le livre dâun Ă©crivain est un public qui ne sait pas lire » YO, p. 205 tenter de repĂ©rer lâombre portĂ©e de lâauteur dans tel dĂ©tail de vie, dans telle inclination, dans telle opinion dâHadrien, constitue une aporie aux yeux de Marguerite Yourcenar. Est-ce Ă dire que la romanciĂšre sâefface entiĂšrement dans son personnage ? Nây a-t-il pas de traces de sa prĂ©sence dans le roman ? Fait-elle vĂ©ritablement silence ? 27 Alain TrouvĂ©, Leçon littĂ©raire sur MĂ©moires dâHadrien » de Marguerite Yourcenar, op. cit., p. 11 ... 43Sâil est un espace autobiographique dans MĂ©moires dâHadrien, il sâagit clairement des Carnets de notes. Le paratexte dĂ©livre en effet de nombreux Ă©lĂ©ments de la vie de lâauteur circonstances datĂ©es, formation et dĂ©roulement du projet dâĂ©criture, sentiments personnels. Dans les Carnets se donne Ă lire quelque chose de lâordre de la formation de la personnalitĂ© Ă©voquĂ©e par Philippe Lejeune dans sa dĂ©finition de lâautobiographie. Alain TrouvĂ© lâaffirme clairement malgrĂ© leur disposition en fragments, les Carnets incluent un vĂ©ritable rĂ©cit de vie et rĂ©pondent exactement Ă la dĂ©finition de lâautobiographie proposĂ©e par Philippe Lejeune. » En effet, outre une organisation chronologique et des regroupements thĂ©matiques qui prouvent que ces notes ne sont pas restituĂ©es telles quâelles ont Ă©tĂ© Ă©crites », les Carnets se caractĂ©risent par [l]a prĂ©sence continue dâun je narrateur-personnage qui rĂ©fĂšre Ă lâauteur rĂ©el Marguerite Yourcenar » ainsi que par lâemploi des temps du passĂ© au lieu du prĂ©sent attendu qui narrativisent nettement lâensemble27 ». Si les Carnets relĂšvent donc pour partie du rĂ©cit autobiographique, quâen est-il du roman lui-mĂȘme ? 44Si elle rejette catĂ©goriquement une lecture autobiographique, strictement individuelle, dont il faudrait retrouver trace dans le roman, Marguerite Yourcenar confie malgrĂ© tout sâĂȘtre servi de sa propre expĂ©rience pour Ă©crire MĂ©moires dâHadrien et avoir par exemple [u]tilis[Ă©] pour mieux comprendre un commencement de maladie de cĆur » p. 333 28 MichĂšle Goslar, Yourcenar biographie, op. cit., p. 160-161. DĂšs la fin de lâĂ©tĂ© 1944, Marguerite Yourcenar ressent les premiers symptĂŽmes dâune faiblesse cardiaque. Trois semaines plus tard, Ă New York, un malaise la surprend dans la rue. Elle se rĂ©fugie chez ses amis Kayaloff et est contrainte au repos. Ă quarante et un ans, elle sait quâelle est malade du cĆur et se persuade quâelle peut mourir Ă tout moment dâune attaque. Elle se servira de cette expĂ©rience personnelle dans un prochain livre quâelle nâimagine pas encore Ă©crire28. 29 RĂ©my Poignault, LâAntiquitĂ© dans lâĆuvre de Marguerite Yourcenar, op. cit., t. II, p. 757. 45Ses inclinations personnelles transparaissent aussi parfois derriĂšre Hadrien, de son propre aveu Quand je fais parler Hadrien de son amour des pays barbares, câest par moments mon propre goĂ»t pour eux qui fait Ă©cho au sien » YO, p. 304. Comme le note RĂ©my Poignault, [c]e goĂ»t pour les pays barbares [...] qui appartient aussi Ă Marguerite Yourcenar, est une crĂ©ation qui lui est propre et qui contraste avec lâextension du limes ou le âpanhellĂ©nisme antibarbareâ qui caractĂ©rise la politique de lâempereur29 ». La comparaison entre le prince tel que le prĂ©sente la romanciĂšre et tel que le prĂ©sentent les documents historiques tĂ©moigne ainsi des inflĂ©chissements donnĂ©s par la crĂ©ation romanesque. Mais cette prĂ©sence auctoriale ne signale en rien une volontĂ© de paraĂźtre derriĂšre le personnage ou de livrer des clĂ©s de lecture autobiographiques si Marguerite Yourcenar est prĂ©sente derriĂšre Hadrien, câest que sa dĂ©marche dâĂ©criture sâinscrit dans une traversĂ©e de soi qui vise Ă dĂ©passer les singularitĂ©s pour renouer avec lâhumanitĂ© inscrite en nous-mĂȘmes. 46 Tout ĂȘtre qui a vĂ©cu lâaventure humaine est moi » p. 342 câest lĂ que rĂ©side la singularitĂ© de lâĂ©criture yourcenarienne, dans cette intĂ©gration dâune individualitĂ© Ă la sienne propre pour mieux toucher lâuniversalitĂ© de lâexpĂ©rience humaine. Cette dĂ©marche qui entend saisir lâhumanitĂ© en soi nâest dâailleurs pas propre Ă la fiction et informe Ă©galement lâĂ©criture de soi Toute lâhumanitĂ© et toute la vie passent en nous, et si elles ont pris ce chemin dâune famille et dâun milieu en particulier qui fut celui de notre enfance, ce nâest quâun hasard parmi tous nos hasards » YO, p. 204. La prĂ©sence de Marguerite Yourcenar dans MĂ©moires dâHadrien ne se situe donc pas dans des dĂ©tails autobiographiques, mais dans une traversĂ©e de soi pour toucher lâhumain. 47Câest prĂ©cisĂ©ment dans cette tentative dâapprĂ©hender ce qui nous fait hommes par-delĂ les siĂšcles et les cultures que naĂźt la dĂ©marche autobiographique de Marguerite Yourcenar. En regardant en elle-mĂȘme les traces de lâhumanitĂ©, elle entend prendre seulement ce quâil y a de plus durable, de plus essentiel en nous, dans les Ă©motions des sens ou dans les opĂ©rations de lâesprit, comme point de contact avec ces hommes qui comme nous croquĂšrent des olives, burent du vin, sâengluĂšrent les doigts de miel, luttĂšrent contre le vent aigre et la pluie aveuglante et cherchĂšrent en Ă©tĂ© lâombre dâun platane, et jouirent, et pensĂšrent, et vieillirent, et moururent » p. 332. Point de dĂ©tails anecdotiques dans cette perception de soi, mais une volontĂ© dâĂȘtre lâinstrument traversĂ© par le sentiment de lâhumanitĂ©. 48Ă cet Ă©gard, la romanciĂšre se perçoit comme un intermĂ©diaire destinĂ© Ă susciter ou Ă redonner vie Ă des personnages inventĂ©s ou morts. Marguerite Yourcenar explique ainsi son manque dâintĂ©rĂȘt pour elle-mĂȘme câest pourquoi je nâai au fond quâun intĂ©rĂȘt limitĂ© pour moi-mĂȘme. Jâai lâimpression dâĂȘtre un instrument Ă travers lequel des courants, des vibrations sont passĂ©s. Et cela vaut pour tous mes livres, et je dirais mĂȘme pour toute ma vie » YO, p. 309. Dans cette perspective oĂč lâauteur est un intermĂ©diaire dont le rĂŽle consiste Ă insuffler la vie, se dessine un processus de crĂ©ation proche dâune vĂ©ritable gestation. 49En effet, Marguerite Yourcenar emploie systĂ©matiquement le lexique de la vie, du mouvement, voire de la chair, pour Ă©voquer le processus de crĂ©ation Ă lâĆuvre ainsi Ă©crit-elle avoir tĂąch[Ă©] de rendre leur mobilitĂ©, leur souplesse vivante, Ă ces visages de pierre » dans MĂ©moires dâHadrien p. 332, et avoir cherchĂ© Ă rendre lâempereur vivant On a le curriculum vitae dâHadrien, câest-Ă -dire quâon sait, annĂ©e aprĂšs annĂ©e, les diffĂ©rents emplois, les diffĂ©rents dignitĂ©s dont il a Ă©tĂ© revĂȘtu. Mais on ne sait pas grand-chose de plus. On sait le nom de quelques-uns de ses amis ; on connaĂźt un peu son groupe Ă Rome, sa vie personnelle. Alors jâai tĂąchĂ© de reconstituer tout cela, Ă partir des documents, mais en mâefforçant de les revivifier ; tant quâon ne fait pas entrer toute sa propre intensitĂ© dans un document, il est mort, quel quâil soit. YO, p. 146 50Dans cette perspective, lâauteur doit savoir se taire et nâĂȘtre quâun rĂ©ceptacle Ă la voix du personnage comme une matrice nourrirait un ĂȘtre Ă venir sans pour autant lui imposer sa propre forme, [o]n doit tĂącher dâentendre, de faire silence en soi pour entendre ce quâHadrien pourrait dire, ou ce que ZĂ©non pourrait dire dans telle ou telle circonstance » Ne jamais y mettre du sien, ou alors inconsciemment, en nourrissant les ĂȘtres de sa substance, comme on les nourrirait de sa chair, ce qui nâest pas du tout la mĂȘme chose que de les nourrir de sa propre petite personnalitĂ©, de ces tics qui nous font nous » YO, p. 69. Ici se donne clairement Ă lire la mĂ©taphore de la gestation. RĂ©cusant absolument lâidentitĂ© entre elle-mĂȘme et ses personnages, Marguerite Yourcenar se place comme lâĂȘtre pourvoyeur dâune substance vivante nĂ©cessaire Ă la crĂ©ation 30 Son pĂšre, figure centrale d'Archives du Nord et de Quoi ? lâĂternitĂ©, les deux derniers volets du ... Je ne suis pas plus Michel30 que je suis ZĂ©non ou Hadrien. Jâai essayĂ© de le reconstituer â comme tout romancier â Ă partir de ma substance, mais câest une substance indiffĂ©renciĂ©e. On nourrit de sa substance le personnage quâon crĂ©e câest un peu un phĂ©nomĂšne de gestation. Il faut bien, pour lui donner ou lui rendre la vie, le fortifier dâun apport humain, mais il ne sâensuit pas quâil soit nous ou que nous soyons lui. Les entitĂ©s restent diffĂ©rentes. YO, p. 211 51Ainsi la prĂ©sence de Marguerite Yourcenar ne vaut-elle, Ă ses yeux, que dans la stricte mesure oĂč elle existe en tant que membre de lâhumanitĂ© tout particularisme, toute communautĂ© de personnalitĂ© semble alors dĂ©risoire tant la vision de soi atteint lâuniversalitĂ©. 52De ce processus crĂ©atif naĂźt un paradoxe finalement, Hadrien se trouve peut-ĂȘtre davantage en Marguerite quâelle-mĂȘme ne se trouve en lui. Câest en tout cas ce quâelle semble signifier lorsquâelle met lâaccent sur lâimportance du personnage dans sa vie, et sur le fait quâil a existĂ© et existe encore Ă ses cĂŽtĂ©s. Tout autant quâun inflĂ©chissement de lâauteur sur le personnage, câest le personnage qui semble in fine laisser sa trace sur lâauteur Il semble que tout ce que jâai tentĂ© dâexprimer au sujet dâHadrien rejaillisse en quelque sorte sur moi. Sa luciditĂ© fortifie le peu de luciditĂ© que je possĂšde ; je me souviens, en cas de crise, quâil en a traversĂ© et les a surmontĂ©es ; sa disciplina augusta, sa virtus augusta me soutiennent, et plus encore me convient sa derniĂšre devise de malade Patientia. YO, p. 227 31 Henriette Levillain, MĂ©moires dâHadrien » de Marguerite Yourcenar, op. cit., p. 179. 53Henriette Levillain Ă©crit dâailleurs que, [sur] un autre plan plus personnel, mais Ă plus long terme, Hadrien appartient Ă la gĂ©nĂ©alogie mi-reconstituĂ©e, mi-rĂȘvĂ©e des ancĂȘtres de Marguerite de Crayencour » Au fur et Ă mesure que lâauteur des Archives du Nord dĂ©cline les noms de ses ancĂȘtres flamands, elle note, ou provoque, toutes sortes de coĂŻncidences entre la vie, la culture et la personnalitĂ© de lâempereur romain et celles de ses ascendants31. » 54La vie rĂ©elle se mĂȘle alors aux constructions de lâimaginaire pour former un espace intĂ©rieur dont la complexitĂ© dĂ©passe la frontiĂšre entre fiction et rĂ©alitĂ© il en va ainsi des [l]ieux oĂč lâon a choisi de vivre, rĂ©sidences invisibles quâon sâest construites Ă lâĂ©cart du temps ». Jâai habitĂ© Tibur, Ă©crit-elle, jây mourrai peut-ĂȘtre, comme Hadrien dans lâĂle dâAchille. » p. 347. Marguerite Yourcenar signale alors lâaporie dâune distinction entre sa propre vie et celle de ses personnages, allant jusquâĂ rĂ©cuser la distinction entre fiction et non-fiction, tant est profonde et rĂ©ciproque son immersion crĂ©ative Vous avouerais-je que je nâai jamais eu le sentiment dâĂ©crire de la fiction » ? Jâai toujours attendu que ce que jâĂ©crivais fĂ»t assez incorporĂ© Ă moi pour nâĂȘtre pas diffĂ©rent de ce que seraient mes propres souvenirs [...] ; la maladie dâHadrien me paraĂźt aussi authentique que mes maladies. YO, p. 307 Lâart dĂ©licat du portrait 55Dans les Carnets de notes, Marguerite Yourcenar Ă©crit quâelle aurait souhaitĂ© dĂ©velopper le portrait » dâun certain nombre dâĂȘtres », tels Plotine, Sabine, Arrien, SuĂ©tone, mais que le choix de lâĂ©criture personnelle imposait un regard nĂ©cessairement partiel et partial, lacunaire et erronĂ©. En effet, Hadrien ne pouvait les voir que de biais. AntinoĂŒs lui-mĂȘme ne peut ĂȘtre aperçu que par rĂ©fraction, Ă travers les souvenirs de lâempereur, câest-Ă -dire avec une minutie passionnĂ©e, et quelques erreurs » p. 335. Pour autant, dans le roman se dessinent les visages dâĂȘtres dont le lecteur ressent lâimportance AntinoĂŒs, Ă©videmment, mais aussi Plotine, prĂ©sences entourant lâexistence dâHadrien dans la pierre et dans la vie. Les pierres... 56Amoureux de lâart et de la pensĂ©e hellĂ©nique, Hadrien voit dans la sculpture une image de la vie mais aussi de lâamour si la lettre Ă©crite [lui] a enseignĂ© Ă Ă©couter la voix humaine », ce sont les grandes attitudes immobiles des statues [qui lui] ont appris Ă apprĂ©cier les gestes » p. 30. La statue semble indissociable de lâamour, tout se passant comme si la beautĂ© et la grĂące sensuelle Ă©taient transfigurĂ©es et saisies dans leur acmĂ© par lâart sculptural. Ces liaisons, agrĂ©ables quand ces femmes Ă©taient habiles, devenaient Ă©mouvantes quand elles Ă©taient belles. JâĂ©tudiais les arts ; je me familiarisais avec des statues ; jâapprenais Ă mieux connaĂźtre la VĂ©nus de Cnide ou la LĂ©da tremblant sous le poids du cygne » p. 74 Hadrien relie explicitement son expĂ©rience amoureuse au sentiment esthĂ©tique, les femmes aimĂ©es rejoignant VĂ©nus et LĂ©da dans une communautĂ© vivante. 57DâemblĂ©e sâexprime ainsi le paradoxe tenu dans le roman entre lâimmobilitĂ© et le mouvement, entre la rigiditĂ© et la vie, entre la mort et lâamour, la statue fixant une forme dâessence vitale dans un processus presque dĂ©miurgique. Les rĂ©flexions dâHadrien sur la construction, longuement dĂ©veloppĂ©es dans Tellus stabilita », soulignent bien la part vivante contenue dans la pierre Notre art est parfait », Ă©crit Hadrien, câest-Ă -dire accompli, mais sa perfection est susceptible de modulations aussi variĂ©es que celles dâune voix pure » p. 145. Si la pierre peut contenir le souffle et la vie, dans quelle mesure Hadrien se rĂȘve-t-il en Pygmalion ? 58La question du portrait porte en effet en elle-mĂȘme celle de la crĂ©ation et du rapport entre le crĂ©ateur et son Ćuvre. Ă ce titre, portraits, statues, sculptures et monuments abondent dans le roman et signalent la volontĂ© impĂ©riale de figer lâamour disparu, quâil sâagisse dâAntinoĂŒs ou de Plotine. Les statues et monuments Ă©rigĂ©s par Hadrien naissent en effet du dĂ©sir de renouer avec les disparus ainsi des chapelles dâAntinoĂŒs, et ses temples, chambres magiques, monuments dâun mystĂ©rieux passage entre la vie et la mort, oratoires dâune douleur et dâun bonheur Ă©touffants, [...] lieu de la priĂšre et de la rĂ©apparition » oĂč Hadrien se livre Ă [s]on deuil » p. 142. De la mĂȘme maniĂšre, Ă NĂźmes, Hadrien Ă©tabli[t] le plan dâune basilique dĂ©diĂ©e Ă Plotine et destinĂ©e Ă devenir un jour son temple » p. 154. 59LâomniprĂ©sence des portraits dâAntinoĂŒs dans le roman nâest pas une invention de lâauteur mais tĂ©moigne bel et bien dâune rĂ©alitĂ© historique ils abondent, et vont de lâincomparable au mĂ©diocre. Tous, en dĂ©pit des variations dues Ă lâart du sculpteur ou Ă lâĂąge du modĂšle, Ă la diffĂ©rence entre les portraits faits dâaprĂšs le vivant et les portraits exĂ©cutĂ©s en lâhonneur du mort, bouleversent par lâincroyable rĂ©alisme de cette figure toujours immĂ©diatement reconnaissable et pourtant si diversement interprĂ©tĂ©e, par cet exemple, unique dans lâAntiquitĂ©, de survivance et de multiplication dans la pierre dâun visage qui ne fut ni celui dâun homme dâĂtat ni celui dâun philosophe, mais simplement qui fut aimĂ©. p. 336 60Hadrien a multipliĂ© les images dâAntinoĂŒs et sâil nâexiste pas de monnaie romaine Ă son effigie, câest en raison de lâopposition du SĂ©nat et non dâune volontĂ© impĂ©riale ; lâabondance des portraits dâAntinoĂŒs dans le roman sâinscrit donc dans la rĂ©fĂ©rentialitĂ© historique. 61Pour autant, Markus MeĂling voit dans lâimportance donnĂ©e Ă la sculpture dans le roman une dimension symbolique trĂšs forte dĂ©passant largement le cadre de la reconstitution historique La statue grecque nâest pas seulement un moyen pour lâĂ©crivain de faire revivre la pensĂ©e hellĂ©nique dâun prince romain. Ătant la concrĂ©tion pierreuse du corps humain et subissant les forces modificatrices du temps, la sculpture dĂ©passe son statut uniquement historique dans lâouvrage de Marguerite Yourcenar et devient ainsi une image modĂšle Ă partir de laquelle lâĂ©crivain dĂ©peint sa vision poĂ©tico-philosophique du temps et de lâexistence humaine. 32 Markus MeĂling, La fonction de la sculpture dans MĂ©moires dâHadrien de Marguerite Yourcenar par ... Comme la sculpture est mutilĂ©e par les Ă©lĂ©ments naturels, Ă mesure que le temps passe, lâhomme en tant quâindividu, lui-mĂȘme sculpture, se voit soumis Ă un temps destructeur qui dĂ©vore » son Ćuvre. Mais de mĂȘme que lâintention du sculpteur rĂ©siste au temps car elle ressort encore incontestablement de la ruine dâune statue classique, les structures, voire la substance mĂȘme de lâexistence humaine ressortent de cette chaĂźne » de pertes perpĂ©tuelles. Le passĂ© paraĂźt ainsi comme un grand Ă©cran » qui reflĂšte lâimmuable nature de lâhomme. Câest dans ce sens que lâhistoricitĂ© tourne dans lâuniversalitĂ© dans lâĆuvre de Marguerite Yourcenar32. 62Ainsi la pierre porte-t-elle la trace de la temporalitĂ© et engage-t-elle dans le roman une mĂ©ditation sur la vanitĂ© de lâexistence et du pouvoir soumis, comme toute construction humaine, Ă la ruine. LâĂ©rection de monuments et la crĂ©ation sculpturale sont alors Ă envisager dans le cadre dâune rĂ©flexion sur la destruction et la mort la crĂ©ation porterait en elle-mĂȘme la trace de sa destruction future, comme une naissance porte sa propre mort. Dans cette entreprise qui consiste Ă conserver une forme de vie se lit ainsi le dĂ©sir dĂ©miurgique de rĂ©sister au temps. 63Hadrien explicite dâailleurs le lien de la construction Ă la temporalitĂ© et Ă la vie [c]onstruire, Ă©crit-il, câest collaborer avec la terre câest mettre une marque humaine sur un paysage qui en sera modifiĂ© Ă jamais » ; reconstruire, câest collaborer avec le temps sous son aspect de passĂ©, en saisir ou en modifier lâesprit, lui servir de relais vers un plus long avenir ; câest retrouver sous les pierres les secrets des sources. » Ici la voix de Marguerite Yourcenar, rĂȘvant dans les Carnets du contact avec les siĂšcles passĂ©s via la pierre ou lâobjet, semble se faire entendre derriĂšre celle dâHadrien, lorsquâil Ă©crit Notre vie est brĂšve nous parlons sans cesse des siĂšcles qui prĂ©cĂšdent ou qui suivent le nĂŽtre comme sâils nous Ă©taient totalement Ă©trangers ; jây touchais pourtant dans mes jeux avec la pierre. Ces murs que jâĂ©taie sont encore chauds du contact de corps disparus ; des mains qui nâexistent pas encore caresseront ces fĂ»ts de colonnes. Plus jâai mĂ©ditĂ© sur ma mort, et surtout sur celle dâun autre, plus jâai essayĂ© dâajouter Ă nos vies ces rallonges presque indestructibles. p. 141 64La construction dans la brique Ă©ternelle » de Rome et le marbre natal » de GrĂšce ou dâAsie relĂšvent ainsi dâune recherche de lâhumanitĂ© et la sculpture devient monde Je suis comme nos sculpteurs lâhumain me satisfait ; jây trouve tout, jusquâĂ lâĂ©ternel. La forĂȘt tant aimĂ©e se ramasse pour moi tout entiĂšre dans lâimage du centaure ; la tempĂȘte ne respire jamais mieux que dans lâĂ©charpe ballonnĂ©e dâune dĂ©esse marine. Les objets naturels, les emblĂšmes sacrĂ©s, ne valent quâalourdis dâassociations humaines la pomme de pin phallique et funĂšbre, la vasque aux colombes qui suggĂšre la sieste au bord des fontaines, le griffon qui emporte le bien-aimĂ© au ciel. p. 146 65En accord avec sa vision de lâart, Hadrien confesse que [lâ]art du portrait [lâ]intĂ©ressait peu » dans la mesure oĂč les portraits romains nâont quâune valeur de chronique copies marquĂ©es de rides exactes ou de verrues uniques, dĂ©calques de modĂšles quâon coudoie distraitement dans la vie et quâon oublie sitĂŽt morts » p. 146 ce quâHadrien rejette, câest lâindividualitĂ©, la singularitĂ© peinte dans le portrait puisquâil nây voit lĂ que dĂ©tail, contingence, anecdote. Les Grecs au contraire ont aimĂ© la perfection humaine au point de se soucier assez peu du visage variĂ© des hommes » et dans cette perspective, le portrait vĂ©ritable accĂšde Ă lâuniversalitĂ©. Câest pourquoi â et la voix de Marguerite Yourcenar se fait sans doute entendre ici encore â Hadrien affirme ne jet[er] quâun coup dâĆil Ă [sa] propre image, cette figure basanĂ©e, dĂ©naturĂ©e par la blancheur du marbre, ces yeux grands ouverts, cette bouche mince et pourtant charnue, contrĂŽlĂ©e jusquâĂ trembler » p. 146. 66AntinoĂŒs va pourtant bouleverser cette conception de lâart comme accĂšs Ă lâhumanitĂ©, le portrait devenant symbole de lâobsession dâHadrien Ă faire revivre le disparu le visage dâun autre mâa prĂ©occupĂ© davantage. SitĂŽt quâil compta dans ma vie, lâart cessa dâĂȘtre un luxe, devint une ressource, une forme de secours. Jâai imposĂ© au monde cette image il existe aujourdâhui plus de portraits de cet enfant que de nâimporte quel homme illustre, de nâimporte quelle reine. Jâeus dâabord Ă cĆur de faire enregistrer par la statuaire la beautĂ© successive dâune forme qui change ; lâart devint ensuite une sorte dâopĂ©ration magique capable dâĂ©voquer un visage perdu. Les effigies colossales semblaient un moyen dâexprimer ces vraies proportions que lâamour donne aux ĂȘtres ; ces images, je les voulais Ă©normes comme une figure vue de tout prĂšs, hautes et solennelles comme les visions et les apparitions du cauchemar, pesantes comme lâest restĂ© ce souvenir ibid. 67La mort dâAntinoĂŒs signe alors une conception nouvelle de lâart chargĂ© de porter le deuil et de rendre la vie, et Hadrien distingue lui-mĂȘme entre les statues et portraits du jeune vivant » destinĂ©s Ă saisir le mouvement de la vie changeante, le passage du corps adolescent Ă lâĂąge adulte dans toutes ses variations, et les portraits dâaprĂšs la mort, et oĂč la mort a passĂ©, ces grands visages aux lĂšvres savantes, chargĂ©s de secrets qui ne sont plus les [s]iens, parce que ce ne sont plus ceux de la vie » p. 147. La statue touche alors au sacrĂ© et teinte la volontĂ© crĂ©atrice dâune dimension presque magique. 33 Dans les Carnets de notes, Marguerite Yourcenar souligne dâailleurs lâĂ©lĂ©ment presque faustien d ... 68En effet, si Hadrien sâentoure de statues Ă la mort du bien-aimĂ©, son rapport Ă la sculpture change et atteint prĂ©cisĂ©ment une forme de dĂ©sir presque faustien33 34 Philippe Berthier, Regarder les images jusquâĂ les faire bouger », dans Les Diagonales du temps. ... Câest bien dâopĂ©ration cabalistique quâil convient de parler dans cette initiative pathĂ©tique â parce quâon la sait vaine â dâextravaser sur un mannequin inerte un monde dâaffects qui le ressusciterait. Dans sa folie sublime, cette dĂ©marche est celle-lĂ mĂȘme de lâĂ©crivain. Lorsquâelle entreprend en effet de resituer AntinoĂŒs Ă lâintĂ©rieur de la restitution dâHadrien, Yourcenar se livre Ă des manipulations sorciĂšres qui sont exactement mimĂ©tiques de celles de lâempereur34... 69Dans cette perspective, quâil sâagisse dâHadrien ou de Marguerite Yourcenar, lâart du portrait sâinscrit dans une dĂ©marche presque dĂ©miurgique Ă lâimage de Pygmalion, lâempereur et la romanciĂšre cherchent Ă donner ou redonner la vie Ă lâĂȘtre rigidifiĂ© par la mort, le symbolisme de la pierre Ă©tant Ă cet Ă©gard tout Ă fait explicite. Ă ce titre, la description de lâembaumement dâAntinoĂŒs rĂ©vĂšle combien la volontĂ© de figer la vie aboutit Ă un atroce chef dâĆuvre » p. 217, indice de la dimension paradoxale dâun art devenu mortifĂšre. Mais lĂ oĂč la pierre fige ces ĂȘtres dans des espaces mortuaires, Marguerite Yourcenar insuffle une voix Ă Hadrien, lui donnant Ă jamais la mesure de la vie. ...et les voix 70Les MĂ©moires dâHadrien sont avant tout le [p]ortrait dâune voix » Si jâai choisi dâĂ©crire ces MĂ©moires dâHadrien Ă la premiĂšre personne, câest pour me passer le plus possible de tout intermĂ©diaire, fĂ»t-ce de moi-mĂȘme », Ă©crit Marguerite Yourcenar. Hadrien pouvait parler de sa vie plus fermement et plus subtilement que moi. » p. 330. Le roman ne propose pas le portrait physique de lâempereur Ă lâexception de la maladie ouvrant la lettre Ă Marc AurĂšle et des mĂ©ditations sur lâimportance des sens dans lâexpĂ©rience du monde, le corps dâHadrien ne fait pas lâobjet dâune peinture dans le roman. Par ailleurs, si la voix dâHadrien dresse le portrait dâĂȘtres qui lâentourent, ces derniers nâont pas la parole et leurs voix ne se font pas vĂ©ritablement entendre. Marguerite Yourcenar explique cette absence dialogique par lâimpossibilitĂ© historiographique de transcrire le ton de la conversation Hadrien, pour jeter ce long coup dâĆil sur sa vie, devait se servir de cet instrument de luciditĂ© quâĂ©tait pour le monde grĂ©co-romain, dont il est le reprĂ©sentant parfait, la parole organisĂ©e, presque impersonnelle. Je me suis rendu compte que le monologue Ă©tait la seule forme possible, et je nâai pas introduit dans le texte de conversations, parce que nous ignorons comment ces gens-lĂ se parlaient. Jâai publiĂ©, beaucoup plus tard, un long essai dans la Nouvelle Revue française, qui paraĂźtra un de ces jours en volume, dans lequel jâai exprimĂ© lâimmense difficultĂ© de faire parler entre eux les gens de lâAntiquitĂ©. Nous avons des comĂ©dies latines, certes, imitĂ©es elles-mĂȘmes de ce quâon appelle la nouvelle comĂ©die » grecque, et datant dâau moins deux siĂšcles et demi avant Hadrien elles oscillent entre le langage de la rue, les quolibets et les injures, comme chez Plaute, et un langage artificiellement raffinĂ© de gens bien Ă©levĂ©s, tels quâils sâexpriment sur la scĂšne, comme chez TĂ©rence, et cela dans des situations romanesques toujours plus ou moins invariables. Rien dans tout cela qui nous donne le ton exact de ce quâont pu ĂȘtre les propos dâHadrien avec Trajan, avec AntinoĂŒs ou avec Plotine. YO, p. 141 71Absence de voix autres, donc, mais prĂ©sence de portraits peints par la voix dâHadrien ainsi lit-on de Plotine un portrait ample et prĂ©cis au travers duquel la personnalitĂ© de lâimpĂ©ratrice se dessine davantage que ses traits physiques. [F]igure en vĂȘtements blancs, aussi simples que peuvent lâĂȘtre ceux dâune femme », portant les lourdes tresses quâexigeait la mode » p. 95-96, Plotine est surtout le visage de la dignitĂ©, du respect et de lâamitiĂ©. Lâune des images les plus emblĂ©matiques du personnage se situe lors de la scĂšne du bĂ»cher de Trajan Calme, distante, un peu creusĂ©e par la fiĂšvre, elle demeurait comme toujours clairement impĂ©nĂ©trable » p. 105 et câest son beau silence » p. 121 et son effacement qui fondent paradoxalement son omniprĂ©sence dans la vie dâHadrien comme dans le roman. ApprĂ©ciĂ©e pour ses silences, [...] ses paroles mesurĂ©es qui nâĂ©taient jamais que des rĂ©ponses, et les plus nettes possible », ils partagent tous deux la passion dâorner, puis de dĂ©pouiller [leur] Ăąme, dâĂ©prouver [leur] esprit Ă toutes les pierres de touche » p. 95. Hadrien Ă©crit Elle inclinait Ă la philosophie Ă©picurienne, ce lit Ă©troit, mais propre, sur lequel jâai parfois Ă©tendu ma pensĂ©e. Le mystĂšre des dieux, qui me hantait, ne lâinquiĂ©tait pas ; elle nâavait pas non plus mon goĂ»t passionnĂ© des corps. Elle Ă©tait chaste par dĂ©goĂ»t du facile, gĂ©nĂ©reuse par dĂ©cision plutĂŽt que par nature, sagement mĂ©fiante, mais prĂȘte Ă tout accepter dâun ami, mĂȘme ses inĂ©vitables erreurs p. 96. 72Celle qui a toujours Ă©tĂ© pour Hadrien un esprit, une pensĂ©e Ă laquelle sâĂ©tait mariĂ©e la [s]ienne » p. 182 trouve son pendant charnel avec AntinoĂŒs, dont le portrait physique est en revanche extrĂȘmement dĂ©veloppĂ©. 73Ce sont tout dâabord les portraits vĂ©ritables du jeune homme qui sont Ă©voquĂ©s, retraçant lâadoration dâHadrien Il y a les statues et les peintures du jeune vivant, celles qui reflĂštent ce paysage immense et changeant qui va de la quinziĂšme Ă la vingtiĂšme annĂ©e le profil sĂ©rieux de lâenfant sage ; cette statue oĂč un sculpteur de Corinthe a osĂ© garder le laisser-aller du jeune garçon qui bombe le ventre en effaçant les Ă©paules, la main sur la hanche, comme sâil surveillait au coin dâune rue une partie de dĂ©s. Il y a ce marbre oĂč Papias dâAphrodisie a tracĂ© un corps plus que nu, dĂ©sarmĂ©, dâune fraĂźcheur fragile de narcisse. Et AristĂ©as a sculptĂ© sous mes ordres, dans une pierre un peu rugueuse, cette petite tĂȘte impĂ©rieuse et fiĂšre. p. 147 74Le portrait dâAntinoĂŒs se poursuit au travers des souvenirs dâHadrien et il est rĂ©vĂ©lateur quâĂ lâinstar de Plotine, AntinoĂŒs, pourtant omniprĂ©sent, reste silencieux tant dans le roman que dans la diĂ©gĂšse [s]a prĂ©sence », Ă©crit Hadrien, Ă©tait extraordinairement silencieuse il mâa suivi comme un animal ou comme un gĂ©nie familier » p. 170. Hadrien dĂ©taille prĂ©cisĂ©ment cette beautĂ© si visible » p. 171 dans tout ce quâelle a de changeant les figures que nous cherchons dĂ©sespĂ©rĂ©ment nous Ă©chappent ce nâest jamais quâun moment... Je retrouve une tĂȘte inclinĂ©e sous une chevelure nocturne, des yeux que lâallongement des paupiĂšres faisait paraĂźtre obliques, un jeune visage large et comme couchĂ©. Ce tendre corps sâest modifiĂ© sans cesse, Ă la façon dâune plante, et quelques-unes de ces altĂ©rations sont imputables au temps. Lâenfant a changĂ© ; il a grandi. [...] La moue boudeuse des lĂšvres sâest chargĂ©e dâune amertume ardente, dâune satiĂ©tĂ© triste. En vĂ©ritĂ©, ce visage changeait comme si nuit et jour je lâavais sculptĂ©. p. 171 75Dans cette image dâHadrien sculpteur se lit la tentation dĂ©miurgique soulignĂ©e plus haut en mĂȘme temps que sâexprime implicitement la part de culpabilitĂ© qui, plus tard, le rongera, comme sâil Ă©tait responsable du destin de sa crĂ©ature. 76Ainsi le monologue dâHadrien est-il bien le portrait dâune voix » qui dresse Ă son tour le portrait dâĂȘtres ayant empli son existence sans pour autant que ces derniers puissent accĂ©der Ă la parole dans le roman Plotine comme AntinoĂŒs demeurent des figures silencieuses. Pourtant, il pourrait sembler plus Ă©vident Ă une femme Ă©crivain de donner la parole Ă une voix fĂ©minine comme celle de Plotine. Ă ce titre, on a souvent interrogĂ© Marguerite Yourcenar sur la moindre importance des femmes dans ses textes et sur lâidĂ©e, quâelle rejette scandalisĂ©e, quâelle se serait cachĂ©e derriĂšre des voix dâhommes Dans MĂ©moires dâHadrien, il sâagissait de faire passer une derniĂšre vision du monde antique vue par un de ses derniers grands reprĂ©sentants, et que cet ĂȘtre eĂ»t lâexpĂ©rience du pouvoir suprĂȘme, celle de la guerre, celle dâimmenses voyages, celle du grand commis occupĂ© de rĂ©formes Ă©conomiques et civiles aucune figure historique de femme nâĂ©tait dans ces conditions-lĂ , mais Hadrien, dans une pĂ©nombre discrĂšte, a sa parĂšdre fĂ©minine. Je ne parle pas de quelques jeunes maĂźtresses, qui ont Ă©tĂ© pour lui une distraction, je parle de Plotine, la conseillĂšre et lâamie, avec qui le liait une amitiĂ© amoureuse », dit textuellement lâun des chroniqueurs antiques. YO, p. 271 77Dans les Carnets de notes, Marguerite Yourcenar explique dĂ©jĂ cette [i]mpossibilitĂ© [...] de prendre pour figure centrale un personnage fĂ©minin, de donner, par exemple, pour axe Ă [s]on rĂ©cit, au lieu dâHadrien, Plotine ». La raison en est culturelle La vie des femmes est trop limitĂ©e, ou trop secrĂšte. Quâune femme se raconte, et le premier reproche quâon lui fera est de nâĂȘtre plus femme. Il est dĂ©jĂ assez difficile de mettre quelque vĂ©ritĂ© Ă lâintĂ©rieur dâune bouche dâhomme » p. 329. 78Enfin, en dĂ©pit de lâinsistance de Marguerite Yourcenar sur la nĂ©cessitĂ© de faire silence en elle pour faire advenir la parole dâHadrien, câest par sa propre voix quâelle insuffle la vie Ă son personnage. Paola Ricciulli remarque ainsi que lâinsistance sur le silence de lâauteur est trop marquĂ©e pour nâĂȘtre pas suspecte. DerriĂšre la neutralitĂ© apparente, de discrĂštes traces de subjectivitĂ© transparaissent les goĂ»ts, les rĂ©flexions, le style communs au narrateur et Ă lâauteur, visibles par exemple dans lâabondance des maximes, ou encore la langue elle-mĂȘme, trahissent cette communautĂ© de voix 35 Paola Ricciulli, Voix de lâauteur et voix du narrateur dans MĂ©moires dâHadrien », dans Hadrien o ... Le vĂ©hicule de la communication est donc la langue de lâauteur et non celle du narrateur. Il ne sâagit pas lĂ dâune intervention » nĂ©gligeable de la part de Yourcenar si lâon considĂšre lâensemble des fonctions et des valeurs » exprimĂ©es, mĂȘme indirectement, par la langue. Un choix dictĂ© certainement par lâimmense difficultĂ© de faire parler entre eux les gens de lâAntiquitĂ© », mais qui transforme, objectivement, ce chant intime » en un chant Ă deux voix »35. 79Ainsi ce portrait dâune voix », traversĂ© par des visages, figures omniprĂ©sentes mais silencieuses, comme autant dâombres portĂ©es sur lâexistence dâHadrien, se veut-il plongĂ©e dans lâintĂ©rioritĂ© protĂ©iforme dâun ĂȘtre auquel lâauteur prĂȘte sa voix. Ă travers la reconstitution de ces souvenirs, Marguerite Yourcenar cherche Ă saisir Hadrien toute la complexitĂ© de ce qui le fait individu, personnage, homme 36 La citation est extraite de Mishima ou la vision du vide. 37 Yves-Alain Favre, Conscience du sacrĂ© et sacrĂ© de la conscience dans lâĆuvre de Marguerite Yourc ... tout dâabord lâindividu, changeant, Ă©pars et contradictoire, qui tantĂŽt se cache et tantĂŽt se rend visible, vĂ©ritable ProtĂ©e qui demeure difficile Ă saisir ; ensuite le personnage, forgĂ© par lâindividu et destinĂ© Ă servir de masque ou dâĂ©cran afin de se protĂ©ger ou de sciemment provoquer autrui ; on peut aisĂ©ment le dĂ©finir, mais il nâapporte guĂšre de rĂ©vĂ©lation dĂ©cisive. En fin, plus profondĂ©ment, lâhomme rĂ©el et ce ce secret impĂ©nĂ©trable qui est celui de toute vie36 ». Cette essence de lâĂȘtre reste Ă©nigmatique pour autrui ; le terme dâ impĂ©nĂ©trable » montre bien quâil sâagit dâun secret, donc dâune rĂ©alitĂ© sacrĂ©e, qui Ă©chappe Ă toute prise de lâintelligence37. 80Câest prĂ©cisĂ©ment dans cette triple perception de lâĂȘtre que se dessine lâuniversalitĂ© Ă laquelle aspire Marguerite Yourcenar est-ce Ă dire quâen dĂ©pit dâune inscription historique forte, MĂ©moires dâHadrien porte la trace de lâĂ©ternitĂ© ? Le grand pan nâest pas mort 38 Voir Philippe Borgeaud, La mort du grand Pan. ProblĂšmes dâinterprĂ©tation », Revue de lâhistoire ... 81Au IIe siĂšcle aprĂšs JĂ©sus-Christ, Plutarque annonce, dans un passage Ă©nigmatique de son traitĂ© Sur la disparition des oracles, la mort du grand Pan38 », figure du paganisme et du Tout. En recrĂ©ant la vie dâun empereur contemporain de Plutarque, et qui fut son admirateur et son hĂŽte p. 87, Marguerite Yourcenar dĂ©montre exactement le contraire. Hadrien sâattache Ă prĂ©server les traditions polythĂ©istes de la GrĂšce et de Rome, mais surtout il incarne la possibilitĂ© pour lâindividu de se savoir partie dâun tout qui lui demeure accessible. Figure prismatique, reflet changeant du lecteur et de lâauteur, personnage insaisissable et voix encore audible, il atteste la porositĂ© des frontiĂšres de lâĂȘtre. Ă travers le bĂątisseur du PanthĂ©on, et par la dĂ©marche mĂȘme qui prĂ©side Ă son Ă©criture, Marguerite Yourcenar tĂ©moigne que Tout » est encore prĂ©sent Ă qui sait le reconnaĂźtre. Hadrien, homme de tous les temps 82En rĂ©inventant les MĂ©moires dâun personnage historique, Marguerite Yourcenar peint une pĂ©riode bien prĂ©cise, et Ă nulle autre pareille, ce IIe siĂšcle [...] des derniers hommes libres », dont elle admet dans les Carnets de notes que nous sommes peut-ĂȘtre dĂ©jĂ fort loin » p. 342. Mais la modalisation apportĂ©e par ce peut-ĂȘtre » en dit long sur lâaura dâĂ©ternitĂ© qui Ă©mane dâHadrien. Marguerite Yourcenar choisit de redonner parole et vie Ă un personnage Ă la fois attachĂ© aux traditions dans ce quâelles ont de plus fĂ©cond et de moins sclĂ©rosant â la pensĂ©e libre des Grecs â, et tournĂ© vers le progrĂšs au sens le plus simple et le plus noble du terme â la marche raisonnĂ©e de Rome et du monde Le moment semblait venu », estime-t-il, de réévaluer toutes les prescriptions anciennes dans lâintĂ©rĂȘt de lâhumanitĂ© » p. 128. Dans cet ĂȘtre qui nâignore ni les origines ni lâavenir de son monde, elle retrouve ainsi ce quâil y a dâimmuable en lâhomme. Parce quâil est soumis au temps et inscrit dans le temps, Hadrien peut devenir lâimage de lâhomme inchangĂ©, et lâauteur fait de ce paradoxe lâune des rĂšgles de son Ă©criture [...] prendre seulement ce quâil y a de plus durable, de plus essentiel en nous, dans les Ă©motions des sens ou dans les opĂ©rations de lâesprit, comme point de contact avec ces hommes qui comme nous croquĂšrent des olives, burent du vin, sâengluĂšrent les doigts de miel, luttĂšrent contre le vent aigre et la pluie aveuglante, et cherchĂšrent en Ă©tĂ© lâombre dâun platane, et jouirent, et pensĂšrent, et vieillirent, et moururent. p. 332 83Hadrien lui-mĂȘme possĂšde la conscience de cette permanence des Ă©motions et sensations humaines en ce quâelles ont de plus pur et de plus simple, peut-ĂȘtre de plus instinctif. Par ses ancĂȘtres, et notamment son grand-pĂšre Marullinus, il se sent liĂ© Ă des temps primitifs, mais non totalement disparus La duretĂ© presque impĂ©nĂ©trable de Marullinus remontait plus loin, Ă des Ă©poques plus antiques. CâĂ©tait lâhomme de la tribu, lâincarnation dâun monde sacrĂ© et presque effrayant dont jâai parfois retrouvĂ© les vestiges chez nos nĂ©cromanciens Ă©trusques », se souvient-il lorsquâil commence Ă relater son existence p. 40. Il pressent aussi la parentĂ© qui lâunit Ă ceux qui viendront aprĂšs lui. Alors quâil achĂšve son rĂ©cit, il songe au successeur encore lointain qui transformera le visage de Rome, mais ne sâen Ă©meut guĂšre Il hĂ©ritera de nos palais et de nos archives ; il diffĂ©rera de nous moins quâon pourrait le croire » p. 314. Apaisante, cette conscience de la continuitĂ© nâest pourtant pas la marque dâun optimisme ou dâune confiance inconsidĂ©rĂ©s. On dĂ©cĂšle aussi chez lâempereur une forme de rĂ©signation, nĂ©e de la certitude que les plus tristes aspects de la condition humaine sont eux aussi inchangeables. Sa clairvoyance se fait souvent sombre, aussi ne sâillusionne-t-il pas sur les effets de ses tentatives de rĂ©former le sort des esclaves Je doute que toute la philosophie du monde parvienne Ă supprimer lâesclavage on en changera tout au plus le nom. Je suis capable dâimaginer des formes de servitude pires que les nĂŽtres, parce que plus insidieuses soit quâon rĂ©ussisse Ă transformer les hommes en machines stupides et satisfaites, qui se croient libres alors quâelles sont asservies, soit quâon dĂ©veloppe chez eux, Ă lâexclusion des loisirs et des plaisirs humains, un goĂ»t du travail aussi forcenĂ© que la passion de la guerre chez les races barbares. p. 129 84En un siĂšcle encore trĂšs prĂšs de la libre vĂ©ritĂ© du pied nu », lâempereur entrevoit dĂ©jĂ les dĂ©formations Ă venir, qui pourtant ne suffisent pas Ă altĂ©rer la substance, la structure humaine » p. 333. 85La perception conjointe de lâimmuable et du changeant permet Ă Marguerite Yourcenar de faire de son personnage un homme de tous les temps, sans pour cela verser dans une indiffĂ©renciation des siĂšcles qui serait simplificatrice et mensongĂšre. Hadrien reflĂšte en vĂ©ritĂ© un certain mouvement de lâhistoire, une disposition de lâesprit humain qui refait surface de distance en distance et assure la continuitĂ© en mĂȘme temps quâelle la rĂ©vĂšle. Dans Les Yeux ouverts, Marguerite Yourcenar dit reconnaĂźtre en cet empereur somme toute si peu romain un homme dâun autre temps, bien plus prĂšs de nous que le typique empereur romain de SuĂ©tone, ou des films et des romans Ă grand spectacle ; en un sens, câest un homme de la Renaissance » YO, p. 152. MĂ©cĂšne avisĂ©, humaniste avant lâheure, Ă©pris de toutes les humanitĂ©s », voyageur libre et passionnĂ© de grandes dĂ©couvertes, Hadrien tient Ă la fois de Laurent le Magnifique, dâĂrasme et de Montaigne, et peut-ĂȘtre parfois, dans son pragmatisme politique, de Machiavel. Ces rencontres dâesprits, nĂ©anmoins, nâarrachent pas Hadrien Ă son siĂšcle lui-mĂȘme signale que ses idĂ©aux sont fort partagĂ©s et relĂšvent dâun esprit des temps » Humanitas, Felicitas, Libertas ces beaux mots qui figurent sur les monnaies de mon rĂšgne, je ne les ai pas inventĂ©s. Nâimporte quel philosophe grec, presque tout Romain cultivĂ© se propose du monde la mĂȘme image que moi » p. 126. Mais câest prĂ©cisĂ©ment parce quâelle est en prise avec son Ă©poque tout en la dĂ©bordant que lâĆuvre dâHadrien est grande et Ă©veille des rĂ©sonances renaissantes en faisant renaĂźtre la GrĂšce, en bĂątissant temples et bibliothĂšques, il assure lâun des relais qui permettront aux hommes du XVIe siĂšcle de faire Ă leur tour renaĂźtre Rome. Conscient de travailler avec les hommes du passĂ©, il tend aussi la main Ă ceux des siĂšcles futurs Jâavais collaborĂ© avec les Ăąges, avec la vie grecque elle-mĂȘme ; lâautoritĂ© que jâexerçais Ă©tait moins un pouvoir quâune mystĂ©rieuse puissance, supĂ©rieure Ă lâhomme, mais qui nâagit efficacement quâĂ travers lâintermĂ©diaire dâune personne humaine ; le mariage de Rome et dâAthĂšnes sâĂ©tait accompli ; le passĂ© reprenait un visage dâavenir p. 192. 86De renaissance en renaissance, lâaction de quelques hommes dâexception sur la marche du temps permet dâespĂ©rer, en plein XXe siĂšcle, le retour dâun saeculum aureum » qui prendrait le visage de cette paix Ă la fois fragile et exceptionnellement durable gagnĂ©e par Hadrien. Le personnage yourcenarien Ă©labore en effet une thĂ©orie de lâharmonie des peuples dâautant plus porteuse dâespoir quâelle Ă©mane dâun pragmatique et non dâun utopiste [...] chaque heure dâaccalmie Ă©tait une victoire, prĂ©caire comme elles le sont toutes ; chaque dispute arbitrĂ©e un prĂ©cĂ©dent, un gage pour lâavenir. Il mâimportait assez peu que lâaccord fut extĂ©rieur, imposĂ© du dehors, probablement temporaire je savais que le bien comme le mal est affaire de routine, que le temporaire se prolonge, que lâextĂ©rieur sâinfiltre au-dedans, et que le masque, Ă la longue, devient visage. Puisque la haine, la sottise, le dĂ©lire ont des effets durables, je ne voyais pas pourquoi la luciditĂ©, la justice, la bienveillance nâauraient pas les leurs. p. 111 87Ce prĂ©cĂ©dent » dâapaisement que reprĂ©sente le rĂšgne dâHadrien acquiert un Ă©clat tout particulier en 1951, celui des rĂȘves que lâon croit sur le point de se rĂ©aliser. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la renaissance de la pax romana est plus que jamais dĂ©sirable et, reconsidĂ©rant son roman une trentaine dâannĂ©es aprĂšs sa parution, Marguerite Yourcenar admet lâavoir crue possible Les Nations unies, Ă ce moment-lĂ , cela comptait. Enfin, on pouvait imaginer un manipulateur de gĂ©nie capable de rĂ©tablir la paix pendant cinquante ans, une pax americana ou europeana, peu importe. On ne lâa pas eu. Il ne sâest prĂ©sentĂ© que de brillants seconds. Mais, Ă lâĂ©poque, jâavais la naĂŻvetĂ© de croire que câĂ©tait encore possible. On pouvait se dire quâun homme plus intelligent, plus capable de naviguer dans une passe difficile, avait des chances de rĂ©ussite... Je me rends compte maintenant que câĂ©tait une illusion. Câest ce qui fait que je suis passĂ©e dâHadrien Ă LâĆuvre au noir. Mais au temps oĂč jâĂ©crivais MĂ©moires dâHadrien, il Ă©tait possible dâespĂ©rer, pour une pĂ©riode trĂšs courte encore, dans cette euphorie qui suit la fin des guerres... YO, p. 149 88Ćuvre en apparence si dĂ©tachĂ©e de son siĂšcle, MĂ©moires dâHadrien sâavĂšre ainsi ĂȘtre le fruit dâune explosion de violence â Avoir vĂ©cu dans un monde qui se dĂ©fait mâenseignait lâimportance du Prince », reconnaĂźt lâauteur p. 328 â et dâune Ă©troite pĂ©riode dâespĂ©rance. En ce sens, le roman est bien un reflet de son temps. Il ne sâagit pas pour Marguerite Yourcenar de tendre Ă ses contemporains un miroir idĂ©al de leur Ă©poque â son personnage lui-mĂȘme rĂ©cuse tout idĂ©alisme La paix Ă©tait mon but, mais point du tout mon idole ; le mot mĂȘme dâidĂ©al me dĂ©plairait comme trop Ă©loignĂ© du rĂ©el » p. 111. Sans doute songe-t-elle moins encore Ă offrir aux hommes dâĂtat de son temps un modĂšle de bon gouvernement elle ne sâattendait guĂšre Ă ce que son livre soit lu, moins encore Ă ce quâil soit compris Seuls, quelques amateurs de destinĂ©e humaine comprendront », Ă©crit-elle dans les Carnets de notes p. 340. Elle nâen tĂ©moigne pas moins dâune foi peut-ĂȘtre passagĂšre mais qui traduit la survivance dâune ambition humaine jamais tout Ă fait Ă©teinte dans le personnage dâHadrien perdurent et renaissent les espoirs de lâempereur qui rĂ©gnait sur les derniers hommes libres ». Homo sum... 39 TĂ©rence, LâHĂ©autontimoroumĂ©nos, dans ComĂ©dies II, J. Marouzeau et J. GĂ©rard trad., Paris, Les Be ... 89Homme de tous les temps, Hadrien le multiple est aussi potentiellement tous les hommes. Lâempereur pourrait faire sienne la phrase cĂ©lĂšbre de lâancien esclave TĂ©rence Homo sum ; nihil a me alienum puto39 » il est homme, et rien de ce qui est humain ne semble lui ĂȘtre Ă©tranger. Humanistes, les MĂ©moires dâHadrien le sont par leurs affinitĂ©s avec le courant de pensĂ©e renaissant, mais aussi plus immĂ©diatement par lâattention soutenue et souvent humble que le narrateur accorde Ă lâhumain. Sans cesse en mouvement, mais symboliquement au centre de lâempire et de tout, Hadrien interroge sa place et sa mesure dâhomme, ouvrant ainsi lâhumanisme sur un universalisme. Lâaventure humaine » 90 En un sens, toute vie racontĂ©e est exemplaire », Ă©crit Marguerite Yourcenar dans les Carnets de notes p. 342, avant de souligner les dangers que fait courir au biographe un propos exclusivement dĂ©monstratif le propos y perd de ses nĂ©cessaires nuances, la vie racontĂ©e » de sa complexitĂ©. De quoi Hadrien, grand homme, certes, mais homme faillible, est-il lâexemple ? Les Carnets de notes suggĂšrent peu aprĂšs une rĂ©ponse Ă la fois simple et paradoxale il est celui qui a, par excellence et pleinement, vĂ©cu lâaventure humaine » ibid., exemplaire moins par lâexceptionnel statut qui le distingue des autres hommes que par sa facultĂ© Ă ĂȘtre Ă la fois lui-mĂȘme et eux tous. Alors quâil sâapprĂȘte Ă retracer son existence, il rĂ©sume par la nĂ©gative cette ambivalence fĂ©conde TantĂŽt ma vie mâapparaĂźt banale, au point de ne pas valoir dâĂȘtre, non seulement Ă©crite, mais mĂȘme un peu longuement contemplĂ©e, nullement plus importante, mĂȘme Ă mes propres yeux, que celle du premier venu. TantĂŽt elle me semble unique, et par lĂ mĂȘme sans valeur, inutile, parce quâimpossible Ă rĂ©duire Ă lâexpĂ©rience du commun des hommes p. 34. 91Par cette dualitĂ©, les MĂ©moires dâHadrien mettent au jour ce que lâon pourrait nommer lâextraordinaire banalitĂ© â ou lâordinaire exception â de chaque expĂ©rience. Lâexistence dâun empereur tout comme celle dâun homme obscur », tel le NathanaĂ«l du dernier roman de Marguerite Yourcenar, porte en elle une irrĂ©ductible unicitĂ© en mĂȘme temps que la marque du destin commun. Et que le protagoniste soit dotĂ© dâune position et dâune luciditĂ© dâexception ne fait que rendre plus perceptible cette tension. 40 Comme lâeau qui coule est le titre donnĂ© par Marguerite Yourcenar au recueil qui regroupe Anna, so ... 92Son aventure », Hadrien la mĂšne en effet au sens Ă©tymologique du terme il traverse tout ce qui doit advenir » dans une vie dâhomme, plaisir et souffrance, bonheur et dĂ©tresse, amour, passion, deuil et maladie. Lâimminence de son dĂ©cĂšs le rend mĂȘme apte Ă tĂ©moigner de cette grande aventure commune quâest la mort, aventure dans laquelle chaque ĂȘtre est en permanence engagĂ©, mais qui demeure gĂ©nĂ©ralement inconnaissable et donc indicible Dire que mes jours sont comptĂ©s ne signifie rien ; il en fut toujours ainsi ; il en est ainsi pour nous tous », admet lâempereur mourant p. 12. Mais aussitĂŽt il identifie ce qui dĂ©jĂ le sĂ©pare des vivants, tout en lui permettant de comprendre mieux quâeux-mĂȘmes leur condition Mais lâincertitude du lieu, du temps, et du mode, qui nous empĂȘche de bien distinguer ce but vers lequel nous avançons sans cesse, diminue pour moi Ă mesure que progresse ma maladie mortelle » ibid. Sâil lui est ainsi donnĂ© de connaĂźtre le but » de toute aventure humaine », Hadrien a aussi lâhumilitĂ© dâen accepter lâabsence, non pas de sens, mais de direction perceptible. Bien quâil ait savamment construit sa carriĂšre impĂ©riale, il se sait aussi confusĂ©ment formĂ© par les remous dâun sort dont il nâa pas la maĂźtrise Je perçois bien dans cette diversitĂ©, dans ce dĂ©sordre, la prĂ©sence dâune personne, mais sa forme semble presque toujours tracĂ©e par la pression des circonstances ; ses traits se brouillent comme une image reflĂ©tĂ©e sur lâeau » p. 33. Narcisse dĂ©tournĂ© de sa propre contemplation par les rapides dâune vie qui passe comme lâeau qui coule40 », Hadrien est Ă mĂȘme dâapercevoir, au-delĂ du miroir des apparences, son insaisissable visage dâhomme. Ses aveux dâimpuissances sont en ce sens les meilleurs rĂ©vĂ©lateurs de sa clairvoyance il sait sa vue bornĂ©e et brouillĂ©e, mais le fait mĂȘme dâen avoir conscience, et de comprendre le pourquoi de cette dĂ©faillance, est dĂ©jĂ un correctif, ainsi que le suggĂšrent les derniĂšres analyses, rĂ©signĂ©es et lucides, dâ Animula vagula blandula » [...] lâesprit humain rĂ©pugne Ă sâaccepter des mains du hasard, Ă nâĂȘtre que le produit passager de chances auxquelles aucun dieu ne prĂ©side, surtout pas lui-mĂȘme. Une partie de chaque vie, et mĂȘme de chaque vie fort peu digne de regard, se passe Ă rechercher les raisons dâĂȘtre, les points de dĂ©part, les sources. p. 35 93LâHadrien yourcenarien ne diffĂšre en somme des autres hommes que par le fait de se savoir tout Ă fait homme, sans fausse modestie ni fatuitĂ©. Aussi affirme-t-il sereinement sa supĂ©rioritĂ© Il nây a quâun seul point sur lequel je me sens supĂ©rieur aux autres hommes je suis tout ensemble plus libre et plus soumis quâils nâosent lâĂȘtre. Presque tous mĂ©connaissent Ă©galement leur juste libertĂ© et leur vraie servitude » p. 52. 94ReconnaĂźtre en lâautre son semblable ne signifie pas nĂ©cessairement le connaĂźtre ou le comprendre, ni mĂȘme se connaĂźtre ou se comprendre Tout nous Ă©chappe, et tous, et nous-mĂȘmes », Ă©crit Marguerite Yourcenar p. 331, et elle confĂšre cette certitude Ă son personnage. Mais câest sâoffrir la possibilitĂ© dâentrer, mĂȘme passagĂšrement, dans la vie dâun autre, et de dĂ©couvrir ainsi une autre facette de lâhumain. Hadrien paraĂźt en effet douĂ© de la facultĂ© de cerner au plus prĂšs mĂȘme ceux qui diffĂšrent radicalement de lui, et peut-ĂȘtre surtout ceux qui diffĂšrent de lui. Trop proche, AntinoĂŒs lui demeure illisible il semble Ă lâempereur que, par son dĂ©vouement mĂȘme, le favori abdique en quelque sorte une part de son altĂ©ritĂ© Je mâĂ©merveillais de cette dure douceur ; de ce dĂ©vouement sombre qui engageait tout lâĂȘtre. Et pourtant, cette soumission nâĂ©tait pas aveugle ; ces paupiĂšres si souvent baissĂ©es dans lâacquiescement ou dans le songe se relevaient ; les yeux les plus attentifs du monde me regardaient en face ; je me sentais jugĂ©. Mais je lâĂ©tais comme un dieu lâest par son fidĂšle mes duretĂ©s, mes accĂšs de mĂ©fiance car jâen eus plus tard Ă©taient patiemment, gravement acceptĂ©s. Je nâai Ă©tĂ© maĂźtre absolu quâune fois, et que dâun seul ĂȘtre. p. 171 95MĂȘme au-delĂ de la mort, AntinoĂŒs demeure ce bel Ă©tranger que reste malgrĂ© tout chaque ĂȘtre quâon aime » p. 189. Bien plus accessibles en revanche sont les ĂȘtres que tout, a priori, Ă©loigne dâHadrien. Il parvient ainsi Ă observer dans toute sa vĂ©ritĂ© la maĂźtresse infidĂšle Ă laquelle il offre de quoi acheter lâamour dâun autre, le danseur Bathylle Elle sâassit par terre, petite figure nette de joueuse dâosselets, vida le sac sur le pavement, et se mit Ă diviser en tas le luisant monceau. Je savais que pour elle, comme pour nous tous, prodigues, ces piĂšces dâor nâĂ©taient pas des espĂšces trĂ©buchantes marquĂ©es dâune tĂȘte de CĂ©sar, mais une matiĂšre magique, une monnaie personnelle, frappĂ©e Ă lâeffigie dâune chimĂšre, au coin du danseur Bathylle. Je nâexistais plus. Elle Ă©tait seule. Presque laide, plissant le front avec une dĂ©licieuse indiffĂ©rence Ă sa propre beautĂ©, elle faisait et refaisait sur ses doigts, avec une moue dâĂ©colier, les additions difficiles. Elle ne mâa jamais tant charmĂ©. p. 78 96De mĂȘme que lâhomme riche sait comprendre la femme qui a dâimmenses besoins dâargent » ibid., le maĂźtre de Rome devine les motivations et les rĂ©actions de lâobscur esclave des mines de Tarragone qui cherche Ă le tuer Point illogiquement, il se vengeait sur lâempereur de ses quarante-trois ans de servitude. Je le dĂ©sarmai facilement ; sa fureur tomba ; il se transforma en ce quâil Ă©tait vraiment, un ĂȘtre pas moins sensĂ© que les autres, et plus fidĂšle que beaucoup » p. 128. Dans une moindre mesure, il parvient mĂȘme Ă se rapprocher de lâennemi par excellence, Bar Kochba. La rĂ©volte juive dont ce dernier est le meneur lui est incomprĂ©hensible, mais lâascension de lâ aventurier » de JĂ©rusalem nâest peut-ĂȘtre pas sans rapport avec la sienne Je ne puis juger ce Simon que par ouĂŻ-dire ; je ne lâai vu quâune fois face Ă face, le jour oĂč un centurion mâapporta sa tĂȘte coupĂ©e. Mais je suis disposĂ© Ă lui reconnaĂźtre cette part de gĂ©nie quâil faut toujours pour sâĂ©lever si vite et si haut dans les affaires humaines ; on ne sâimpose pas ainsi sans possĂ©der au moins quelque habiletĂ© grossiĂšre. p. 254 97Partiellement opaque Ă lui-mĂȘme, Hadrien nâen est que plus capable de percer lâopacitĂ© des autres, ne serait-ce que parce quâil la respecte. Sans sâexagĂ©rer les ressemblances ni les diffĂ©rences, il sâĂ©prouve ainsi homme parmi les hommes, et admet je suis comme eux, du moins par moments, ou jâaurais pu lâĂȘtre » p. 51. En lui, Marguerite Yourcenar construit un personnage exemplairement homme. Hommes et bĂȘtes 41 Sur ce sujet, voir Loredana Primozich, Kou-Kou-HaĂŻ ou le rĂȘve de de lâuniversel », dans Maria Jo ... 42 Cette couverture et cette dĂ©froque pendue Ă un clou sentaient le suint, le lait et le sang. Ces ... 43 MĂȘme les Ăąges, les sexes, et jusquâaux espĂšces, lui paraissaient plus proches quâon ne le croit ... 44 RĂ©my Poignault, Hadrien, le limes et lâexil », dans Marguerite Yourcenar, Cume an spearwa... » ... 98Les efforts de comprĂ©hension dâHadrien ne se circonscrivent toutefois pas Ă lâhomme ; ils tendent Ă sâouvrir Ă tout ce qui lâentoure. Si lâhumain se dĂ©finit pour une part dans son rapport au divin, il ne trouve son exacte place quâen sâinscrivant dans le monde naturel. Cette prĂ©occupation, constante chez Marguerite Yourcenar, sâest exprimĂ©e dans ses prises de position Ă©cologistes et ses engagements en faveur de la cause animale, mais Ă©galement dans son Ćuvre littĂ©raire, depuis Suite dâestampes pour Kou-Kou-HaĂŻ », texte poĂ©tique composĂ© en 1927 en hommage Ă lâun de ses chiens dont elle fait une figure de lâuniversel41, jusquâĂ sa confĂ©rence du 8 avril 1981 intitulĂ©e, dâaprĂšs lâEcclĂ©siaste, Qui sait si lâĂąme des bĂȘtes sâen va en bas ? » et publiĂ©e dans Le Temps, ce grand sculpteur. La thĂ©matique demeure relativement discrĂšte dans MĂ©moires dâHadrien lâauteur se garde de projeter sur son personnage ses engagements personnels. Hadrien ne va pas jusquâaux mĂ©ditations de ZĂ©non, qui retrouve dans chaque objet lâĂȘtre dont il provient42, ou de NathanaĂ«l qui fraternise avec tout ce qui existe43. Il lui arrive nĂ©anmoins de communier avec les Ă©lĂ©ments lorsque, malade, le plaisir de la nage lui est dĂ©fendu, il parvient Ă le revivre en pensĂ©e et Ă dĂ©passer le souvenir des sensations humaines pour se fondre dans une eau dont il Ă©prouve ainsi la libre mobilitĂ© Il y eut des moments oĂč cette comprĂ©hension sâefforça de dĂ©passer lâhumain, alla du nageur Ă la vague » p. 15. Il exauce alors mieux que jamais son propre vĆu dâimmersion dans le Tout, Ă©voquĂ© par RĂ©my Poignault Le personnage de Marguerite Yourcenar, dans un souci dâindĂ©pendance, souhaiterait abolir toutes les limites ainsi lâhumain, atteignant lâuniversel, coĂŻncidant avec le Tout, il nây aura plus aucune possibilitĂ© ouverte Ă un quelconque exil44 » â instant sans doute miraculeux pour un homme immobilisĂ© qui se meurt dâhydropisie. 99Câest cependant surtout dans son rapport au rĂšgne animal quâHadrien sâavĂšre capable de franchir les limites de lâhumain. FĂ©ru dâart cynĂ©gĂ©tique, il exerce dans la chasse une violence instinctive qui traduit son amour dâune faune quâil respecte et divinise. Ainsi affirme-t-il avoir toujours entretenu avec la Diane des forĂȘts les rapports changeants et passionnĂ©s dâun homme avec lâobjet aimĂ© » p. 13. Tuer une proie nâest pas, dans lâesprit du chasseur, le moyen dâaffirmer la suprĂ©matie des hommes sur les bĂȘtes, mais au contraire une maniĂšre de sâĂ©galer Ă elles, en rĂ©intĂ©grant le cycle naturel des vies et des morts. Hadrien renoue avec dâancestrales reprĂ©sentations du chasseur lorsquâil dĂ©taille lâĂ©motion qui le saisit au passage dâun cerf MĂȘme ici, Ă Tibur, lâĂ©brouement soudain dâun cerf sous les feuilles suffit [...] Ă faire tressaillir en moi un instinct plus ancien que tous les autres, et par la grĂące duquel je me sens guĂ©pard aussi bien quâempereur » p. 14. Mieux encore que la bĂȘte sauvage, lâanimal domestiquĂ© enseigne Ă lâhomme ce quâil est profondĂ©ment un fauve nâest quâun adversaire, mais un cheval Ă©tait un ami », se souvient Hadrien ibid. Le cheval BorysthĂšnes, auquel lâHadrien historique fit Ă©lever un tombeau et dont le nom est donnĂ© Ă un village p. 304, paraĂźt occuper dans la vie de lâempereur une place aussi importante que CĂ©ler, ami des derniĂšres annĂ©es et aide de camp chargĂ© des montures de lâempereur vieillissant. La parfaite docilitĂ© du cheval repose en effet sur une comprĂ©hension Ă©troite et rĂ©ciproque entre lâhomme et lâanimal il savait exactement, et mieux que moi peut-ĂȘtre, le point oĂč ma volontĂ© divorçait dâavec ma force » p. 15. GrĂące Ă lui, Hadrien semble bien avoir Ă©tĂ© par instant cette crĂ©ature hybride dans laquelle il projette son moi idĂ©al Si lâon mâavait laissĂ© le choix de ma condition, jâeusse optĂ© pour celle de Centaure », affirme-t-il p. 14 â et lâallusion mythologique est ici bien plus quâune hyperbole destinĂ©e Ă traduire la passion de lâart Ă©questre. 45 Cette image de Lucius a-t-elle Ă©tĂ© suggĂ©rĂ©e Ă Marguerite Yourcenar par la performance rĂ©volutionna ... 46 Voir la signification que Victor Hugo confĂšre Ă cette figure mythologique dans Le Satyre » prem ... 100Ă lâimage de cet autoportrait en Centaure, les comparaisons et mĂ©taphores choisies par le narrateur traduisent sa perception des ĂȘtres, et dâun monde oĂč les frontiĂšres sont tĂ©nues entre lâhumain et lâanimal. Pour traduire la lĂ©gĂšretĂ© et lâeffronterie capricantes du jeune Lucius, Hadrien Ă©voque un demi-dieu aux pieds et cornes de bouc ce jeune faune dansant45 occupa six mois de ma vie » p. 122. La silhouette de Pan, en qui se rejoignent animalitĂ© et humanitĂ©46, et auquel les faunes sont apparentĂ©s, se profile alors. Câest Ă©galement sous le signe de celui dont le nom signifie Tout » quâest placĂ©e la rencontre avec AntinoĂŒs lâĂ©raste remarque pour la premiĂšre fois lâĂ©romĂšne lors dâune rĂ©union qui se dĂ©roule au bord dâune source consacrĂ©e Ă Pan » p. 169. En compagnie de son favori, Hadrien sâadonne aux plaisirs de la musique, et joue - est-ce un hasard ? â de la flĂ»te, instrument associĂ© Ă la figure mythologique de Pan p. 175. On ne sâĂ©tonne guĂšre que, placĂ© sous de tels auspices, le jeune Bythinien ne cesse dâĂȘtre lui-mĂȘme dĂ©peint comme une crĂ©ature mi-humaine mi-animale. Hadrien voit en lui tantĂŽt un beau lĂ©vrier avide de caresses et dâordres » p. 170, tantĂŽt un chevreau mis en prĂ©sence dâun reptile » p. 195, tantĂŽt un jeune faon » p. 194. Si ce rĂ©seau mĂ©taphorique suggĂšre le caractĂšre fragile et sauvage dâAntinoĂŒs, et met en relief lâautoritĂ© quâexerce sur lui Hadrien, il est loin dâĂȘtre le signe de lâincommunicabilitĂ© tragique qui peu Ă peu sĂ©pare les deux hommes. Ces images dâanimalitĂ© sont peut-ĂȘtre au contraire le peu que lâempereur a su saisir de son favori, fidĂšle et dĂ©vouĂ© jusquâĂ sâassimiler lui-mĂȘme, par son suicide, Ă lâun des animaux familiers dâHadrien. Les prĂ©ceptes de la sorciĂšre de Canope, quâAntinoĂŒs respecte Ă la lettre, spĂ©cifient en effet que le sacrifice est dâautant plus efficace que la crĂ©ature immolĂ©e est proche du bĂ©nĂ©ficiaire Autant que possible », rappelle Hadrien, la victime devait mâavoir appartenu ; il ne pouvait sâagir dâun chien, bĂȘte que la superstition Ă©gyptienne croit immonde ; un oiseau eĂ»t convenu » p. 211. AntinoĂŒs fait tout dâabord lâoffrande de son faucon, dont la petite tĂȘte ensommeillĂ©e et sauvage » p. 212 nâest pas sans rappeler le portrait quâHadrien trace du jeune homme. Il choisit ensuite de devenir lui-mĂȘme lâoiseau sacrifiĂ©, et se mĂ©tamorphose ainsi en un nouvel Osiris, dieu noyĂ© et pĂšre dâHorus, divinitĂ© solaire Ă tĂȘte de faucon. Dans le regard dâHadrien, dans le geste dâAntinoĂŒs, dans lâĂ©criture de Marguerite Yourcenar, lâanimal, lâhomme et le dieu parfois se confondent, unissant lâindividuel et lâuniversel. Vers un savoir universel 101Homme de la Renaissance avant lâheure, maĂźtre dâun monde mais aussi explorateur dâun monde plus vaste encore au regard duquel il questionne ses propres limites, Hadrien ressemble Ă lâAdam Ă©voquĂ© par Pic de la Mirandole dans un extrait de lâOratio de hominis dignitate placĂ© par Marguerite Yourcenar en Ă©pigraphe de LâĆuvre au noir 47 LâĆuvre au noir, op. cit., p. 10. Je ne tâai donnĂ© ni visage, ni place qui te soit propre, ni aucun don qui te soit particulier, ĂŽ Adam, afin que ton visage, ta place, et tes dons, tu les veuilles, les conquiĂšres et les possĂšdes par toi-mĂȘme. Nature enferme dâautres espĂšces en des lois par moi Ă©tablies. Mais toi, que ne limite aucune borne, par ton propre arbitre, entre les mains duquel je tâai placĂ©, tu te dĂ©finis toi-mĂȘme. Je tâai placĂ© au milieu de ce monde, afin que tu pusses mieux contempler ce que contient le monde. Je ne tâai fait ni cĂ©leste ni terrestre, mortel ou immortel, afin que toi-mĂȘme, librement, Ă la façon dâun bon peintre ou dâun sculpteur habile, tu achĂšves ta propre forme47. 48 De toutes choses connaissables », devise de Pic de la Mirandole. 102Amant passionnĂ© des statues, Hadrien se sculpte lui-mĂȘme par la Disciplina augusta » et la Patientia », mais Ă©galement par la contemplation et la connaissance, qui lui permettent dâamalgamer Ă sa propre substance lâinfinie diversitĂ© du monde. Humain aussi par ses faiblesses, lâHadrien yourcenarien ne prĂ©tend pas pouvoir tĂ©moigner de omni re scibili48 » ; Ă travers lui, Marguerite Yourcenar soulĂšve nĂ©anmoins la question de la possibilitĂ© mĂȘme dâun savoir qui tendrait vers lâuniversel. Libido sciendi... 103Les MĂ©moires dâHadrien peuvent se lire comme la biographie dâun homme Ă©rudit recomposĂ©e par une femme qui ne lâest pas moins ; ils constituent donc, pour le lecteur, le mode dâaccĂšs au savoir dâun ĂȘtre et de son temps, en mĂȘme temps quâune source dâinformations sur cet ĂȘtre et ce temps. Rien de documentaire pourtant dans lâĆuvre de Marguerite Yourcenar le savoir y vaut moins pour lui-mĂȘme que pour les rĂ©flexions quâil suscite. 49 Voir Beatrice Ness, Mystification et crĂ©ativitĂ© dans lâĆuvre romanesque de Marguerite Yourcenar, ... 104Lâexistence mĂȘme de MĂ©moires dâHadrien est le fruit dâun savoir livresque dont la Note finale permet de saisir lâampleur et la profondeur rien de ce qui touche, de prĂšs ou de loin, Ă Hadrien nâa semble-t-il Ă©chappĂ© Ă Marguerite Yourcenar, qui Ă©numĂšre minutieusement ses sources, et justifie jusquâaux moindres dĂ©tails de son Ćuvre, expliquant par exemple que le nom dâArĂ©tĂ©, bien quâ arbitrairement [...] donnĂ© Ă lâintendante de le Villa », provient dâun poĂšme authentique dâHadrien » p. 351. Câest de lâauthenticitĂ© de sa reconstitution » que lâauteur tĂ©moigne en dĂ©voilant lâimmense travail dâĂ©rudition qui sous-tend le rĂ©cit, persuadĂ©e que sa valeur humaine est [...] singuliĂšrement augmentĂ©e par la fidĂ©litĂ© aux faits » p. 350. Le savoir, et lâaccĂšs Ă la vĂ©ridicitĂ© qui en Ă©mane, seraient donc des valeurs » humaines et littĂ©raires donnant au rĂ©cit son poids, Ă lâĂ©criture son prix, et Ă lâauteur sa raison dâĂȘtre elle a le sentiment dâappartenir Ă une espĂšce de Gens Ălia, de faire partie de la foule des secrĂ©taires du grand homme, de participer Ă cette relĂšve de la garde impĂ©riale que montent les humanistes et les poĂštes se relayant autour dâun grand souvenir » p. 344. Cependant Marguerite Yourcenar sâattache Ă gommer autant que possible de son Ćuvre les traces de ce savoir la Note est un texte tardif, qui ne lui a pas toujours paru indispensable aux MĂ©moires dâHadrien et dont elle remet en cause lâutilitĂ©, alors mĂȘme quâelle la publie Une reconstitution du genre de celle quâon vient de lire [...] touche par certains cĂŽtĂ©s au roman et par dâautres Ă la poĂ©sie ; elle pourrait donc se passer de piĂšces justificatives » p. 351. InterrogĂ©e sur ses mĂ©thodes de travail par Matthieu Galey, elle nie avoir effectuĂ© des recherches systĂ©matiques en bibliothĂšque, et met en avant un long et profond processus dâimprĂ©gnation, qui nâa pas nĂ©cessairement Ă©tĂ© menĂ© en vue de la rĂ©daction des MĂ©moires dâHadrien YO, p. 139-140 la passion de connaĂźtre est bien lĂ , mais non le dĂ©sir de savoir dans un but purement utilitaire. Dans le rĂ©cit lui-mĂȘme enfin, tout ce qui pourrait rappeler au lecteur le sous-bassement Ă©rudit de lâĆuvre disparaĂźt lâĂ©tude gĂ©nĂ©tique du roman49 rĂ©vĂšle que Marguerite Yourcenar, en mĂȘme temps quâelle corrigeait ce que son lexique pouvait avoir de trop actuel, a supprimĂ© des fragments de texte consacrĂ©s Ă la description des mĆurs romaines. 105Cette volontĂ© de fondre dans le creuset du livre la somme de connaissances qui entre dans sa composition relĂšve dâabord dâun souci de vraisemblance. Ce qui nâest accessible Ă lâĂ©crivain ou au lecteur du XXe siĂšcle que grĂące Ă des fouilles presque archĂ©ologiques dans dâĂ©paisses strates de tĂ©moignages et de documents est familier Ă Hadrien et Ă son correspondant rien ne justifierait donc que lâĂ©pistolier sâattarde longuement sur les realia du monde romain, moins encore quâil sâattache Ă les expliquer. Mais la dĂ©fiance que lâon perçoit chez Marguerite Yourcenar Ă lâĂ©gard du substrat savant quâelle considĂšre pourtant comme indispensable Ă son Ă©criture a Ă©galement des raisons plus profondes, dont la lettre dâHadrien se fait lâĂ©cho. Apprendre tout ne suffit pas Ă tout savoir, telle semble ĂȘtre la conviction partagĂ©e par lâauteur et son personnage. Avant dâentreprendre le rĂ©cit de son existence, Hadrien examine en effet les moyens de connaissance qui sâoffrent Ă lui pour parler au plus juste, et les dĂ©clare tous imparfaits Comme tout le monde, je nâai Ă mon service que trois moyens dâĂ©valuer lâexistence humaine lâĂ©tude de soi, la plus difficile et la plus dangereuse, mais aussi la plus fĂ©conde des mĂ©thodes ; lâobservation des hommes, qui sâarrangent le plus souvent pour nous cacher leurs secrets ou pour nous faire croire quâils en ont ; les livres, avec les erreurs particuliĂšres de perspectives qui naissent entre leurs lignes. p. 30 106Sâil dĂ©clare prĂ©fĂ©rer la connaissance par les livres Ă lâobservation directe des hommes », mĂ©thode moins complĂšte encore » p. 31, il juge lacunaire par nature le savoir livresque, qui ne fait sens quâau regard de lâexpĂ©rience la vie [lui] a Ă©clairci les livres » p. 30, et ses rĂ©serves rejoignent et explicitent tout Ă la fois lâattitude prudente de Marguerite Yourcenar Ă lâĂ©gard de ses sources. Selon Hadrien, lâĂ©crit, transmutation du rĂ©el, nâen retient quâun reflet fragmentaire ou Ă©purĂ©, câest-Ă -dire nĂ©cessairement faussĂ©, gauchi Je mâaccommoderais fort mal dâun monde sans livres, mais la rĂ©alitĂ© nâest pas lĂ , parce quâelle nây tient pas tout entiĂšre », rĂ©sume-t-il p. 31. 50 Les philosophes font subir Ă la rĂ©alitĂ©, pour pouvoir lâĂ©tudier pure, Ă peu prĂšs les mĂȘmes trans ... 107Livre bĂąti avec et sur des livres, les MĂ©moires dâHadrien disent la passion de lire, le caractĂšre indispensable de la lecture, les pouvoirs du livre, et notamment de la fiction Ă propos des contes, Hadrien admet bien que ces derniers soient rĂ©putĂ©s frivoles, je leur dois peut-ĂȘtre plus dâinformations que je nâen ai recueilli dans les situations assez variĂ©es de ma propre vie » p. 30. Marguerite Yourcenar, et Hadrien plus encore, qui vit Ă une Ă©poque oĂč une culture exhaustive est encore possible, semblent avoir lu tous les livres » Jâai lu Ă peu prĂšs tout ce que nos historiens, nos poĂštes, et mĂȘme nos conteurs ont Ă©crit », affirme lâempereur ibid. Ils y puisent un savoir immense, mais aussi la conscience aiguĂ« de ce qui leur Ă©chappe les livres, lieu de naissance de lâHadrien pensant qui a pu y port[er] pour la premiĂšre fois un coup dâĆil intelligent sur soi-mĂȘme » p. 43, ne suffisent cependant pas Ă lui expliquer sa propre vie. De mĂȘme, pour Marguerite Yourcenar recomposant lâhomme quâil a Ă©tĂ©, Hadrien nâest pas, ou nâest plus, ou nâest pas tout entier dans les livres qui le dĂ©peignent, ni mĂȘme dans les textes quâil a Ă©crit. Est-il davantage dans MĂ©moires dâHadrien ? Le roman peut-il autre chose quâapprocher la vĂ©ritĂ© dâun ĂȘtre tout en suggĂ©rant honnĂȘtement, sinon sa propre vanitĂ©, du moins ses limites ? Les impressions Ă©prouvĂ©es par le lecteur et par lâauteur elle-mĂȘme au cours de son travail laissent Ă penser que oui. Hadrien parle Hadrien pouvait parler de sa vie plus fermement et plus subtilement que moi », disent les Carnets de notes, p. 330, il ment, parfois Ă de certains moments, dâailleurs peu nombreux, il mâest mĂȘme arrivĂ© de sentir que lâempereur mentait. Il fallait alors le laisser mentir, comme nous tous », p. 341 et, parce quâil ment, sâaffranchit ce cette rĂ©alitĂ© pure mais atomisĂ©e des philosophes que lui-mĂȘme rĂ©cuse50 le temps dâune lecture, Hadrien existe, parce quâĂ lâamour du savoir et de la sagesse se mĂȘlent, dans lâĂ©criture de Marguerite Yourcenar, dâautres amours. ... et magie sympathique » 108La connaissance, et en particulier la connaissance de lâautre ses contemporains pour Hadrien, et Hadrien lui-mĂȘme pour Marguerite Yourcenar, ne relĂšve en effet pas exclusivement de la saisie intellectuelle. Elle peut aussi ĂȘtre le fruit dâune rencontre plus intuitive, presque dâordre mystique. Ă seize ans, Hadrien apprend du mĂ©decin LĂ©otichyde, esprit positif et adepte dâune mĂ©thode empirique Ă prĂ©fĂ©rer les choses aux mots » p. 47. Câest pourtant bien grĂące aux mots, et plus prĂ©cisĂ©ment grĂące Ă la rhĂ©torique, quâil a dĂ©couvert peu auparavant la facultĂ© de devenir autre par un effort de lâesprit Quant aux exercices de rhĂ©torique oĂč nous Ă©tions successivement XerxĂšs et ThĂ©mistocle, Octave et Marc-Antoine, ils mâenivrĂšrent ; je me sentis ProtĂ©e. Il mâapprirent Ă entrer tour Ă tour dans la pensĂ©e de chaque homme, Ă comprendre que chacun dĂ©cide, vit et meurt selon ses propres lois. p. 44 51 Edith Marcq, Lâempathie ou une maniĂšre dâĂ©criture yourcenarienne », dans Marguerite Yourcenar, Ă© ... 109Lâivresse Ă la fois naĂŻve et profonde de lâĂ©tudiant grec » nâest pas sans lien avec les rituels dâĂ©criture mis en place par Marguerite Yourcenar elle-mĂȘme, que les mots mĂšnent aux choses et aux ĂȘtres. La connaissance Ă©rudite et aussi exhaustive que possible de son sujet lui offre en effet la possibilitĂ© dâune intimitĂ© vĂ©ritable avec les ĂȘtres quâelle Ă©voque comme on Ă©voque un esprit. Les Carnets de notes dĂ©crivent une mĂ©thode dans laquelle savoir et sensation sont indissociables, et qui conduit Ă un contact, Ă une communication, voire Ă une communion avec ce qui Ă©chappe Ă lâintellect Un pied dans lâĂ©rudition, lâautre dans la magie, ou plus exactement, et sans mĂ©taphore, dans cette magie sympathique qui consiste Ă se transporter en pensĂ©e Ă lâintĂ©rieur de quelquâun » p. 330. Pour que les MĂ©moires dâHadrien dĂ©passent lâaporie des livres oĂč la rĂ©alitĂ© nâentre pas tout entiĂšre », il ne suffit pas de tout savoir de lâempereur lâauteur Ă©prouve Ă©galement le besoin de sentir avec lui, de sentir en lui ce quâil a Ă©tĂ©. La sympathie est alors Ă entendre dans son sens le plus courant comme dans son sens Ă©tymologique la magie » sans doute, ne saurait opĂ©rer sans certaines affinitĂ©s Ă©lectives qui unissent la crĂ©atrice et son personnage, mais elle consiste Ă participer Ă ses joies, Ă ses peines, Ă ses passions, Ă Ă©prouver les propres lois » de lâautre, Ă un tel degrĂ© que lâon a pu qualifier dâempathique lâĂ©criture yourcenarienne51. 110Et peut-ĂȘtre est-ce par ce goĂ»t et cette facultĂ© de se fondre en lâautre que Marguerite Yourcenar rejoint le plus Ă©troitement le personnage quâelle rĂ©invente. Il sâagit lĂ en effet de lâune des prĂ©occupations constantes dâHadrien tel quâelle le reprĂ©sente, tel quâelle dit lâavoir entendu. Tout au long de son existence, il semble chercher Ă retrouver lâĂ©blouissement causĂ© par les exercices de rhĂ©torique qui avaient ressuscitĂ© en lui dâillustres disparus. Mais le prodige, alors, sâĂ©tend aux vivants comme aux morts, aux intimes comme aux inconnus, et potentiellement Ă tout ĂȘtre. Lorsquâil sâagit dâAntinoĂŒs, ces tentatives achoppent les marbres les plus criants de ressemblance ne peuvent redonner vie au dĂ©funt, les efforts les plus douloureux pour retrouver ses ultimes sensations ne peuvent permettre Ă lâendeuillĂ© de vivre sa mort Je reconstituais le flĂ©chissement de la passerelle sous les pas pressĂ©s, la berge aride, le dallage plat ; le couteau qui scie une boucle au bord de la tempe ; le corps inclinĂ© ; la jambe qui se replie pour permettre Ă la main de dĂ©nouer la sandale ; une maniĂšre unique dâĂ©carter les lĂšvres en fermant les yeux. Il avait fallu au bon nageur une rĂ©solution dĂ©sespĂ©rĂ©e pour Ă©touffer dans cette boue noire. lâessayai dâaller en pensĂ©e jusquâĂ cette rĂ©volution par oĂč nous passerons tous, le coeur qui renonce, le cerveau qui sâenraye, les poumons qui cessent dâaspirer la vie. Je subirai un bouleversement analogue. Mais chaque agonie est diffĂ©rente ; mes efforts pour imaginer la sienne nâaboutissaient quâĂ une fabrication sans valeur il Ă©tait mort seul. p. 223-224 111Le caractĂšre ineffable et incomprĂ©hensible de chaque mort nâest cependant peut-ĂȘtre pas le vĂ©ritable obstacle Ă cette tentative de souffrir le trĂ©pas dâun autre. Marguerite Yourcenar dit sây ĂȘtre essayĂ©e, et semble-t-il avec plus de succĂšs, puisque lâexpĂ©rience de la mort revĂ©cue dâHadrien a donnĂ© naissance aux derniĂšres pages du livre Le 26 dĂ©cembre 1950, par un soir glacĂ©, au bord de lâAtlantique, dans le silence presque polaire de lâĂle des Monts DĂ©serts, aux Ătats-Unis, jâai essayĂ© de revivre la chaleur, la suffocation dâun jour de juillet 138 Ă BaĂŻes, le poids du drap sur les jambes lourdes et lasses, le bruit presque imperceptible de cette mer sans marĂ©es arrivant çà et lĂ Ă un homme occupĂ© des rumeurs de sa propre agonie. Jâai essayĂ© dâaller jusquâĂ la derniĂšre gorgĂ©e dâeau, le dernier malaise, la derniĂšre image. Lâempereur nâa plus quâĂ mourir. p. 342-343 112Si Hadrien ne peut faire lâexpĂ©rience des derniers instants dâAntinoĂŒs, câest plus vraisemblablement parce que la solitude extrĂȘme, par essence, ne se partage pas rejoindre le jeune homme, sympathiser avec lui dans son suicide impliquerait quâil cesse dâĂȘtre lui-mĂȘme, et Hadrien se montre attentif Ă ne pas dĂ©naturer le dernier acte de son amant, dĂ»t-il pour cela renoncer Ă le comprendre En prenant sur moi toute la faute, je rĂ©duis cette jeune figure aux proportions dâune statuette de cire que jâaurais pĂ©trie, puis Ă©crasĂ©e entre mes mains. Je nâai pas le droit de dĂ©prĂ©cier le singulier chef-dâĆuvre de son dĂ©part ; je dois laisser Ă cet enfant le mĂ©rite de sa propre mort » p. 189. 113Hors de cet extrĂȘme, tout paraĂźt avoir Ă©tĂ© accessible aux facultĂ©s sympathiques dâHadrien. Sans doute mĂȘme a-t-il vu parfois la figure opaque dâAntinoĂŒs sâĂ©clairer pour lui grĂące Ă la communion sensuelle dans laquelle il trouve le plus sĂ»r moyen de connaĂźtre vĂ©ritablement lâautre Jâai rĂȘvĂ© parfois dâĂ©laborer un systĂšme de connaissance humaine basĂ© sur lâĂ©rotique, une thĂ©orie du contact, oĂč le mystĂšre et la dignitĂ© dâautrui consisteraient prĂ©cisĂ©ment Ă offrir au Moi ce point dâappui dâun autre Monde. La voluptĂ© serait dans cette philosophie une forme plus complĂšte, mais aussi plus spĂ©cialisĂ©e, de cette approche de lâAutre, une technique de plus mise au service de la connaissance de ce qui nâest pas nous. Dans les rencontres les moins sensuelles, câest encore dans le contact que lâĂ©motion sâachĂšve ou prend naissance [...]. Avec la plupart des ĂȘtres, les plus superficiels de ces contacts suffisent Ă notre envie, ou mĂȘme lâexcĂšdent dĂ©jĂ . Quâils insistent, se multiplient autour dâune crĂ©ature unique jusquâĂ la cerner tout entiĂšre ; que chaque parcelle dâun corps se charge pour nous dâautant de significations bouleversantes que les traits dâun visage ; quâun seul ĂȘtre, au lieu de nous inspirer tout au plus de lâirritation, ou du plaisir, ou de lâennui, nous hante comme une musique et nous tourmente comme un problĂšme ; quâil passe de la pĂ©riphĂ©rie de notre univers Ă son centre, nous devienne plus indispensable que nous-mĂȘmes, et lâĂ©tonnant prodige a lieu, oĂč je vois bien davantage un envahissement de la chair par lâesprit quâun simple jeu de la chair. p. 22-23 114Sous les espĂšces du prodige et du jeu sĂ©rieux oĂč tout lâĂȘtre sâengage, câest bien dâun rituel magique que le narrateur construit ici la thĂ©orie, et il ne diffĂšre somme toute guĂšre des pratiques apotropaĂŻques de la sorciĂšre de Canope. De mĂȘme que le sacrifice dâune crĂ©ature protĂšge son propriĂ©taire selon une logique de contiguĂŻtĂ©, le contact avec un corps permet dâatteindre lâesprit quâil recĂšle. Une fois de plus, les mĂ©ditations du personnages viennent redoubler les expĂ©riences qui ont prĂ©sidĂ© Ă sa crĂ©ation, car Marguerite Yourcenar a elle aussi vĂ©cu des rencontres spirituelles suscitĂ©es par un contact physique. LâĂ©motion avec laquelle elle dĂ©crit, dans les Carnets de notes, un profil dâAntinoĂŒs ciselĂ© dans une sardoine laisse deviner les vertus quâelle accorde Ă cet objet ; la pierre lui permet de rejoindre, non pas lâĂ©phĂšbe dont elle garde lâimage, ni mĂȘme lâartiste qui lâa finement sculptĂ©e, mais lâhomme qui lâa tenue entre ses mains Le second de ces chefs-dâĆuvre est lâillustre sardoine qui porte le nom de Gemme Marlborough, parce quâelle appartient Ă cette collection aujourdâhui dispersĂ©e ; cette belle intaille semblait Ă©garĂ©e ou rentrĂ©e sous terre depuis plus de trente ans. Une vente publique lâa remise en lumiĂšre en janvier 1952 ; le goĂ»t Ă©clairĂ© du grand collectionneur Giorgio Sangiorgi lâa ramenĂ©e Ă Rome. Jâai dĂ» Ă la bienveillance de ce dernier de voir et de toucher cette piĂšce unique. [...] De tous les objets encore prĂ©sents aujourdâhui Ă la surface de la terre, câest le seul dont on puisse prĂ©sumer avec quelque certitude quâil a souvent Ă©tĂ© tenu entre les mains dâHadrien. p. 338 115Le puissant rituel du contact nâest toutefois pas toujours nĂ©cessaire pour quâopĂšre la magie de la rencontre sympathique. Une alchimie immĂ©diate, au-delĂ des gestes et des mots, permet ainsi la comprĂ©hension parfaite et rĂ©ciproque dâHadrien et de Plotine LâintimitĂ© des corps, qui nâexista jamais entre nous, a Ă©tĂ© compensĂ©e par ce contact de deux esprits Ă©troitement mĂȘlĂ©s lâun Ă lâautre. Notre entente se passa dâaveux, dâexplications, ou de rĂ©ticences les faits eux-mĂȘmes suffisaient », se souvient lâempereur p. 96. Aussi le miracle dâune communion poursuivie au-delĂ de la mort peut-il advenir la mort changeait peu de chose Ă cette intimitĂ© qui depuis des annĂ©es se passait de prĂ©sence ; lâimpĂ©ratrice restait ce quâelle avait Ă©tĂ© pour moi un esprit, une pensĂ©e Ă laquelle sâĂ©tait mariĂ©e la mienne » p. 182. Et lâon se plaĂźt Ă imaginer que Marguerite Yourcenar, nouvelle Plotine, nâavait pas mĂȘme besoin dâune gemme passĂ©e entre les mains de son personnage pour marier sa pensĂ©e Ă la sienne. Ă travers lui, elle accĂšde Ă©galement Ă la connaissance de chaque ĂȘtre, puisquâHadrien affirme y ĂȘtre parvenu par la mĂ©moire des gestes et des sensations auxquels la maladie lâa contraint de renoncer Ainsi, de chaque art pratiquĂ© en son temps, je tire une connaissance qui me dĂ©dommage en partie des plaisirs perdus. Jâai cru, et dans mes bons moments je crois encore, quâil serait possible de la sorte de partager lâexistence de tous, et cette sympathie serait lâune des espĂšces les moins rĂ©vocables de lâimmortalitĂ©. p. 15 116 Lâune des espĂšces [...] de lâimmortalitĂ© », et non la seule, Ă©crit Hadrien. Le livre en est une autre. En immortalisant par lâĂ©criture un ĂȘtre auquel elle donne la conscience dâavoir Ă©tĂ© reliĂ© Ă tout et tous, Marguerite Yourcenar prolonge la grande chaĂźne des sympathies et offre Ă ses lecteurs de sây rattacher. Vecteur dâun autre contact magique, un petit volume de papier imprimĂ©, parce quâil peut ĂȘtre multipliĂ© presque Ă lâinfini, sâavĂšre un talisman plus puissant encore que lâunique et sublime sardoine oĂč se lit le profil dâun adolescent grec. Voirle modĂšle. Percy Jackson et les Dieux Grecs est un livre hors sĂ©rie relatant les principaux mythes concernant les dieux de l' Olympe. Il est racontĂ© du point de vue de Percy Jackson. Le livre est paru le 19 aoĂ»t 2014 aux Ătats-Unis, et la version française est disponible depuis le 1er octobre 2014. Couverture de la version illustrĂ©e. Bonjour, Cet article n'est pas de moi, je l'ai trouvĂ© sur Ultim40k sur ce lien, mais il devrait aider les personnes qui souhaitent Ă©crire un historique pour leur chapitre maison. Je vous en propose ici la version de dĂ©but mai 2012 de Nash Ă qui tout le crĂ©dit de la traduction de l'article originel revient, version qui sera/a Ă©tĂ© Ă©ditĂ©e par lui. DĂšs que j'aurai 5 minutes je corrigerai les liens morts. Si j'ai bien suivi l'appendice 3 est entiĂšrement de lui. Je rĂ©pĂšte l'article n'est pas de moi I didn't write it j'ai juste ajoutĂ© une remarque apparemment non pertinente sur la Raven Guard. Il est une suite plus dĂ©veloppĂ©e de l'article que j'avais prĂ©cĂ©demment Ă©crit sur la crĂ©ation de chapitre perso. J'ai volontairement laissĂ© les liens dans le texte permettant de retourner sur le forum dont il est issu, vous avez ainsi la possibilitĂ© de rĂ©agir aux articles. Ce qui suit est, pour une grande partie, une traduction d'un article collectif en anglais créé sur le site Bolter & Chainsword, mis Ă jour, corrigĂ© et Ă©tendu par mes soins. Toute personne qui dĂ©sire crĂ©er son Chapitre Space Marine "maison" y trouvera une sĂ©rie de conseils et d'informations sur le fluff officiel des Space Marines qu'il est nĂ©cessaire de prendre en compte... Ce sujet est reservĂ© aux articles d'aide Ă la crĂ©ation de Chapitre et a donc Ă©tĂ© vĂ©rouillĂ©, pour tout commentaire ou toute question voir ce sujet... Introduction Comme toute personne qui a dĂ©jĂ dĂ©cidĂ© de crĂ©er son propre Chapitre le sait, la partie la plus dure est de trouver quelque chose d'original, plein de caractĂšre et qui n'a pas dĂ©jĂ Ă©tĂ© fait un million de fois auparavant. Cette liste a Ă©tĂ© créée pour aider ceux qui dĂ©sirent crĂ©er leur chapitre et leur permettre d'Ă©viter les piĂšges et les clichĂ©s qui sont apparus au fil des ans et ainsi crĂ©er des chapitres intĂ©ressants qui s'intĂšgrent dans les 25 ans de fluff officiel. Car aprĂšs tout, c'est ce qui fait ce qu'est 40k aujourd'hui. Cette liste ne constitue pas des rĂšgles immuables mais plutĂŽt un guide. En fait, il y a des occasions oĂč briser l'une des "lois du fluff" de 40k peut s'avĂ©rer valoir le coup et permettre de crĂ©er quelque chose d'unique... Mais cela nĂ©cessite de connaitre son sujet parfaitement. Je tiens Ă remercier tous les membres de B&C qui ont participĂ© Ă l'Ă©laboration de cette liste. [Et tout particuliĂšrement ses rĂ©dacteurs Rogue Trader, Aurelius Rex, Kurgan_the_Lurker, Commissar Molotov et Several Concerned Cricketers -NdT] Les choses Ă faire... Je le rĂ©pĂšte, cette liste ne constitue pas de vĂ©ritables rĂšgles mais plutĂŽt des indications. Ceci dit, les 2 rĂšgles d'or qui suivent sont ce qu'il y a de plus proche de rĂšgles pures et dures... ++ RĂšgle d'or n°1 Soyez aussi original que possible. On dit souvent qu'il n'y a pas d'idĂ©es originales, quelqu'un, quelque part aura toujours pensĂ© Ă la mĂȘme chose que vous. Mais cela ne signifie pas que votre chapitre maison ne peut pas ĂȘtre original. S'inspirer d'un chapitre existant, d'un livre, d'un film, d'une pĂ©riode de l'histoire, d'une culture ou quoi que ce soit d'autre est une bonne idĂ©e. Cependant, ne copiez pas l'idĂ©e de dĂ©part en entier; ajoutez quelque chose, retirez quelque chose, jouez avec un moment, vous serez probablement surpris du rĂ©sultat final... ++ RĂšgle d'or n°2 Soyez prĂȘt Ă accepter la critique de vos idĂ©es, et Ă corriger votre Index Astartes en consĂ©quence. Si vous postez votre IA, c'est que vous voulez l'amĂ©liorer. Le but principal est de partager vos idĂ©es avec d'autres personnes dans la mĂȘme situation et d'obtenir autant de points de vue que possible pour vous aider dans votre processus crĂ©atif. Vous n'ĂȘtes pas obligĂ© de prendre en compte l'intĂ©gralitĂ© des conseils et suggestions qui vous seront donnĂ©es, vous n'ĂȘtes pas obligĂ© de les aimer, mais il est inutile de poster un IA si vous n'ĂȘtes pas prĂȘt Ă considĂ©rer sĂ©rieusement les idĂ©es et suggestions qui seront prĂ©sentĂ©es par ceux qui auront lu votre IA. La majoritĂ© des gens qui rĂ©pondent et prĂ©sentent leur avis le font dans le but de vous aider, souvenez-vous de cela. L'autre face de cette piĂšce est que l'on attendra de la part de ceux qui rĂ©pondent d'apporter des critiques constructives et argumentĂ©es, et non pas coller une Ă©tiquette "ridicule" ou "sans valeur" sur vos idĂ©es. Votre chapitre maison c'est votre bĂ©bĂ©, nous comprenons tous cela car nous avons tous Ă©tĂ© dans cette situation un jour ou l'autre. Mais il est important de savoir lĂącher une idĂ©e quand son potentiel s'est effritĂ© au-delĂ de toute rĂ©cupĂ©ration. N'ayez pas peur de laisser tomber une idĂ©e ou de la retravailler pour qu'elle "colle". Au pire, vous pourrez toujours utiliser une idĂ©e abandonnĂ©e pour crĂ©er un autre chapitre maison, plus tard. Un bon IA se dĂ©veloppera presque de lui-mĂȘme, prenant vie, n'ayez pas peur de le laisser grandir... ++ Ayez un thĂšme bien dĂ©fini pour votre chapitre et suivez le jusqu'au bout. La partie la plus dure et la plus vitale dans la crĂ©ation d'un chapitre maison est de lui donner un thĂšme, de lui donner une identitĂ© ou un objectif unique et ensuite de "broder" ce thĂšme au cĆur de chacun des aspects de leur caractĂšre. Une fois ce thĂšme dĂ©fini vous pourrez vous pencher sur les autres aspects de votre chapitre, comment son nom, son monde d'origine, son histoire, sa doctrine de combat, son organisation, ses relations avec l'extĂ©rieur et son cri de guerre peuvent y ĂȘtre reliĂ©. En faisant cela, le chapitre commence Ă devenir plus rĂ©aliste, et en fait bien plus facile Ă dĂ©crire, au lieu de n'ĂȘtre qu'un ensemble disparate d'idĂ©es jetĂ©es ensemble. Si vous avez une idĂ©e que vous aimez mais qui ne cadre pas avec le thĂšme de votre chapitre, mettez-la de cotĂ© pour plus tard. Son temps viendra sĂ»rement pour un autre projet... ++ Lisez autant de fluff que possible. Cela parait Ă©vident mais le plus vous lirez de fluff, le plus vous pourrez vous faire une idĂ©e de ce qui est ou pas possible Ă l'intĂ©rieur du cadre narratif dĂ©fini par GW pour l'univers de 40k. Ainsi vous serez plus Ă mĂȘme d'Ă©crire un background pour votre chapitre qui soit, non seulement plausible, mais aussi "fluffique". Et il n'y a rien de plus gratifiant que de savoir que l'on vient de crĂ©er un IA qui se fond complĂštement dans l'univers 40k. ++ Faites des recherches sur ce que vous avez dĂ©cidĂ© pour votre chapitre. Renseignez-vous sur le Secteur dans lequel vous voulez baser votre chapitre. Vous trouverez ainsi les Ă©vĂ©nements qui ont marquĂ© ce secteur, quels systĂšmes et planĂštes le composent, quels types d'ennemis votre chapitre aura le plus de chances de rencontrer... Renseignez-vous sur le patrimoine gĂ©nĂ©tique que votre chapitre utilise, y a-t'il quelque chose d'inhabituel Ă son propos, une mutation mineure d'un des organes Raven Guard, ou des organes qui manquent Imperial Fists? [Voir l'Appendice 3 Chapitres Successeurs et Patrimoine GĂ©nĂ©tique pour de plus amples informations Ă ce propos. -NdT] ++ Commencez par faire un rĂ©sumĂ© de vos idĂ©es. CrĂ©er un bon IA est un processus holistique, au fur et Ă mesure qu'une partie se dĂ©veloppe, elle peut inspirer des idĂ©es qui affecteront directement d'autres parties. Il est donc souvent plus utile de dĂ©velopper l'IA dans son ensemble plutĂŽt que de passer du temps Ă dĂ©velopper, par exemple, la section sur le monde d'origine avant de passer aux doctrines de combat pour finalement vous rendre compte que vous avez eu une idĂ©e durant la rĂ©daction des tactiques qui nĂ©cessite un changement au niveau du monde... Commencer avec les bases ne peut pas vous faire de mal Quel est leur patrimoine gĂ©nĂ©tique? Quelle est leur fondation? Quel est le symbole du chapitre? Ses couleurs? A quoi ressemble leur monde d'origine et quel type de culture abrite-t-il? Est-ce un monde-ruche? Un monde Sauvage? etc OĂč dans l'Imperium sont-ils basĂ©s? Cela aide particuliĂšrement Ă dĂ©finir leurs ennemis les plus courants. Quelle est leur doctrine de combat? PrĂ©fĂšrent-ils le corps Ă corps ou Ă©craser l'ennemi sous des tirs massifs? Comment sont-ils organisĂ©s? Suivent-ils le Codex Astartes Ă la lettre ou sont-ils un peu diffĂ©rents? Quelles sont leurs croyances? ++ Restez simple, rien ne bat des idĂ©es simples. Une idĂ©e simple et bien Ă©crite est infiniment prĂ©fĂ©rable Ă une intrigue complexe mais moins bien conçue. De plus, il est en fait bien plus simple d'Ă©crire Ă propos d'une idĂ©e simple, ce qui est un bonus intĂ©ressant. Vous vous rendrez aussi compte qu'une fois que vous aurez posĂ© les bases clairement, les idĂ©es commenceront Ă se dĂ©velopper d'elles-mĂȘmes en quelque chose de plus complexe. ++ Laissez le fluff dicter les traits et non pas le contraire. Commencez par Ă©crire votre IA, puis dĂ©cidez des traits qui collent Ă votre fluff. Il est prĂ©fĂ©rable de faire de cette façon que de tenter de faire coller votre background Ă vos traits prĂ©fĂ©rĂ©s. Vous vous retrouveriez le plus souvent avec une version bancale de votre vision originale du chapitre parce que vous aurez dĂ» "bidouiller" le fluff pour que ça colle. La derniĂšre chose que vous vouliez est d'investir du temps et de la sueur dans l'Ă©criture d'un IA complet, juste pour vous rendre compte que vous n'ĂȘtes pas content du rĂ©sultat final parce qu'il ne correspond pas Ă ce que vous vouliez pour commencer. ++ Utilisez un patrimoine gĂ©nĂ©tique stable. Le fluff officiel nous apprend que les 2/3 des chapitres furent créés en utilisant le patrimoine gĂ©nĂ©tique des Ultramarines. Il y a donc de fortes chances que ce soit le cas de votre chapitre, cela ne vous oblige pas Ă en faire des sosies des UM pour autant. [Cf. Mortifactors par exemple -NdT] Le patrimoine gĂ©nĂ©tique suivant par ordre d'utilisation est celui des Imperial Fists. Puis viennent ceux des White Scars, Salamanders et Iron Hands, tous utilisĂ©s assez rĂ©guliĂšrement. Par contre ceux des Blood Angels et Raven Guard sont plus rarement utilisĂ©s Ă cause de leurs anomalies gĂ©nĂ©tiques. Celui des Dark Angels, bien que pur est rarement utilisĂ© pour des raisons "politiques". Et enfin, celui des Space Wolves n'a plus Ă©tĂ© utilisĂ© depuis les problĂšmes rencontrĂ©s par les Wolf Brothers peu aprĂšs la Seconde Fondation. ++ Rappelez-vous que l'ambigĂŒitĂ©, au bon endroit, peut ĂȘtre une bonne chose. AmbigĂŒitĂ©, conjecture, thĂ©ories de conspiration... UtilisĂ© correctement tout cela peut amener un air de mystĂšre Ă votre chapitre. Vous insĂ©rerez ainsi une intrigue juteuse qui chatouillera le lecteur. Par exemple, les gens se posent toujours des questions Ă propos des deux lĂ©gions disparues, il y a des conjectures Ă propos de l'implication de l'Inquisition et de l'Officio Assassinorum dans la chute des Celestial Lions durant la 3Ăšme guerre pour Armageddon et la destruction de la forteresse-monastĂšre des Crimson Fists... Et qu'en est-il des mains mĂ©talliques de Ferrus Manus, les doit-il Ă un combat contre un C'tan? Tout comme un magicien, ne rĂ©vĂ©lez pas tous vos secrets... ++ Bien sĂ»r ce sont des hĂ©ros, mais assurez vous qu'ils restent crĂ©dibles. Votre chapitre est votre point de focale narrative, les "hĂ©ros" si vous prĂ©fĂ©rez, et il est clair que leurs actions et batailles doit ĂȘtre prĂ©sentĂ© sous un angle positif, mais assurez-vous de rester crĂ©dible. Si vous affirmez qu'ils ont annihilĂ© une lĂ©gion renĂ©gate largement supĂ©rieure en nombre sans subir la moindre perte, puis qu'ils donnĂšrent une fessĂ©e Ă Abaddon avant de lui voler son EpĂ©e-DĂ©mon, alors vous avez dĂ©passĂ© les bornes et n'espĂ©rez pas d'autre rĂ©ponse que "Ouais, c'est ça... " ++ Utilisez un des chapitres GW si vous le dĂ©sirez. GW crĂ©e un nombre important de chapitres et souvent n'y accorde ensuite plus aucune attention, fournissant ainsi l'opportunitĂ© au crĂ©ateur de chapitre maison novice d'en prendre les rennes. Ces chapitres peuvent ĂȘtre divisĂ©s en 2 catĂ©gories les chapitre "Ă©tablis", pour lesquels un nom, un schĂ©ma de couleurs et un peu de fluff existent les White Consuls par exemple et ceux qui ne sont qu'un nom et un schĂ©ma de peinture comme beaucoup de ceux de l'Insignum Astartes ou de cette liste par exemple. Une chose importante Ă retenir en choisissant l'un de ces chapitres est que GW peut un jour dĂ©cider de dĂ©velopper plus ce chapitre, balançant ainsi votre beau boulot par la fenĂȘtre. Mais, si vous ĂȘtes prĂȘt Ă prendre ce risque, alors dĂ©velopper un de ces chapitre peut-ĂȘtre une expĂ©rience gratifiante. ...et celles Ă ne pas faire +++ Patrimoine gĂ©nĂ©tique +++ ++ N'affirmez pas que votre chapitre a Ă©tĂ© créé en utilisant un patrimoine gĂ©nĂ©tique d'une LĂ©gion RenĂ©gate. Il n'y a aucune raison de faire cela, l'Imperium possĂšde des stocks bien fournis d'Implants loyalistes, et bien qu'ils possĂšdent aussi des stocks d'implants de traitres, ils sont gardĂ©s dans des chambres Ă stase fermĂ©es. Bien sĂ»r, il n'y a aucune raison qui vous interdise l'option que votre chapitre ne connaisse pas ses origines Ă cause de la perte ou de la destruction de leurs archives par exemple et de suggĂ©rer sans jamais le dire clairement qu'il ait pu ĂȘtre créé Ă partir d'un patrimoine gĂ©nĂ©tique de traitre... [Cf. le lien supposĂ© Blood Ravens/Thousand Sons -NdT] ++ N'utilisez pas le patrimoine gĂ©nĂ©tique des Space Wolves pour votre chapitre. D'une certaine façon, cela rejoint le problĂšme des Implants de Traitres. Un seul autre chapitre fut créé en utilisant les gĂšnes des Space Wolves, les Wolf Brothers, et ils n'existent plus. AprĂšs cela l'utilisation du patrimoine gĂ©nĂ©tique des Space Wolves fut interdite. La seule façon "fluff" qui vous permettrait de contourner ce problĂšme est de crĂ©er un chapitre de la Fondation Maudite 21Ăšme ou de la Fondation Obscure 13Ăšme, mais il est trĂšs improbable qu'un tel chapitre connaisse l'origine de ses implants. Il est souvent bien plus simple d'utiliser les rĂšgles des Space Wolves et de renommer l'Ă©quipement et trouver une nouvelle idĂ©e pour justifier l'utilisation de ces rĂšgles. [Depuis la sortie du Codex Dark Angels V5 le paragraphe suivant n'est plus vraiment valide. Cependant certains de ses conseils peuvent toujours ĂȘtre intĂ©ressants pour ceux qui souhaitent coller au "vieux fluff"... -NdT] ++ N'affirmez pas que votre chapitre successeur des Dark Angels chasse les DĂ©chus. Le fluff officiel Ă©tabli clairement que seul les chapitres d'ImpardonnĂ©s les Dark Angels et leurs 3 chapitres successeurs de la 2nde Fondation sont au courant de l'existence des DĂ©chus. Aucun des chapitres de la 3Ăšme fondation, ni des fondations suivantes, ne sont au courant. Votre chapitre n'est pas une exception. Si vous utilisez les rĂšgles des Dark Angels, il existe plein d'explications alternatives possibles pour la rĂšgle "La Traque des DĂ©chus". Soyez crĂ©atif! ++ Ne touchez pas aux patrimoines gĂ©nĂ©tiques. La modification et le mĂ©lange des Implants est une mauvaise idĂ©e, dans les rares occasions oĂč la manipulation d'Implants a Ă©tĂ© tentĂ©e cela a abouti Ă de mauvaises choses pour le chapitre en question voir les Lamenters ou les Relictors par exemple. Le patrimoine gĂ©nĂ©tique est le saint des saints, il est la part du Primarque implantĂ©e dans un Marine pour le rendre surhumain. Diluer ou manipuler les saints restes d'un Primarque est probablement la plus grande hĂ©rĂ©sie possible. La seule occasion ou vous pouvez vous en sortir avec un patrimoine gĂ©nĂ©tique hybride et de crĂ©er un chapitre de la Fondation Maudite 21Ăšme ou Obscure 13Ăšme, et mĂȘme dans ce cas, je ne le recommanderais pas. ++ N'affirmez pas que votre chapitre a rĂ©solu la MalĂ©diction de Sanguinius. Le patrimoine gĂ©nĂ©tique de Sanguinius affecte ceux qui le reçoivent de façon encore plus forte que tout autre. En plus de gagner une grande longĂ©vitĂ©, ils hĂ©ritent de la MalĂ©diction de la Rage Noire et de la Soif rouge qui a dĂ©jouĂ© toutes les tentatives de leurs Apothecaria pendant dix mille ans. Et bien que les manipulations peu judicieuses de la Fondation Maudite aie modĂ©rĂ© ses effets, cela a engendrĂ© de sĂ©rieux effets secondaires. [Cf. Lamenters -NdT] Les successeurs des Blood Angels devraient toujours utiliser les rĂšgles du Codex Blood Angels et non pas les traits de chapitre... +++ Origine du Chapitre +++ ++ N'affirmez pas que votre chapitre est l'une des LĂ©gions disparues. Une partie du charme de l'univers du 41Ăšme millĂ©naire vient du fait que l'on ne sait pas tout. Nous ne savons pas ce qu'il est advenu des deux LĂ©gions manquantes, nous ne savons mĂȘme pas pourquoi elles-ont Ă©tĂ© effacĂ©es des archives ImpĂ©riales. Câest une bonne chose, et GW sait trĂšs bien que s'ils nous rĂ©vĂ©laient chaque petit dĂ©tail, nous perdrions tout intĂ©rĂȘt assez vite. ++ N'affirmez pas que votre chapitre est constituĂ© des membres restĂ©s loyaux d'un LĂ©gion ayant trahi durant l'HĂ©rĂ©sie. Il semble Ă©vident que tout groupe aux couleurs d'une LĂ©gion renĂ©gate qui pointerait le bout de son nez dans l'espace ImpĂ©rial serait reçu au son des canons et ne survivrait pas assez longtemps pour pouvoir convaincre qui que se soit de sa loyautĂ©... [Peut-ĂȘtre voir ce quâen disent les livres de lâHĂ©rĂ©sie dâHorus, notamment ceux concernant Garro, notamment Sword of truth » qui sortira en dĂ©cembre 2012] ++ N'affirmez pas que votre chapitre date de la Seconde Fondation. La Seconde Fondation est plus ou moins bouclĂ©e, la seule brĂšche reste les chapitres successeurs des Ultramarines, l'Apocryphe de Skaros affirme que 23 chapitres furent créés mais GW n'en a nommĂ© que 15. [Mais il y a de fortes chances que GW se dĂ©cide Ă citer les 8 autres un jour, vous plaçant alors dans la mĂȘme situation peu confortable qu'avec d'autres gĂ©nomes... -NdT] ++Ne formez pas de nouveaux chapitres Ă partir des compagnies perdues/oubliĂ©es d'un autre chapitre. Une compagnie ou un dĂ©tachement d'un chapitre qui disparait ou est "oubliĂ©" par le chapitre "pĂšre" ne crĂ©e pas son propre chapitre mĂȘme s'ils dĂ©cident de repeindre leur armure et de changer leur nom. Une compagnie de Dark Angels sĂ©parĂ©e du chapitre peu importe le temps reste des Dark Angels, et se verrait tout simplement rĂ©intĂ©grĂ©e au chapitre quand elle entrerait en contact avec le Roc... [Cf. la nouvelle Deathwing dans le livre du mĂȘme nom. -NdT] ++ N'affirmez pas que votre chapitre fut créé par un autre. Que la section de commandement du chapitre "Y" soit, Ă l'origine, formĂ© par des membres du chapitre "X" est raisonnable, mais un chapitre augmentant ses effectifs jusqu'Ă ce qu'il y ait 1000 Marines surnumĂ©raires pour ensuite les laisser former leur propre chapitre ne tient pas debout... ++ N'affirmez pas que votre chapitre fut créé par insĂ©rez votre Primarque favori ici en secret avant l'HĂ©rĂ©sie. Il n'y avait pas de raison pour que cela arrive. Avant l'HĂ©rĂ©sie les Marines Ă©taient organisĂ©s en LĂ©gions. Pourquoi un Primarque aurait il choisi de diluer son pouvoir plutĂŽt que de simplement ajouter plus d'hommes Ă sa LĂ©gion? Pour ĂȘtre encore plus clair avec l'existence de 20 LĂ©gions, il n'y avait tout simplement aucun besoin de chapitre "secrets", ils avaient toute la "main d'Ćuvre" nĂ©cessaire. ++ N'affirmez pas que votre chapitre fut fondĂ© par un 21Ăšme Primarque secret. Il y avait 20 Primarques. Ni plus, ni moins. N'essayez pas de briser 25 ans de fluff en crĂ©ant votre propre Primarque secret, c'est ridicule et sans intĂ©rĂȘt. Quand vous crĂ©ez un chapitre maison, vous pouvez dĂ©finir le caractĂšre de votre chapitre comme vous le voulez, le patrimoine gĂ©nĂ©tique ne joue qu'un rĂŽle mineur. CrĂ©er un nouveau Primarque et un nouveau patrimoine gĂ©nĂ©tique ne fait rien d'autre que retirer toute crĂ©dibilitĂ© Ă votre chapitre. Et, pour les mĂȘmes raisons, n'affirmez pas que votre chapitre Ă Ă©tĂ© créé en utilisant le patrimoine gĂ©nĂ©tique de l'Empereur. Seuls les Custodes peuvent le prĂ©tendre [cfr Le premier HĂ©rĂ©tique] ++ Ne tentez pas d'usurper le rĂŽle d'une autre organisation ImpĂ©riale. Habituellement, c'est l'Officio Assassinorum, pour une raison qui m'Ă©chappe. Le rĂŽle des Space Marines n'est pas l'assassinat des dirigeants ennemis, ni de discrĂštement chasser les hĂ©rĂ©tiques, ni de policer une planĂšte ni tout autre rĂŽle dĂ©jĂ rempli par l'un des organes de la machine ImpĂ©riale respectivement Officio Assassinorum, Ordo Hereticus et Adeptus Arbites au cas oĂč vous vous poseriez la question!. Les Space Marines sont les Anges de la Mort de l'Empereur, une force de frappe chirurgicale composĂ©e de machines Ă tuer gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©es. Bien qu'ils puissent ĂȘtre appelĂ©s en renfort quand la situation dĂ©passe les capacitĂ©s d'autres organisations ImpĂ©riales, ils rĂšglent le problĂšme et s'en vont. Ils ne dĂ©cident pas soudainement, aprĂšs avoir pacifiĂ© une planĂšte rebelle par exemple quâils vont remplir les fonctions d'Arbitrators sur cette planĂšte. Il y a un million de planĂštes dans l'Imperium et un million de Marines pour les protĂ©ger. Les Marines sont bien trop prĂ©cieux pour ĂȘtre gĂąchĂ©s sur des taches qui peuvent ĂȘtre effectuĂ©es par des hommes "moindres". ++ N'affirmez pas que votre chapitre a Ă©tĂ© fondĂ© par qui que ce soit d'autre que les Hauts Seigneurs de Terra. Seuls les Haut Seigneurs de Terra, s'exprimant au nom de l'Empereur, ont le pouvoir d'ordonner la fondation de nouveaux chapitres. Point final. Le fluff officiel est assez clair sur le fait qu'il est extrĂȘmement improbable qu'un Inquisiteur ou un membre de l'Adeptus Mechanicus, etc puisse manĆuvrer les institutions ImpĂ©riales pour permettre la formation d'un chapitre sans que les Haut Seigneurs n'interviennent. [L'exception qui confirme la rĂšgle les Steel Confessors. -NdT] Il est possible cependant de circonvenir au problĂšme en dĂ©cidant que le groupe Inquisition, Adeptus Mechanicus, etc... pĂ©titionne les Haut seigneurs pour la crĂ©ation d'un chapitre avec des missions spĂ©ciales lors de la fondation suivante, gardant ainsi le chapitre dans le cadre "lĂ©gal" tout en autorisant des influences externes sur celui-ci. +++ ClichĂ©s et autres facilitĂ©s narratives +++ ++ Ne perdez pas votre chapitre dans le Warp. Pour une raison simple, c'est vieux, barbant, et surexploitĂ©. Cela n'ajoute rien Ă l'histoire ou au caractĂšre d'un chapitre. Il existe des tas d'autres maniĂšres de faire disparaitre votre chapitre pour quelques centaines d'annĂ©es si c'est ce que vous voulez. ++ N'affirmez pas que vos Marines sont des femmes. Le fluff est clair sur ce point le dĂ©veloppement des organes spĂ©cifiques des Marines est liĂ© aux hormones mĂąles. Cela ne fonctionne pas avec les femmes. [Pour plus de dĂ©tails sur la raison intrinsĂšque de cette rĂšgle voir le 6Ăšme post de ce sujet. -NdT] ++ Evitez les changements de nom de chapitre. Encore un truc surexploitĂ©. Pourtant, un changement de nom est un Ă©vĂ©nement majeur Ă lui tout seul pour un chapitre de Space Marines. Il existe des exemples de chapitres qui l'ont fait les Luna Wolves ont changĂ© de nom deux fois par exemple, mais ils portent la marque du Chaos IndĂ©cis! mais de nombreux chapitres peuvent retracer leur histoire sur dix mille ans et peu l'ont fait car ils tiennent la continuitĂ© et l'histoire en haute estime, alors considĂ©rez sĂ©rieusement si un changement de nom est nĂ©cessaire ou s'il ajoute Ă l'histoire de votre chapitre... MĂȘme une campagne oĂč ils perdent 80% de leurs effectifs ne serait probablement pas suffisante pour le justifier. Leur passage au service des Puissances de la Ruine est le genre de chose qu'ils cĂ©lĂ©breraient sĂ»rement par un changement de nom pour coller Ă leur nouveaux objectifs, et encore, pas toujours! ++ Evitez le "truc" de l'Inquisiteur renĂ©gat. RĂ©sistez Ă l'envie de couvrir les dĂ©fauts de votre fluff avec l'intervention soudaine et hors de contexte d'un Inquisiteur renĂ©gat/radical. Un Inquisiteur qui apparait de nulle part, remue sa baguette magique et fait disparaitre ainsi tout les problĂšmes, comme par exemple pourquoi votre chapitre est constituĂ© de femmes / est le successeur loyaliste d'une LĂ©gion renĂ©gate / guĂ©rit subitement de la mutation qui l'afflige, ne fera jamais une bonne histoire. Cela ne peut pas ĂȘtre vu autrement que comme soit une façon sans imagination d'expliquer une caractĂ©ristique potentiellement intĂ©ressante de votre chapitre, soit une tentative dĂ©sespĂ©rĂ©e de rationaliser ce qui Ă©tait une mauvaise idĂ©e dĂšs le dĂ©but. De toutes façons, c'est surfait et ça ne fonctionne pas alors autant l'Ă©viter. ++ Ne confondez pas "dĂ©viation du Codex" avec originalitĂ© et caractĂšre. Ce qui distingue un chapitre c'est comment et pourquoi il fait les choses diffĂ©remment des autres chapitres, mais ne tombez toutefois pas dans le piĂšge de croire que charger votre chapitre avec des dĂ©viations de l'organisation Codex et des "gimmicks" pris sur des chapitres GW, comme un patrimoine gĂ©nĂ©tique hybride, est la mĂȘme chose qu'ĂȘtre original et donner du caractĂšre. Ce n'est pas parce quâil existe des prĂ©cĂ©dents pour un certain Ă©vĂ©nement que cela avancera l'histoire de votre chapitre. De telles "dĂ©viances" nĂ©cessitent bien plus d'explications pour les intĂ©grer dans le background de votre chapitre qu'un "Mais les Relictors / Space Wolves / Chevaliers Gris peuvent le faire!" Pourquoi cet Ă©vĂ©nement incroyablement rare suffisamment pour que le chapitre GW en question fasse partie des "chapitres de lĂ©gende" arriverait-il Ă votre chapitre? Et encore plus important, comment un tel Ă©vĂ©nement affecterait-il l'existence mĂȘme de votre chapitre? Bien qu'une ou deux "dĂ©viances" puissent ĂȘtre incorporĂ©es au thĂšme de votre chapitre, voire en devenir le thĂšme lui-mĂȘme, si vous devez intĂ©grer trop de ces Ă©vĂ©nements le chapitre ne pourra qu'en perdre son identitĂ© et voir sa crĂ©dibilitĂ© affaiblie. Ce qui peut ĂȘtre accompli tout en restant dans les contraintes d'un patrimoine gĂ©nĂ©tique normal et d'une organisation Codex est Ă©norme. En fait, cela s'avĂšre bien souvent plus gratifiant, car cela rĂ©clame plus d'imagination et de flair de faire la mĂȘme chose en restant dans ces limites que de se laisser aller aux trop faciles "trucs" de patrimoine gĂ©nĂ©tique hybride, Ă©normes diffĂ©rences d'organisation et autres Inquisiteurs RenĂ©gats... Ne choisissez pas le plus court chemin. Vous apprĂ©cierez d'autant plus le rĂ©sultat si vous allez aux limites de vous-mĂȘme et de votre imagination. ++ N'affirmez pas que vos Marines sont "gentils". Ils ne le sont pas! Les Marines sont des machines Ă tuer gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©es. D'accord, certains chapitres comme les Salamanders ont un aspect "humanitaire" mais ils ne sont pas gentils et doux pour autant. Ils chantent toujours des CatĂ©chismes de la Haine en allant au combat, et ils dĂ©truiront quiconque ou quoi que ce soit qui s'oppose Ă la volontĂ© de l'Empereur. Il y a une Ă©norme diffĂ©rence entre aider des rĂ©fugiĂ©s quand il n'y a pas de combats par exemple et choisir d'ignorer la marĂ©e de peaux vertes chargeant pour ramasser le nounours boueux d'une petite fille en pleurs. L'Imperium est un endroit rude oĂč les gens gentils ne survivent pas longtemps. Dans la mĂȘme veine, un chapitre de 1000 Marines ne se transforme pas en ambassadeurs pour nĂ©gocier la reddition de rebelles, ils ne forment pas d'alliances avec des Xenos. Ils les tuent, problĂšme rĂ©solu. ++ N'affirmez pas que votre chapitre a jouĂ© un rĂŽle central dans l'une des campagnes majeures. Les campagnes majeures de GW sont bouclĂ©es. Par exemple, la bataille pour Macragge opposa uniquement les Ultramarines aux Tyranides. Aucun autre chapitre n'Ă©tait prĂ©sent. Cela signifie que le votre n'y Ă©tait pas, peu importe que vous le dĂ©siriez plus que tout. Les campagnes les plus rĂ©centes Armageddon, l'Ćil de la Terreur, Medusa V, etc sont idĂ©ales pour les crĂ©ateurs de chapitres maison car elles permettent Ă des chapitres mineurs d'avoir jouĂ© un rĂŽle de soutien en arrivant comme renforts, en nettoyant aprĂšs l'un des affrontement connus, ou en jouant un rĂŽle sur la planĂšte dans une zone qui n'a pas Ă©tĂ© trop couverte par le fluff officiel. Bien sĂ»r, affirmer que votre chapitre a jouĂ© un rĂŽle essentiel dans la bataille dĂ©cisive et donc la plus documentĂ©e n'est pas une bonne idĂ©e... MalgrĂ© tout, ce sont vos figues, payĂ©es avec votre fric... Donc faites ce que vous voulez! Mais ne venez pas vous plaindre si on se moque de vos Marines issus d'un croisement entre les Blood Angels et les Iron Hands ayant rĂ©ussi Ă surmonter la MalĂ©diction de Sanguinius grĂące Ă l'intervention d'un Inquisiteur Radical qui leur a fourni des armes-dĂ©mon... Ledessin dans lâEgypte ancienne (2) La trĂšs belle exposition organisĂ©e dans lâespace Richelieu par Guillemette Andreu-LanoĂ«, conservateur gĂ©nĂ©ral Voici des fiches rallye-lecture pour des Ă©lĂšves de niveau CM. Pour chaque fiche, je vous mets un rĂ©sumĂ© du livre un niveau de lecture parce que certains romans sont trĂšs simples et dâautres trĂšs ardus mon propre avis sur le livre Ă lâaide de petits cĆurs comme ça => la fiche questionnaire la fiche correction le lien direct vers amazon Tout en bas de lâarticle je vous propose le chargement de la totalitĂ© des fiches en 2 fichiers et 12 fiches. De mĂȘme pour les corrections. Chaque nuit, dans un village dâĂcosse, des hurlements terrifiants empĂȘchent les gens de dormir. Le jeune Scott est persuadĂ© que ces cris proviennent de lâĂźle des GĂ©ants, une Ăźle dĂ©serte et mystĂ©rieuse. Pour en avoir le cĆur net, il ne voit quâune solution y aller ! LâĂźle des gĂ©ants LâĂźle des gĂ©ants â Correction Harry a toujours rĂȘvĂ© dâavoir un chien. Plus quâune envie, câest un besoin depuis que ses parents ont divorcĂ© et quâil a emmĂ©nagĂ© avec sa mĂšre dans une ville oĂč il ne connaĂźt personne. Le chien de ses rĂȘves est trĂšs grand, tout noir et trĂšs intelligent. Il nâa donc rien Ă voir avec la petite boule blanche ridicule que sa mĂšre a trouvĂ©e Ă la SPA. Harry dĂ©crĂšte aussitĂŽt quâil nâa rien Ă faire dâun chien de fille. PĂ©tula La petite chienne aux idĂ©es gĂ©antes PĂ©tula La petite chienne aux idĂ©es gĂ©antes â Correction Sophie ne rĂȘve pas, cette nuit-lĂ , quand elle aperçoit de la fenĂȘtre de lâorphelinat une silhouette immense vĂȘtue dâune longue cape et munie dâune curieuse trompette. Une main Ă©norme sâapproche et saisit la petite fille terrifiĂ©e pour lâemmener au pays des gĂ©ants. Mais heureusement, Sophie est tombĂ©e entre les mains dâun gĂ©ant peu ordinaire le Bon Gros GĂ©ant, qui se nourrit de lĂ©gumes et souffle des rĂȘves dans les chambres des enfants⊠Le Bon Gros GĂ©ant Le Bon Gros GĂ©ant â Correction Cette nuit, la Vomille est revenue. Maman mâa regardĂ© de son regard Je-tâaime. Elle a posĂ© la couverture sur moi pour me refaire un radeau neuf, avec des draps qui sentent bon le large. Puis Melchior Lescale sâest assis sur mon lit. Câest mon voisin. Avant, il Ă©tait pirate ! A la vie, Ă la⊠A la vie, Ă la⊠â Correction Il est vraiment bizarre Esteban, le nouveau de la classe dont toute lâĂ©cole se moque. Non seulement il a des vĂȘtements dĂ©modĂ©s, des cheveux en bataille et un air de se foutre de tout, mais en plus il ne parle presque pas. Aurait-il un secret si lourd Ă porter quâil ne peut le partager avec personne ? Le mystĂšre Esteban Le mystĂšre Esteban â Correction Nicolas est un petit gamin de maternelle qui rĂ©ussit, alors que la vie Ă la maison nâest pas drĂŽle du tout, Ă prendre la vie comme elle vient et Ă la rĂ©inventer, avec ses copains imaginaires, Petit Toiseau et Fourmisseau. Sur un sujet dĂ©licat, un roman trĂšs drĂŽle, quâon peut dĂ©guster Ă tous les Ăąges⊠Les tartines au ketcheupe Les tartines au ketcheupe â Correction Pour tous les habitants de lâĂźle de Bryher, au large de lâAngleterre, Zacharie PĂ©trel, surnommĂ© lâHomme-Oiseau, est un vieux fou un peu sorcier. Pour tous, sauf pour Gracie et Daniel qui, devenus ses amis, dĂ©couvrent un homme solitaire, entourĂ© dâanimaux. Mais les deux enfants restent intriguĂ©s par le lien mystĂ©rieux qui unit lâHomme-Oiseau Ă lâĂźle de Samson, sur laquelle plane lâombre dâune ancienne malĂ©diction ⊠Le jour des baleines Le jour des baleines â Correction Mes parents nâont jamais vraiment aimĂ© la vie Ă la ferme. Alors que moi jâadore jouer dans la grange, sur le vieux tracteur, et surtout Ă©couter Grand-pĂšre parler de son enfance, de son pĂšre, le fameux Caporal, et de Joey, son cheval. Peut-ĂȘtre mĂȘme me racontera-t-il un jour lâhistoire de ce vieux tracteur auquel il tient tant. Mais parfois, il devient triste, silencieux et fuit mon regard. Je sens que quelque chose le tourmente⊠Quel est le secret de Grand-pĂšre ? Et comment puis-je lâaider ? » Le secret de grand-pĂšre Le secret de grand-pĂšre â Correction Joey le cheval de ferme, devenu cheval de guerre, en 1914, nous raconte son histoire, avec simplicitĂ©. TĂ©moin de la Grande Guerre, il va vivre lâhorreur des combats auprĂšs des Britanniques, des Allemands, ou du cĂŽtĂ© des Français. Pour lui, les soldats, les paysans, les officiers, les vĂ©tĂ©rinaires ne sont pas des ennemis, mais des hommes, chez qui il rencontre la bontĂ© comme la mĂ©chancetĂ©. Joey partage leurs souffrances et leurs peurs, et sait leur redonner de lâespoir. Cheval de guerre Cheval de guerre â Correction Courageux, Le Chien ! Pas joli, joli, mais un sacrĂ© cabot ! Comme il se bagarre pour vivre ! Ce quâil cherche ? Une maĂźtresse. Une vraie, qui lâaime pour de bon. Pomme lui plaĂźt beaucoup, au Chien. Un grand rire, des cheveux comme un soleil⊠HĂ©las, elle est tellement capricieuse ! Une vraie caboche, cette Pomme. Comment Le Chien va-t-il lâapprivoiser ? Cabot-Caboche Cabot-Caboche â Correction AffamĂ© et trottinant, Berger parcourt la ville Ă la recherche dâun enfant. Sa mĂšre lui a souvent rĂ©pĂ©tĂ© les premiers mots que prononce un enfant quand il rencontre un chien inconnu et sĂ©duisant Je peux le garder ? » Berger est sĂ»r de son succĂšs. Les mĂ©moires dâun chien Les mĂ©moires dâun chien â Correction La maman de Bastien est partie, le laissant seul avec son pĂšre. Pour son anniversaire, elle lui a offert un chien, Toufdepoil, qui est devenu son meilleur ami. LâarrivĂ©e dâune Belle-doche » Ă la maison va tout remettre en question. En effet, elle dĂ©terre la hache de guerre câest Toufdepoil ou elle ! Bastien sent que son pĂšre va cĂ©der au chantage⊠Toufdepoil Toufdepoil â Correction Nous vivions Ă Paris dans un trois-piĂšces tout moche quand une lettre mystĂ©rieuse est arrivĂ©e, avec un kangourou sur le timbre rose et vert. Maman venait dâhĂ©riter dâun cousin australien inconnu la fortune et une splendide maison Ă Barbizon⊠Le dĂ©mĂ©nagement Ă©clair, le bonheur, la forĂȘt, les peintres, les nouveaux amis, Ă nous la belle vie ! Mais hasard ou coĂŻncidence ? VoilĂ que jâapprends que, rien que dans mon Ă©cole, deux autres enfants viennent de vivre la mĂȘme aventure. Le paradis dâen bas â Tome 1 Le paradis dâen bas â Tome 1 â Correction LĂ©opold et ses cousins sont en mal de grand-pĂšre⊠Le vieux Walter est mort trop vite et trop tĂŽt aprĂšs avoir rĂ©vĂ©lĂ© son existence Ă sa nombreuse descendance. Depuis, personne dans sa grande famille nâa eu le courage de sâoccuper de ses biens. Sa maison est restĂ©e telle quelle, comme sâil allait revenir, comme sâil existait encore⊠Alors, quand LĂ©opold apprend que le fantĂŽme de Walter rĂŽderait dans son ancienne demeure, il est Ă peine surpris. Le paradis dâen bas â Tome 2 Le paradis dâen bas â Tome 2 â Correction Tim a disparu. AprĂšs son cours dâĂ©quitation, il nâest pas rentrĂ© chez lui. Le clan Soshimof est en Ă©moi. LĂ©opold, Holly et Manon, les cousins et meilleurs amis de Tim, se posent des questions. Que sâest-il passĂ© ? Tim supportait de moins en moins les remarques incessantes de sa mĂšre, surnommĂ©e la mĂ©prisenfants par LĂ©opold. Si ma mĂšre continue, jâme casse », a mĂȘme dit Tim Ă LĂ©opold quelques jours avant sa disparition. Tim a-t-il fait une fugue ? OĂč a-t-il bien pu aller ? Le paradis dâen bas â Tome 3 Le paradis dâen bas â Tome 3 â Correction Je suis un chat. Mes maĂźtres mâont oubliĂ© sans le vouloir dans la forĂȘt oĂč ils sâĂ©taient arrĂȘtĂ©s pour pique-niquer. Je pense quâils sâinquiĂštent de mon absence. Surtout le jeune Rodrigue, avec qui jâaime tant dormir la nuit, blotti Ă ses pieds. Dans la nature, je peux chasser, jouer, courir Ă perdre haleine. Mais la nature est aussi pleine de dangers. Je dĂ©couvre la souffrance et la faim. Je voudrais tant rentrer chez moi⊠Chat perdu Chat perdu â Correction Quoi de plus banal quâun chat noir, comme celui que SĂ©basto trouve postĂ©, un matin, devant la maison de Da, son grand-pĂšre adoptif ? Pourtant, lâanimal le met mal Ă lâaise. Peut-ĂȘtre Ă cause de lâĂ©trange Ă©clat mĂ©tallique luisant dans son regard ? Lorsquâun deuxiĂšme chat apparaĂźt, puis un troisiĂšme, lâinquiĂ©tude sâinstalle et se mue bientĂŽt en peur⊠Les chats Les chats â Correction Dante termine tant bien que mal lâannĂ©e scolaire Ă Venise, chez sa grand-mĂšre. Un vieux professeur Ă la retraite doit lâaider Ă passer son examen. Dante craint le pire. Mais dĂšs sa premiĂšre rencontre avec le professeur, il est Ă©bloui. Casimo Dolent est doux, drĂŽle, patient et facĂ©tieux. Il prĂ©pare le chocolat chaud comme personne, il est amoureux dâune jeune fille Ă©trusque vieille de 2000 ans, il Ă©lĂšve une ribambelle de chats, et dans son laboratoire secret, il est en passe de dĂ©couvrir la recette de la transmission de pensĂ©e⊠Un chat dans lâoeil Un chat dans lâoeil â Correction Dans la vallĂ©e, il y avait trois fermiers, Ă©leveurs de volailles dodues. Le premier Ă©tait gros et gourmand ; le deuxiĂšme Ă©tait petit et bilieux ; le troisiĂšme Ă©tait maigre et se nourrissait de cidre. Tous les trois Ă©taient laids et mĂ©chants. Dans le bois qui surplombait la vallĂ©e vivaient MaĂźtre Renard, Dame Renard et leurs quatre renardeaux, affamĂ©s et malins⊠Fantastique MaĂźtre Renard Fantastique MaĂźtre Renard â Correction A lâĂąge de cinq ans, Matilda sait lire et a dĂ©vorĂ© tous les classiques de la littĂ©rature. Pourtant, son existence est loin dâĂȘtre facile, entre une mĂšre indiffĂ©rente, abrutie par la tĂ©lĂ©vision et un pĂšre dâune franche malhonnĂȘtetĂ©. Sans oublier Mlle Legourdin, la directrice de lâĂ©cole, personnage redoutable qui voue Ă tous les enfants une haine implacable. Matilda Matilda â Correction La plupart des grand-mĂšres sont dâadorables vieilles dames, gentilles et serviables. HĂ©las, ce nâest pas le cas de la grand-mĂšre de Georges ! Grincheuse, Ă©goĂŻste, elle ressemble Ă une sorciĂšre et elle a des goĂ»ts bizarres elle aime se rĂ©galer de limaces, de chenilles ⊠Un jour, alors quâelle vient une fois de plus de le terroriser, Georges dĂ©cide de lui prĂ©parer une potion magique. Une potion aux effets surprenants⊠et durables ! La potion magique de Georges Bouillon La potion magique de Georges Bouillon â Correction Au royaume de Vavassava, toute princesse en Ăąge de se marier se fait enlever par un dragon. Câest la tradition. Un prince des environs vient alors la dĂ©livrer et demander sa main. Mais Scarole peut toujours attendre, elle est bien trop peste ! VexĂ©e, elle sâenfuit du chĂąteau escortĂ©e de sa petite troupe. Ce dragon de malheur lui doit une explication⊠Princesse dragon et autres salades Princesse dragon et autres salades â Correction Panique au chĂąteau le prince Colombe a Ă©tĂ© enlevĂ© la veille de son mariage. Radegonde, sa promise, peut heureusement compter sur lâaide de ses deux cousines pour retrouver son fiancĂ©. Les voilĂ lancĂ©es sur ses traces. Et elles papotent et se disputent et patati et patata⊠Trois princesses pour un prince, câest un peu trop, vous ne croyez pas ? Trois princesses et patati et patata Trois princesses et patati et patata â Correction SommĂ© par son pĂšre dâaller quĂ©rir une princesse, le prince Fulbert de CrĂȘpovent part en compagnie de Messire de Bavert, spĂ©cialiste de la gargoulette, pour une expĂ©dition dans les glaces. Ils en profitent pour faire un crochet par le Royaume des mille princesses. Au cours de cette Ă©quipĂ©e, le jeune Fulbert apprendra Ă lire dans la nature et dans les cĆurs, et Ă maĂźtriser lâart pĂ©rilleux du bisou. Mission princesse et gargoulette Mission princesse et gargoulette â Correction Si vous voulez tĂ©lĂ©charger toutes les fiches de façon plus rapide, câest ici TĂ©lĂ©charger 12 fiches et leurs corrections TĂ©lĂ©charger 12 autres fiches et leurs corrections Sur le mĂȘme thĂšme Navigation de lâarticle Ćild'Horus et calame de Thot : mesure et - Archipel - UQAMJean-NoĂ«l L'Harmeroult est un photographe, peintre et sculpteur qui, depuis les annĂ©es 1970, est Ă la recherche de la vraie beautĂ©, de l'Ă©quilibre, de la force et de la structure !Son travail se distingue par une lumiĂšre nouvelle et visionnaire, avec parfois des couleurs, des mises en scĂšne et des cadrages inhabituels, oĂč les ĂȘtres, les paysages et les compositions oniriques partagent une vision audacieuse et L'Harmeroult, nĂ© Ă Paris en 1954, dĂ©bute sa carriĂšre de photographe de mode et de beautĂ© pour le magazine Elle Ă l'Ăąge de dix-neuf ans, sous la direction artistique de Peter Knapp. Il entame une carriĂšre internationale en Europe et aux Ătats-Unis aprĂšs avoir Ă©tĂ© reconnu pour la qualitĂ© subtile de ses images. Pendant plus de trente ans, il collabore avec les magazines Marie-Claire, Vogue, Glamour, Femme, Donna, Harper's Bazaar, Madame Figaro, et les crĂ©ateurs les plus prestigieux, dont Christian Dior, Yves Saint-Laurent, Ralph Lauren, Clarins, Wolford, Montana, Thierry Mugler... Aiguisant sa recherche esthĂ©tique, il ajoute Ă son approche photographique, une ouverture aux arts plastiques peinture et sculpture en a participĂ© Ă de nombreuses foires internationales, dont Art Basel Miami, et son travail a fait l'objet de nombreuses expositions "La ClĂ© d'y Voir", 'Mauboussin', Place VendĂŽme Ă Paris en 2013, "Recherches Nouvelles", Ă la Rare Gallery de New York, USA en 2009.... Plusieurs de ses Ćuvres ont Ă©tĂ© acquises par le dĂ©partement des Arts dĂ©coratifs du MusĂ©e du Louvre en 2005 des photographies de mode rĂ©alisĂ©es pour le magazine " Marie-Claire " dans les annĂ©es 1970 et 1980.
Chapitres1 Ă 3 + Fiche professeur / Ă©lĂšve Page 8 + Fiche professeur / Ă©lĂšve Illustrations des p.7, 105 et 111 + vocabulaire relevĂ© dans le roman + Fiche professeur / Ă©lĂšve Pages 17, 47-50, 83 et 92 + Fiche professeur / Ă©lĂšve Le roman entier (ou chapitres 1 Ă 5) + Fiche professeur / Ă©lĂšve Pages 20, 21, et 54-57 + Fiche professeurLes Space Marines constituent l'Ă©lite des armĂ©es de l'Imperium. Ils sont Ă©galement dĂ©signĂ©s sous le nom d'"Anges de la Mort", d'"Adeptus Astartes" ou de "Sauveurs de l'HumanitĂ©". 7 Sommaire 1 Origines des Space Marines "PrĂ©-Astartes" Premiers Astartes et Primarques 2 Histoire & Fondations PremiĂšre Fondation L'HĂ©rĂ©sie d'Horus Le Codex Astartes Space Marine Primaris 3 Organisation militaire LĂ©gions Chapitres RĂ©partition dans la Galaxie Effectifs de l'Astartes 4 CrĂ©ation d'un Space Marine Recrutement et Initiation Reproduction "Mort" d'un Chapitre "Naissance" d'un Chapitre 5 Arsenal des Space Marines Armement Flotte de combat 6 Vie quotidienne Rituels quotidiens Fiefs de l'Astartes 7 Religion & Croyances L'Empereur-Dieu et les Primarques Cultes de l'Astartes 8 Sources 9 Voir aussi Origines des Space Marines Proto-Marine du "TraitĂ© d'Horlax" M25 "PrĂ©-Astartes" M25? - M28 C'est avant mĂȘme l'avĂšnement de l'Imperium et alors que l'Ăre des Luttes faisait encore rage, que les premiers guerriers gĂ©nĂ©tiquement amĂ©liorĂ©s furent créés par l'Empereur autour du M28 sur Terra. Ils semblent avoir Ă©tĂ© l'aboutissement d'un travail de recherche trĂšs ancien, comme en tĂ©moignent les techniques d'ingĂ©nierie gĂ©nĂ©tique mentionnĂ©es dans le TraitĂ© d'Horiax dĂšs le M25. M29 L'Empereur ne fut pas seul dans cette Ćuvre il rassembla autour de lui des scientifiques passĂ©s maĂźtres en leur art, et fit construire un important laboratoire de recherches gĂ©nĂ©tiques au fond des donjons de sa forteresse sur Terra, oĂč furent menĂ©s les premiĂšres recherches et expĂ©rimentations qui conduiront Ă la crĂ©ation des premiers Space Marines. Cette nouvelle technologie fut d'abord "testĂ©e" sur des membres de la propre garde personnelle de l'Empereur, qui subirent les sĂ©ries de modifications chirurgicales et psychologiques. Les rĂ©sultats furent probants, dotant ces hommes d'une force et d'une volontĂ© hors du commun, et leur loyautĂ© Ă l'Empereur Ă©tait infaillible ce sont ces guerriers gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©s qui firent la conquĂȘte de Terra durant les Guerres d'Unification. Premiers Astartes et Primarques M29 Les recherches sur ces nouveaux guerriers s'Ă©taient poursuivies tout au long des Guerres d'Unification. Mais elles n'aboutiront qu'avec la crĂ©ation des Primarques au dĂ©but du M29. Le projet de reconquĂȘte de la galaxie poussa en effet l'Empereur Ă poursuivre sans cesse ses recherches, jusqu'Ă finalement crĂ©er vingts gĂ©nĂ©raux dotĂ©s de capacitĂ©s amĂ©liorĂ©es au delĂ de toute imagination humaine. leur rĂŽle Ă©tait de guider chacune des vingts nouvelles lĂ©gions au delĂ des Ă©toiles, chacun l'incarnation loyale et infaillible de la volontĂ© du nouveau MaĂźtre de Terra. DĂ©but du M30 Les premiers Space Marines sont créés Ă partir du matĂ©riel gĂ©nĂ©tique des primarques Ă l'aube de la Grande Croisade. Mais c'est Ă la mĂȘme Ă©poque que survient le rapt des capsules incubatrices des primarques par les Puissances de la Ruine, qui interrompit le processus de recherche et surtout la crĂ©ation de Space Marines. Les premiers Astartes quitteront nĂ©anmoins Terra Ă l'assaut des Ă©toiles et lanceront la Grande Croisade. 9,13 M30 Selon le "thĂ©orĂšme de Grabya" M30, seul le matĂ©riel gĂ©nĂ©tique des primarques permettrait de stabiliser et relancer le dĂ©veloppement gĂ©nĂ©tique de nouvelles gĂ©nĂ©rations de Space Marines. A mesure que la Grande Croisade permet de retrouver chacun des 20 Primarques perdus, les lĂ©gions Astartes sont renforcĂ©es par de nouvelles gĂ©nĂ©rations de Space Marines ou "achevant" gĂ©nĂ©tiquement les premiers astartes en utilisant des souches souche pure. Ces souches permettent de relancer la crĂ©ation de Space Marines et de lever de nouvelles lĂ©gions au nombre de 20 c'est la PremiĂšre Fondation. 2,3 Histoire & Fondations PremiĂšre Fondation Ce sont les Space Marines de la PremiĂšre Fondation qui ont construit l'Imperium durant tout le M30 / M31; et ce sont eux que l'Empereur plaça Ă la tĂȘte de ses lĂ©gions, mais Ă©galement de ses armĂ©es d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale. Cette pĂ©riode est restĂ©e dans l'histoire sous le nom de "Grande Croisade"; une Ă©poque de guerres visant Ă la rĂ©unification de toutes les parties Ă©garĂ©es de l'humanitĂ© et des mondes conquis durant sa premiĂšre expansion Ă travers les Ă©toiles. 4b Article dĂ©taillĂ© PremiĂšre Fondation Article dĂ©taillĂ© Grande Croisade L'HĂ©rĂ©sie d'Horus A l'Ă©poque oĂč les Space Marines rĂ©gnaient sur les armĂ©es de impĂ©riales et alors que la Grande Croisade touchait Ă sa fin, l'Empereur se retira du front en confia le commandement Ă son fils favori, Horus Lupercal, avec le titre de MaĂźtre de Guerre de ses armĂ©es et de toutes les lĂ©gions astartes. Mais les Puissances de la Ruine parvinrent Ă le corrompre et Ă le retourner contre son propre pĂšre. Horus entraĂźna prĂšs de la moitiĂ© des lĂ©gions de Space Marines avec lui, dans la plus grande guerre civile qu'ait connu l'humanitĂ©. Cette guerre ne s'acheva qu'avec le siĂšge de Terra oĂč Horus fut vaincu en combat singulier par l'Empereur en personne. Article dĂ©taillĂ© HĂ©rĂ©sie d'Horus Le Codex Astartes Horus mort, et ses troupes en dĂ©route vers l'Ćil de la Terreur, la victoire resta cependant amĂšre pour les loyalistes mortellement blessĂ©, l'Empereur dut ĂȘtre placĂ© dans le mĂ©canisme du TrĂŽne d'Or dans une Ă©trange catalepsie Ă©ternelle. Il laissait derriĂšre lui son royaume encore Ă feu et Ă sang, et son peuple et ses lĂ©gions plus divisĂ©es que jamais. Cet Ă©tat de fait obligea Ă une rĂ©organisation complĂšte des structures militaires de l'Imperium, et en premier de l'Adeptus Astartes. Son principal refondateur fut sans aucun doute le primarque de la lĂ©gion des Ultramarines, Roboute Guilliman. Il est l'auteur d'un traitĂ© appelĂ© "Codex Astartes" qui redĂ©finit complĂštement les structures, les effectifs tactiques, le recrutement, la formation et l'autoritĂ© des Space Marines. La mesure la plus importante fut le dĂ©mantĂšlement des anciennes lĂ©gions en formations plus petites appelĂ©es chapitres et limitĂ©es Ă un millier de combattants. Mais surtout il les plaça sous le contrĂŽle et l'autoritĂ© directe des Hauts Seigneurs de Terra, sorte de directoire composĂ© des reprĂ©sentants des principales puissances de l'Imperium, aux rangs desquels ne figurĂšrent plus les Astartes. Le respect de ces nouvelles rĂšgles par l'Adeptus Astartes fut cependant relatif, et certains des nouveaux chapitres adoptĂšrent dans leur organisation et leurs traditions des variantes. On parla ainsi de "Chapitres Codex" et de "Chapitres non-Codex". Article dĂ©taillĂ© Codex Astartes Space Marine Primaris Au crĂ©puscule du 41Ăšme MillĂ©naire, grĂące aux efforts de Belisarius Cawl sous les ordres deRoboute Guilliman, l'Imperium vit apparaĂźtre de nouveaux Spaces Marines les Primaris. Plus grand, plus fort et mieux Ă©quipĂ©s, ces nouveaux Spaces Marines ont Ă©tĂ© emportĂ©s dans les vaisseaux de Guilliman Ă travers la galaxie lors de la Croisade Indomitus, soit pour combler des chapitres existants soit pour crĂ©er de nouveaux chapitre entiers de Primaris. 9 Article dĂ©taillĂ© Space Marines Primaris Organisation militaire LĂ©gions Les Space Marines sont parfois encore appelĂ©es "Legiones Astartes". Ces lĂ©gions reprĂ©sentent en fait la formation militaire d'origine des Space Marines et de l'Adeptus Astartes. Les lĂ©gendaires 20 premiĂšres lĂ©gions furent Ă l'image d'une Ă©poque et d'un Ăąge d'or pour l'Imperium. Elles pouvaient rassembler 100,000 Space Marines en moyenne, et jusqu'Ă 250,000 pour celle des Ultramarines, qui fut la plus importante. Ce sont elles qui firent la conquĂȘte de la galaxie Ă la tĂȘte des armĂ©es de l'Empereur. Article dĂ©taillĂ© Legiones Astartes Chapitres Depuis la Seconde Fondation promulguĂ©e officiellement 7 ans aprĂšs la mort d'Horus vers la fin du le 'chapitre' est devenu la formation militaire standard des Space Marines loyalistes Ă travers tout l'Imperium et est suivie depuis 10,000 ans. Le Codex Astartes a fixĂ© un standard des effectifs et de l'organisation d'un chapitre de Space Marines Un Chapitre compte un millier de combattants, Il est dirigĂ© par un MaĂźtre de Chapitre, Il est composĂ© de 10 compagnies dirigĂ©es chacune par un Capitaine, Chaque compagnie est composĂ©e de 10 escouades de 10 Space Marines dirigĂ©es chacune par un sergent, Chaque compagnie possĂšde un Chapelain, un Apothicaire et un Porte-BanniĂšre qui lui est propre, Chaque compagnie entretient un parc de vĂ©hicules et avec son armement, Chaque chapitre est autonome arsenal, fonderie, flotte, etc.. Article dĂ©taillĂ© Chapitre Principaux bastions Space Marines dans la Galaxie RĂ©partition dans la Galaxie Le dĂ©ploiement des Space Marines a beaucoup Ă©voluĂ© avec l'histoire, au rythme des guerres innombrables livrĂ©es par l'Imperium pour sa survie; et bien sĂ»r de la perte, de la destruction ou de la crĂ©ation de chapitres. L'Ă©tape la plus importante fut sans nul doute la Seconde Fondation et la fin de la Grande Croisade les antiques premiĂšres lĂ©gions restĂ©es loyales Ă l'Empereur furent dĂ©membrĂ©es en forces autonomes plus rĂ©duites, afin de les redĂ©ployer notamment sur les domaines autrefois tenus par leurs frĂšres renĂ©gats, et reconquis aprĂšs l'HĂ©rĂ©sie d'Horus. Leur dĂ©ploiement suit les impĂ©ratifs militaires de l'Imperium Soit envoyĂ©s dans des zones de guerres actuelles ou Ă proximitĂ© des plus dangereuses par ex. les royaumes des seigneurs de guerre Orks, ou contre des invasions comme celles des Tyranides Soit pour la 1/2 des chapitres dans des missions d'exploration et de conquĂȘte Croisades tels que les Black Templars. Effectifs de l'Astartes Ă partir des 20 Primarques originels, un nombre incalculable de chapitres Astartes ont Ă©tĂ© créés depuis les sombres Ă©vĂšnements de l'HĂ©rĂ©sie d'Horus. Leur liste jusqu'Ă leurs noms est cependant impossible Ă Ă©tablir l'histoire de l'Imperium est trop longue et tortueuse, faite de guerres, d'anarchies et de rĂ©bellions ayant parfois opposĂ© les Astartes entre eux. Certains ont disparu de l'histoire avec la destruction de leur flotte ou de leur monde, tandis que d'autres ont Ă©tĂ© effacĂ©s volontairement. Du fait mĂȘme de l'Ă©normitĂ© de l'Imperium, leur nombre actuel reste lui aussi approximatif Ă peu prĂšs un millier en activitĂ© au M41, dont plus de la moitiĂ© descendent du Primarque des Ultramarines, soit directement par leur appartenance Ă la Seconde Fondation, soir indirectement par le biais de fondations ultĂ©rieures. CrĂ©ation d'un Space Marine Recrutement et Initiation Un Space Marine est le fruit d'une manipulation gĂ©nĂ©tique et d'un traitement chirurgical, chimique, ainsi que d'un conditionnement psychique et hypnotique hĂ©ritĂ© de la science perdue du Moyen-Ăge Technologique. Cependant, chaque chapitre possĂšde un matĂ©riel gĂ©nĂ©tique unique qui distingue son identitĂ© et son hĂ©ritage. Chaque recrue reçoit 19 implants gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©s. Ils sont programmĂ©s pour modifier et amĂ©liorer le mĂ©tabolisme humain naturel. Chaque implant est issu en droite ligne du code gĂ©nĂ©tique d'un des 20 primarques d'origine dont le matĂ©riel gĂ©nĂ©tique a Ă©tĂ© stockĂ© sur Terra aprĂšs l'HĂ©rĂ©sie d'Horus. Ainsi, chaque Space Marine possĂšde en principe les mĂȘmes organes avec les mĂȘmes fonctions, mais dont le code gĂ©nĂ©tique a une parentĂ© propre, et apporte des particularismes Ă chaque chapitre. 4a Article dĂ©taillĂ© Initiation Space Marines Reproduction Chaque Space Marine porte en lui l'avenir de son chapitre, reprĂ©sentĂ© par deux organes appelĂ©s "ProgĂ©noĂŻdes". Ils produisent des "graines" qui reprĂ©sentent chacune l'un des organes implantĂ©s dans le corps du Marine, et qui arriveront Ă maturation en mĂȘme temps que les organes implantĂ©s. Cette maturation peut cependant prendre un certain temps celui que prendra le corps de la recrue pour assimiler les bouleversements de son organisme, allant des premiĂšres implantations chirurgicales au commencement de son initiation jusqu'aux premiĂšres annĂ©es de service actif en temps que Scout. DĂšs lors, ces "graines" pourront ĂȘtre retirĂ©es du vivant des Marines, ou trĂšs peu de temps aprĂšs leur mort sur le champ de bataille par un Apothicaire Ă l'aide d'un appareil spĂ©cial appelĂ© Reductor. Seules ces graines permettent de cultiver Ă nouveau 19 implants qui permettront de crĂ©er Ă nouveau un Space Marine. 3,4a Il n'est donc pas obligatoire d'attendre la mort d'un Space Marine pour lui retirer ses deux progĂ©noĂŻdes. Mais ces derniers ont une autre particularitĂ© ils accumulent la mĂ©moire gĂ©nĂ©tique du porteur, son expĂ©rience et ses facultĂ©s se gravant dans son code gĂ©nĂ©tique tout au long de sa vie. Si bien que plus tard ces graines seront retirĂ©es, plus grande en sera l'expĂ©rience transmise aux gĂ©nĂ©rations futures du chapitre. C'est en quelque sorte l'Ăąme de chaque gĂ©nĂ©ration de guerriers de l'Astartes qui se sont accumulĂ©s dans ces implants, ce qui explique pourquoi ils sont si prĂ©cieux et irremplaçables pour un chapitre de Space Marines. 3,4a "Mort" d'un Chapitre Chaque chapitre a la responsabilitĂ© unique de l'entretient et de la sauvegarde de son stock gĂ©nĂ©tique. Ce stock est fragile, et non reproductible il ne peut plus ĂȘtre recréé en laboratoire. La science qui les a mis au point s'est perdue, rendant chacun des 19 implants ou "zygotes" unique et irremplaçables. Il n'est donc pas nĂ©cessaire de tuer tous les guerriers d'un chapitre pour s'assurer de sa mort, car d'autres dommages scellent irrĂ©mĂ©diablement sa fin L'exposition des implants Ă des radiations de niveaux trop importants les rend inutilisables en dĂ©truisant leur encodage gĂ©nĂ©tique. L'extinction des seuls implants [18] progĂ©noĂŻds ou [19] carapace Noire suffit Ă eux seuls pour dĂ©truire toute possibilitĂ© de crĂ©ation de nouveaux Space Marines. La mutation d'un implant est la plupart du temps irrĂ©versible, et un chapitre devra en assumer les consĂ©quences. MĂȘme s'ils ne l'ont pas choisi et restent fidĂšles Ă l'Empereur mutations physiques animales, psychiques, etc. les amenant parfois jusqu'Ă l'excommunication par les autoritĂ©s impĂ©riales Ă l'exemple des Knights of Blood, de la LĂ©gion des DamnĂ©s, des Dragon Warriors [Quelle Source ?] Sujet-test pour la crĂ©ation d'un nouveau Chapitre de Space Marines. "Naissance" d'un Chapitre Du fait des besoins permanents en troupes et des pertes effroyables essuyĂ©es par les Space Marines durant 10,000 ans d'histoire, l'Imperium a cependant trouvĂ© un moyen, non de sauver les chapitres mourants mais d'en crĂ©er de nouveaux. Depuis la Seconde Fondation et l'application des Ă©dits du Codex Astartes, chaque chapitre est obligĂ© d'envoyer 5% de son matĂ©riel gĂ©nĂ©tique Ă l'Adeptus Mechanicus sur Mars. Ceci a deux avantages le premier est de pouvoir contrĂŽler rĂ©guliĂšrement l'Ă©tat de chaque chapitre loyaliste et dĂ©celer d'Ă©ventuelles traces de corruption. Le second est de permettre au Mechanicum d'obtenir un stock de gĂšnes Astartes leur permettant de crĂ©er de nouveaux chapitres. Ce processus de crĂ©ation est long, car l'ensemble des zygotes et implants Space Marines ne sont pas automatiquement compatibles, et rares sont les chapitres possĂ©dant 19 implants totalement fonctionnels. Ceci oblige les ingĂ©nieurs du Mechanicum Ă chercher une combinaison compatible et stable entre des zygotes propres de toute mutations et issus de chapitres diffĂ©rents, puis Ă les tester sur des sujets "test-slaves" en anglais. Ces sujets passeront leur existence entiĂšre dans des capsules hermĂ©tiquement closes; statiques et pourtant conscients, assimilant les implants testĂ©s dans une immobilitĂ© totale. Lorsque l'expĂ©rience rĂ©ussit, il faudra encore retirer les deux progĂ©noĂŻdes arrivĂ©s Ă maturitĂ©, dont les graines contenues serviront au dĂ©veloppement de deux nouveaux sujets, qui Ă leur tour donneront quatre progĂ©noĂŻdes, et ainsi de suite. Il faut en gĂ©nĂ©ral 55 ans de reproduction constante pour produire 1000 stocks saints de 19 implants chacun capable de lever un chapitre entier. Avant sa crĂ©ation officielle, le stock d'un nouveau chapitre doit surtout recevoir l'autorisation du Fabricator GĂ©nĂ©ral et des Hauts Seigneurs de Terra parlant eux mĂȘme au nom de l'Empereur, qui seul peut dĂ©cider de la crĂ©ation d'un nouveau chapitre. Arsenal des Space Marines Armement Les Bolters constituent l'armement standard et le symbole de la force de destruction des Space Marines. Aboutissement technique promu par le Codex Astartes, il propulse des munitions explosives rĂ©actives coup par coup ou en rafales. Certains sont de vĂ©ritables artefacts centenaires, voir millĂ©naires. Un exemplaire est offert Ă chaque initiĂ© Space Marine lors de son initiation. 4a Article dĂ©taillĂ© Bolter Les Space Marines disposent de maniĂšre gĂ©nĂ©rale du meilleur armement standard Ă la disposition de l'Imperium. 4a Article dĂ©taillĂ© Arsenal Space Marine Flotte de combat Ils possĂšdent Ă©galement une flotte avec des types de vaisseaux qui leurs sont propres. 4b Article dĂ©taillĂ© Flotte Space Marine Vie quotidienne Rituels quotidiens Ces rituels ont Ă©tĂ© compilĂ©s dans le Codex Astartes dont la version originelle a Ă©tĂ© perdue. Une retranscription datant du M38 atteste encore d'un entrainement et d'un rythme monacal et militaire permanent, ne laissant pratiquement aucune place pour le repos. A cause de son histoire trĂšs ancienne et tourmentĂ©e depuis 10,000 ans, les chapitres de l'Adeptus Astartes ont adoptĂ© des variantes selon leur mode de vie et leurs traditions, en fonction de ceux de la planĂšte ou du vaisseau oĂč est situĂ© leur forteresse. Article dĂ©taillĂ© Rituels quotidiens Space Marines Fiefs de l'Astartes Tous les chapitres de Space Marines ont une base d'opĂ©ration Ă partir de laquelle ils se dĂ©ploient, se ravitaillent. Elle assure leur autonomie mais contient Ă©galement ses reliques les plus prĂ©cieuses, son stock gĂ©nĂ©tique et ses structures de recrutement. Cette base peut ĂȘtre une planĂšte fixe, une flotte itinĂ©rante, ou une combinaison des deux. Bien qu'Ă©tant soumis en thĂ©orie Ă l'autoritĂ© de l'Adeptus Terra, les chapitres restent des armĂ©es autonomes ayant hĂ©ritĂ©s depuis leur crĂ©ation de domaines Ă l'intĂ©rieur de l'Imperium. Ces domaines sont exempts de la DĂźme ImpĂ©riale, et les chapitres y rĂšgnent souvent sans partage. Chaque chapitre est dirigĂ© par un MaĂźtre, qui regroupe les fonctions de guide spirituel et militaire. Dans les cas oĂč un chapitre possĂšde des fiefs planĂ©taires, il obtiendra un pouvoir Ă©quivalent Ă celui d'un Seigneur-Gouverneur dont l'autoritĂ© s'exerce sur des mondes entiers, voir des systĂšmes. Article dĂ©taillĂ© Forteresse-MonastĂšre Religion & Croyances L'Empereur-Dieu et les Primarques Chaque chapitre a dĂ©veloppĂ© ses croyances et ses rituels, incluant des pĂ©riodes de festivitĂ©s et de cĂ©lĂ©bration particuliĂšres. Deux figures demeurent communes Ă ces cĂ©lĂ©brations L'Empereur et le Primogeniteur. Bien que chaque chapitre ait dĂ©veloppĂ© sa propre interprĂ©tation du credo officiel de l'Ecclesiarchie au fil des siĂšcles, tous sont restĂ©s fidĂšles Ă l'Empereur dont ils cĂ©lĂšbrent l'Ascension sur le TrĂŽne d'Or aprĂšs sa victoire Ă la Bataille de Terra. Ils fĂȘtent Ă©galement la naissance et la disparition de leur Primarque. Un jour de cĂ©lĂ©bration est consacrĂ© par le MaĂźtre de Chapitre Ă des festivitĂ©s variant selon les traditions propres Ă chaque chapitre. Article dĂ©taillĂ© Culte ImpĂ©rial Cultes de l'Astartes MalgrĂ© leur culte unanime Ă l'Empereur, chaque chapitre possĂšde des croyances qui lui sont propres, issues de leur longue histoire et du caractĂšre de leur primarque d'origine, mais Ă©galement du monde oĂč fut fondĂ© leur lĂ©gion d'origine. Les chapelains sont les gardiens de ce culte et incarnent Ă eux-seuls la Foi et le particularisme religieux de chaque chapitre. 4c Article dĂ©taillĂ© Chapelain Sources 1 The Horus Heresy Collected Visions; pp. 17, 29, 114, 117, 134 2 Codex Space Marines 3Ăšme Ă©dition; pp. 47, 48 3 Warhammer 40,000 Compendium The Origins of the Legiones Astartes, par Rick Priestley; pp. 6-10 4 Index Astartes I 4a Rites of Initiation - The creation of a Space Marine par Rick Priestley et Gav Thorpe; pp. 2-9 4b Codex Astartes - The Holy Tome of the Space Marines p. 13 4c For the Emperor - Space Marine Chaplains ; pp. 56-59 5 Codex Imperialis 3Ăšme Ă©dition ; p. 17 6 Arsenal; p. 21 7 Warhammer 40,000 cinquiĂšme Ă©dition p. 132 8 Index Astartes II The Cursed Founding - An Investigation into a mysterious Space Marine Founding, par Graham McNeill; p. 8 9 Codex Space Marines 8Ăšme Ă©dition, 1er Codex; Voir aussi Liste des Chapitres Space Marine Badges & Honneurs Space Marine Codex Astartes Arsenal Space Marine VĂ©hicules Space Marines Flotte Space Marine Citations des ou sur les Space Marines loyalistes Litanie des Armes Liste des EspĂšces Intelligentes 021M31 Seconde Fondation - les chapitres PrimogĂ©nitor sont créés Ă la fin de l'HĂ©rĂ©sie d'Horus. 001.M32 3Ăšme Fondation - A lieu le 1er jour du millĂ©naire. 991.M35 21Ăšme Fondation - La "Fondation Maudite", la plus importante depuis la 2nde. 738.M41 26Ăšme Fondation - La plus rĂ©cente. Dates "Relatives": LâOeil dâHorus â lâamulette de protection Ă©gyptienne Câest un des symboles Ă©gyptiens de protection les plus puissants. Il porte le nom dâĆil dâHorus ou âoeil oudjatâ. Que dit lâĂ©tymologie ? Le nom âirt oudjatâ vient du mot âĆilâ âirtâ et âprotectionâ, cela veut dire donc âlâoeil prĂ©servĂ©â. Dâautres traductions prĂ©cisent que âoudjatâ voudrait dire Ă©galement âcompletâ. Les Ă©gyptologues voient sa forme comme un hybride entre lâoeil du faucon et lâoeil humain. Horus reprĂ©sentĂ© sur une colonne du temple KĂŽm Ombo en Egypte Horus, le dieu Faucon, perd son oeil⊠Selon le lĂ©gende, Horus, le âDieu Fauconâ est le fils dâIsis et dâOsiris. Câest une des divinitĂ©s majeures de lâEgypte, une des plus anciennes aussi. Il est reprĂ©sentĂ© le plus souvent comme un homme Ă tĂȘte de faucon, coiffĂ© dâune couronne. Le Dieu Faucon est aussi le dieu de lâAzur. On dit quâil voit Ă travers le soleil et la lune. Il porte Ă©galement le nom de âVengeur de son pĂšreâ. En effet, voici la lĂ©gende Osiris est assassinĂ© par son frĂšre Seth, jaloux. Horus sâengage alors dans une lutte avec Seth pour venger la mort de son pĂšre. De cette confrontation, Horus sort victorieux et reprend le trĂŽne de lâĂgypte. Il devient le premier des pharaons. Dâailleurs, tous les rois dâĂgypte sont considĂ©rĂ©s comme les incarnations du dieu Horus, leur protecteur. Mais lors du combat, Horus perd lâoeil gauche. Seth lui arrache lâoeil, le dĂ©coupe en 6 morceaux et le jette dans le Nil. Heureusement, le dieu Thoth intervient, il repĂȘche les morceaux dans les eaux du fleuve. HĂ©las, le 6Ăšme morceau est introuvable, mais Thoth arrive Ă le remplacer. Il reconstitue lâoeil et le rend Ă Horus. Cette 6Ăšme fraction est considĂ©rĂ©e comme lâĂ©lĂ©ment magique ajoutĂ© par le dieu Thoth. Ainsi, non seulement Thoth redonne vie Ă cet oeil, mais il rend son propriĂ©taire invincible. Oeil dâHorus et sa signification protection et clairvoyance GrĂące Ă lâintervention de Thoth, lâĆil dâHorus devient donc un outil magique. Il est le symbole de la victoire du Bien sur le Mal et lâintĂ©gritĂ© restaurĂ©e miraculeusement. Il a non seulement le rĂŽle de la vision, mais la fonction magique de la perception de lâinvisible. Il est omniprĂ©sent dans lâĂgypte Ancienne. Il figure sur les sarcophages, on le dessine sur les pectoraux. Les amulettes en forme dâĆil oudjat protĂšgent contre la malchance et contre le mauvais oeil. Les Ăgyptiens le peignent Ă©galement sur la proue des bateaux, pour mieux âvoirâ et ĂȘtre guidĂ©s sur leur route. Il est aussi symbole de la Connaissance et de la Clairvoyance. En effet, il ne faut pas oublier que Thoth est le Dieu de la parole crĂ©atrice, de lâĂ©criture et de la Magie. Dâailleurs, celui qui pouvait dĂ©chiffrer les formules magiques du cĂ©lĂšbre âLivre de Thothâ pouvait accĂ©der Ă la connaissance divine. Symbole dâentiĂšretĂ© et de vitalitĂ©, lâĆil dâHorus est vĂ©nĂ©rĂ© Ă©galement comme une protection contre les maladies. Comment utiliser lâĆil dâHorus La victoire de lâordre sur le chaos â telle est la signification majeure de lâoeil dâHorus. Les Egyptiens lâutilisaient donc principalement comme amulette pour Ă©loigner la malchance. Câest ainsi quâil nous a Ă©tĂ© transmis Ă travers les siĂšcles. Câest ainsi quâon sâen sert Ă©galement aujourdâhui. Câest un outil de protection de lâespace de vie, qui sert pour chasser le mauvais Ćil et attirer la chance. On considĂšre Ă©galement lâĆil dâHorus comme une amulette qui favorise la VitalitĂ©, lâintĂ©gritĂ© physique. Horus retrouve son oeil perdu et son intĂ©gritĂ© physique. A mi-chemin entre lâhumain et le faucon, car symbole de lâĆil du Dieu Faucon, il est associĂ© Ă la Vision SupĂ©rieure. Symbole donc de la capacitĂ© de Voir au-delĂ du visible, Ă la Clairvoyance⊠Pour lâutiliser chez vous, installez-le simplement sur un mur. La piĂšce principale de votre maison est lâendroit le plus conseillĂ©. Mais vous pouvez tester aussi dâautres emplacements. LâĆil Oudjat que nous vous proposons ici est rĂ©alisĂ© en cĂ©ramique, Ă la main, comme tous nos objets. Câest une amulette de grande taille, en forme de triangle Ă©quilatĂ©ral, de 18 cm de cĂŽtĂ©. Vous pouvez lâaccrocher sur un mur, ou le poser contre un meuble si vous prĂ©fĂ©rez. Il ne sâagit donc pas dâun pendentif Ă porter autour du cou. CaractĂ©ristiques Ćil dâHorus â amulette Ă©gyptienne Ă accrocher au mur, en cĂ©ramique Dimensions triangle Ă©quilatĂ©ral de 18 cm de cĂŽtĂ© Poids environ 280 g > Lire les tĂ©moignages de nos clients Lecentre est la source des vertus agissant comme un ferment. Câest le lieu dâune conjonction, une rĂ©union des contraires en unitĂ© parfaite, un accouplement inouĂŻ gratifiĂ© dâune fĂ©conditĂ© innombrable. Le Naos dĂ©signe le Lieu et la chose quâon manipule, le but ultime dâune rĂ©alisation Ă la fois matĂ©rielle et spirituelle.